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point de Dieu. Ils brûlent les corps des vieillards,
tk enterrent ceux des enfans décédés au-deffous^
de trois ans. Leurs veuves ne font point obligées”
de fe brûler avec leurs maris, fuivant l ’ufage du
p ay s , mais feulement de garder une viduité perpé-
tûelle. Tous ceux qiii font profëffion des fentimens |
de cette feéle, peuvent être admis à "la prêtrife,
même les femmes, pourvu qu’elles aient atteint
Tâge de vingt ans ; car pour les hommes, on les
y reçoit dès celui de neuf. Ceux qui font ainfi
•engagés dans le facerdoce, doivent faire voeu de
cjiafteté » porter un habit particulier., .& pratiquer
des auftéritès incroyables. Tous les autres doâeurs
indiens ont'beaucoup de mépris & cPaverfion pour r
•cette fe â e , qui ne demeure pas apparemment en
refte avec eux , & ils défendent à leurs auditeurs
devoir communication avec les Ceurawath, qui
me donnent pas fans doute à ceux qui les écoutent
bonne opinion du commerce de leurs adverfaires.
Les mêmes pallions produifent par-tout les mêmes
«effets. ( G )
CEZELI ( C o n s t a n c e d e ) ( Hift.de Fr. \ On
«connoit à pëine le nom de cette héroïne; u elle
.appartenoit à l’hiftoire grecque ou romaine , la
valeur & fon courage feroient célébrés par toutes
«les voix de la renommée , & fon nom jouiroit
d’une gloire immortelle. Toute moderne & toute
■ françoife qu’elle eft, îl eft encore étonnant qu’elle
■ ne foit pas affocyge d’une manière particulière à
la gloire d’Henri IV , qu’elle a fi noblement fervi.
Elle étoit d’une famille ancienne & opulente de
Montpellier. Son mari, Barri de _Saint - Aunez ,
-étoit gouverneur, pour Henri I V , dè la ville de
Leucate en Languedoc. En 1590, c’eft-à-dire .à
l ’époque où les victoires d’Arques & d’I v r y , reliées
lans frilit , laiffoient à la ligue toute fa puiffance
& aux fuccês d’Henri *IV toute leur incertitude,
’Saint-Aunez étant forti de fa ville pour aller communiquer
un projet au duc de Montmorenci »gouverneur
du Languedoc » qui fut dans la fuite le
connétable Henri, eut le malheur de tomber entre
les mains des Espagnols & des ligueurs, qui le
traînant à leur fuite, vinrent auffi-tôt mettre le
liège devant Leucate, ne doutant pas que cette
v ille , privée de fon gouverneur , n’ouvrît |fes
portes à la première fommatîon. Confiance, une
pique à la main, fe met à la tête de la garnifon
& des hâbitans: CeJ2 à moi, dit-elle, àrepréfenter
mon mari 3 ou à le remplacer. Elle repouffe les allié-
geans, qüt, .confiis & furieux, lui envoient dire ,
que fi elle ne leur remet la place à l’inftanr, ils
vont faire pendre fon mari. Confiance n’avoit pas
-attendu cette menace pour offrir la rançon de Saint-
Aunez ; elle renouvella fes offres , & les augmenta
jufqu’au facrifice entier de fes biens ; mais, ajouta-
t-elle avec autant de fermeté que de tendreffe ,
mon mari me défavoueroit du bienfait de la vie acheté
au prix de l'honneur & de la fidélité. Les Efpagnols
eurent l’humiliation de lever le fiège & l’indignité
fairepé.rir Saint- Aunez. La garnifon avoit entre
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fes mains un prifonnier confidérable dans le parti
des ligueurs, le feigneur de Loupian ; on voulut
ufer for lui de repréfailles, on crut devoir à Con£
tance ce prix du fang de fon mari & cette vengeance
de la cruauté des Efpagnols. Ils le méritent,
s’écria cette généreufe femme en fondant en larmes;
mais nous., méritons-nous de fuivre un pareil
exemple? Elle prit Loupian fous fa proteâion , &
lui fauva la vie. Henri I V , pénétré d’admiration &
d’attendriffement, fe hâta d’envoyer à Confiance
le brevet de gouvernante de Leucate , avec la
furvivance du gouvernement pour fon fils. Il ne
pouvoit Faire moins, &, dans ces temps malheur
reux il ne pouvoit faire plus.
CEZENE ( Mic h e l <de ). Voye^ O c k a m .
CHABANNES ( Hiß. de Fr. ) , La maifon de
Chabannes defeend des anciens comtes d’Angou-
lême. Ceux de cette illuftre maifon qui appartiens,
nent le plus particuliérement à l’hifloire, font':
i ° . Robert de C h a b a n n e s , fieur de Charlus ;
?tué à la bataille d’Azincourt en 141Ç.
20. Etienne fon fils, tué au combat de Crevant
en 1423.
301. Jacques I , fieur de la Palice, de Charlus,'
& c . , fénéchal de Touloufe, & grand-maître de
France , frère d’Etienne. Il eut part & une part
honorable à toutes les expéditions militaires du
règne deOiarles VTI;àla journée de Rouvrai ou des
: harengsen 1429; au fiège de Compiegneen 143° »
& g. î>on attachement pour Charles VII ne fot pas'
à l’épreuve de quelques intrigues qui le firent entrer
en 1440, pour les intérêts du Dauphin, dans
le complot de la praguerie ( Voye[ Pr A GUERIE ) ;
mais il rentra bientôt dans le devoir ; il fervit ait
fiège de Caen en 1450, & contribua beaucoup à
la réduélion de la Normandie; il travailla enfuite
à la réduélion de la Guîenne , nommément de
Blaye & de Bayonne. Il mourut le looâobre 1453
des fuites d’une bleffure mi’il avoit reçue le 17
juillet précédent à la bataille de Caftillon.
4°. Le plus célèbre & le plus puiffant des Cha*
bannes, dans ce même temps, fut Antoine, comte
de Dammartin, chevalier de l ’ordre du r o i , fénéchal
de Carcaffonne, bailli de Troies , grand-
maitre & grand pannetier de France, gouverneur
de Paris , frère des deux précédens. Il fut fait prifonnier
,en 1425 à la bataille de Verneuil ; il pré-
fida, fous Charles V I I , à la condamnation du fameux
Jacques Coeur ( Voye^ C oeur ) , & félon un
ufage déteftable, affez ordinaire dans ces temps,
& qui le fut encore beaucoup plus fous Louis XI
que fous Charles V I I , il eut part à la confifcation
du condamné.
Le comte de Dammartin, non-feulement n’entra
point avec Jacques, fon frère , dans la fa&ion
de la Praguerie, mais il faifit le Dauphiné, par
l ’ordre de Charles V I I , fur le Dauphin rebelle.
C ’étoit fon devoir , & il en fut puni ; le Dauphin,
devenu le roi Louis X I , fit mettre le comte de
Dammartin à la Baftille. Lorfque les enfans de
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Jacques Coeur virent le comte de Dammartin tombé
à fon tour dans la difgrace , ils lui redemandèrent
la part qu’il avoit eue de la dépouille de
leur pète, & follicitèrent la révifion du procès.
Cette affaire fut appointée au parlement. Geoffroy
Coeur, relié feul des enfans de Jacques, fe failit
par voie de fait des biens du comte de Dammartin
, & Louis XI parut fe déclarer pour lui contre
le comte ; mais celui-ci s’étant fauvé de la Baftille,
•& ayant pris parti contre Louis XI dans la guerre
civile, dite du bien public , fit Geoffroi Coeur prifonnier,
fit trembler Louis XI lui-meme. A la paix ,
le comte de Dammartin fut rétabli dans fes biens ,
Geoffroi Coeur fut abandonné , mais le procès
continua; il dura plus, & que Louis X I , &que
Geoffroi Coeur, & que le comte de Dammartin.
Enfin les héritiers des deux contendans terminèrent,
fous Charles V I I I , ce différend par une
tranfaflion du 3 feptembre 148^, qui avoit un
grand inconvénient, c’eft qu’on n’avoit pu tranfi-
ger fur les biens fans tranfiger en meme temps
fur l’honneur de deux hommes célébrés.
Le comte de Dammartin , rentré en faveur &
comblé déplus de grâces encore par Louis X I ,
qu’il ne.l’avoit été par Charles V I I , fervit auffi bien
le fils que le père ; il fit rentrer le comte d Armagnac
fous fon obéiffance ; il fecourut Beauvais
affiégé par le duc de Bourgogne en i 472, J lmourut
le 25 décembre 1488.
Jacques I I , petit-fils de Jacques I , petit-
neveu du comte de Dammartin ; c’eft le fameux
maréchal de Chabannes la Palice, tué de fang froid
après la bataille de Pavie. Il fut le troifième grand-
maître de France de fa maifon. Jacques de Cha- j
bannes avoit porté à la cour, vers la fin du règne :
de Louis X I , un beau nom , beaucoup d’efprit, :
~ de grands talens, & tou« les avantages de la taille
& de la figure : il avoit affilié, dans la fuite, à
prefque autant de batailles que le maréchal de
Trivulce ; il ne s’en étoit pas livré une feule un
peu confidérable fous les règnes, de Charles V I I I ,
de Louis XII & de François I , dans laquelle il ne
fe fût diffingué. Il étoit à celle de Fornoue en ;
1495 i au combat de Ruvo, à la bataille de Ce-
rignoles en 1503 ; à Celle d’Aignadel en J 509 ; à
celle de Ravenne en 1512 , où il contribua tant à
la vi&oire , que l’armée l’élut pour général après
la mort du duc de Nemours ; à celle de Guine-
gafte ou des éperons en 1513 ; à celle de Marignan,
à celle de la Bicoque, à celle de Pavie, fans compter
une multitude d’autres expéditions , ou glo-
rieufes ou périlleufes, & des fièges qui valoient
des batailles. A Pavie, l’avis de tous les vieux capitaines
quiavoient acquis tant de gloire fous Charles
VIII , fous Louis XII , fous François I , des
Louis d’A rs, des Sanfevérins, des Galiot de Ge-
nouijlac , de la Trémoille , de Chabannes lui-même,
fut de lever le fiège & d’éviter la bataille ; Bon-
nivet parut s’indigner de l’idée d’une retraite, &
combattit cet avis avec chaleur. Le maréchal de
Hifioire, Tome I. Première Partie,
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Chabannes voulut répliquer & '
vieux chefs. Bonnivet l’interrompit; « Monf‘e” r. “ “
„ Chabannes, lui,dit-il, vous parlez bien plus félon
g votre âge que- félon votre grand coeur , vous
» feriez bien fâché que cette occasion de gloire vous
1, échappât, ce ferait la première fois que vous
„ auriez évité la rencontre de l’ennemi. Le roi a
„ befoin aujourd’hui de votre valeur ordinaire ,
„ & non de cette prudence dont l’exces vous elt
» étranger«.
Bonnivet eut le malheur de perfuader le roi on
■ de le trouver perfuadé. Dans la bataille, le maréchal
de Chabannes enfonça j ufqu’à deux fois un gros corps
de cavalerie napolitaine, commande par Cattaldo,
lieutenant du marquis de Pefcaire ; mais ce corps
s’étant rallié, & les Lanfquenets le fécondant, le
maréchal de, Chabannes, accable par la multitude, vit
fa troupe fediffiper fans pouvoir la retenir. Tandis
qu’il faifoit de vains efforts pour la rallier, il eut
: fon cheval tué fous lui ; il s’en dégagea malgré fon
grand âge, avec une adreffeinfime, & îlalloit fe
feter dans une autre troupe pour y combattre a
pied, lorfqu’il tomba entre les mains de Cattaldo
qui le fit prifonnier. Cattaldo voulant le mettre en
lieu de fureté, fut rencontré par un capitaine espagnol,
nommé Buzarto. Chabannes etoit le plus beau
vieillard de fon fiècle ; fa bonne mine, fon air noble
& la magnificence de fes armes firent] uger. a
Buzarto que c’étoit un prifonnier confidérable oc
dont la rançon feroit forte; il voulut etre affocie
au profit dp la prife. Caftaldo allégua les droits de
la guerre, &refikade partager. Ekbienl ditBuzar.to,
il ne fera ni pour toi ni pour moi; en^merne temps
il tua Chabannes d’un coup d’arquebufe. Ce Bl;z^ to
en eft encore aujourd’hui furnomme le cruel,epithete
trop douce pour une aétion fi infâme. G elt amli que
ce général, la terreur & l’admiration des efpagnols,
qui ne'Tappeloient que le grand maréchal de France,
fut réuni à fon brave frère Vandeneffe, dont nous
parlerons tour-à-l’heure. 11 exifte fur ce grand mare-
ehal une chanfon populaire quin’eft pas plus ailee a
comprendre que la chanfon populaire de^Marlbo-
rough, héros que nous n’ofions pas chantonner de
fon vivant.
Ne vous fouvient-il plus., feigneur, quel fut Heftor ?
. Nos peuples affaiblis s'en fouviennent encor.
6°. Jean de Chabannes, feignent de Vandeneffe,
frère du maréchal, étoit, après le chevalier Bayard,
fon ami, le plus brave des françois de ce temps.
Il s’étoit diffingué, ainfi que fon frere a la batidje
de Marignan en 15x5. En 152.1 il défendit la ville
de Côme dans le Milanez, contre le marquis de
Pefcaire, & cette ville ayant été pillée au mépris
de la capitulation, il envoya un cartel au marquis
de Pefcaire pour en avoir raifon. En 15ZZ il etoit
au combat de la Bicoque, où, avec le maréchal de
Foix, il pénétra dans les retrancheiuensdeSennemis,
qu’on avoit jugés inacceffibles. Yandeneffe fut.tue