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defccndoit de Childeric I I , par Daniel, qui régna
fous le nom de Chilperic IL II fut furnommé
I Imbécille, fans doute, par une fuite de la tyrannie
de Pépin, qui n’aura pas manqué de -flétrir—la
mémoire d’un prince dont il avoit ofé prendre la
place : ce fut un des moyens qu’il mit en ufage
pour affurer la couronne à fa poftérité. (Af—F.)
CHILON ( Hiß. anc. ) , un des fept fages de la
Grèce. On fait peu de cnofe de lui. Il étoit Lacédémonien
: ce fut lu i , dit-on, qui fît graver en
lettres d’o r , dans le temple de D elphes, la fameufe
maxime , r»eT< suorav nofce te ipfum t connois-toi
toi-même.
Garder le fecret, favoir employer le temps,
fouffrir les injures Tans murmurer , étoient, di-
foit-il, les trois chofes les plus nécefîaires & les
plus difficiles : il écriyoir à Périandre , tyran de
Corinthe, qu’un tyran devoit s’eftimer heureux
quand il parvenoit à échapper au fer & au poifon;
e’eft ce que Ju vénal a exprimé dans ces deux
Vers :
A d generum Cereris ß n e cceie & vuînere p a u c i
De fcend un t reges & fic c â morte ty ra n n u
Il difoit que la pierre de touche eft l’épreuve
de l’or , & que l’or eft l’épreuve & la pierre de
touche de la probité.
11 fe rendoit enfin, en mourant, ce témoignage,
qu’il ne reprochoit rien dans toute fa v ie , fi ce
n’eft peut-être d’avoir fait une fois pancher la balance
du côté d’un ami dans un jugement, en
quoi il ne favoit pas bien , difoit-il, s’il avoit bien,
ou mal fait. Il mourut de joie, en embrafîant fon
fils , vainqueur au Pugilat, dans les jeux olympiques.
U vivoit environ cinq ou fix. fiècles avant
J. G.
C hilon eft auffi le nom d’un athlète célèbre
de Patras dans le Péloponèfe , vaincu & aftommé
par Antipater , roi de Macédoine , après avoir été
deux fois vainqueur aux jeux olympiques ; une
fois aux jeux pythiques , quatre fois aux jeux ifth-
miques , trois fois aux jeux némêens. .
CHILPERIC , fils & fiicceffeur de Clovis
(Hiß* de F r a n c e régna comme roi de Sôifîbns ,
depuis l’an 5.61 jufqu’en 570, & depuis cette dernière
époque jufqu’en 584, comme roi de Sôiftbns
& de Neuftrie. Voyeç C aribert.
C hilperic II dix neuvième roi de France ^fuc- f
ceffeurde Dagobert III, fils de Childeric IL. Ce. I
prince avoit quarante-cinq ans lorfqu’il monta fur le
trône. Il y fut appellé par la fidélité de Rainfroi,
maire du palais, qui le tira de Fobfeurité du
cloître, où' il languifloit depuis fon extrême enfance
: il y étoit connu fous le nom. de Daniel. Ce
monarque, fuivant la judicieufe remarque d’un
moderne, ne doit point être rangé dans la claftè
des rois faineans.. Il eut toujours les. armes à la
wain^ ôc il eft à croire que s’i l eût eu un. enns- [
c h 1
mi moins redoutable & moyis dangereux que
Charles Martel, il feroit parvenu à tirer les princes
de fa race de l’avilifTement & du mépris ©ù ils
étoient tombés depuis la mort de Dagobert I. Il
foutint plufieurs combats contre Charles Martel ;
mais c’étoit vainement qu’il prétendoit tenter la
fortune des armes contre un auffi grand général r
il fut vaincu & forcé de mendier un afyle chez
Eudes, duc d’Aquitaine, qui l’avoir affilié dans
fes guerres, moins comme fujet que comme allié-
Charles Martel ne le laifla pas long-temps dans
cette retraite ^ il l’envoya redemander à Eudes ,
qui ne put fe difpenfer de le lui livrer. Charles
Martel eût bien voulu être roi : il en- avoit bien
la puifîance ; mais ce titre manquoit à fon ambition.
Les François ne paroifloient pas difpofés à
le lui donner. 11 continua- de gouverner fous le
titi-e de maire du palais ; & voyant que c’ètoit
inutilement qu’il laiftbit le trône vacant,. que la
nation ne l’invitoit pas à s’y affeoir, il y plaça
Chilperic I I , qu’il venoit d’en faire defcendre ; mais
il ne lui rendit que le fceptre , & s’en réferva
toute l’autorité. Chilperic I I régna encore deux ans
après ce rétablifiëment : il mourut à Noyon ,: &,
y reçut les honneurs funèbres. L’hiftoire n’a pas
* daigné s’occuper de fa vie privée : elle ne dit rien
de fes vertus ni de fes yices. ( M— y . )
> CHINDASü INTHE , roi des Vifigoths (Hijloire
d'Efp. ). Communément la tyrannie füccédeà l’u-
furpation ; car ce n’eft guère que par la terreur
des fupplices & l’atrocité des vengeances qu’un-
ufurpateur peut contenir fes fujets indignés-, & fe
maintenir fur le trône, où la force & l’injuftice
l’ont élevé; Chindafuinthe pourtant, quoiqu’il, eût
en quelque forte ufùrpé la couronne des Vifigoths.,
fe fit aimer & refpe&er ; on ne lui reprocha que
l’ambition outrée, & les moyens trop violens qui*
lui avoient. acquis le fceptre. Son. prédéceffeur-
Tulga, fils du bon Chintila, mécontenta la- nations
par fa foiblefle , fon inexpérience, fa douceur &.
fa grande jeunefîje. Le peuple murmura; & le s
grands, toujours, avides dé changemens & de révolutions
, s’aflemblèrent & décidèrent que, pour
éviter les malheurs que l’incapacité du prince
pourroit caufer,. il étoit néceflairede le détrôner,,
&.de confier le fceptre à des mains plus habiles-
Cette réfolution prife, les grands fe choifirent
pour fouverain Chindafuinthe , l’un des plus vieux:
d’entre- eux , & qui leur paroifToit auffi le plus
capable de tenir les rênes du gouvernement. Plein.-
de reconnoiftance, Chindafuinthe, qulvraifembla--
blement avoit puiflamment influé, fur la délibération
des grands, fe hâta- d’aller,. fuivi< de fes
partifans , attaquer- & précipiter du trône le. malheureux
Tulga , auquel il fit en même-temps,
icouper les cheveux, ce q ui, fùiyant les foix v i-
figothes, exCluoit pour toujours dé la royayté»."
A la fuite de cet acte dé violence,, Chindafuinthe-
prit, fans oppofition, la couronne d'ans lé mois;
,de mai 642* mais. peu. de. jours après 3> les anciens
C H I
partifans de Chintila & ceux de Tulga ,fon fils, j
le foulevèrent, allumèrent le feu de la guerre
civile , & excitèrent des féditions en plufieurs villes
du royaume.
Le r o i, malgré fon âge avancé , rafîembla
promptement une armée', en prit lui-même le
commandement, marcha contre les rebelles, les
battit toutes les fois qu’ils ofèrent fe préfenter ;
& obligea, par la terreur de fes armes, lès factieux
& tous les habitans d’Efpagne à le recon- ,
noître pour leur fouverain. Tandis qu’il étoit occupé
à réprimer ce foulèvement, Ardabafte, jeune
aventurier, que la plupart des hiftoriens ont regardé
comme le fils du roi Athanagilde, arriva
en Efpagne. Chindafuinthe lui fit l’accueil le plus
diftingué j lui donna fa confiance , &peu de temps
après lui fit époufer l’une de fes plus proches
parentes. Ardabafte fe montra digne de la haute
confidération qu’avoit pour lui fon bienfaiteur ; fes
rares qualités, fa valeur , & l’affabilité de fon ca-
raélère le rendirenTigréable à la nation ; il fit
plus, & par l’eftime qu’il avoit lui-même pour
Chindafuinthe, il parvint à détruire l’idée peu avan-
tageüfe que le peuple avoit de fon r o i , qui, à fon
ufurpatiôn près, étoit, à tous égards, digne du
rang qu’il occupoit. Auffi-tôt que le calme fut
rétabli dans le royaume , Chindafuinthe convoqua
& tint à Tolède un concile, dans lequel furent
faits & publiés plufieurs réglemens concernant les
affaires de l’état. Par l’un des canons -de ce concile
, les évêques prononcèrentl’excommunicatibn
contre tous ceux qui , révoltés contre l’àutoritè
du roi., imploreroient, pour foutenir leur rébellion,
le fecours des étrangers. Il ne paroît pas que , les
premières diffenrions terminées, le règne de Chindafuinthe
ait été agité par aucun trouble ; ce monarque
fe fit chérir & refpe&er par fa fageffe , fa
douceur & fa bienfaifance. Les Vifigoths lui furent
fi fort attachés, que, dans la foptième année de
fon règne , les grands confentirent qu’il s’affociât
fon fils Recéfuinthe, qui fut élu le 22 juin 649.
Alors Chindafuinthe, accablé fous le poids des années,,
remit, pour ne plus les reprendre, les
rênes du gouvernement à fon fils, ot 11e fongea
plus qu’à goûter les douceurs d’une vie paifible
& retirée ; il répandit encore beaucoup de bien-
faits , fonda le monaftère de Saint - Romain d’Or-
nifga, foulagea’ les pauvres par les abondantes
aumônes -qu’il leur fit diftrîbuer , & mourut â£é ;
de quatre-vingt-dix ans, le premier o&obre 652 , !
dans la onzième année de fon règne. Les hifto- |
riens de fon temps , & ceux qui leur ont fiiccédé,
difent unanimement qu’il fut homme de lettres
autant qu’on pouvoit l’être alors ; qu’il cultiva les
fciences, chérit les favans , & qu’il envoya Tajus
ou Tajon , évêque de Sarragoffe, homme très-
éclairé, à Rome, pour y chercher les ouvrages
du pape Grégoire-le-Grand, qu’on n’avoit pu encore
fe procurer en Efpagne. Cette députation
fait tout au moins autant d’honneur à Chindafuinthe
C H I i2j
qu’eût pu lui en faire la plus éclatante vi&oire
(X. C .)
CHINTILA ou SÜ IN T ILA , roi des Vifigoths
( Hifl. d’Efp. ). Ce prince fut zélé pour la religion
; il ne fit rien fans confulter les évêques de
fon royaume ; il paroît, par quelques loix qu’il
publia & fit confirmer par les prélats aftemblés en
concile, qu’il aima la juftice, le bon ordre, & ne
négligea ri?n pour rendre fes peuples heureux :
voilà tout ce qu’on fait de ce fouverain , ou plutôt
tout ce qu’il eft poffible de conje&urer, d’après le
petit nombre de faits que les annaliftes de fon
temps ont jugé à propos de nous tranfmettre : ils
nous apprennent que le roi Sifenand étant
mort dans le mois de mars 636 , il s’éleva
quelques différends entre les éleâeurs, qui ne fe
réunirent que dans le mois fuivant , en faveur de
Chintila , qui fut élu & proclamé avec acclamation.
Le nouveau monarque fe hâta d’aflembler un
concile à Tolède, pour y régler les affaires de
l’état & celles de l’églife. Cette affemblée s’occupa
fort peu de la- difcipline eccléfiaftique , mais beaucoup
du gouvernement civil ; il faut croire qu’a-
lors les conciles tenoient lieu de confeil d’état.
Par l’un des canons qui furent faits & publiés,
les évêques déclarèrent excommunié quiconque
manquëroit à la fidélité promife au fouverain. Par
un autre , la même peine d’excommunication fut
prononcée contre tout fujet ambitieux qui, n’ayant
point les connoiffances ni les talens nécefîaires
pour gouverner , ou qui, n’étant point Goth d’origine,
tenteroit de s’élever au trône. On lit dans
un autre canon , que tous ceux qui, pendant la vie
du prince, chercheront à s’inftruire par la voie des
maléfices ou autrement, du temps de fa mort,
& qui feront des voeux à cet effet, dansl’efpoir
de lui fu.ceéder , feront excommuniés, ainfi que
ceux qui maudiront le monarque , ou qui jetteront
quelque fort fur lui. On lit avec plus de plaifir
deux canons faits dans ce concile, & qui fuppo-
fent, foit dans Chintila, foit dans les évêques, les
vues les plus fages : par l’un , il eft ftatué que les
fujets dont les fervices auront été récompenfés
parle roi, jouiront paîfiblement des bienfaits qu’ils
auront reçus, afin que l’agrément de leur, fitua-
tion excite les autres citoyens à fo rendre également
utiles. Le dernier canon de ce concile paroît
avoir été propofé par le fouverain, & il honore
bien fa mémoire* Par ee canon,. il fut réglé que
déformais îes rois des Vifigoths auraient le droit
de faire grâce aux criminels, même condamnés r
ou de modifier les peines prononcées, toutes les
fois qu’ils le jugeroient à propos. Ainfi Chintila >
dans un fiècle peu éclairé , eut la gloire de con-
noître & de fe faire accorder le privilège le plus
brillant & le plus précieux de la royauté. Environ
deux années après, le rai des Vifigoths publia un ’
édit qui ne nous paroît pas répondre à la haute
idée que le concile de Tolède nous avoit donnée
de fa profonde fageffe. Par cet édit x le roi Chin>■