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ESCHYLE, ( Hi(l. anc.) né à Athènes, d’une
des plus illuftres familles de l’Attique, fignala fa
valeur aux batailles de Marathon, de Salamine
& de Platée. ( Voye^ l’article de Cynegire fon frère.)
Ce n’eft pourtant pas comme guerrier qu’il eft le
plus connu ; c’eft comme poëte tragique, & il l’eft
tant à ce titre , que nous foinmes difpenfés de
nous étendre fur cet article. Il perfeâionna l’invention
de la tragédie , tant pour l’art en lui-
même que pour la repréfentation ; il fit paffer les
a&eurs du tombereau de Thefpis fur un théâtre ;
il leur donna un mafque, il les habilla décemment,
il leur donna pour chauffure le cothurne.
Toft huneperfonee pallceque rep.ertor honejlce ,
Ejchylus & modicis injiravit pulpïta tignis t
E t docuit magnumque loqui , riitique cothurno.
On dit que la repréfentation de fa tragédie des
Euménides formoit un fpe&acle fi terrible, qu’il
fit mourir' d’effroi des enfans & accoucher des
femmes avant terme. Gardons-nous de croire
que cet excès d’horreur foit la perfedion de l’art:
•il, s’agit de donner du plaifir par la terreur,. &
des fenfations agréables par la douleur, non de
faire des impreffions effroyables & meurtrières.
Efchyle régna long-temps fur le théâtre, jufqu’à
ce qu’enfin 'détrôné par Sophocle , & ne pouvant
foutenir l’affront d’avôir été vaincu par
ce poëte encore jeune, il fe retira, mécontent, à
la cour d’Hiéron, roi de Syracufe ; retraite fur
les circonftances & les motifs de laquelle il y a
quelques difficultés chronologiques, dont nos lecteurs
n’ont pas befoin d’être inftruits. Il mourut,
dit-on, par un accident fort fingulier, que la Fontaine
raconte ainii :
Même précaution nuifit au poëte Efchïle :
Quelque devin le menaça » dit-on ,
De la chûte d’une maifoiv;
Aufli-tôt il quitta la v ille ,
Mit fon lit en pleins champs , loin des to its , fous les cieiix.
Un aigle , qui portoit en l’air une to rtue ,
Pafla pa r-là, vit l'homme , & fur fa tête nue.
Qui parut un morceau de rocher à fes yeux,
* Etant de cheveux dépourvue ,
Laifla tomber fa proie afin de la cafler :
Le pauvre Elchyle ainli fut fes jours avancer»
D ’autres , fans parler de prédidion, ni d’horof-
cop e , ni de lit tranfporté en pleins champs . ni
de précautions funeftes prifes par Efchyle, difent
qu'Efchile dormoit par hafard en pleins champs ,
& fe contentent de raconter le fait de la tortue
jétée fur fa tête par l’aigle. Il mourut vers l’an
477 avant J. G. De quatre-vingt-dix-fept pièces
qu’il avoit, dit-on , cwnpofées, il ne nous en refte
plus que fept : Prométhée , les Sept devant Thehes ,
les Perfes , Agamemnon, les Euménides, les Suppliantes
> Us Coéphores. On a une multitude d’édi-
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tions d'Efchyle, de verfions de ce poëte, & de
commentaires fur fes oeuvres. Le P/Brumoy, dans
fon Théâtre des G recs, ne l’a traduit'que par
parties ; mais M. de Pompignan en a donné une
tradudion complettë; & M. duTheil, de l’académie
des belles-lettres-, a fait de la tragédie des
Coéphores une tradudion qui a plu aux favans
& aux gens de goût.
ESGLAVON, f. m. {H iß mod.f ou Lan gu e
ESCLAvoNNE,.eft la langue des Sclaves ou Slaves,
anciens peuples de la Scythie européenne, qui»
vers l’année 518, quittèrent leur pays, ravagèrent
la Grèce, fondèrent des royaumes dans la Pologne.
& la Moravie, & enfin s’établirent dans TlHy rie ,
qui prit d’eux le nom de Sclavonia..
Uefclavon paffe pour être , après l’arabe, la langue
la plus répandue depuis la mer Adriatique jufqu’à
la mer du Nord, & depuis la mer Cafpienne jufqu’à
la mer Baltique. Cette langue eft, dit-on, commune
à un grand nombre de peuples differens,. qui
defeendent tous des anciens Sclaves;fa«rôir, les Po*-
1 on ois, les Mofcovites, les Bulgares, les Carin-
thiens, les Bohémiens, les Hongrois, les Pruffiçns»
les peuples de Souabe : cependant chacun de ces-
peuples a fon dialedé particulier ; & Y efclavon eft
feulement la langue-mère de tous ces idiomes particuliers,
comme du polonois, du ruftien, du hon- .
groîs, &c.
Suivant une chronique latine de Sclavis, eompo-
fée parHelmold, prêtre deBofow, & par Arnould,
abbé de Lubec, & corrigée par M. Leibnitz, il
parortqué les Sclaves habitoient autrefois les côtes
de la mer Baltique, & que ces peuplés fe divi-
foient en orientaux & occidentaux : dans cette
dernière elaffe étoient les Ruffiens, les Polonois»
les Bohémiens, & c ; & dans la première étoient
les Vandales.
Don Mairr Orbini Rofer, de l’ordre de Malte »
dans fon hiftoire italienne des Sclaves , intitulée, il
Regno de glï Slavi, imprimée en r6oi » prétend que
ces peuples étoient originaires de Finlande en Scandinavie:
Laurent PribérO de Daknarie foutient»
dans un difeours fur .l’origine des Sclaves, que ces
peuples venoîent de Thrace ; qu’ils étoient les
mêmes que les Thraces, & défeendoient de Thiras,
feptiéme fils de Japher. Théod. Polîcarpowitz, dans
un diélionnaire grec, latin & efclavon, imprimé
à Mofcou en 1704, remarque que le mox. fclav.a 9.
d’où eft formé efclavon, fignifie en cette langue
gloire. Chambers. (G )
ESCOBAR. {Hiß. litt, moi.') C ’eft îe nom de
deux jéfuites efpagnols, Barthélemi, & Antoine
de Mendoza, qu’il ne faut pas confondre. Le premier,
mort à Lima en 1624, eft auteur de quelques
ouvrages ascétiques & liturgiques, qui ne
font guère connus qu’en Efpagne. Le fécond »
mort en 1656, n’eft que trop connu par Pafcai.
ESCOUBLEAU. Voye1 S o u r d is .
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ESCURIAL, f. m. ( Hift. mod) ou comme l’écrivent
les Efpagnols, ESCORIAL, eft un mot qui fe
rencontre fréquent ment dans nos gazettes & dans
les nouvelles publiques. C’eft un des lieux de la
réfidence des rois d’Efpagne.
Efcurial étoit originairement le nom d’un petit
village d’Ëfpagne -, fitué dans le royaume deTo-
lède, à fept lieues à l’occident de Madrid, & neuf
à l’orient d’Avila. Ce village eft fur une chaîne de
montagnes, que quelques-uns appellent montagnes
carpentaines ou carpentariïennes, & d’autres monts
pyrénées, parce qu’elles font une fuite & comme
une branche des grands monts Pyrénées. Le roi
Philippe II fit bâtir en cet endroit uni magnifique
monaftère pour les Hiéronimites, ou religieux de
l ’ordre de faint Jérome. Ce monaftère eft regardé
par les Efpagnols comme une des merveilles du
monde; & il eft appellé Y Efcurial.
Le P. François de los Padres, dans la defeription
qu’il en a donnée , & qui a pour titre , Defcripdon
brève del mondjlerio de S. Loren^o el real del Efco.rial,
dit que ce monaftère fut bâti par Philippe I I , en
mémoire de la bataille de Saint-Quentin , gagnée
le jour de faint Laurent, & par l’interceflion de;
ce faint, que les Efpagnols ont en grande vénération.
Le roi & la reine d’Efpagne y ont leurs appar-
temens, & le refte eft habité par les moines. La
plus grande partie de aétes de cette cour étoit’autre-
fois datée de Y Efcurial.
Il y a dans Y Efcurial une magnifique églife, où
Philippe IV fit conftruire une très-belle chapelle,
appellée Panthéon, ou Rotonde. Cette chapelle eft
le lieu delà fépulturedes rois & des reines d’Efpagne
qui laiffent des enfans ; ceux qui n’en laiffent point
font enterrés dans un autre caveau de la même
églife, avec les infants & les autres princes. DUl.
de Trév. & Chamb.
Ce monaftère ou palais renferme trois bibliothèques
, dans lefquelles on compte dix-huit mille
volumes, & entr’autres trois mille manuferits arabes.
On prétend que les dépenfes faites pendant
trente-huit ans par Philippe II pour la conftruétion
d e l’Efcurial, montent à cinq millions deux cents
foixante & dix mille ducats, fans parler de plus
d’un million qu’il employa pour les ornemens
d’églife; à quoi il faut ajouter les fommes immenfes
qu’a coûté la magnifique chapelle, bâtie par les
ordres de Philippe IV. Une partie de ce fuperbe
édifice fut brûlée en 1671. {A . R.')
ESDRAS, {Hifl. facr. ) fils de Saraïas , grand-
pontife defeendu d’Aaron ou cfEléazar , & doéleur
de la lo i,' obtint du roi Artaxerxès Longuemain
une ordonnance très-favorable aux Juifs , & alla
la faire exécuter à Jérufalem. Des deux livres
canoniques qui portent fon nom , le premier feulement
eft de lu i , le fécond eft de Néhémie.
ESOPE, Deu x hommes ont principalement
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rendu ce nom célèbre. i ° . Efope le;Phrygien , ou
le fabulille. Le réda&eur du (eizième volume des
Mémoires de l’académie des Infcriptions & Belles-
Lettres,, en rendant compte d’un difeours de
M. d’E gly fur l’apologue, déclare qu’on ne doit
faire aucun fonds fur 7<z Vie d'Efope que Planude
nous a laiffée, & qui, dit-il, à la honte de notre
g o û t, du moins de notre librairie, fe trouve répétée
dans prefque toutes les éditions des Fables
de la Fontaine. « I l nous fuffit, ajoute-t-il,- de
» favoir qu’Efope a cela de commun avec Homère,
» qu’on ignore le vrai lieu de fa naiffance , que
» néanmoins l’opinion la plus générale, le fait
» fortir d’un bourg de Phrygie ; qu’il naquit 'ef-
» clave, & fervit en cette qualité plufieurs maîtres ;
n quM floriffoit vers la 52e. olympiade; que la
» réputation de. fon efprit & de fa rare fageffe
» étant parvenue jufqu’aux oreilles de Croefus ,
» ce prince le fit venir à fa cour & l’y fixa par
» fes bienfaits ; qu Efope fe diftingua deux fois par
» fes réponfes dans l’affemblée des fept fages ;
» qu’ayant été envoyé parle roi de Lydie au temple
» de Delphes, pour y offrir, en Ion nom , des
>j facrifices au dieu qu’on y , révéroit, il indif-
» pofa les Delphiens par la liberté de fes difeours ;
» que ceux-ci lui ayant fait fon procès comme à un
j> faerilége, le condamnèrent à être précipité du
» haut de la roche d’Hyampie ; que pour les dé-
jj tourner de cet a61e de cruauté par la crainte
jj de la colère des dieux, il leur raconta la fable
jj de l’aigle & de l’efcarbot ; mais que la fable ne
jj les toucha point; qu’après fa mortles Athéniens,
» qui croyoient être en. droit de fe l’approprier,
jj parce qu’il avoit eu pour fon premier maître
jj Démarchus, citoyen d’A thènes, lui érigèrent
jj une ftatue que l’on conjeélure avoir, été faite
» par Lyfippe : qu’enfin , pouf confoler la Grèce ,
jj qui pleuroit fa perte, les poëtes furent obligés
» de feindre que les dieux l’avdient reffufeité.
jj Une des marques de repentir que les Delphiens
jj donnèrent après la mort & Efope,fut de transférer
jj le fùpplice des facrilêges de la roche d’Hyampie à
» celle de Nauplie. Ce petit nombre de faits eftle
jj précis de plufieurs paffages d’Hérodote, d Ariftc-
» phane & de fes fchoîiaftes, de Plutarque, de
» Diogène-Laërce, de Suidas 8* d’Aphtone. jj
Phèdre parle, & parle très-noblement, de la
ftatue érigée à Efope, affranchi : c’étoit avec plaifir
qu’il parloit des honneurs rendus à un homme
qui avoir été efclave.
Æ fo p o ingentem Jla tu am pofuere A t t i c i
Servumque co llo e â ru n t ceternâ in b a fi-, .
P a te re h on oris f ciren t u t cu n â i v iam r
JS'ec-generi t r ib u i, fe d v ir tu t i g lo riam .
Les fables $ Efope ne font pas toutes parvenues
jufqu’à nous; les anciens en ont cité quelques-
unes qui nous manquent ; & celles que nous
ayons ne font pas telles qu’il les avoit faites : Se