à Venife & à Gènes, fi ce n’eft pour le chef de ces
républiques, en Hollande, & dans les trois royaumes
du nord, fa voir la Suède , le Danemark &
la Pologne ; car dans celui - ci le titre de grand-
duc de Lithuanie eft rnféparable delà couronne
aufli-bieii qu’en Mofcovie.
Duc-duc, eft une qualité que l’on donne en Ef-
pagne à un grand de la maifon de Sylva , à caufe
qu’il a plufieurs duchés, réunifiant en fa perfonne
deux maifons confidéra'bles. Don Rodrigo de S y lva
, fils aîné de don Rui Gomez de S y lv a , & héritier
de fes duchés & principautés , êpoufa la fille
aînée du duc de l’Infanrado ; en vertu de ce mariage
, le duc aéhiel de Paftrana qui en eft iflii , &
qui eft petit-fils de don Rodrigo de S y lv a , a ajouté
» fes autres grands titres celui de duc-duc, pour
fe diftinguer des autres ducs , dont quelques - uns
peuvent pofîeder plufieurs duchés, mais aucuns
d’aufîi confidérables, ni des titres de familles fi
éminens. Chambers, (G)
D U C A L , ad-}, il eft aufiî quelquefois fubftantif.
{H iß .,mod. Les lettres-patentes accordées par
le fénat de Venife font appellées ducales, on donne
aufiî le même nom aux lettres écrites aux princes
étrangers au nom du fénat.
Le nom ducal vient de ce qu’au commencement
de ces patentes , lé nom du duc ou doge étoit
écrit en capitales : N». . . Dei grand dux Venetia-
nim , &c„
La datte des lettres ducales eft ordinairement
en latin , mais le corps de la patente eft en
italien.
Un Courier fut dépêché avec -un ducal à l’empereur
, pour lui rendre grâces de ce qu’il _av,oit
renouvelle le traité d’alliance de 1716 contre les
Turcs , avec la république de Venife. Charniers.
Itages, & refièrra confidérableinent leur domination;
{G }
D u ca l fe-. dit aufiî de tout ce qui appartient
à. un duc & cara&érife fa dignité ; ainfi l’on dit
le palais d u c a lun manteau ducal', la couronne
ducale. Le manteau ducal éft dé drap d’or fourré
d’hermine, chargé du blafon des armoiries du
duc. La couronne ducale eft un cercle d’or , garni
de pointes perpendiculaires -, furmontées de
fleurons y de feuilles d’ache ou- de-perfil y Scelle
eft o u v e r t e à moins qu’ils ne- foient fouverains.
( G )
D U CANGË’. Voye^ Fresne ( du J**
DUCAS ( Ht fl. du Bas-Empire ) , maifon impé- f
riale de Conftantinople. Voye^ A lexis V , dit Mûri- ..
qulphe.
De cette fmême maifon étoit Jean III ÇDucas-
Vatace), empereur grec à Nicée, d’oùihiaifoit la
guerre aux Latins quioccupbient alors le trône dé
Conftantinopleil-remporta fur eux plufieurs avan- 5
il mérite moins ceoendant de vivre dans la
mémoire par fes exploits guerriers que par fa ten-
drefle pour fes peuples, par fon éloignement rai-
fonné pour le luxe & pour le fafte; il difoit que les
dépenfes d'un monarque étoient le fang de fes fu] et s ,
& qu'il n avoit droit d'employer que pour eux l'argent
qu'il recevoit d'eux. Il mourut en 12 5.5.
Michel DüCAS, hiftorien grec, a „.écrit l’hiftoire
de l’Empire grec, depuis le règne du vieil Andro-
nic jufqu’à la ruine de cet Empire; il avoit vu la
plupart des faits quil rapporte. Son ouvrage a été
imprimé au Louvre par les foins d’Ifmaël Bouil-
laud en 1649. Le président Coufin l’a traduit en
françois ; il termine le ^huitième volume de fon
hiftoire de Conftantinople.
DU C ASSE ( François ) {Hiß. litt.mod. ) , official
de Carcafionne , puis de Condom , favant cari
onifte , auteur de deux traités eftimés , l’un de la
JurïfdiEiion eccléfiaflique contentieufe , l’autre de ta
Jurïjdittion volontaire. Mort en 1706.
DU CERCEAU. Voye^ C erceau.
DU CHAT ( Jacoble } ( Hifl. litt. mod. ) , éditeur
de la Confejfion de Sancy & des Aventures du baron
de F cenefle\ de Théodore Agrippa d’Aubigné j
de la fatyre Menippée; des oeuvres de Rabelais ; du
vieux livre intitulé : les Quinze joies du mariage ; de
l’apologie pour Hérodote de Henri Etienne. Il s’eft:
fait un nom dans les lettres, par fes éditions ; il
. étoit en commerce de lettres avec B ay le , auquel il
a fourni plufieurs remarques. On a publié après fa
mort, en 1735 , un dticatiana. Le Duchat étoit lui
réfugié, retiré à Berlin, à la révocation de l’édit de
Nantes.
DUCHÉ( Joseph-François) (Hiß..Fut. mod.'),
fuccefieur de Racine, dans l’emploi très-important
alors , de compofer des poéfies facrées pour la mai?
fon de Saint-Cyr. Jonathas, Abfalon & Débora , ne
valent pas, fans ’doute , -Eflher & Athalie* Les
Hymnes, les cantiques facrés de Duché ne valent
pas non plus les choeurs des deux pièces de Racine>
& les hiftoires édifiantes du premier, qu’on lifioit
avèc tant de plaifir à Saint-Cyr, peuvent ne pas
valoir ,1’hiftoire de Port-Royal, que fans doute on
i f y lifoit pas. Duché' n’étôit pourtant pas indigne
d’être le fuccefieur de Racine, ptïifqu’il falloit qu’iî
ën eût un, ni, l’ami de Roufleau, qui lui adrefî®.
une de fes odes, dans laquelle il lui dit:.
Un fublime cfTor te:ramène
À la cour des foeurs d’Apollon
Et bientôt-avçc Melpomène ,
Tu va-s cUün nouveau pKénofilèoA »
E clairet le facré yalloiu.
C e nouveau phénomène étoit Débora, qui n eft
point un phénomène; mais Duché a des opéras
eftimés, & la reconnoiflance d’Iphigénie & d’Orefte
dans fon Iphigénie en Tauride, eft non - feulement
la plus belle des fcènes lyriques françoifes, mais
Une des plus belles fcènes dramatiques qu’il y ait
dans notre langue. C’eft un de ces morceaux que
tous les amateurs de la poëfie faveur par coeur
comme les plus belles fcènes de Racine. Quand
madame de Maintenon attacha Duche.kSzxnt Gyr ,
elle le recommanda fi fortement à JV1. dePontcbar-
train, alors contrôleur général, que ce miniftre
comprit qu’il avoit plus befoin de fervir Duché pour
faire fa cour, que Duché n’avoit befoin de lui ; il
le prévint & alla le v o ir , excès d’attention qui
donna un moment d’inquiétude à celui qui la recevoir
; il craignit que quelque délation calomnieufe
ne lui attirât cette vifite inattendue d?un miniftre;
il fut bientôt raffiné par les difeours de M. de Pont-
chartrain. Duché, uniquement connu par des ou- •
vrages de bel efprit & de fentiment, fut de l’académie
des belles-lettres : c’eft que Racine en avoit é té , “
c’eft que Boileau en étoit, c’eft que ce corps n’eft |
pas feulement l’académie des inferiptions , mais en- j
core celle des belles-lettres ; c’eft1 que ceiix qui pour- j
roient vouloir en exclure les talens agréables, plus ’
miles qu’on ne penfe , feroient le renard de la fable,
qui dédaigné les raifins où il ne peut-atteindre :
Us font trop verds , dit-il, & bons pour des goujats.
Ou cet autre renard qui a la queue coupée , & qui
veut perfuader aux autres renards de fe faire couper
la leur.
Mais tournez-vous de grâce , & l’on vous répondra.
Duché, né à Paris en 1668 , mourut en 1704. Il
étoit fils d’un gentilhomme ordinaire du roi.
DU CHEMIN ( André ) (Hjfl. du théat. fr. j ,
nom d’un aétèur comique célèbre qu’on entend
encore regretter tous les jours , comme un modèle
parfait de naturel & de vérité.
DUCHESNE (A ndré & François) ( Hifl. litt.
mod. ) , père & fils; le père eft le plus célèbre;
c’eft de tous nos auteurs, celui qui a traité le plus
favamment la partie qui concerne les généalogies
françoifes ; il eft fur-tout très-connu par fa collection
des hiftoriens de.France, dont les quatre premiers
volumes font de lui , & le cinquième, de
François, fon fils., qui fit achever l’impreflion des
deux précédais. Cette colleâion, qui eft encore
néceflaire, fera rendue inutile un jour par la grande
collection des hiftoriens de France , commencée par
Jes bénédictins. On a encore d'André du Chcfhe
line Hifloire d’Angleterre, une H.floire. des papes, une
iüfloue des- cardinaux français ; celle-ci a encore, été'
acheyée par fon fils. Une hiftoire des chanceliers &
gardes des fceaux de France , qu’il avoit failfée e»l
mamiferit, & que fon fils a fait imprimer. On
doit aufiî à André Duchefne l’édition des oeuvres
d’Abailard, d’Etienne Pafquier, &c. Ce malheureux,
allant à une maifon de campagne qu’i l avoit
à Verrières, fut écrafé par une charrette le 30 mai
1640. Il étoit né aufiî au mois de mai 1584, à
l’ifle Bouchard en Touraine.
Un antre D u c h e s n e ( Jofeph) ; en latin, Qiier-
cetanus, comme les précédens, fleur de la Violette,
confeiller 6c médecin du ro i, fe rendit célèbre dans
la chymie ; auflî G uy Patin, grand ennemi de la
cliymie & des chymifles , l’a - t - ii fort maltraité.
« En 1609 , dit-il , il mourut ici un méchant
» pendart. Sc Charlatan, qui en a bien tué pen-
» dant.fa vie & après fa mort, par les malheiî-
m reux écrits qu’il nous à laifles fous fon nom , qu’il
>j a fait faire par d’autres médecins chymifles, de
» çà & delà. C ’eft Jofephus Quercctanus qui fe faifbit
» nommer à Paris, le fleur de la Violette. Il étoit
» un grand ivrogne & un franc ignorant', qui ne
» favoit rien en latin, & qui n’étant de fon premier
» métier que garçon chirurgien du p^ys d’Arma-
» gnac, qui eft up pauvre pays, maudit & malh eu- •
» reux, pafîa à Paris . & particulièrement à la
n cour, pour un grand médecin , parce qu’il avoit
01 appris quelque çhofe de la chymie, en Alle-
» magne. Le meilleur chymifte, c’e ft-à -d ire , île
» moins méchant, n’a guères fait de bien au monde 9
■n & celui-là y a fait beaucoup de mal.
DUCLOS ( Marie- A nne ) (H ifl. du théat. fr. ) ;
qu’un de ces hommes du bel-air, dontparle Dorante
dans la critique de l ’école des femmes, regardant le
parterre , tantôt avec pitié , tantôt avec dépit ,
s’écrie à chaque éclat de rire : ris donc, parterre, ris
donc, c’eft fans doute un ridicule digne du pinceau
de Molière; mais qu’une grande aélrice, jouant le
rôle d'Inès , fe pénétrant de l’efprit dé fon rôle
t & du pathétique de la fituation , dife à ceux q u i,
j par bêtife, tâchent de rire au moment où on amène
les enfans : ris donc , fot parterre , dans un moment
"comme celui-ci, ce peut être l’indignation du génie
tragique, qui s’irrite avec raifon de voir trouble?
un bel effet par une miférable bouffonnerie. Ceux
qui ont cette facilité funefte de faifir dans la tragédie
des rapports comiques; ceux qui, en voyantTnés
de Caftro, fe rappellent Agnès de Chaillot; celui
qui eut le malheur de crier : la reine boit, parce que
Marianne mouroit empoifonnée, & que c’étoit la
veille des rois ; celui qui eut le malheur de répondre
coufj'y , couffy , à cette queftion fublime de
Vendôme dans Adélaïde du GiiejcUn : es-tu ccr.îcnt
Coucy ? Tous ces gens là & leurs femblables doivent
s’abftenir de la tragédie & s’en tenir aux fpeciacles
comiques. Il y a , fans doute ,' de l’efpnt dans ces
| à propos , mais cet efprit-là tue la tragédie. On
( :pent obferver en général, que le plus noble dès
: plaifirs, celui qui élève famé* n’eft peut-être pds>