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lettres de M. le marquis de la Rivière » gendre
de M. le comte de Buffy Rabutin, avoit feit un
Traité des auteurs anonymes & pfeudonymes, où
tous les ouvrages précédemment compofés fur
cette matière étoient fans doute fondus; nous
ignorons ce que font devenus fes écrits, fruit d un
travail aflidu de plus de quarante années. ( Voye{
fou article. )
DÉCLARATION DE GUERRE ( Hiß. anc. &
mode}, c’étoit chez les anciens un aéte public fait
par les hérauts ou féciaux , qui fignifioient aux ennemis
les griefs qu’on avoient contre eux, & qu’on
les exhortoit d’abord à réparer , fans quoi on leur
clé'claroit fe guerre. Çette coutume fut religieufe-
ment obfervee chez les Grecs & chez les Romains.
Elle fe pratiqwoit de la forte chez ceux-ci, où Ancus
Bîartius, leur quatrième roijl’avoit établie. L’officier
public nommé fécial ou héraut, la tête couverte
d’un voile de lin , fe tranfportoit fur les frontières
du peuple auquel on fe préparait à faire la guerre,
& là il expofoit à haute vofe les fujets de plainte
du peuple romain , Çda fetisfejftion qu’il demandoit
pour les torts qu’on lui avoit faits, prenant Jupiter
à témoin en ces termes qui renfermoient une horrible
imprécation contre lui-même, & encoYe plus
contre le peuple dont il n’étoit que forgane :
te Grand Pieu 1 fi c’eft contre l’équité & la juftice
» que jg viens ici au nom du peuple romain de-
t> mander fatisfaôion , ne fouirez pas que je re-
» voie jamais ma patrie », Il répétoit la même
çhofe , en changeant feulement quelques termes,
à la première perfonne qu’il rencontrait à l’entrée
de la ville & dans la place publique. Si au bout de
trente-trajs jours on ne feifoit point fe.tisfa&ion,
le même officier retournoit vers ce peuple, & pre-
noit hautement les diçux à témoin, que tel peuple
qu’il nommoit étant injufte, & refufant la fetis-
faéÜon demandée, on alloit délibérera Rome fur
les moyens de fe la faire rendre. Et dès que la
guerre avoit été réfolue dans le fénat, le fécial retournoit
fur les frontières de ce peuple pour la
troifièmefois, & là , en préfence au moins de trojs
perfonnes , il prononçoit la formule de déclaration
de guerre ; après q uoi, il lançoit une javeline fur
' les terres de ce peuple ennemi, ce qui étoit regardé
comme le premier aéte d’hoflilité. Aujourd’hui la
guerre fe déclare avec moins de cérémonies; mais
les rois, pour montrer l’equite de la déclaration, en
cxpofent les raifons dans des manifeftes, que l’on
publie, foit dans le royaume, (bit ehe? l’étranger.
fG )
(E t dans tous ces manifeftes contradictoires,
chacun d’eux a toujours raifon. )
DÉCRETS IMPÉRIAUX {Hiß. mod,) , en latin,
recejfus imperii ; c’eft le réfultat des délibérations
d’une diète impériale.
A la fin de chaque diète, avant que de la rompre,
on en recueille toutes les décifions qu on met en un
g ir ie r ; & cettç cplieâipH S’appelle recejfus imperii,
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parce qu’elle fe fait au moment que la diète va fû
fé parer.
On ne publie ordinairement ces décrets que
quand la diète eft prête à fe féparer, pour éviter
les contradiâions & les plaintes de ceux qui ne fe
trouvent pas contens de ce qui a été réfolu. HeifT.
Uifioire de l'Empire,
L’article concernant des levées de troupes contre
les Turcs , feifoit autrefois la plus grande partie du
recejfus ; quand il n’en a plus été queftion, difent
quelques auteurs, on ne favoit qu’y mettre, ni
comment le dreffer.
Les défordres de la chambre impériale de Spire
furent fi exceffifs, qu’on fe vit contraint en 1654
de faire des réglemens pour y remédier, & ces
réglemens furent inférés dans le recejfus imperii•
Chambers (G).
DÉCRÉT1STE , f. m. ( Hifir mod. ) , canonifte
chargé d’expliquer , dans une école de Droit,à de
jeunes élèves dans cette partie de fe jurifprudence,
le décret de Gratien { A . R ,)
DÉDEKIND ( F rédéric) ( Hijl. litt, mod.) ;
bel efprit allemand du feizième fiècle , auteur d’un
éloge ironique de l’impoliteffe , intitulé: Grobianus9
five de incultis moribus & inurbanis gefiibus. Franc-
fo r t, 1558, i/z-8Q,
DÉE (J e a n ) ( Hijl. litt. mod.) , anglois; Ca*
faubon a fait imprimer fes couvres, qui roulent
fur l’aftrologie judiciaire , la cabale, la pierre phi-
lofophale, &Çj»
DÉ FE C T ION , Cf f. c’eft l’a&ion d’abandonner
le parti ou les intérêts d’une perfonne à laquelle
on étoit attaché. Ce mot eft formé du latin deficio
je manque, & n’a pas en françois un fens aufli
étendu que déferùon. On peut bien dire qu’un conf-
pirateur a échoué par la défetfion de fes partifens,
& l’on ne diroit pas également qu’une armée a été
fort affoiblie par la défeftion des foldats. (G)
DÉFI-D’ARMES, f. m. ( Hijl. mod.) fe dit
proprement du cartel ou provocation au combat,
fort en ufege dans les fiècles précédens, de particuliers
à particuliers , pour foutenir la réputation
de bravoure de leur nation.
M. de Sainte-Palaye, dans fon ouvrage fur la
i chevalerie ancienne & moderne , remarque que la
France & l’Angleterre, Ci long-temps ennemies,
ont vu fouvent, même dans les temps de trêve ou
de paix, leurs champions fe faire des défis mutuels
pour foutenir la prééminence de valeur, fans
ceffe difputée entre les deux nations. On lit dans
l’hiftoire de Charles V I , par le moine de Saint Denis
( liv. X X I I y chap. viij , ) la fubftance des lettres
de défi du duc d’Orléans, adreffées en 140a au
duc de Lancaftre, pour le combatte à la tête (fe
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fient gentilshommes , fous la condition que les
vaincus feroient à la diferétion des vainqueurs.
Le cartel fut mal reçu ; le héraut qui le porta ,
renvoyé fens préfent contre la noble coutume ,
6c le combat rejetté comme inégal , depuis que
Lancaftre étoit monté fur le trône d’Angleterre.
Nos hiftoriens ont décrit quantité de défis-d? armes
des Anglois contre les François, outre les défis
des Efpagnols & des Portugais. Voye%, par exemple,
dans Froiffard , liv. I F , le détail d’un défi-d armes
près de Calais, pendant trente jours confecutifs
( à Texception des vendredis ) qui fut propofe par
trois chevaliers chambellans du ro i, & vous trouverez
plufieurs faits curieux fur cette matière.
On fait que l’amour & les dames figuraient fou-
vent avec l’honneur dans les cartels envoyés pour
ces défis-d'armes. Monftrelet nous a confervé foi-
gneufement les exploits qui fe donnèrent^ de part &
d’autre pour un pareil défi, en l’année $1400 ,
entre un chevalier anglois, & Michel Dorris arra-
gonnois, défendeur.
Ces fortes de défis avoient leurs lo ix , mais celle
qui exigeoit la pérmiffion du rai fut communément
négligée. Un feigneur d’Angleterre, nommé Cornouaille,
en 1409 , étant paffé en France fous
un fauf-conduit pour le défi-d'armes à outrance
pour Vamour de fa dame, trouva un chevalier tout
prêt à lui accomplir le fait d'amour, ils etoient fur
le point de commencer le combat, quand ils furent
déparés par ordre du roi.
Que pourraient ajouter à ces défis tous ceux qui
furent propofés dans diverfes fa dion s , qui trop
fouvent partagèrent notre nation & nos princes ,
comme celle des Armagnacs, des Orléanois, des
Bourguignons, des. Royaliftes? Jean le Fevre de
Saint-Remy fait le récit du défi-d'armes ^ qui fut
propofé en 1414 , pendant le fiêge d’Arras à
Lens en Artois, entre quatre françois & quatre
bourguignons.’,
Enfin on pourrait inferire dans la lifte de tant de
défis-d’armes, celui que Henri IV , en 1590 ,
après la levée du fiége de Paris, offrit par un
héraut au duc de Mayenne pour vuider leur querelle
, afin qu’un combat décifif terminât une fois
les calamités de la France. La chronique nove-
naire fait aufli mention , fous l’an 1591 * ^ef i
du comte d’Effex au comte de Villars qui com-
mandoit dans Rouen pour la ligue. Le comte
d’Effex offrait de foutenir à pied ou à cheval ,
armé en pourpoint, que la querelle du roi étoit
plus jufte que celle de la ligue ; que lui comte d’Effex
étoit meilleur que Villars, & quil avoit une
plus belle maîrreffe que Villars. Celui-ci répond qu il
ne croit pas ce que le comte d’Effex avançoit de
l’excellence de fe maîtreffe.
(Il ne felloit pas oublier le fameux défi de François
I & de Charles-Quint & quelques autres fem-
blables, tels que celui de Louis le Gros , roi de
D É F 319
France & de Henri I , roi d’Angleterre ; de Pierre ,
roi d’Arragon & de Charles d’A n jou , roi de
Sicile ; d’Edouard III, & de Philippe de Valois.)
Ces divers -exemples , que rapporte M. de Saint-
Palaye dans l’ouvrage curieux que j’ai déjà cité
au commencement de cet article , peuvent fuffire :
j’y renvoie le le â eu r , de même qu’au Théâtre
d'honneur de la Colombiere, & je finis par une
remarque importante. Les défis-d'armes de particuliers
à particuliers ont pris leur origine dans la pratique
de défier fon ennemi avant que de l’attaquer
à force ouverte ; pratique qui , des Grecs & des
Romains , a paffé chez toutes les nations qui
ont connu les loix de la guerre. Nous lifons dans
Froiffard, tomel, ch. x x x iv , qu’Edouard, roi d’A ngleterre
, ayant été fait vicaire de l’empire, avec
un pouvoir très-ample : « Fut l à , dit l’hiftorien ,
» renouvellé un jugement & fiatut, & affermé
» qui avoit été fait au temps paffé à la cour de
» l’empereur , qui étoit t e l , que qui vouloit
» autrui grever ou porter dommage , il le dévoie
v défier trois jours devant fon fait : qui autrement
» le feifoit , il devoit être atteint de mauvais &
» vilain fait ». Cet article efi de M, le chevalier
DE JAUCOURT.
D É F LO R A T IO N , f. f. (Hifi. mod. ) , aaion
par laquelle on enlève de force la virginité à une
fille. La mort ou le mariage font l’alternative ordonnée
par les juges, pour réparer le crime de
défloration. Plufieurs anatomiftes feifoient de Vhymen
(terme d’anatomie) la véritable preuve de la virginité
; perfuadés que quand on ne le trouve point l
il faut que la fille ait été déflorée.
Les anciens avoient tant de refpe&. pour les vierges,
qu’on ne les feifoit point mourir fens leur avoir
auparavant ôté leur virginité. Tacite aflùre d elà
fille encore jeune de Séjan, que le bourreau la viola
dans la prifor: avant que de la faire mourir. On attribue
auxhabitans de la côte de Malabar la bizarre
coutume de payer des étrangers pour venir déflorer
leurs femmes, c’eft-à dire , en prendre la première
fleur.
Chez les Ecoflois, c’étoit un droit de feigneur de
déflorer la nouvelle mariée ; droit qui leur fu t ,
dit-on , accordé par leurrai Evenus'. On prétend
que ce droit leur fut ôté par Malenne , qui permit
qu’on s’en rachetât pour un certain prix qu’on
appelloit morcktta, oa un certain nombre de vaches.
Buchanan dit aufli qu’on s’en rachetoit peur
un demi-marc d’argent.
Cette coutume a en fieu dans la Flandre , dans la
Frife & dans quelques lieux d’A llemagne, fi l’on
en croit différens auteurs.
Par la coutume d’Anjou & du Maine , une fille
après vingt-cinq ans peut fe fe ire :r déflorer, fens
pouvoir être exhérédée par fôn père.
Ducange cite un arrêt du 19 mars 1409,0^6»^