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ville pour le mariage de Marie de Médîcis avec
Henri IV.
Enfin la mode des entre-mets s’évanouit entièrement
au commencement du 17e fiècle. Louis
X IV fit fuccéder d’autres magnificences, mieux
entendues, dignes de lui, & qui ont aufli celle.
Elles ont été remplacées par un genre de luxe
plus «général, plus voluptueux , qui fie répète
journellement, & qui préfente à nos yeux toute
la moileffe ou l’ennui des Sibarites. Article de M.
le chevalier d e J AV COURT.
E N V Ô Y É , adj. pris fubft. {Hiß. mod.) fe dit
d’une perfonne députée ou envoyée exprès pour
négocier quelque affaire avec un prince étranger
>u quelque république.
Les miniftres qui vont de la cour de France ou
■ e celle d’Angleterre, à Gènes, vers'les princes
Allemagne , Sc' autres petits princes & états,
ont point la qualité d'ambajfadeurs, mais de fimples
envoyés. Joignez à cela que ceux que quelques
grands princes envoient à d’autres de même
rang 5 Par exemple l’Angleterre à l’empereur,
n’ont fouvent que le titre d'envoyé, lorfque le
fujet de leur commiffion n’eft pas fort important.
Les envoyés font ou ordinaires ou extraordinaires.
Les uns 8c les autres jouiffent de toutes les
prérogatives du droit des gens aufli-bien que les
ambafîadeurs, mais on ne leur rend pas les mêmes
honneurs. La qualité Renvoyé extraordinaire, fuivant
l’obfervation de Wiquefort, efi très-moderne, &
même beaucoup moins ancienne que celle de
réfident. Les minières qui en ont été revêtus , ont
voulu d’abord fe faire confidérer prefque comme
des ambaffadeurs, mais on les a mis depuis fur un
autre pied.
La cour de France en particulier déclara en 1644,
qu’on ne feroit plus à ces miniftres l’honneur de
leur donner les carroffes du roi & de la reine
pour les conduire à l’audience, & qu’on ne leur
accorderoit plus divers autres honneurs.
Jufliniani, le premier envoyé extraordinaire delà
république de Venife à la cour de France, depuis
que les honneurs y ont été réglés, prétendit fe
couvrir en parlant au ro i, & cela lui fut refufé.
L e roi déclara même à cette occafion qu’il n’enten-
doit point que Venvoyé extraordinaire, qui eft de fa
part à Vienne, fût regardé autrement qu’un réfident
ordinaire. Depuis ce temps, on a traité de la
même manière ces deux efpèces de miniftres.
jViquefort, Chamb, & le diBionh. de Trévoux. {G )
E O B A N U S , ( E l IÛ S 0# H e l i u s } Voyez
H essus.
EON DE L’ÉTOILE, ( Hiß. de Fr. ) fou imbécille
dn douzième fiecle, qui ayant entendu chanter
. ^ l ’églife, per E U M ÿuivenmrm cß judicare vives
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6* mortuos, crut être celui qui devoit juger les vivans
& les morts ; on l’enferma, & c’étoit trop s’il ne faifoit
pas d’autre ma] ; mais il eut des difciples, les foux
en avoient aifément alors, & on en brûla plufieurs.
Brûler des hommes parce qu’ils croyent qu’Eo/i
de TEtoile viendra juger les vivans & les morts
eft une folie bien plus funefte, que de croire qu’Eo/t
de l'Etoile viendra juger les vivans & les morts.
Cet héréfiarque innocent, qui n’aflembleroit pas
aujourd’hui trois paflans fur le pont - neuf, fut
conduit aù concile de Reims, & comparut folen-
nellement devant le pape Eugène I I I , en 1148.
E PAGATHE, ( Hiftl. rom.') c’eft le nom de
celui qui affaffina le jurifconfulte Ulpien, l’an 2.26
de J. C. L’empereur Alexandre Sévère le fit tuer
quelque temps après.
EPAMINONDAS. ( Hijlanc. ) La gloire deThè-
bes ne tient qu’à deux hommes, Epaminondas 8c
Pélopidas; mais ces deux hommes égalent ou
furpaflent tout ce qu’Athènes & Sparte ont eu
de grands capitaines & de citoyens vertueux.
Thèbes étoit efclave de Sparte, qui ne vouloit
pas même permettre à Athènes »de donner un
afyle aux Thébains bannis. Athènes jugea qu’elle
le leur devoit; elle fe fouvint que les Thébains.
avoient le plus contribué à’ rétablir chez elle le
gouvernement Démocratique ; t ’étoit de Thèbes
qu’étoit parti Thrafibule pour délivrer Athènes ,
ce fut d’Athènes que partit Pélopidas pour délivrer
Thèbes. Epaminondas ne cefloit d’infpirer
aux Thébains un défir généreux de fecouer le joug
de Sparte; mais une vertu plus délicate & plus
févère encore, ou plutôt encore plus humaine que
celle de Pélopidas, ne lui permit pas d’entrer dans
une conjuration, dont l’effet devoit être de trem-;
per fes mains dans le fang defes concitoyens, 8c
où. il prévoyoit que les tyrans ne périroient pas
feuls. Pélopidas & fes compagnons conduifirent
leurentreprife à travers de grands périls, avec beaucoup
de courage & d’habileté. Les tyrans furent
e8orS^s> Thèbes fut libre. Epaminondas, fans avoir
fouillé fes mains de fang, n’avoit pas été moins
utile aux conjurés ; il leur avoit porté du fecours
par - tout où ils en avoient eu befoin f il avoit
prévenu & détourné les principaux dangers
qui les menaçoient; il préfenta au peuple fes
libérateurs ; il confomma l ’ouvrage de la liberté,
& consolida la nouvelle couftitution. Les Lacé-
dénîoniens armèrent en vain pour réduire Thèbes'^
elle trouva d’abord des défenfeurs dans les Athéniens;
mais l’événement fit voir que e’-étoit en
elle-même, c’eft-àrdire dans fes deux illuftres
chefs, qu’étoit fa reffource la plus aflùrée. Pélopidas
gagna le combat de T égyre , ayant rencontré les
ennemis au moment où il les attendoit le moins.
Aufli-tôt qu’on les apperçut, on courut lui dira
avec effroi: nous fommes tombés entre les mains
des ennemis, Eh pourquoi, répondit-fi, ne dirqrufr
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‘nous pas plutôt qu'ils font tombés- dans • les nôtres P
8c fur le champ il juftifia ce difcours. On traita
dé paix; tous les états de la Grèce envoyèrent
pour cet objet des députés à Lacédémone. Epaminondas
étoit à la tête des députés Thébains.
Le roi de Sparte Agéfilas fe déclaroit ouvertement
pour la guerre, & on n’ofoit le contredire.
Epaminondas parla, non pour les feuls Thébains,
mais pour toute la Grèce, il réclama pour elle
line paix fondée fur l’égalité, fur la juftice. Agé-
tfjlas , voyant avec quel intérêt & quel plaifir on
écoutoit l’orateur de l’humanité, l’interrompit avec
aigreur : mais vous, lui dit-il, qui ne parle% que
de paix & de liberté, laiffereç-vous la Béotie libre &
indépendante de Thèbes? Oui, dit Epaminondas,
comme vous laifjere% la Laconie libre 6* indépendante
de Sparte. La violence d’Agéfilas l’emporta pour
£a gnerre; & fes intrigues réunirent prefque toute
la Grèce contre Thèbes feule. Elle n’en fut que
plus redoutable ; elle élut Epaminondas pour fon
général: on vouloit l’intimider par de finiftres
augures; il répondit par un vers d’Homère, dont
5e fens eft : C'ejl toujours un excellent augure, que de
combattre pour la patrie. Pélopidas commandoit
fous lui le bataillon facré, ce corps de trois cents
amis,de trois cents héros, qui ne favoientpoint fuir,
8c qu’un ferment inviolable, didé par la tendrefle
8c par l’honneur, engageoit à fe défendre les uns
les autres jufqu’au dernier foupir. Les femmes
Thébaines n’étoient point encore parvenues à
cette férocité républicaine qui diftinguoit celle de
Sparte. La femme de Pélopidas, en recevant les
adieux de fon mari partant pour l’armée, le
conjuroit, les larmes aux yeu x, de fe conferver.
Voilà, lui dit-il, ce qu'il faut recommander aux
jeunes gens; pour les chefs, il ne faut leur recommander
que de conferver les autres. Le bataillon facré,
qui avoit déjà contribué à la vidoire de Tégyre,
necontribua pas moins à celle de Leudres, époque
mémorable dans l’hiftoire de la Grèce , époque
d’abaiffement, de deuil & même de honte pour
cette fuperbe Sparte, dont les citoyens apprirent
.alors à fuir pour la première fois, & qui, en faveur
du nombre, fut obligé de fufpendre la rigueur de
fes lois contre ceux qui avoient fui ; époque de
gloire & de puiftance pour Thèbes, qui eut alors
cet empire de la Grèce, qu’Athènes & Lacédémone
s’êtoient fi long-temps àiîputé. Epaminondas &Pélo-
pidas, nommés tous deux enfemble gouverneurs de
la Béotie, s’attachèrent à recueillir pour leur république
les fruits de la vidoire de Leudres ; ils entrèrent
dans la Laconie, mirent en liberté les peuples
dépenclans de Sparre, ravagèrent les terres des
Lacédémoniens fous les yeux d’A géfilas, renfermé
avec les fiens dans les murs de Sparte, & démentirent
ce fameux proverbe qu’Agéfilas même
avoit mis en crédit: que. jamais femme de Sparte
n avoit vu la fumée d'un camp ennemi. Sparte même 1
fut menacée ; Epaminondas s’en approcha comme
pour en faire le fiége, Agéfilas le vit pafltx le
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premier à1 la tête de fon infanterie, l’Enrotas enflé
alors par la fonte des neiges; il fuivit des yeux
fa marche & ne trouva que des raifons de l’admirer
; ces grands hommes, quoiqu’ennemis, fe
1 rendoient juftice les uns aux autres, Agéfilas
appelloit Epaminondas le faijeur de grandes chôfes.
Peu s’en fallut que, dans cette campagne, le g-ér
néral Thébain n arrachât, félon l’expreftion de
Leptine, un oui à la Grèce, en détruifant pour
jamais la puiftance de Sparte; il fe van toit au moins
avec raifon , d’avoir réduit ces tyrans laconiques
à la néceflité d'allonger leurs monojyllabes, c’eft-à»
dire d’entrer en accommodement & en traité, &
pour cela de s’exprimer avec plus d’étendue que
quand ils fignifioient impérieuftment par des mo-
nofyllabes leurs ordres ou leurs refus. Pour faire
ces grandes chofes, Epaminondas 8c Pélopidas
avoient été obligés de prolonger la campagne
au-delà du terme ordinaire. E11 quoi, pour fervir
la patrie, & fuivre la loi première &fuprême, qui
met le falut & le fervice de l’état au defîùs de
toutes les lois , ils avoient violé la lettre de la
loi particulière de Thèbes, qui vouloit qu’au
commencement du premier mois de l’année, le
commandement fût remis à de nouveaux officiers,!;,
ils avoient jugé q u e , comme le dit Cicéron dans
Rome fauvèe ,
Le devoir le plus fa in t, là loi la plus chérie,
Eft ci’oublier là loi pour fauver la patrie.
Les républicains fonr trop fouvent ingrats, les
Thébains le furent ; & au lieu de combler leurs
chefs des honneurs qu’ils avoient mérités, ils
les appelèrent en jugement. Ici Thiftoire met une
grande différence entre Pélopidas qui n’étoit
que guerrier, & Epaminondas qui étoit philofophe.
Ce courage intrépide, que Pélopidas fignaloit
dans les combats, l’abandonna devant le tribunal ,
il fe défendit en homme qui craint la mort & qui
demande grace. Epaminondas , le. plus modefte des
hommes en toute autre occafion, dans celle-ci ne fe
juftifia point, il fit fon éloge, il raconta ce qu’il
avoit fait, il expofa fes fuccès, fes triomphes,
il étala tous ces détails brilians de la campagne
la plus heureufe. » Vous dé fa vouez ccs fuccès ,
dit-il,» vous défapprouvez qu’on vous les ait pro-
» curés; eh bien, je les prends pour mon compte &
» j ’en réclame la gloire, condamnez le général.
» qui vous a trop fervi, mais que le jugement
» iàfië mention de mes crimes, qu’il foit dit que
» je péris pour avoir ravagé la Laconie, fait,
»trembler Sparte pour fes murs, mis en liberté
» la MefteÜtie & l’Arcadie entière, & donné à
» ma patrie malgré elle l’empire de la Grèç^«..
Pélopidas fut abfous comme un accufé ordinaire ;
Epaminondas fut ramené chez lui en triomphe,
au bruit des applaudiffe.mens & cTes acclamations.
Tel étoit le parti qu’Epaminondas fa voit tirer
de riiumiliafion m êm e , il imprimoù à tout -1$