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F erdinand V I , furnommé le Sage , fils de I a Londres, que Ferdinand htoît redevable, non-
Philippe \V & de la princeffe Marie -L ouife- ! feulement de ce traité , mais encore de Pexaâe
Gabrielle de Savoie, fceur du roi de Sardaigne: i connoiffance qu’il avoit des véritables intérêts de
il monta fur le trône après la mort du roi Phi- j l’Efpagne , il le nomma Ton premier minière , &
lippe, au mois de juillet 1746 , quelques années I aigrit le caraélere jaloux 8c turbulent de là reine
après avoir époufé Marie-Magdeleine , infante de mère , qui, fécondée par quelques feigneurs _de la
Portugal. L’Europe prefqu’entière étoit alors em- ! cour & liguée avec le marquis d’Enfenàda ,
brafée des feux de la guerre , & tous les defirs fit tous fes efforts pour s’oppoier à l’élévation de
du nouveau fouverain ne tendoient qu’à rétablir 1
la paix. Ses voeux furent remplis ; 6c par fes foins 1
& l’habileté de fes négociations, on fait que les }
puiffances belligérantes conclurent le célèbre traité (
d’Aix-la-Chapelle. Ferdinand I V , après avoir |
en fui té; formé une alliance défenfive avec les rois I
de France & de Sardaigne , dans laquelle il eut j
foin de veiller aux intérêts des ducs de Parme j
& de Modène, du roi des deux Siciles , & de j
la république de Gênes, fe confacra.tout entier i
aux foins du gouvernement , & par la fageflê j
des réglemens qu’il fit , par l’utilité des moyens j
qu’il employa , rendit la monarchie efpagnoletout •
aufïi floriffante qu’elle pouvoit l’être. La bienfai- j
fance de Philippe V , pouffèe quelquefois jufqu’à ;
la prodigalité , la mauvaife adminiftration de
Charles I I , 8c celle fur-tout encore plus vicieufe
de la reine Marie-Anne, régente pendant la minorité
de Charles, avoient multiplié les penfions
&- les récompenfes, au point que les revenus de
la couronne étoient prefqu’abforbés. Ferdinand IV
fupprima les penfions inutiles , & les fonds qu’il
en retira fervirent à acquitter les dettes de l’état.
Ses forces de terre & de mer entretenues fur le
pied le plus refpeâable , il encouragea le commerce
par l’attrait • des récompenfes , des honneurs
, des diftin&ions , & fur-tout par la haute
proteâion qu’il lui donnoit. Les anciennes manufactures
étoient négligées , il leur donna une
nouvelle aâivité par les encouragemens utiles &
flatteurs qu’il offrit aux artiftes. -Enfin , pour que
rien ne gênât le commerce maritime 8c la navigation
, il engagea M. Keend, réfident d’Angleterre
à Madrid, & M.Carvajal ,miniftre d’Efpagne,
à conférer & à- accommoder , au gré des deux
nations , quelques anciens différens fur lefquels il
n ’avoit été rien ftatué dans le traité d’Aix-la-Chapelle.
Afin qu’il ne refait aucune difficulté fur ces
points , comme fur beaucoup d’autres qui n’a voient
pas encore été prévus , Ferdinand , malgré les
intrigues & les tracafferies.dela reine mère, conclut
avec l’Angleterre un traité , par lequel il pro-
mettoit de payer dans trois mois j à la compagnie
du Sud , cent mille livres fterling , moyennant
.laquelle fomme cette compagnie ne pourroit plus
former aucune forte de demande en vertu du
contrat d’Affiento. Il fut encore réglé que les An-
giois ne payeroient d’autres droits que ceux qu’ils
avoient payés du temps de Charles I I , roi d’Efpagne
; enfin , qu’ils pourroient aller librement
prendre du fel dans l’île des Tortues. Comme
c ’étoit au général Wall , ambaûadeu; çl’Efpagne
M. Wall , & pour le perdre lorfqu’il fut élevé:
mais fes cabales , fe* intrigues ne nuifirenr qu’à
elle-même , & beaucoup plus au marquis d’En-i
fenada, qui fut difgracié ^arrêté & mis en priion.
Quelque temps après il s’éleva des nuages entre
la France & l’Angleterre , au fujet de quelques
vaiffeaux françois pris & détruits par l’amiral
Bofcuvr en. Ferdinand. IV fut vivement follicité de
prend:e parti dans cette-querelle j mais, quelque
preffantes que fuftent les inftances qu’on lui fit, il
déclara que fon intention, immuable étoit de
ne prendre part dans les conteftations qu’il y avoit
entre les couronnes Françoife & Britannique ,
qu’autant qu’il pourroit fe rendre médiateur
entr’eües ; & que du refie il étoit fermement décidé
à garder la plus exaéfe neutralité. Il perfîfta dans
ce fyftême , & il ne paroît pas que les circonf-
tances poftérieures l’euflent fait changer , car il vit
les commencemens de cette guerre fans s’écarter
en aucune manière du plan qu’il s’étoit fait, 8c ne
ceffa dans ces commencemens d’offrir fa médiation«;
L’amiral Osborne croifoit en iyj'B avec une efcadre
entre !e cap de Gâte & Carthagène ;_il y rencontra
l’efcadre françoife, commandée par M. du Quefne,
& envoyée au fecours de M. la Clue , que M«
Osborne tenoit bloquée dans le port de Carthagène.
L’efcadre françoife ne-fut point heureufe; le Fou-;
droyant, vaiffeau de quatre-vingt canons & de
huit cents hommes, commandé par M. du Quefne,
foutint pendant long-temps l’honneur du pavillon
françois ; mais, après un combat opiniâtre , il fut
obligé de fe rendre : l’oriflamme alla fe faire
échouer fous le château d’Aiglos , & l’Orphée '
fut pris. Quelques mois après ce combat naval,
& dans la même année , Ferdinand IV effuya 1©
coup le plus funefte que fon ame fenfible pût
éprouver, & il y fuccomba. Il aimoît éperdue-
ment la reine fon.époufe; elle faifoit le bonheur
& les délices de fa vie ; la mort rompit les noeuds
de leur douce union , & à la fuite d’une a fiez courte
maladie, cette reine expira en 1758. Ferdinand9
qui par caraâêre étoit mélancolique , fe livra fans
réferve à l’amertume de fa triftefie ; 8c puifqu’il
faut tout dire , fon chagrin dégénéra , finon
en démence complète, du moins en accès momentanés
d’extravagance. Il ne s’occupa plus ni d’af-?
faires d’état, ni d’affaires particulières ; il ne fongea
qu’à la perte accablante & irréparable qu’il avoit
faite ; & refufant toute compagnie , toute fo-
ciété, il s’enferma dans une chambre à Viliaviciofa,
d’oü il ne voulut plus fortir. Agité , pénétré de
fés idées lugubres & funèbres 9 i] rejeta tout le
danger
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les ali mens qu?on lui préfentoit i 8c cette erife de de-
mence. s’étant prolongée pendant trois ou quatre
tours , il s’épuifa fi fort , qu’une légère maladie^,
qui le furprit dans cet état , fut prefqu’auffi-tôt
déc'arée mortelle. Mais quelque preflant que fût
le danger , il ne voulut ni remèdes, ni confolation
d’aucune forte , & répétant fans ceffe le nom de
fon époufe , il refufa de fe vêtir , comme il avoit
tefufé de fe nourrir ; tout ce qu’à force de prières
on put obtenir de lu i, fut de di&er au comte de
Valparaito , en préfence du duc çlc Bjar , fon
tefiament , par lequel il nomma fon frère dom
Carlos fon fucceffeur à la couronne d’Efpagne, &
la rèiné douairière régente, jufqu’à l’arrivée de dom
Carlos. Quelques momens vaprès avoir di&é ces
dernières difpofitions, Ferdinand IV mourut le 10
août 17 59, après un règne de 13 ans 8c quelques
jours. -( L. C.)
F e r d i n a n d , furnommé le Jujle, roi d’Aragon ,
fils de Jean I , roi de Caftille & d’Eléonore d’A ragon.
Après la mort d’Henri III , rôi de Caftille, fon
Frère prit, pour le bonheur de l’éta t, la régence de
ce royaume pendant la minorité de fon neveu le
roi dom Jean. Pendant qu’ il acquéroit,par le fucçès
& la fageffe de fa régence , la plus grande célébrité
, lui-même,heureux au fein de fa famille , vi-
voit dans la plus douce concorde avec Eléonore
d’Albuquerque , fon époufe & fes deux fils , A l-
phonfe V , qui dans la fuite fut roi. de Naples, &
Jean II, qui lui fuccéda au trône d’Aragon. Jean &
Martin , fes deux beaux-frères , rois d’A ragon,
étant morts fans poftérité, Ferdinand, fondé fur
l’évidence de fes droits , pourfuivit fes prétentions
à cette couronne, qui lui étoit due du chef
d’Eléonore fa mère : m aires troubles qui alors
agitoient l’Aragon , 8c les aivers prétendans au
{ceptre aragonois , ne promettant poipt à l’infant
de Caftille un avènement paifible au trône , il fe
difpofoit à fout'enir par les armes la force de fes
droits, lorfque du confentement de tous les çon-
currens , & de l’infant de Caftille lui-même , la
décifion de cette importante caufe fut remife au
jugement de neuf perfonnes choifies par leconfeil
d’Aragon. Ces neuf juges s’aflemblèrent, & après
line longue & mqre délibération , ils prononcèrent
unanimement en faveur de l’infant dom Ferdinand,
qui s’étant tout de fuite rendu à Sarragofle , y fut
proclamé & couronné en J412. Cependant, quoique
tous les prétendans euflentpromis de s’en rapporter
à la décifion des neuf juges , le comte d’U rg e l,
le plus puiftant, le plus accrédité de ces concur-
rens, & celui qui avoit en Aragon le parti le
plus confidérable , foule va fes adhérens, prit les
armes , & alluma le feu de la guerre civile.
Outre les places que le comte d’Urgel tenoit,
6c la moitié de l’Aragon qui foutenoit fa caufe ,
il, avoit aufli pour allié Thomas', duc de Cia-
rence , fils de Henri IV , roi d’Angleterre ,
,6c il étoit à craindre, qu’à la fin fon parti ne
devînt le plus fort, Ferdinand , pour balancer
Hijloire., Tome II. Seconde part*
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la p ni fiance 6c les forces de fon rival , implora
le leçours des feigneurs de Caftille, & ils vinrent
en foule, fui vis de nombreufes troupes, fe ranger
fous fes drapeaux. A la tête d’une auffi formidable
armée , jFerdinand n’éprouvant prefque plus
de rêfiftance , il fournit, de province en province,
tout l’Aragon ; & le comte d’Urgel, pourfuivi
de place en place, abandonné de fes partifans,
fut contraint de venir fe mettre à la diferétion
du roi ,qui l’envoya prifonnier en Caftille. Afin
de s’affermir fur le trône 6c de refierrer les liens
qui unifloient la Caftille 6c l’Aragon , Ferdinand
maria l ’infant dom Alphonfe fon fils avec l in--
fante don a Marie< de Caftille ; 8c ce mariage,
également approuvé des deux nations, fut célébré
avec la plus grande folemnité. Peu de temps après
cet événement, le roi d’Aragon entreprit d’aller
rendre vifite à la reine de Caftille fa belle-fccur;
mais à peine il s’étoit mis en route, qu’il fut attaqué
d’une maladie fi violente, qu’elle le mit en
très-peu de jours au tombeau ; il mourut le ©
avril 1416 , après un règne d’environ quatre
années, amèrement regretté en Aragon , 8c
beaucoup plus en Caftille. (X . C. )
FERDINAND I , fuccefieur de Charles V
archiduc d’Autriche ( Hifl.dALlemag.de Hongrie &
de Bohême. ) , X XXe empereur depuis Conrad I ,
XXXIVe roi de Hongrie, X XXe roi de Bohême,
naquit à Alcala, le 10 mars 1503 , de Philippe-le-
Beau, archiduc d’Autriche, 6c de Jeanne d’Efpagne.
On verra, aux articles FRÉDÉRIC le Pacifique 8c
M a x im i l i e n , quels pouvoient être les droits de la
maifon d’Autriche au trône de Hongrie. C ’étoient
des traités faits avec les Huniades 6c l’alliance de
Maximilien, avec Louis II, dont il avoit époufé
la fceur. Ces traités blefîoient la conftitution des
Hongrois, q u i, à chaque règne' prétendoient
avoir le droit de fe choifir des maîtres. Cette
nation, affoiblie par fes divifions 8c par les guerres
des Turcs, qui, récemment avoient écrafé plufieurs
de leurs armées , 6c tué Louis I I , leur dernier
ro i, étoit dans l’impuiffance de défendre par elle-
même le plus cher de fes privilèges. Ferdinand
étoit peu redoutable par lui-même, mais il avoit
pour frère Charles-Quint ; 6c ce prince étoit tantôt
la terreur, 8c tantôt l’arbitre de l’Europe, dont
il pofledoit la plus belle moitié, avec les royaumes
de l’Amérique nouvellement découverte. Le nom.
de Charles-Quint*fx grand , fi impofant, ne put
retenir la noblefîe Hongroife. Elle étoit indignée
qu’on regardât l’honneur de commander comme
un patrimoine dont le caprice pût difpofer. Elle
crut fa liberté perdue; remplie de cette funefte
idée, elle, plaça fur le trône Jean Rapoiski ( ou
de Zapols ) , comte de Scepus, vaivode de Tran-
filvanie ; oc oubliant les ravages des Turcs, elle
invoqua, pour l'y foutenir, ce même Soliman I I ,
qu’elle regardoit auparavant comme fon plus redou-
t§-ble fléau, C ’ctoit ce Soliman, fi fameux par la
Y y y