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& de dépit contr’eux ; elle envoya des troupes
pour rompre laffemblée annuelle de la grande
loge qui fe tenoit à Yorck le jour de Saint-Jean ,
27 Décembre 1561. Cependant, fur le rapport qui
lui en fut fait par des perfonnes de confiance ,'
elle laifla les 'maçons tranquilles.
5 La maçonnerie fleuriffoit aufii dans le royaume
d’Ecoffe, long-temps avant fa réunion à la couronne
d’Angleterre , qui fut faite en 1603. Les
maçons d’Ecoffe regardent comme une- tradition
„Certaine que Jacques I , couronné en 1424, fut
le protecteur & le grand-maître des loges, &
qu’il établit une jurifdi&ion en leur faveur ; le
grand-maître qu’il dêputoit pour tenir fa place,
éroit choifi par la grande loge & recevoit quatre
livres de chaque maître - rn^çon. Davy Lindfay
étoit grand-maître en 1542. Il y a encore à
Ivilwinning, à Sterling-, à Àberdèeri , des loges
anciennes où l’on conferve de vieilles traditions
à ce fnjet,
On allure dans l’ouvrage anglois que nous avons
cité , 8c dont nous faifons l’extrait, qu’Inigo Jones,
célèbre architecte Anglois, diftiple de Palladio,
& que les Anglois regardent comme leur vitruvé,
fut député grand-maître de l’ordre des francs-maçons,
& 1 on y donne Thiftoire de tous les grands édifices
qu’il fit conftruire, On trouve après lui Chriftôphé
V/r-en , fous le titre de grand furveillant ; ce 'fut
lui qui fit rétablir prefque toutes les églifes de
Londres, après le terrible incendie de 1666, &
fpécialement la famenfe églife de S. Paul, qui,
après celle de S. Pierre du Vatican, eff regardée
comme; la plus belle églife du monde: Il tint une
loge générale , le 27 décembre- 1663 , 'comme on
le voit dans une copie des anciennes conftitutions ,
& l’on y fit un nouveau réglement pour l’admi-
r\\ftrat\c,n .àes francs-maçons: il fut grand-maître
en 1685. A*
En 17?7 il fut décidé que les maîtres & le§
f'rveïllans des 'différentes loges s’affembïêfoient
tous les trois'mois en communication. , c’eft ce
qu’on appefle ‘quaterly communication , §£ .3 Paris,
affemblée dé quartiers ■ lorfque lé grand-maître eft
préfent, c’eft une löge in ample; form, fi non elle
eft feulement in dué fprm, - maisJ elle, a toujours la
même àurpnté, ' 2
En 1718 , Georges,Payne ,^çan,d niaît-re,.voulut
qu’on apportât à la grande loge. ,les : anciens
mémoires^ concernant. lps .maçons - 8c la maçon?
ne r ie , pour faire çonnoître fes anciens ufages-,
& fe rapprocher des inftitutions; primitives; on
prqdujfit a [ors pluftpurs vieilles copies eje conftitur
tions gothiques.
En 17 19 , le grand - maître Je^n Théophile- Défa- *
giilîë’rs fit rèyivre l ’ancienne régularité des tojiftj.,
ou famés qpç l’pn porte, dans les banquets 01a loges
de table , à rjionneur-fiu roi des maçons, &c,
mais on brûla beaucoup d’anciens papiers concer-
yjaqt la maçonnerie 8f fçs^ réglemens fecrets, Air-
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tout un qui avoit été ; fait par Nicolas Stone,’
furveillant fous Inigo Jones, 8c qu’on a beaucoup
regretté ; mais on vouloir prévenir tout ce qui
pouvoir donner aux ufages de la maçonnerie
« «ne publicité qui efl contre l’efprit de l’ordre.
L e nombre des loges étant fort augmenté à Londres,
en 1721, 6c l’afiemblée générale exigeant beaucoup
de. place, on la tint dans une falle publique,
appellée flatiqners-rha.lL Les furveillans on grands«
gardes furent chargés de fe procurer quelques
ftewards, intencîâns ou frères qui enflent de l’intel-
Ügençe pour les affaires, de détail,. 8c d’avoir aufii
des frères fer vans pour qu’il n’éntrât jamais de
profanes dans, les loges, Le duc de Montaigu fut
élu grand-maître 8c infiallé ; on nomma des com-
miffàires pour examiner un manufçut d’Anderfon
furies confiitutions de l’ordre, & l’on en ordonna
l’impteffion 1e 17 janvier 1723 ; la fécondé édition
eft de 1767.
Ce fut alors que la réputation de la maçonnerie fe
répandit de tous côtés : des perfonnes du premier
rang defirèrent d’être initiées, $ç le grand-maître
fut obligé de çonftitqer de nouvelles loges qu’il v ifi-
toit chaque fepiaine avec fon député, 8c fes furveillans;
il y eut 400 à'la fçte du 24 juin 1713 ,
on avoit alors pour député grand-maître le fameux
chevalier Martin Polices, qui a été fi long-temps
préfident de l’académie ou de la foejété royale dé
Londres , 8ç pour grand furveillant John Senex,
mathématicien, connu par de beaux planifphères
çélefies , dont les aftronomes fe fervent encore toü$
les jours.
Il étOit difficile que ce nouvel emprefiementdeè
Abglois pour la maçonnerie ne s’étendît pas juf4
qu’à nous. Vers l’année 1725, mylord Dervefftr
Waters, le chevalier Alaskelÿne, M. d’Heguerty
& quelques autres anglois, établirent une loge à
Paris , rue des Boucheries, chez Hure, traiteur an-
gloisJ; én 'moins de dix ans, la réputation de cette
loge attira cinq ou fix cens frères dans la maçon*
iiètie', -8c fit établir d’autres loges; d'abord celle
de- Goufiaud, lapidaire anglois ; enfuite celle dé
Te-Breton, connue fous le nom de loge du Louis
d'argent, parce qu’elle fe tenoit dans une auberge
de ce nom ; enfin la loge dite de BitJJy, parce
qu’elle fe tendit chez Landelle, traiteur,, rue de
Buffy; elle s’appella enfuite loge dfAumont, lorfque
M. le duc d’Aumont, y ayant été reçu, y fut
choifipour maître; on regardoit alors comme
grand-maître des maçons, mylord Dervent-Waters,
qui dans la fuite paffa en Angleterre, où il a été
décapité. Mylord d’Harnouefier fut choifi en 1736 ,
par quatre loge* qui fubfiftoient alors à Paris, 8c
eft le. premier grand - maître qui ait été régulier
rement élu.
En 1738 on élut M. 1e duç.d’Antin pour grand-
maître général ’& perpétuel des maçons dans lé
royaume de : France ; mais les martres de loges
changeoient encore tous tes troismois.il y ayott
yingt-deux loges à Paris en 1742.
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Le 11 décembre 1741 ,M . 1e Comte de Clènr.ont
jprince du fang, fut élu grand-maître perpétuel dans
une affemblée de feize maîtres , à la place de M.
le duc d’Antîh qui vehoit de mourir ; l’a&e fut
revêtu de la fignature de tous tes maîtres & des
furveillans de toutes les loges régulières de Paris,
& accepté par les logés de proVinces. M. 1e prince
de C onti, & M. 1e maréchal de Saxe , eurent
plufieurs voix dans cette éleftion ; mais M . 1e comte
île Clermont eût la pluralité, 8c il a rempli cette
place jufqu’à fa mort. Oh créa pour Paris feulement
des maîtres de loges, perpétuels & inamovibles,
de peur que l’adminifiration générale de l’ordre ,
confiée â la grande loge de Paris, en changeaht
trop fouvent de mains, ne devînt trop incertaine
& trop chancelante. Les maîtres de logés dans tes
provinces, font ehoifis tous les ahS.
La maçonnerie , qui aVoit été piufieurs fois
perfécutée en Angleterre., le fut aufii en France :
vers 1738 ,une loge, quis’affembloitchezChapelot,
du côté de la Râpée, ayant excité l’attention des
magiftratS, M. Héraut, lieutenant de police, qui
n’avoit pas une jufle idée des maçons, s’y tranfporta ;
il fut mal reçu par M. le duc d’Amin , cela lui
donna de l’animofité; enfin il parvint à faire fermér.
la loge , murer la porte , & à défendre les affem-
blées : la perfécution dura piufieurs années, &
l’on alla jufqu’à emprilbnner des francs-maçons,
que l’on trouva affemblés dans la rue des deux
Ecus , au préjudice des défenfes.
Cela n’empêcha pas tes gens les plus difiingués
de la cour & de la ville # de s’aggréger à la maçonnerie,
& l’on voyoir encore, en 1760, à la nouvelle
France , aù nord de Paris, une loge célèbrej
tenue d’une manière brillante, 8c fréquentée par
des perfonnes du premier rang : elle avoit été fondée
par le comte de Benouville. Là grande loge étoit
îu r -toü t compofée de perfonnes de difiinélion,
mais la fechereffe des détails, 8c des affaires qu’on
y traitoit pour l’aéminiffràtion de l’o rd fe, les
écartèrent peu à peu ; tes maîtresse loges qui prirent
leur place, n’étant pas àufli refpeftés, 1e travail
de la grande loge fut interrompu à difféientes fois,
jufqu’en 1762: il y eut alors une réunion folem-
nelle ; l’on dreffa des réglemens pour toutes tes
loges de France , on délivra des conftitutions
pour la régularité, 8c l’union des travaux maço-
niques, & l’on perfectionna 1e réglement de Ja
maçonnerie en France , fous l’autorité de la grande
loge.
En 17 6 7 , il y eut encore une interruption, par
ordre du miniflëre , dans les travaux de la grande
loge ; mais elle tes a repris en 1 7 7 1 , fous la protection
d’un prince qui a fuceédé à M. 1e comte
de Clermont dans la dignité de grand-maître, 8c
qui s’intéreffe véritablement à la maçonnerie. Ce
prince a été folemnellement infiallé, 8c reconnu
dans une affemblée générale, des députés de- toutes
les loges du royaume, le 22 oCtobie 1773. ^ es
maîtres de loges aufii zélés que lettrés, fe font
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trouvés à la tète de l’adminiftration, ont fait, pour
toutes tes loges régulières de France, de nouveaux
réglemens, 8c la maçonnerie a repris dans le
royaume une nouvelle cbhfiffance.
Si cette affociatipn a été fufpeCte en France,'
feulemeht parce qu’elle n’étoit pas connue, iln ’efl;
pas furprenant quelle ait été perfécutée en Italie.
Il y a deux bulles de la cour de Rome contre l’ordre
des francs-ïnaçons ; mais comme elles étoient fulminées
Air des caractères, qui n’étoient point ceux
des v é r ita b le s fanes-maçons, ils n’ont point voulu
s’y reconnoître, 8c ilsfe regardèrent tous comme
étant très en fureté de confcience, malgré les-bulles;
la pureté de leur morale, 8c la régularité de leur
conduite doit en effet tes ràffurer totalement.
L’Allemagne 8c la Suède ont faifi avec zèle
tes avantages de la maçonnerie; 1e roi de Pruffe,
après y avoir été aggrégé, s’en eft déclaré 1e
proteCleur dans fes états, ainfi qu’il l’eft des
feiehees 8c de toutes tes inftitutions utiles. Le
nombre des francs - maçons s’étoit trop multiplié,
pour qu’il ne s’y établît pas des diftinCtions de
grades, ils font même eti très grand nombre, 8c
ils mettent entre tes différons ordres des maçons
des différences très-marquées relativement au
rang 8ç aux lumières, de même que par rapport
aux objets dont on s’occupe dans chaque loge.
La maçonnerie a continué de s’étendre aufli en
Angleterre : on y a frappé une médaille en 1766,
âvec cette exergue ; immortalitaù ordinis.
D ’un autre c ô té , les profanes fe font égayés
âux dépens de la maçonnerie : on a gravé une
immenfe caricature qui repréfente une proceffion
burlefque 8c ridicule des francs - maçons ; mais
ceux-ci ont fait peu d’attentiop aux fottifes d’une
poptlace ignorante. Cependant l’ordre s’eft fou-
tenu 8c s’eft accru en Angleterre au point qu’en
1771 tes francs - maçons ont cru pouvoir paroître
au grand jou r; ils ont repréfenté au parlement
de Ja nation qu’ils avoient de quoi bâtir une
loge qui contribuefoit à l’embelliffement de la
capitale, 8c même de quoi faire une fondation
pour l’utilité publique; ils ont demandé en con-
féquence d’être reçonnus 8c autorifés, comme
tous tes autres corps de l’état; il paroît que la
demande eût été acceptée, fi tes francs-maçons de
la chambre-haute ne s’y étoient oppofés; Üs ont
penfé qu’une inflitution qui eft toute myftérieufe
& fecrête ne devoit rien avoir d’ai fli public, 8c
que cette ofientation pourroit porter atteinte au
but de la maçonnerie. (Af. d e la L a n d e . )
FRANGIPANI, ( F r a n ç o i s - C h r is t o ph e ,
COMTE DE) {h if. de Hong.} décapité à Nevftadt
le 30 avril 1771 , pour avoir été, avec te comte
de Serin fen beau-frere, un des principaux chefs
des hongrois révoltés contre l’empereur Léopold
en 1665 , 8c dans les années fui vantés.
ÏR A -PAO LO 5 lift, mÿd. ) e’sft- à-djjgj