
3.Q4 C Y R
dans Vêgîtfe. Mais quoique fort attaché à cette opinion
, il ne fépara perfonne de fa communion
ßt ce fujet ; grand exemple qui enfeigne à con-
ferver l’unité au milieu des diverfités des opinions.
Saint Cyprien appelloit Tertullien Ion
maître, & faint Auguftin fe regardoit commedif- !
ci pie de faint Cyprien. Nous avons une excellente
édition de ce pèx.e, commencée par Baluze, 6c
achevée par dom Prudent Marans , bènédiélin. Ses
Traités des témoignages; de Vuni té de lèglife. de
l'exhortation au martyr font très eftimés. Le Traité
de lapfis paffe pour un des plus beaux monumens
de l’antiquité eccléfiaftique. L’explication de l’o-
raifon dominicale eft de tous les ouvrages de faint
Cyprien , celui que faint Auguftin eftimoit le plus
& ci toit le plus fouvenr. Les oeuvres de Saint Cyprien
ont été traduit s en françois parM.Lombert,
de la fociété de Port-Royal ; fa vie a été écrite par
divers auteurs.
C YR ( S a in t ) ( Hifl. eccléf. ) , enfant de trois
ans, martyrifé pendant une perfécution de Dioclétien
8c de Maximien ; arraché d’entre les bras
de fainte Julitte ou Juliette fa mère , il demandoit
fa mère 6c crioit : Je fuis chrétien , premier mot
qu’elle lui eût appris , le juge tranfporté d’une fureur
brutale , lui brifa la-tête fur les marches de fon
tribunal, barbarie feule capable de faire beaucoup
de chrétiens.- Cet enfant eft le patron du lieu où
madame de Maintenon & Louis IV ont formé ce
bel établiffement de deux cens cinquante filles
pauvres & noble'.
Il y a un autr e faint Cyr qui étoit médecin, &
qui fouffrit aufii le martyre en Egypte le 31 janvier
311.
C YRAN ( S a in t ) . ( Voye^ V e r g e r ( du ) de
Jrîauranne , abbé de ).
C YR AN O ( Sa v in ie n ) ( Hiß. litt. mod. ). Cyrano
de Bergerac, ainfi nommé, parce qu’il étoit
de Bergerac en Périgord, étudia la philofophie fous
Gaffendi avec Molière, Chapelle 6c Bernier. On
ne le connoît plus que comme un efprit original
& affez bizarre , cette réputation lui en a fait perdre
une, qui de fon vivant lui àvoit fait donner l’épithète
d'intrépide;, c’étoit un des plus redoutables
duelliftes dti temps ; il ne prenoit jamais querelle
•pour fon propre compte, il avoit trop de gaieté
pour cela , mais il n’y avoit prefque pas de jour
qu’il ne fe batrît pour les querelles de fes amis ; on
raconte qu’un jour ayant trouvé fur le foffé de la
porte de Nelle à Paris, une centaine d’hommes qui
s’étoient attroupés pour faire infulte à quelqu’un
de fa connoiffance , il .mit l’épée à la main, tua
deux hommes, en bleffà fept, 6c difiipa feul cette
multitude ; il avoit fervi avec honneur dans le ré-
'ment des gardes, il avoit éré bleffé au liege de
ouzon, 8c au fiége • d’Arras. Le maréchal de
Gafîion étoit de fes amis , 8c fa valeur , fécondée
dçs agréaiens de fon efprit, pouvoir lui ouvrir la
CYR
foute des honneurs à la cour 8c à l’armée , fi un
trop grand amour de l’indépendance n’y eût mis
obftacle. Il étoit né en 1620, il mourut en 1655
d’un coup à la tête dont il languit quinze mois.*'
On a fes oeuvres recueillies en trois volumes in-12.
On ne les lit guères ; mais on fait que fa comédie
du Pédant joué eut du fuccès, 6i qu’elle a fouyii
à Molière ce mot fi applaudi dans les Fourberies de
Scapin : que diable allait-il faire dans cette galère ?
Il avoit fait aufii une tragédie d'Agrippine, non
pas la mère de Néron, mais la première Agrippine,
mère de celle-ci 8c femme de Germanicus. Dans
cette pièce, Sejan prenant la réfolution de faire;
mourir Tibère , difoit :
Frappons, voilà Phoftie.
On raconte que comme Cyrano avoit une grande
réputation de libertinage 8c d’irréligion, il fe fit
un murmure dans le.parterre, le peuple des fpec-
tateurs ayant cru qu’il vouloit hlafphêmer contre’
l’euchariftie. Son Hifloire comique des états & empires
de la tune, eft plus connue que fon Hifloire
comique des états & empires du joleil. Ses Entretiens
pointus peuvent fournir aux calembourgs de notre
fiècle.
CYRENIUS ou QUIRINIUS, car fon vrai nom
étoit Su l p it iu s Q u ir in iu s , étoit gouverneur
de Syrie , 8c fut chargé de faire le dénombrement
pendant lequel arriva la naiffaiice de J. C.
CYRIADE ( Hifl. de l'emp. rom. ) fut le premier
des trente tyrans qui envahirent l’empire fous les
règne do Valerien 8c de Gallien , les' biens qu’il
tenoit de la fucceflion de fes pères, 8c fes exactions
, l’avoient rendu le plus riche particulier de
l’empire. Son ambition 8c fes richeflès rendi ent fa
fidélité fùfpe&e ; il fe retira dans laPerfe avec fon
or 8c fon argent ; il s’infinua dans la faveur de
Sapor, qu’il détermina à déclarer la guerre aux
romains. Le monarque lui fournit un armée , avec
laquelle il fit trembler tout l’Orient. Après la conquête
d’Antioche 8c deCéfarée , il fefit proclamer
Céfar , 8c bientôt il joignit à ce titre celui d’Au-
gufte. Ses cruautés le rendirent odieux ; elles allèrent
jufqu’à verfer le fan g de fon père, ce parricide
le rendit l’exécration de fon armée : il périt
dans des embûches qui lui furent dreffées par fes
propres foldats. ( T-N. )
CYRIAQUE ( Hifl. de Conflantinop. ) nommé
patriarche de Conftantinople en 59s , prit comme
Jean le jeûneur, fon prédéceffeur, le titre d’évêque
■ oecuménique ou univerfel ; l’empereur Phocas le lui
ôta pour l’affurer au feul évêque de Rome. Cyr
riaque , dit on , en mourut de chagrin l’an 6c6.
C YR IL LE {H if l eccléf. ) , c’eft le nom de deux
faims patriarches, l’un de Jérufalem, l’autre d'Alexandrie
, qui tous deux,
Combattans pour l'églife , ont dans l'églife même
Souffert plus d'un outrage & plus d'un anathème»
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Le premier combattant les ariens,fut jufqu’àtrbis fois
dépofé 8c exilé par leurs intrigues. Le fécond combattant
les neftoriens, fut aufii dépofé d’abord,
mais la vi&oire lui refta. Les catholiques mêmes
accufent ce dernier d’un peu de vivacité dans la
difpute, 8c en général tous ces écrivains polémiques
, orthodoxes ou hérétiques, montrent plus
d’ardeur 8c de zèle que de charité ; ne difons pas
cependant qu’il ne s’agiffoit que d’une difpute de
mots entre faint Cyrille dAléxandrie 8c Neftorius.,
car M. Dupin , pour l’avoir feulement infinué dans
fa bibliothèque des auteurs eccléfiaftiques, fut
obligé de fe rétraôer.
Saint Cyrille de Jérufalem mourut en 386. Saint
Cyrille d’Aléxandrie en 444. Les bénédictins ont
donné les oeuvres du premier ; Jean Aubert, chanoine
de Laon, celles du fécond ; les unes 8c les
autres en grec 8c en latin.
Un grec moderne de Candie , nommé Cyrille Lu-
car, porta au commencement du dix-feptième
fièçle la doârine des proteftans en Grèce ; il fut
patriarche d’Aléxandrie 8c de Conftantinople ,
chaffé fept ou huit fois de fon fiége, où il trouvoit
toujours le moyen de fe rétablir, par des rétractations
qu’il rétraétoit enfuite, il fut étranglé en
1638 par l’ordre du fultan Amurat IV . Il eut pour
fucceffeur un Cyrille de Bérée , q u i, ainfi que
Parthenius fon fucceffeur, anathématifa la confef-
fion de foi de Cyrille Lucar, dont la mémoire n’eft
plus que celle d’un hérétique.
CYRUS {Hifl. des Perfes ).
Dieu fît choix de Cyrus avant qu’i4 vît le jour,
L ’appella par fon nom , le promit à la terre,
I,e fit naître , & foudain l’arma de fon tonnerre ,
Brifa les üers remparts & les portes d'airain,
Mit, des fuperbes rois, la dépouille en fa main.
'Voilà un précis de l’hiftoire de ce conquérant.
Il étoit fils de Cambyfe 8c de Mandane ^ fille d’Af-
tyage roi des Mèdes, 8c feeur de Cyax are, fucceffeur
d’Aftyage ;il réunit la monarchie des Médes
à celle des Perfes. La prife de Babylone, la bataille
de Thymbrée entre Cyrus 8c Croefus, le fameux
édit de Cyrus en faveur des juifs , ne font pas des
faits qui puiflent être révoqués en doute. Les principaux
événemens de rhïftoirede Cyrus font vrais ,
mais il eft difficile d’adopter fon hiftoire .entière,
telle qu’on l’a trouve, foit dans Hérodote, foit
dans Xénophon. Le récit de ces deux hiftoriens eft
d’abord fi différent, fi contraire même, qu’il faut
abfolument choifir entre eux , 8c renoncer à les
concilier. En pareil cas , c’eft Hérodote qu’on abandonne.
Quant à Xénophon, la queftion fi la cy ropédie
eft un roman ou une hiftoire, a partagé
les favans. M. l’abbé Fraguier , dans une differ-
tation inférée au fécond volume des Mémoires de
littérature, foutient la première de ces opinions,
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Conformément à ce paffage de Cicéron : Cyrus ille
à Xenophonte non ad hiflorice fidem feriptus, fed ad
effigiem jufli imperii. Il croit que le grand objet de
Xénophon a été d’expofer dans fon livre la morale
de Socrate, à l’envi de Platon, qui avoit rempli
le même objet dans fon dialogue de la république.
M. l’abbé Banier, dans le fixième tome des
mêmes mémoires de littérature, a réfuté M, l’abbé
Fraguier. Xénophon, félon lu i, a eu deux objets
dans la cyropédie, l’un d’écrire fidèlement à fon
ordinaire, l’hiftoire de Cyrus, l’autre d’apprendre
aux princes l’art de régner,
M. Fréret, qui intervenoit toujours dans toutes
les difputes littéraires, M. Fréret, dans les volumes
4 8c 7 des mêmes mémoires , parott avoir
pris un milieu entre l’opinion de M. l’abbé Banier
8c celle de M. l’abbé Fraguier. D ’un côté, il cite
des écrivains judicieux qui ont préféré fur ce qui
concerne Cyrus, Xénophon à Hérodote, le trouvant
plus conforme à l’écriture fainte; il penfe
même que le jugement deCicéron fur la cyropédie
doit s’entendre du caraéière perfonnel 8c un peu
embelli que Xénophon donne à Cyrus, 8c non de
la vérité des faits rapportés dans fon hiftoire. D ’un
autre côté, M. Fréret avoue que Xénophon n’eft
pas un hiftorien bien fcrupuleux, qu’il donne trop,
à l’imagination, qu’il fent un peu le rhéteur, 8c
le même M. Fréret cite la differtation de M. l’abbé
Fraguier fur ce fujet fans k réfuter.
Au refte, M. Fréret ne jette qu’un coup d’oeiï
en paffant fur cette queftioa générale. Son objet
particulier eft d’examiner 8c de juftifier le fyftême
géographique de Xénophon.
M. Dacier jaâuellement fecrétaire perpétuel de
Tacadémie des belles-lettres , 8c qui a donné de la
cyropédie la feule traduâion qu’on lira déformais,
M. Dàeier , dans fa préface, rêfume les opinions
de ces-favans , 8c prouve, par la comparaifon du,
récit d’Hérodote 8c de celui de Xénophon , que
le merveilleux 8c les fables fe trouvent uniquement
chez le premier, qu’il n’y a rien que de fa^e
8c de croyable dans le fécond, que les difeours
politiques, moraux, militaires , qui fe trouvent
répandus dans la cyropédie , ne diftinguent point
cet ouvrage des autres hiftoires, où l’ufage des harangues
a été introduit par tous les grands hiftoriens
de l’antiquité.
Voilà donc déjà Hérodote abandonné, & par
conféquent Juftin qui l’a fuivi. A l’égard- de Xénophon
, toutes les fois que des favans difputent pour
favoir fi un récit eft fabuleux ou hiûorique, il y
a toujours beaucoup à parier qu’il eft fabuleux.
Au refte , la cyropédie, à ne l’envifager que
comme un roman philofophique, feroit encore urides
plus précieux 8c des plus utiles monumens
qui nous reftent des anciens. Ce feroit à beaucoup*
d’égards , le modèle du Télémaque 8c c’eft ainfi. q^e
nous croyons qu’on peut le confidérer*