
Que- toüjôurs dans les mêmes noeuds,
11 trouve une douceur nouvelle !
Que les foupirs 8c les-langueurs:
P.uilTent feuls fléchir les rigueurs^
De la beauté la plus févère!
Que l’amant comblé de faveur»;
Sache, les goûter.& les taire..
Danchetavoit l’air niais , & cet-air niais efïce qui a
fait la fortune du couplet qui le regarde parmi. les
fameux, couplets attribués à RoufTe.au
Je te vois , innocent Danchet ».
Grands yeux ouve rts, bouche béanté*.
Comme un foff pris ait trébuchet ».
écouter les vers que je. chante».
O ii croyoit le v o i r , & depuis ce temps on ne
Hâppelloit plus que l’innocent Danchet, fans l’efti-
mer moins. Piron, dans la pièce intitulée.: Danchet
mx-, Champ sr Elifées^ l’appelle
Franche colombe du Parnafle*.
On dit qu’ayant été infulté dans une fàtyre , il;
iè contenta d’envoyer à. l’auteur une épigramme'
niquante, en lui mandant qu’elle ne verroit jamais
lè jour au moins par fon fa it, & qu’il avoit voulu
feulement lui montrer que la fatyre étoit un métier
auffi aifé. qu’il eft vil. Il fit un coupler fort
fenfé fur les premiers couplets attribués à Rouffeau
, il reprochoit, avec raifon , à l’auteur de.
parler fans ceffe de grève de bourreau , de
potence & d’échelle. Tout cela efi en effet auffi
infipide que groffier , .& il eff à préfumer que fans
le procès criminel & la profeription d’un homme
tel que Rouffeau, la célébrité de ces couplets au-
roit été bien éphémère.
Il paroît auffi. que Danchet auroit. eu du - talent
pour ce mauvais genre , s’il avoit voulu. On en
peut juger par cet autre couplet contre Rouffeau,
qui en avoit fait lui-même, fur le même air (tiré. |
de Tanerède ) , un très-violent contre le préfident
de. Mefmes & contre l’académie françoife.
Fils ingrat »..cteiïr perfide , ,
Elprit inféiSë»,
Ennemi timide, .
Ami redouté ,
Déteftable guidé;'
D’un amour .qu?Ovidéc
N’a jamais chanté.,,
& te mafquer habile , .
Traduis tour-à-tour
Pétrone à'.la ville »,
David à la cour; .
Sur nos airs
Fais des vers
Que ton venin diftillç?
; . Sur tout l'univers,,.
Nouveau Théophile»,
Imite fon ftyle
Mais crains fes revers».
Ce dernier vers étoit prophétique;.
Danchet avoit de grandes préventions contre.-
M.dé Voltaire, il critiquoit fes ouvrages, il décrioit
fa conduite &, fon caraâere, il lui refufa conftam-
ment fa voix pour l’académie françoife , & c’eft un;
trait que Piron n’a pas oublié dans la pièce de.
Danchet aux champs- élifées.
Lorfque Danchet vit paroître la jolie épître de
M. de Voltaire au roi de Pruffe, qui .commence,
par ces vers ::
t e s fileufes-des dèftinées » .
t e s Parques ayant tant de fois*
Entendu les âmes damnées
Parler, là-bas de vos exploits , &c»'.
Pourquoi, difoit- il avec toute fon innocence;
littéraire, pourquoi cette expreflion groffière, les{:.
âmes damnées ? On pouvoit fi facilement mettre : ;
Ouï 'lés. ombresfortunées* -
Il ne fëntoit pas la plaifahterie particulière af4
tachée au choix du mot,, ou il ne la goûtoit pas*.
Il étoit de l’académie des inferiptions & belles-f
lettres, auffi bien que de l’académie françoife. I l
avoit été delà première en 1705; de la féconder
en i-709.il efi à remarquer que lorfqu’il fut reçïS;
à l’académie des belles-lettres,. il rr’avoit encore:
fait que des opéras -, mais ce genre, que la pédante--
rie feule fe permettroit de dédaigner j fuppofe une -
certaine connoiffance de la mythologie, & par.-
eonféquent de l’antiquité. Des- difïèrtationsfur les-,
feflins chez,les Grecs & chez les Romains , fur la,
pompe des triomphes, fur les cérémonies des iua-.-
riages , fur la chaffe des anciens , fur les-fêtes de
Cerès , acquittèrent fon tribut à l’académie, fans»
trop l’écarter de fon objet favori. Il avoit d’ailleurs»
de la littérature. Il avoit fait dès fon enfance de-
bons vers latins, & i l avoit reçu une gratification
de trente louis de M. de Louvois ,. pour avoirr
récité devant lui Horace tout entier. Madame dev
Turgis, dont il élevoit les enfans, lui fit promettre,.,
en mourant en 1699, de n e les Pas abandonner,*
& lui laiffa une penfion par fon teflament.
II. donna Héjîone en 1700.. Les tuteurs dé fes
élèves voulurent l’obliger de renoncer au théâtre , .
& fur fon refus ils lui difputèrent fa penfion , il
défendit fes droits & gagna fon procès(en 1701.) Il
efi d’ùn bon exemple que l’éclat de ce procès. oii,
la. barbarie ne fe propofoit pas moins que de flétrir
les travaux dramatiques-, n’àit-pas. empêché l’acan
demie des belles lettres de l’élire quatre ans après».
II étoit né à Riom en 1671 ; il mourut à Paris*;
en 1748, ayant eu.le chagrin devoir M, deVcl-r
taire reçu deux ans auparavant à l’académie fraft-
içoife. Il eut'pour fucceffeur M. Greffet, qui, dans
un fort bon difeoursrendit fa mémoire Tefpecta-
ble aux gens de bien. Ses oeuvres ont été recueillies
à Paris en «75.1, en.4 vol. in-ra.
D A N C O U R T ( Florent-C arton , fieur')
\Hift. litt. mod. ) , comédien, auteur de comédies,
très-bon peintre de là très-mauvaife compagnie ; il
efi piaffant, il fait rire , fon dialogue efi: v if, g a i,
naturel, piquant ; il peut.' corriger beaucoup de
vices & de, ridicules ‘bourgeois , il efi donc utile;
mais il arrive trop foiiyent chez lui comme chez
.'Regnard , chez le Sage, chez Molière même , &
. .chez tous les auteurs comiques anciens & modernes,
que -les rieur-s font pour les fripons, contre
les fats. C ’eff que les auteurs fongent d’abord à
plaire., & ne s’occupent de la moralité que quand
elle devient un nouveau moyen de plaire, Le Chevalier.
à.la mode,, F Eté des Coquettes ,- les Bourgeoifes
■ à la mode, de Buteur, les Vendanges de Surêne , le
Moàlïn .de Javelle,, les Vacances , les Curieux de
•:Compïègnele Mari retrouvé, la Fête de Village , ou
les Bourgeoifes de qualité, les Trois Coufines, Colin
Maillard., le Galant-Jardinier, font les pièces de
Dancourt qu’on joue Le plusfôuvent. Aucun auteur
me fournit au répertoire un auffi grand nombre de
petites pièces plaifantes pour terminer gaîment le
vfpe Racle , mais une feule pièce, telle que le Glorieux
y la Métromanie., ou le Méchant., fait ,un bien
;plu» grand nom , & place dans un bien plus haut
rang, que cette foule de jolies farces , qu’il feroit
-cependant ‘bien injufte de dédaigner , puifqu elles
•-font notre joie. On dit que Dancourt étoit quelquefois
enfermé avec le majeftueux Louis X IV , &
Timpofame Maintenon , pour leur lire fes pièces
bouffonnes, & qu’un jour s’étant trouvé mal à
caufe du grand feu qu’il y avoir dans la chambre
( moyen particulier qu-ont les gens riches de fe
fendre malades à grands'frais en privant de bois
le s pauvres ) , Louis X IV alla lui - même ouvrir
une fenêtre pour lui faire prendre l’air , fur quoi
;©n admire la bonté de ce prince. Il falloit bien
cependant que Louis XIV ou madame de Main-
îtenon priffent la peine d’ouvrir cette fenêtre; fal-
loit-il qu’ils laiffafTent mourir un homme faute de
•ce fecour-s',? Dancourt é to itd it-o n , un excellent
comédien dans les rôles à manteaux ; le P. de la
Rue , fon maître, avoit voulu le faire jéfuite. On
a relevé la petire particularité qu’il étoit né gentilhomme
, & une autre petite particularité-, c’eft
qu’il étoit né le même jour que le dauphin,, & à
Fontainebleau comme lui ( le premier novembre
a 66«. ) Il quitta le théâtre en 17-18, & mourut en
.1726 dans fa terre dé Courcelles - le - Roi en Berry.
;Ses ouvrages-ont été donnés en =1729 ., es 8 vo lumes
in-fi z.
DANE-GELT ( Lfi/Z. m o d . ) , la première taxe
foncière établie en Angleterre ; elle fignifie arg en1
d e s D a n o i s ou p o u r le s D a n o i s . En voici l’origine*
Les Danois ravageant l’Angleterre en 1001 »
Ethelréd I I , prince timide, fe fournit, pour éviter
leurs incurfions, à leur payer une forrrme de trente
mille livres angloifes. Cette Comme, qui étoit alors
très - confidérable-, fut levée par impofition annuelle
dé. 12. fols fur chaque h y d e de terre , c’efl-
à-dire, fur le-labourage d’une charrue , fur l’étendue
.dé.terre . qu’on peut labourer avec une feule
.charrue. .Après cette impofition les Danois ceffè-
rent de .piller, & fe retirèrent dans leur pays. Il
y en eiît-pourtant un grand nombre qui, trouvant
que l’Angleterre valoit Bien le Danemarck , prirent
le parti de s’y fixer ; mais le d â n e -g e lt continua
d’être très-onéreux à la nation , même long-temps
après que; les Danois eurent quitté lé royaume.
Avant que cette taxe, eût lieu , les rois Saxons
n’avoient que des ter-vices perfonnels pour les expéditions
militaires ' des fubfides en deniers pour
les bâtimens, la réparation des villes , châteaux,,
ponts , & c . • c’efi pourquoi la levée du d an e -g e lt a
excité de temps à autres de grands foulèvemens :
auffi Edouard l’abolit, & Guillaume I , en le re-
nouveilant avec rigueur en 1067, retraça v ivement
dans le fouvenir des Angîois, les maux qu’ils
avoient “foufferts fous une domination étrangère^
ce qui fit qu’ils ne regardèrent plus ce prince que
comme un conquérant odieux. A r t , d e M.le chte*
v a l ie r DE JAUCOURT.
DANDINI ( Jérôme ) ( H i ß . l i t . m od. ) , jéfuite
italien, envoyé en 1^96 par le pape Clément VIII^
en qualité de nonce, au mont Liban, pour con-
noître la véritable croyance des Maronites. La
relation de fon voyage., faite en i t a l i e n a été
traduite en françois par Richard Simon. On a
encore de D a n d ï n i E t h i c a f a c r a , ouvrage dont
Richard Simon a fait .l’éloge. D a n d ïn i mourut em
T 604.
DANDOLO ( Hen r i') ( B iß. m o d . ) , doge de
Venife , qui joue un grand rôle dans la quatrième
croifade, & dans l’étâbliffement de l’empire latin:;
il fe difiingua, quoique déjà /fort âgé , à la
prife de 'Conftantinople , refufa , dit-on, l’empire
qui lui fut offert, & le fit donner au comte de
Flandre Baudouin, auprès duquel il tint le premier
rang dans Gonfiantinople ju'fqu’à fa -mort.
DANÈS ( Pierre ) ( H i ß . l i t t . m o d . ) naquit à
Paris en 1497, d’une famille ancienne & difliliguée
par fes emplois & fes alliances. En 1-516 &
étoit déjà célèbre ; en 1522 Ravifius Textor l’annonçait
comme un prodige d’érudition. On -©folg;
dire ^
J\lagn:is Budccus-y major Danefius,
Et on moiivoit ce jugement;:
mu
I Arglv as tiöTat;! i j h e iiam relïquos* Qa*-
p A N D E LO T , V oy e i C olîgnôc,