
Jofeph Antoine Croçat, l’on père, corifeiller au
parlement, puis maître des requêtes & lefteur du
cabinet du ro i, fut célèbre par fes richeffes & par
fon amour pour les arts.
CROZE (Mathurin V eyssière de la ) [Hiß.
litt. mod, ) , BénédiéVm apoftat, favant homme ,
auteur d’un DiHiortnaire arménien , d’un Diftionairc
égyptien ; d’une Hifioire du chrijtianifme des Indes ,
d’une Hifioire du chrifiianifrne d'Ethiopie b d'Arménie.
Il avoit abjuré le catholiçifine à Bâle, il fut
bibliothécaire du roi de Prüfte, & fa tête étoit la
plus vafte des bibliothèques. On raconte de lui des
traits de mémoire prodigieux. On récita une fois
devant lui douze vers en douze langues différentes ;
il les répéta dans toutes ces langues & dans l’ordre
qu’on voulut , direâ , inverfe, rétrograde , fans
jamais fe tromper ni confondre ; il favoit par coeur
prefque tous les anciens auteurs , facrés ou profanes.
Un jour dans une converfation de favans,
dont étoit le doâe Pelloutier, il cita quatre paffages
de Pindare, cTAriftophane, de Catulle & de faint
Jerome, qui revenoient à la converfation , & les
citations furent parfaitement juftes. On lui dit_:
ch bien l on vous éprouvoit ; nous avions choifi
ce matin ces quatre paffages , nous avons fait tom-
- ber exprès la converfation fur les fujets auxquels
ils s’appliquent ; vous vous êtes tiré avec honneur
de cette épreuve comme de toutes le? autres. On
dit que fa converfation étoit gaie & piquante, elle
étoit à coup sûr inftruâive. On dit que e’étoit un
fort honnête homme, c e que nous ne remarquerions
pas dans un favant qui nfauroit point apofta-
fié. Il étoit né à Nantes en 1661.II mourut à Berlin
en 1739. Jordan,*fon ami & fon difciple, a
écrit fa vie.
CRUSIUS ou CR ANS , ou KRANS ( Martin )
{ Hiß. litt. mod. ) allemand, né en 1^25, mort
en 1607 , eft, dit-on , le premier qui enféigna la
langue grecque en Allemagne. On a de lui : Turco-
Graciee libri 8 ; Germano- Gretcice libri 6 Annales
fuevici ab initio rerum ad annum 1794.
C R U S -SOL ( H iß .de Fr ) ; grande & illuftre
maifon, tire fon nom de la terre de Crujfol dans
leVivarais. Charles IX érigea en 1565 Uzès- en
duché, ÔC en 1572 il L’érigea en pairie en faveur
d’Antoine de Crujfol, & de Jacques , fon frère, &
la pairie de Montmorenci, érigée en 1551 > s’étant
éteinte dans la fuite , celle d’Uzès eft aujourd’hui
la première des pairies laïques.
Jacques de Crujfol n’avoit échappé au maffacre
de la fàint Farthélemi que par le crédit d’Antoine ,
fon frère, premier duc d’Uzès.Ce crédit ne put
pas s’étendre jufqu’à Galiot de Crujfbl,un autre de
leurs frères, qui périt dans ce maâacre.Jacques fe
diftingua dans les guerres civiles par fa valeur & fa
haine contre les catholiques. Il portoit une mafiiie
avec ces mots r Quajfo crudeles, qui étoient à une
lettre près* l’anagramme de fon nom*
Charles-Emmanuel,dit le marquis de CruJJblJ
arrière petit-fils de Jacques , fut tué dans une expédition
en Allemagne, le 30 oâobre 16 74, à
vingt-deux ans.
Anne Gafton, fon oncle, avoit été tué au fiége
de Turin en 1640.
Louis de Çrujfol, duc d’Uzès , petit-neveu de ce
dernier , & grand-oncle de M. le duc d’Uzès d’aujourd’hui
, fut tué à la tête de fon régiment, à la
bataille de Nerwinde , le 29 juillet 1693.
Dans la branche des marquis de Saint-Suplice,
Etienne de Crujfol mourut le 9 juin 1702 , des-
bleflures qu’il avoit reçues le 22 mai précédent ait
fiége de Keiferwert.
Dans la branche des comtes d’Amboife, Jean-
Emmanuel fut tué en Italie en *7^5.
CTESIAS ( Hiß. anc. ) , hiftorien & médecin’
grec , ayant été pris par les Perfes, fut premier
médecin d’Artaxerxès Mnémon, & ce fut par foi*
entremife que Conon ( voye^ fon article )> put traiter
avec ce prince pour le rendre favorable aux
Athéniens dans leurs querelles avec les Lacédémoniens.
On a des fragmens de fon hifioire des-
Aftfyriens & des Perfes. Diodore de Sicile &
Trogue Pompée , ont mieux aimé le fuivre qu’Hé»
rodote. Ce n’eft peut-être que difputer fur le choix
des fables. Ctéfias. vivoit environ quatre fiècles-
avant J. C.
CTÉSIBIUS. ( H iß anc. ) L’hiftoire diftingue-
deux philofophes de ce nom : l’un de-'Chalcis, phi-
lofophe cynique ; l’autre d’Alexandrie , mathématicien
célèbre fous Ptolomée Phifcon, environ 1 2 a
ans avant J. C. On attribue .à celui-ci l ’invention
des pompes & d’autres inventions qui appartiennent
à l’hiftoire de laméchanique & des mathéma^
tiques.
CTÉSIPHON ( Hiß. anc. ) Athénien ; c’eft pour
lui que Démofthènea fait la fameufe oraifon pour
la couronne contre Efchine , qui accufoit Ctéfiphom
d’être l’auteur d?une fédition ; cette accufation étoit
faite en haine de ce que Ctcfiphon avQjt fait décerner
à Demofthène l’honneur d’une couronna
d’or dans PafTemblée du peuple.
CTÉSIPPE ( Hiß., anc. ) , fils de Chabrias, peu*
digne d’un tel père , & dont Phocion , qui prenoit
foin de fa jeunefie, en mémoire de Chabrias /di-
fbit : ô Chabrias, Chabrias ! je te paie au doubla
l ’amitié que tu nias témoignée , lorsque je foujfre les
folies de ton fils.
CU DW O R T B ( Rodolphe ) {Hiß. litt, mod. Ja.
Savant Anglois, aureur d’un fyflême intelleftucl de:
P Univers contre les Athées, & d’un traité de l'Eternité
& de l ’immutabilité du fuße b de îinjufic. Moshenv.
a traduit ces deux ouvrages en latin. On dit que:
fur divers points de théologie, Cudworth étoit de
ceux que les Anglois appellent latitudinaires. B
avoît de l’ éloignement pour les opinions des Cal-
viniftesrigides.il laifla une fille nommée Damans ,
dont on vante l’efprit, & qui étoit fort amie de
Locke. On trouve dans la trop longue vie de
Bayle par M. des Maizeaux, une trop longue con-
teftation entre Bayle & le C lerc , fur le fyftême
de meilleurs. Cudworth & Grew , concernant les
natures plafiiques b vitales. Mort le 26 juin 1680.
CUEVA ( Bertrand ou Bei.tram de la )
KHill. d’Efp. ) à la fois honteux îfavori & de
Henri IV roi de Caftilie, dit l’iropuiffant, & de
la reine Jeanne de Portugal fa femme , fut comble
d’honneurs , de dignités . de biens; mais ce double
fcandale révolta la nation & eau la la dépoütion
de Henri IV. Bertrand de la Cueva, mourut le
premier novembre 149a.
Cueva ( A lphonse de la ) Voye^ Bedmar.
Jean de la C u e v a , poëte tragique efpagnol, fort
èftimé dans fon pays.
CUGNIÉRES ( Pierre de ) ( Hijl. de Franc. j
C ’eft fous Je régne de Philippe de Valois qu on
voit commencer, entre Pierre de Cugnléres, avocat-
général, ou , comme on difoit alors, avocat du
roi, pour le parlement ; l’archevêque de Sens;
Ro-er ( pape d. ns la fuite fous le nom de Clément
V I ) , & l’évêque d’Autun, Bertrand ( dep is
cardinal ) ' pour le clergé ; ( voye^ Bertrand ) ,
cette querelle qu’on n’a point vue finir , fur les
bornes des deux puiffances, querelle dans laquelle
le clergé n’a ceffé de perdre speut-être lui a-t-on
tout ôté, parce qu’il avoit tout ufurpé. Au moyen
de l’appel comme d’abus, « le clergé , dit Mézerai,
» croit avoir aujourd’hui plus de fujets de plainte
» contre les juges féculiers , qu’ils n’en avoient
« alors contre in- ».Pierre de Cugn ic re r n’eut .point
dans cette querelle la faveur du roi dont il défendit
les droits, & cependant l’appel comme d’abus naquit
de cette querelle. Le clergé fe vengea de
p Ut {leurs autres villes du royaume, & même hors
du royaume, nommément à Turin ; mais Bourges
fut fa plus célèbre école. Toute la magiftrature
françoife s’y formoit par fes leçons. M. le premier
préfidentde Lamoignon, dans une vie manuferite
de Chrétien de Lamoignon fon père, préfident à
mortier, dit que Chrétien, qui avoit été difciple de
Cujas , comme Charles fon père l’avoit été d’A l-
ciat, conferva toujours pour Cujas le plus grand
refpeéï, quoiqu’il blâmât fort les moeurs de ce docteur,
Pierre de C u g n ié r e s , en l’appellant maître P ie r r e d u
C o ig n e t. C’étoit le nom qu’on donnoit à une petite
figure de damné , placée dans un coin de l’éghfe
de Notre Dame, fous le jubé & qui paroiffoit être
en enfer. Pierre de Cu gn iér es vivoit en 1359.
CUJAS ( Jacques ) ( Hifl. lin. moi.') eft un
des plus grands noms dont s honore la jurifpru-
dence; les profeffeurs Allemands portoient la main
au bonnet, toutes les fois qu’ils le choient, les
fottverains le refpeâoient. N '■ à Touloufe en 15 2.0,
c’étoit à Bourges qu’il enfeignoit le droit, il s’y
fixa & y mourut en 1590. Non content d’inftmite
fes écoliers, il leur facilitoit lesmnyeris de profiter
de fes inflruâions, il leur prêtoit de l’argent &
des livres. Il ne voulut jamais entrer dans les querelles
du calvinifme , & toutes les fois qu on en
parloit, il détournoît la convcif-tion , en d liant :
nihïl hoc ad ediélum prettoris, c e la ne regarde p a s
l'édit du préteur, Cujas avoit enfeigné le droit dans
qui étoient fort corrompues. Nous apprenons
par là que les moeurs de Cujas ne répondoient
point à la gravité de fes fonflions. Sa réputation
de jurifcoiifulre a couvert les taches de fa con*
duite.
CULANT ( Hijl. de Fr. j Grande & noble famille
du B erry, qui a produit l’amiral de Culant.
mort en 1443 ; le maréchal de Culant fon neveu,
mort en 1453 ; Charles de Culant, frère du maréchal
, chambellan du roi & Gouverneur de Paris
, & d’autres hommes célèbres.
Un Htteues de Culant, chanoine d'Orléans,
fut tué à la bataille de Crécy en 1346.
Charles de Culant fut fait prifonnier au fiège de
Hefdin en 1553.
Il y a une autre maifon de Culant, puifîanle
autrefois dans la Brie. De cette maifon étoient
Louis de Culant, feigneur de Monceaux, Capitaine
d’une grande Valeur, tué en Allemagne dans
le dernier fiècle.
Alphonfe de Culant, grand prieur de Champagne;
mort au fiége de la Canée, vers la fin du même
fiècle.
Gabriel de Culant, Huguenot, tué à la défenfe
de Saint Jean d’Angély. Nous ignorons fi les Calants
de Brie font une branche de ceux dit
Berry.
CUMBERLAND ( Richard ) Anglois, évê-'
que de Peterborough , favant laborieux & ennemi
du repos, qui difoit : qu’ il vaut mieux qu’un homme
s’ufe que de fe rouiller. Il a traduit en anglois ce
qu’on a de l’hiftoire Phénicienne de Sanchoniaton ,
& y a-joint des notes. Il a réfuté Hobbes dans un
traité intitulé : de legibus naturtc difquifit'o philofo-
phica. Barbeyrac l’a traduit en françois. On a encore
de Cumberland un traité des poids & des méfiées
dés Juifs. Il étoit grand ennemi de la religion
catholique. Il vécut, & par confisquent il travailla
jufiqu’à 87 ans. Il mourut en 17 19, ayant vu neuf
gouvernemens différens, neuf fouverains, tant légitimés
qu’ufurpateurs. Charles I , Olivier Crom-
w e ! , Richard Groinwel, Charles II, Jacques I I ,
Guillaume & Marie, Guillaume fe u l, la reine
Anne , Georges I.
CUNÆUS ( Pierre ) ( Hijl. lin. mod. ) Zélan-
j dois, ne à Fieûingue en 1586. Mort en 1638 à
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