
GALÊRIUS. Voye* les articles C o n s t a n c e -
C h lo r e , D io c lé t ie n & N a r s è s .
Il eft dit dans l’article de Dioclétien, qui eft de
Turpin, que Conftance-Chlore époufa la fille
de Dioclétien , & Galêrius celle de Maximien ;
c’efl une erreur. Galêrius époufa Valérie, fille de
Dioclétien, & Conftancë-ChloreépoufaThéodora,
belle-fille de Maximien. Galêrius, dont il s’agit ic i,
«•0 nommé dans les médailles C. Galêrius Valèrius
Maximianus ; il commença par garder les troupeaux
dans fa jeunefle, & il en conferva toute fa
vie le furnom & Arment anus. Comme il avoit pafTé
fucceffivement par tous les grades de la milice,
il entendoit la guerre. Il la fit aux Perfes, d’abord
avec quelques revers, enfuite avec un plein fuccès.
S’il ne fit point leur roi Narsès prifonnier , ( Voyeç
l ’article N a rsès ) toute la famille de ce ro i, fes
femmes, fes filles, fes foeurs tombèrent entre les
mains de Galêrius , qui fuivit à leur égard l’exemple
de modération & de refpe&pour le malheur,
donné autrefois par Alexandre ' à l’égard de là
femme & des- filles de Darius. Ammien Marcellin
rapporte qu’un foldat de l’armée de Galètius, ayant
trouvé dans cette expédition contre les Perfes une
bourfe pleine de perles, jettales perles comme inutiles,
& garda précieufement la bourfe qui étoit de
cuir. En devenant heureux, Galêrius devint méchant
& ingrat ; c’eft à lui principalement qu’on attribue
la perfécution de Dioclétien contre les Chrétiens.
Bientôt il s’ennuya de n’être que Céfar, & força
Dioclétien & Maximien d’abdiquer. Son gouvernement
fut tyrannique & cruel. Ce furent fes
violences, qui, en le rendant odieux, déterminèrent
Maxeoce à prendre la pourpre, & Maximien
à la reprendre. ( Voyeç les articles M a x e n c e
& Ma x im ie n . ) Galêrius mourut d’une maladie
douloureufe & honteufe , fruit de fes débauches ;
Eusèbe & Laétance en ont fait une defcription
Jiorrible. Les maux qu’il fouffroit lui infpirèrent
des remords fur ceux qu’il avoit fait fouftrir aux
Chrétiens ; il fit cefter la perfécution, il mourut
au mois de mai 3 1 1 , dans la Dace où il étoit né.
GALIEN, ( C l a u d e '){Hifl.litt.anc.') médecin célèbre
& qu’on nomme le fécond père de la médecine,
naquit vers l’an 13 1 de notre è re , fous l’empire
d’Adrien, à Bergame; fbn père, nommé Nicon ,
étoit un architecte habile de la même ville. Galien
fut le médecin des empereurs Vérus & Marc-
Aurèle ; ce dernier fur-tout avoit en lui la plus
grande confiance ; c’étoit Galien qui préparoit la
thériaque, dont cet empereur faifoit un ufage continuel
, auquel il fe croyoit redevable de ce qu’il
eonfervoit de fanté. Après la mort de Marc-
Auréle, Galien retourna dans fon pays, où les
unsdifent qu’il vécut jufques dans l’extrême vieil-
ïefle, les autres qu’il mourut à foixante & dix ans.
Il nous apprend qu’il avoit compofé jufqu’à deux
cents volumes 3 ils furent brûlés dans l ’embrafe- ;
ment du temple de la Paix; il refie encore de lui
un grand nombre de traités, dont les éditions les
plus eftimées font celles de Balle en 1J38, & de
Venife en 1625. Il étoit très-fobre & recomman-
doit, fur toutes chofes, la fobriété ; c’eft de lui que
vient la maxime de refler fur fon appétit en fortant
de table. On afiùre qu’il fut obligé de fortir de
Rome, parce que des cures qui parurent miracu-
leufes le firent foupçonner de Magie ; car l’ignorance
n’a jamais fervi qu’à perfécuter la fcience
& à retarder les progrès de toute connoiflance
utile. Le nom de Galien efl pour ainfi dire celui
de la médecine, on appelle Galénifles, les médecins
qui fui vent fa méthode.
Un doéteur Galénique
Fut appellé.
Dit Roufleau.
C’eft Leclerc, qui dans fon hiftoire de la méde-'
eine , a lé mieux fait çonnoître la perfonne & les
écrits de Galien.
G A L IG A I , (Eléonore) Voy. l’art. C oncini.
GALILEE ( Hiß. litt. mod. ) On lit dans
la préface des mémoiresde l’académie de Dijon,
un jugement très - avantageux , porté fur les
découvertes & fur le mérite de Galilée. On y
lit aufli que pendant que François Bacon indi-
quoit en Angleterre le chemin de la vérité ,
Galilée en Italie y marchoit déjà à grands
pas ; que ce même Galilée fut aflez clairvoyant
pour découvrir les loix de la chute des
corps pefans ; loix qui', depuis , généralifées par
Newton, nous ont expliqué le grand fyftême de
l’univers ; qu’il acquit par fes inftrumens merveilleux
un nouveau monde à la philofophie ; que le
ciel à fes yeux fembla s’accroître, & la terre fe
peupler de nouveaux habitans ; que Galilée , non
content de la fimple gloire d’avoir fait de nouvelles
découvertes , y joignit celle d’en tirer les
plus grands avantages pour le genre humain, &
qu’après avoir obfervé pendant vingt-fept ans les
fatellites de Jupiter , il fit fervir les tables de
leurs mouvemens à déterminer les longitudes,
& à perfectionner la géographie & la marine ;
que fes expériences fur la pefanteur de l’air firent
naître une phyfique toute nouvelle, qui con-
duifit Toricelli à expliquer lapreflion de l’atmof-
phère , & la fufpenfion du mercure dans les
baromètres; que fes obfervations fur le mouvement
du pendule , mirent les aftronomes & les
phyficiens en état de mefurer le temps avec
précifion , de fixer la variation des poids dans les
climats différens, & de déduire la vraie figure de
la terre ; & on conclut que Galilée a beaucoup
découvert, & a acquis des droits évidens fur les
découvertes des autres.
A ce que les académiciens de Dijon en ont dit, ;
en peut joindre le témoignage de beaucoup de nos !
auteurs italiens , qui ont fait les plus grands éloges
de Galilée, En Hollande , Hugues Grotius dit que
fes ouvrages furpaflent les forces humaines ; Huy- j
ghens l’appelle un très-grand homme ; Leibnitz , en j
Allemagne, & Jean Bernoulli le reconnurentpot/r i
le plus clair-voyant de fon temps ; & Kepler écrit '
çu’il mon toit fur les plus hautes mur ailles ^de V uni- \
vers , & qu’il découvroit tout, depuis le commen- j
cernent d’une chofe jufqu’à la fin. Newton, en
Angleterre , cita plufieurs fois les théorèmes & les
decouvertes de Galilée. Keill a écrit aufli que Galilée,
avec le fecours de la géométrie , pénétra les fecrets
les plus cachés de la nature, & créa une nouvelle
connoiflance du mouvement;& Maclaurin exalta
beaucoup les fervices qu’il nous a rendus par le
fecours du télefcope , & la manière claire & géométrique
avec laquelle il nous a expliqué la théorie
des corps pefans qui tombent , ou qui font jettés
en quelque direction que ce foit. David Hume ,
dans fon appendix à Phiftoire de Jacques I , fait un
parallèle des plus exaCts entre François Bacon &
Galilée. Il dit que Bacon étoit inférieur à Galilée,
•fon contemporain , & peut - être à Kepler ; que
Bacon avoit feulement montré la route où Galilée
marchoit à grands pas ; que le premier ne favoit
pas la géométrie ; que le fécond la pofledoit parfaitement
, ainfi que la philofophie naturelle ; que
le premier méprifoitle fyftême de Copernic, que
le f-cond avoit établi par des preuves tirées de la
ïaifon & du bon fens ; que le ftyle du premier
étoit dur , & celui du fécond agréable & brillant,
quoique quelquefois prolixe. L’hiftorien Anglois dit
lort agréablement que l’Italie ne fit pas peut-être
de Galilée le cas qu’il mèritoit, à caufe de la quantité
d’hommes illuftrès qui y fleurifloient alors.
Galileo Galilei naquit à Pife en 1564, & y fut
fait le&eur de mathématiques en 1589; trois ans
après il le fut à Padoue : en 1610 il fut fait mathématicien
du grand-duc Ferdinand I I , & retourna
en Tofcane, où il mourut en 1640 dans la ville
d’Accetri, près de Florence : il naquit l’année où
mourut à Rome Michel-Ange Buonarotti ; & mourut
l’année que naquit ^n Angleterre Ifaac Newton.
En 1583, comme l’attefte Magalottidans fes Effais
fur Pacadémie del Cimento, & Viviani dans fa Vie,
étant aflis dans la chaire primatiale à Pife, il obferva
qu’une lampe mife en mouvement faifoit fes vibrations
dans des temps fenfiblement égaux, quoique
les arcs qu’elles décrivoient fuftent fenfiblement
inégaux entr’eux. Cette importante obfervation fut
pou fiée fi loin par Galilée, qu’il imagina de fe
fervir d’un pendule pour mefurer exactement le
temps , & l’appliqua dans fa vieillefle à l’horloge.
Becker, dans une dillertation fur la mefure du
temps, attefte avoir entendu dire au comte Maga-
lo tti, que Galilée fit faire à Florence ,' par Marc-
Treffler, horloger du grand -Duc , la première
horloge à pendule ; quoique le même Magalotti,
dans fes Effais fur Vacadémie del Cimento, dife qu’il
eft vrai que ce fut Galilée qui imagina l’application
du pendule à une horloge ; mais que ce fut
fon fils Vincent qui, en 1649 , la mit en pratique.
Nous avons cependant les lettres de Galilée à
Beaugrand, & celles de Realio & d Hortenfius ,
q u i, avec ce que dit V iviani, font croire indubitablement
que ce fut lui qui ajouta le- pendule à
l’horloge. Elie Diodati,en 1637, envoya au père
du célèbre Huyghens la defcription de l’horloge à
pendule faite par Galilée. Becker ajoute qu’on en
envoya un modèle en Hollande. Tout ceci fuflit
pour répondre à Huyghens , à Muflchembroeck>
& à beaucoup d’autres qui voudroient enlever à
l’Italie la gloire de cette belle invention. Huyghens
inventa un pendule qui faifoit fes vibrations dans
les arcs d’une cycloïdé. L’invention eft très-ingé-
nieufe, & la théorie géométrique que l’inventeur
en donna, eft une des plus belles productions de
la géométrie; mais pour ce qui regarde la commodité
de la pratique, le pendule cycloïdalfut bientôt
abandonné, & nous nous fervons préfentement de
pendules quife meuvent en petits arcs circulaires',
comme Galilée l’avoit inventé d’abord.
Quand il fut leCteur à P ife, il commença diverfes
expériences publiques fur la chute des corps pefans ,
& fit voir à tout le monde que les bois , les métaux
& les autres corps , quoiqu’ils fuftent de
pefanteurs différentes , tomboient dans le même-
efpace de temps, & avec une égale vîtefle, de la
même hauteur. Il tira delà l’important théorème
, que la gravité abfolue des corps eft proportionnelle
à la quantité de leur matière. L’année
159 7, il inventa à Padoue, fon compas de proportion
, qui eft & fera toujours un infiniment
fort utile. Il fut le premier qui inventa le thermomètre,
& la manière d’augmenter cent quatre-
vingt fois la force de l’aimant ; & ayant entendu
dire, en 1609, qu’un hollandois avoit fait une
lunette qui rapprochoit les objets, il en devina
tout de fuite la conftruCtion , & en fit une pareille
le jour fuivant ; & fix jours après il en
porta une à Venife qui agrandiffoit trente-trois
fois le diamètre des objets. Il fait voir lui-même
dans fon eflai par quels raifonnemens {impies,
ou pour mieux dire, par quelle expérience facile
il y étoit parvenu. Il connut aifément que les
objets ne pouvoient pas s’agrandir, ni s’éclaircir
avec un ou plufieurs verres plans, ni avec une
lentille concave qui les rapetifle , ni avec une
lentille convexe qui les groflit & qui les confond.
I l fe borna à éprouver ce que produirait un verre
convexe & un verre concave , 6* il vit que l’effet
répondoit à fon idée. On a fait depuis des lunettes,
qui grofllfloient davantage, & embrafloient un
champ plus vafte avec deux lentilles convexes ,
& d’autres cômbinaifons de verres ; mais il n’y
a pas un mot à redire à la théorie de Galilée.
Plufieurs auteurs ont trouvé les traces de cette
découverte dans les oeuvres de Roger Bacon 8c