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C ER F, cervulus , ( Hifl. anc. & mod.) efpéce de
jeu ufité parmi les Payens , & dont l’ufage s’étoit
autrefois introduit parmi les Chrétiens : 41 con-
fiftoit à fe trayeftir au nouvel an fous la forme
de divers animaux. Les eccléfiaftiques fe décha>
nèrent avec raifon contre un abus fi indigne du
çhriftianifme ; & ce ne fut point fans peine qu’ils
parvinrent à le déraciner. Voye^ le gloff. de Diu-
cange. { A .R . )
C e r f (Jean-Laurent le Cerf de la.Vieuvillé,.)
{Hifi. litt. mod.'). Ce n’eft pas de nos jours feu-:
lement qu’on a difputé fur la prééminence de la
mufique françoife & de la mufique italienne. L’àbhé:
Ragnenet, dans un parallele des Italiens & des François
t avoit attaqué la mufique françoife exalté -
^italienne; le Cerf, homme fmgulier & cauftique,,.
s’enflamma de zèle pour fa patrie , & fit une.co/re-
paraifon de la mufique italienne & de la mufique fran^
çoifie , entièrement à l’avantage de * cette - dernière *.
M. Andry, médecin-, qui ne manquoit pas non-,
plus de caufticité, rendit dans ie journal dès Sa-
vans , un compte aflèz» peu» favorable de cet ou*
vrage. Le Cerf lui répondit par une brochure in*
titulée : L'art de décrier ce qu'on iîentendpoint, oit
le Médecin muficien. Le Cerf , né à-Rouen en 1664 ,
mourut dans la même. ville en 1707-, d’ùn excès
de travail, à ce qu’on dit, & nous croyons devoir
Lobferver pour l’iitilité des gens.de lettres.
CÉRINTHE {Hifl» ecdéfiaft.) , difciple de Si-;
mon le magicien, & l ’un des premiers héréfiâr--
ques qui fe (oient élevés dans l’EgMfe , car il étoit ‘
du temps des Apôtres. Il attaquoit la divinité de
léfus-Chrift, par où l’on voit que l’Arianifme eft?
nrefque aufli ancien que la. dourine orthodoxe.
On raconte que faint Jean l’Evangélifle, cetapôtrer
de la charité , rencontrant Cèrinthe dans les bains
publics, s’enfuit avec horreur , en. difant : Craignons
, d'être abîmés avec cet ennemi de J< Ç._
Quoi ! fllle de David, .vous parlez à ce traître!•
Vous fouffrez qu’il vous parle ,.j& vous ne craignez pas
Que du fonds de l’abîme entr’ouvert fous fes pas ,
- H ne forte à Pinftant «des feux qui. vous embrâfent î
Ou qu’en tombant fur lui ces murs ne vous écrafent l .
Que veut-il ? de quel front cet ennemi de Dieu ;
Vient-il infeéter l’air qu’on refpire :en ce, lieu ? •
Vetabo. . . . fub iifdent
. Sit-.t£abïbiis,t fragilemque. mecunt i
Solvat phafdum.
Nous rapportons lé trait dé faint Jean l’Evangélifie
pour avoir occafion d’obferver que les into-
lêrans ont trop abufé de ces traits extraordinaires
de zèle que l’efprit faint peut avoir quelquefois
înfpirés à desperfonnes privilégiées & dans des cas,
particuliers ; faint Jean pouvoir devoir perfonn e l le
ment au Maître dont il avoit été le difciple chéri ,
une marque éclatante d’attachement & de zèle i
qwL n’empêçhe_pas. que la j'ègle générale .ne.foi t.
e e r
dè tolérer les opinions, au moins jufqu’à ce quelles
aient été condamnées par l’églife, & la perfonne-
dâns tous les cas.
CÉRISY, Voyeç Ha BERT..
CERVANTES SA AYEDRA (M ig u e l ) ( « .
litt. mod.). Un mot-fuffit à fa gloire, il eft l’auteur
dè Dom Quichotte, mais il importe à l’inftruâion
des hommes qu’on fache que ce livre fut une affaire
d’état pour- laquelle Cervantes fut perfécuté ; on
prétendit qu’il décrioit l’efprit.Chevalerefcjue, qui
conftituoit le vrai caraôère national, & qu’il donnait
du ridicule à la valeur. Il eft vrai que les con-
noifleurs appercevoient dans de certains détails
une critique fine & adroite dès principes & des
moeurs du duc de Lerme, premier miniftre d’Ef-
pagne, comme les courtifans de Louis X IV ne
. voyoient que la, critique du gouvernement de ce.
prinee, dans ce Télemaque qu’on regardé avec raifon
aujourd’hui? comme un bienfait envers l’humanité
i Predofiffîmum humani animi opus. Pline-.
Nous ne comparons ici; Télemaque & Dom Quichotte
, que pour remarquer- la différence qui fe
trouve fouvent entre les jugemens dès contem--
porains & ceux de la poftérité ; d’ailleurs, Dom
Quichotte n’a qu’une utilité locale, & ne tend à.
corriger qu’un excès & un ridicule national. Télémaque
eft d’une utilité éternelle , univerfelle »...
& fi le bonheur dto genre humain pouvoit naître-
d’un liv re , il naîtroit de celui-là.
Revenons à Dom Quichotte & aux» EfpagnolsJ.
a. Le teul de.leurs livres qui foît bon, dit M. dé
Montefquiéu,. » eft celui qui .a.faitvoir le ridicule
»• de tous les autres ».
Philippe 111', voyant: un jour des fenêtres de
fon palais un jeune homme donner en* lifant, des
marques exceflives de plaifir ; cefeune homme eß
fo u , dit-il à fes courtifans, ou bien il lit Dom Quichotte.
.C’eû à Philippe IH que nous croyons faire
honneur en rapportant ce jugement;
Dom Quichotte , difoit Saint-Evremont , eft le
feul livre que je puifle toujours lire ; c’eft mon
antidote le plus puiflant contre l’ennui & le cha-:
grin , & je, le recommande à tout le monde en
pareil cas, aux amans éloignés de leurs maîtreffes J
aux:miùiftres éloignés de la cour, &c; '
On a de Miguel Cervantes plufieurs autres ouvrages,
dont le.premier eft Gàlatée. Les autres font ,
les Nouvelles, au-nombre dé douze. Huit comédies
jouées.- avec fùccés en Efpagne les travaux de
Perfillis & de Sigifmondè^ le voyage du pamajfe. La
plupart dè ces ouvrages Tont traduits en françois.'
Miguel Cervantes étoit ua brave militaire ; il
avoit fervi avec diftinâion, i l s’étoit fignalé à la
bataille de Lepante, où il avoit eu la . main gauche.
emportée.» Il avoit été enfùite efdave chez ïes Infidèles
pendant cinq ans & demi. Dom.Gregorio
Àlayans Efifcar a écrit fa vie. Il eut deux traits de
conformité avec Homère ^ on ignore le lieu de fa
naiffance, & il mourut de faim. Il naquit en Ej^j
pagne , en 1549j il jnourut, en a 616*. *
C É S:
C Ë RULAR IU S (M ich e l ) ( HiJ lJu fck.d ’oritnt.)
Patriarche de Conftantinople, nomme , en 1043 ,
Homme favant, grand ennemi de l’Eglifè romaine,
& par là célèbre dans l’Hiftoire du grand ichilme
d’orient. Il fut excommunié' par le cardinal Hum^
Sert, légat du pape faint Léon ; puis exilé en I05y
par l’empereur Ifaac Comnène. Il mourut peu-de
temps après^
CÉSAIRE ( Hijl. ecdéfiajî. ') -C’éft le nom de dèux*-
faints célèbres ; l ’un médecin 'de l’empereur Julien,
quoique chrétiens & faint, & frere de faint Grégoire
de Nazianze, un des pères- dé fEglifè r ü
difputoit fouvent contre cet empereur qu’il vouloit
convertir & qui vouloit le pervertir. I l quitta la
cour & fe retira dans fa famille à la prière de
faint Grégoire de Nazianze; Il fut-quefleur de Bù*
thynie j; il* mourut en 368^
Le fécond faint C é sa ir e , connu fous le nom
de faint Céfaire d’Arles , parce qu il
de cette v ille , naquit en 470 ,-près-de Chalons-
fur-Saône; Accufé auprès d’Alaric & d e Théodoric. ;
d’avoir voulu livrer fa ville épifcopale aux Boiir-
guignons , - i l confondit pleinement la calomnie.
On croit qu’il eft lè premier évêque d’occident
qui ait porté le pallium. Il eut l’honneur de pré-
iider à plufieurs conciles tenus dans les Gaules.
I l mourut en 544. On a de lui des homélies données
par Baluze en 1669 , & quelques autres ouvrages
qu’on trouve dans la bibliothèque des Pères.
CÉSALPIN ( A ndré]) (Hift. litt. mod. ) , premier
médecin du pape Clément V I I I ;, à qni on accorde*
l’honneur d’avoir connu la circulation dû fang
qu’Hervé n!avoit point encore, découverte-, & d’avoir
le premier- employé une méthode raifbnnable
ÔC inftruélive dans la diftribution des plantes ; il
eft le premier qui lès ait claflees fuivant le nombre,
lès différences ou les rapports des femences. Ray
reconnoît avoir beaucoup profité, de fon fyftême ,
quoiqu’il ne l’ait pas fuivi en tout ; mais enfin,
Céfalpin fit faire un grand pas à la botanique par»
fà nouvelle méthode , avant- laquelle on ifarran-
geoit les plantes que. fuivant les lieux où elles
croiffoient’ & les vertus qu’elles avoient ; diftinc-
tion grofïière qui. n’établifloit ni genres ni efpèces
& qui laiffoit tout dans la confüfion. Céfalpin n’eut
pas autant de fticcès en métaphyfique qu’en phy-
ftque ; il fut accufé d’athéïfme .& défpinoftfme. Ses
principaux ouvrages font :
Spéculum artis medicte HippocraticumZ
De plantis, lib. 16 »Florence 1383, i/z-40.
De medieamentorum facultatibus 9 Venife 1593%
kt-40.
De metallicis y libri très ,,Rome 1596, in-4®*-
Praxis univerj,a medicince.
Quctfiionum Peripatettcarum , libri quinque -, Rome -
3tj6o3
C’eft fur^tout ce dernier ouvrage qui lui attira
tfes accufations fâcheufes. Un médecin nommé Tau-
ic i, l’attaqqa dans un livre -intitule : Alpps cafa 9
c é s ' 29-
hoc tJl Andree Xcfalpini monjlrofa Jogmata difcuja
6» excuffa. \
Céfdpin ,-né en 10519 a Arezzo, mourut a Romo
en r6cT4v
CÉSAR,Cm. (Bifi. anc.) Ce nom a été long-temps
employé chez les Romains, pour lignifier l’héritier
préfomptif eu défigné à l’émpire, comme l’eft au-
jourd’liui le titre de roi des Romains dans l’empir©
d’Allemagne.
Ainfl Confiance Chlore & Galere furent proclamés
céfars par Dioclétien & Maximien ; Liciy
nius,par Galérius ; Conftantin-le*Grand,par Conf*
tantius ; Conftantin-le-Jeune, Conftantius & Conf*
tans, par Conftantin leur père ; Junius Gallus &
Julien, par Conftântiùs.
Les-céfars étoient des efpèces d’adjoints onaflo-
ciés à l’empire, participes imperii : ils portoient le '
manteau impérial, la pourpre & le diadème , &
marchoient avec toutes les autres marques de la
dignité fouveraine. Ils étoient créés céfars comme
les empereurs, par l’endoffement dê la robe de
pourpre.
La dignité dè ce far fut toujours la^ fécondé d e '
l ’empire, jufqu’au temps d’Alexis Comnène, qui-
enf inveftit Nîcéphore de Melife en conféquence
de la convention faite entr’eux ; & comme il falloir
néceflairement qu’il conférât une dignité fupé-;
rieure à fon frère Ifaac , il le créa febajtocrator, lur
donnant en cette qualité la préféance fur Nicé-
phore , & ordonna que dans toutes les acclamations
Ifaac feroit nommé le fecond , Si Nicéphore '
le troiflème..
L’origine dé ce titre fut, le furnom du premier,
empereur, C. Julius Céfar le. fénat ordonna par
un décret exprès que tous lès1 empereurs le por-
teroient dans la fuite ; »mais fous fes fuccefleurs le *
nom d'Aùgufie étant devenu propre aux empereurs y ^
celui de céfar fut communiqué à la fécondé perfonne
dë l’empire, fâns que l’empereur ceffât pour
cela de le porter. Oh voit par-là quelle eft la dif- -
férenee entre céfar purement & Amplement, &
céfar avec l’addition" d empereur augujle.
Les auteurs font partagés fur l’origine dn mot
céfar, furnom de la maifon Julia; Qüelquës-uns
d’après Servius lé font venir dé cafaries, cheveux » -
chevelure-, prétendant que-celui- qui le porta l e ’
premier étoit remarquable par la beauté de fa chev
elure, & que ce fut pour cela-qu’on-lui donna
ce ftirnoim L’opinion la plus commune eft que le
mot céfar vient i coefb matris utero ; de ce qu’on '
ouvrit le flâne dé fâ mère pour- lui- procurer la :
naiffance. -
D ’autres font venir ce nom de cé que celui qui,:
le porta le premier avoit tué à la guerre un éléphant
» animal qui fe nomme cé/hr dans la Mauritanie.
BircherodiüS confirme cette opinion par
l’autorité d’une ancienne-médaille fur laquelle e<Y
repréfenté un éléphant avec le mob céfar. ■
Depuis Philippe, le fils , les céfars, ajoutoient à ’
leur titre de cifqr^ . celui de: mbiliffme, comme AJ