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DÉJOTARUS ( Hiß. rom. ). On connoîtla Belle
©raifon de Cièèron pour le roi Dé jo ta ru saccufé
par Caftor , foh petit-fils, d’avoir attenté à la vie
de Cèfar. Comment ces accufations capitales d’un
petit-fils contre un aïeul, étoient - elles admifes
fous un prince, deftruéfeur^à la vérité, de la république
, mais qui n’étoit, ni Tibère ni Néron ?
"Déjotarus nommé par le fénat romain, roi de la
Galatie 8c de l’Arméniè mineure, avoit pris le
parti du fénat, c’eft-àrdire,. de Pompée contre Céfar.
Céfar , pour l’én punir lui avoit ôté une grande
partie de fes états, il le tenoit prifonnier à fa fuite
& le menoit avec lui combattre fes ennemis, il
furvécut à Céfar, & prit encore contre fa mémoire
le parti de Brutus..
L’hiftoire a remarqué la conduite de Stratonice,
©u Berenice, femme de Déjotarus ; elle .étoit ftérile
& elle vouloit que fon mari eût des enfans : elle
lui préfenta une efclave d’une grande beauté, nommée
Eleâra; elle adopta les enfans qu’il en eu t,
conçut pour eux lin amour de mère & les fit élever
comme des princes deftinés au trône.
Plutarque rapporte de cette reine qu’il appelle
tantôt Stratonice, tantôt Bérénice, unechofe ,dont
Bayle dit que les pyfrhoniens fe fervent ; une
femme de Lacédémone s’étant approchée d’elle, il
arriva que , par un mouvement naturel, ces deux«
femmes détournèrent la tète en même-temps, la.
reine, parce qu’ëlle ne pouvoir fouffrir l’Odeur de
beurre qu’exnaloit la Lacédémonienne, celle-ci,.
parce qu’elle ne pouvoir fouffrir l’odeur des parfums..
DE LAÜDÜN ( P ier r e ) ( H iß . litt.., moi: )
poëte françois, antérieur àlapoéfie framçoife, auteur
d’umart Poétique & à'unQfranciade dédiée à
Henri I V , mourut en 1629.
DÉLIBÉRATIF (B iß . ) , en terme* de fufrages, .
fignifie le droit qu’une perfonne a de dire fon avis
dans une affemblée , & d’y voter. Les juges, dans
les parlemens & autres cours, n’ont pas voix déli*
bérative avant- vingt - cinq- ans pour les matières;
civiles, ni avant vingt-fept en matière criminelle*
à moins, d’une difpenfe d’âge accordée par le
prince. Dans les conciles les évêques fouis ont
voix délibérative, & les députés du fécond ordre
n’ont que voix confultative. ( G )
DÉLILERS, f. m. ph. ( Hiß. mod. ) , efpè'ce de
Juiffards turcs qu’on tire de là Servie, de la Bulgarie
, & de la Croatie. Ce font de vieux foldats-
robuftes & expérimentés , fort adroits à manier le
cimeterre qu’ils portent pendu à l’arçon de la feile*
Us fontarmés d’ailleurs d:un bouclier & d’une lance
plus longue & plus groffe que celles dont fe fer-
voient, autrefois nos hommes d’armes^ Ces foldats
mettant, comme la plupart des Turcs , toute leur
confiance dans la. fortune, leur croyance fur la
' Brédeffination les rend, comme furieux. 8c. hors de.
D É M '
fons; & e’eff de là qu’ils ont été nommés.délilen^,
c’efi-à-dire , fous, infénfès.. Autrefois ils fondoient
fiir l’ennemi,, fans ordre ni difcipline r & réuffrf-
foient quelquefois par cette fougue impéttieufo. On
les-a depuis affujettis à des. régies , qui femblent
avoir diminué leur valeur*
Un bonnet de pçâu de léopard, dont les aile*
leur battent fur les épaules , furmonté d’un grand
vol d’aigle avec la queue fufpendue à un fil de fer*
de longues chauffes de peau d’ours ou de loup, le
poil en dehors, avec des-éperons à la hongroise,;
longs d’un pied Y & une vefte de peau de lion
forment leur habit militaire;, leurs chevaux font de
même caparaçonnés de fourrures»
Les hachas, beglerbegs 6c autres principaux offi*
ciers, ont des délilers à leur folde quand ils vont
à la guerre.. Guer. Moeurs, des Turcs, iem. IL (G
DE LORME. Voyeç L o r m e *
DELPHIDIUS ( A t t iü s T ir o ) (H i jl. rom. )
poëte & orateur, mais trop connu comme accu«
fateur public. En 3 58, il accufoit de péculat devant
Julien, alors'Céfar, depuis empereur, Numerius
gouverneur* de la Gaule Narbonnoife ; celui-ci fe
contenta dé nier les faits qu’on lur imputoit. Quel
coupable ,■ s’écria Numérius y ne pafferapas pour inn
nocent, s’il: Jujfit de nier ? ■— Eli quel innocent, re~
pliqua Julien, ne pajferapas pour coupable., s’ilfujjit
d’être, accufé.
DELRIO ( M a r t in -A n t o in e ) jéfüite flamand
( Hifî.Jitt. mod. } ; fes Difquijîtiones magica eureht
du fuccès dans le temps. Il y a aufîi de lui des commentaires
fur divers livres de l’écriture, & fur lbs-
tragédies de Sénèque & quelques autres oüvt'ages».
Mort en 1608;
DEMADES ( HiJK anc. ^célèbre orateur athénien
, fut fait prifonnier des Macédoniens à la bataille
de Chéronée, 8c voyant Philippe infulter ài
fes prifonniers, il lui dit : la fortune t*avoit donné
le. rôle d’Agamemnon, pourquoi ch&ijis—tu celui de
Therfite ?. On reprochoit k Démades d’êtfe intéreffé *
on difoir qu’il étoit également impôfîible 6c de faire
’ accepter des préfens à. Phociom, 6c d’en faire re-
fufer à Demades^
DÉMARATE ( Hifll anc. | fils. (PArifton, l’un
dès deux rois de Sparte, & fon fucceffeur au trône<r-
Cléomène collègue dé Démarate & fon ennemi,,
ayant,gagné la prêtreffe de Delphes, fit rendre un
faux oracle, qui déclarait Démarate fils fuppofé
d’A rifton, 8c comme, te l, l ’excluoit du trône. Outré
de cette injure, Démades. k bannit dè fa patrie ou.
en fut banni, 8c fe retira chez les Perfes ; Darius
& après lui Xercës le comblèrent de biens 6c d’honneurs.
Comment un roi fe lai Je- t-iV chajfer de fon;
trône. b . de fon.pays £ lui demandoit -on un j'Ôiir
en Perfe qîi l’autorité royale, n’éprouvoit jamais.
DÉM
3e contradiâion ? A Sparte., Ä jtjl,] U loi 4 f u s
rone que les rois. Il fit voir auffi que dans lame
'd’un Spartiate la patrie ito u plus forte que lf s
bienfaits d’une nation étrangère, il avertit fes con
citoyens des préparatifs de guerre que Xereès fai-
foit contr’eu x , amicior patnte poli fygam,quam regtq
ToH bénéficia, dit Juftin ; mais B s’acquitta envers
Sie rcè s ien combattant avec courage les flatteries
de fes eourtifans, en lui annonçant ce que cet empire
de la lo i,!! abfolii chez les Spartiates, leur faon
entreprendre pour la défenfe de leur^ays , & en
X t lui prédife la défaite & la déroute de çene
innombrable &. inrpuiffanté armée., a hquelle .il
croyait que rien ne ppurroit rèfrfter.. §cneque dans J
fon 'feile des bienfaits, liv. 6 , éhap. 3 1 , met a
ce fuiet 'dans ,1a bouche de Démarate un difcours
plein de raifon & d'éloquence, Démarate vivoit environ
quatre fiècles Sc demi avant J . C.
Un autre Démarate .qui avoit quitté Corinthe fa
patrie, en haineWe
îétablir en Italie , fut pere de Lucumon, dit i ar-
auîn l’ancien, & aïeul de Tarqum , dit le fupetbe,
?yran plus odieux que celui auquel Demarate avou
youlu éch?pp6t»
d é m e n t i , f. m. w ® * « âe
oeenfonge & de fauffetéfait à quelqu’un,, en termes
formels, & d’un ton qui n’eft pas équivoque.
Le démenti, regardé depuis fi long-temps comme
,jne injure atroce entre les nobles, & meme entre
«eux qui ne le font pas, mais qui tiennent un certain
rang dans le monde, n’étçiit pas envifagè par
les Grecs & les Romains, du meme oeil que nous
1’envifaeeöns ; ils ïb dounolent des démenas fans
'en recevoir d'affront, fans entrer en querelle pour
iee genre de reproches, & fans qu’â tirât a aucune
eonTéquence. Ils concevoiemtout autrement leurs
devoirs & leur point d’honneur. Si 1 on recherche
avec foin l’origine de nos principes fur cette matiè
re , on trouvera cette origine dans Unftitution
du combat judiciaire, qui prit tant de faveur dans
toute l’Europe, & qui étoit intimement lie aux coutumes
& aux ufages de la chevalerie ; on trouvera,
dis-je, cette-origine dans les loix de ce combat,
ioix qui prévalurent fur. les loix faliques , fur les
loix romaines, & fur les capitulaires, loix^qur
s’établirent infenfiblement dans le monde, fur-tout
.chez les peuples qui faifoient leur principale occupation
des armes, loix, enfin, qui réduifirenttoutes
les aftions civiles & criminelles en procédés & en
faits, fur lefquels on combattoit pour la preuve.
Par l’ordonnance de l’empereur Othon I I , de l’an
®88 , le combat judiciaire devint le privilège de la
mobleffe, & l’affurance de la propriété de (es héritages.
Il arriva de là , qtfau commencement de la
troifième race de nos rois, toutes les affaires étant
^gouvernées par le point d’honneur du combat, on
en réduifit l’ufage en principes & en corps complet
de jurifprudence. En voici l’article le plus impor-
D É M
tant qui fe rapporte à mon fujet. L’accufateur com-
mençoit par déclarer devant le juge qu’un tel avoit
commis une telle aélion, & celui-ci repondoit qu il
en avoit menti : fur cela, le juge ordonnoit le combat
judiciaire. Airtfi la maxime s’établit, que lorf-
qu’on avoit reçu itn démenti,, il fal'loit fe battre^
Pafquier , en confirmant ce fait (liv. I V ch. j . ) »
obfervé que dans les jugemens 'quï permettoient le
duel de fon temps, il n’étoit plus quèftion de crimes,
mais feulement de fe garantir d u,n démenti qiiand.il
étoit donné : en quoi, dit-il, lès affaires fe font
tournées de telle'façbn, qu au lieu que lorfque les
anciens accufoient quelqu’un , le défendeur etoit
tenu de propofer dés défenfes pour un démenti, fans
perdre pour cela fa qualité de défendeur ; au contraire.,
continue-t-il ? fi'j’impute aujourd’hui quelque
cas à un homme", 8c çjçi xl medemente, je
demeure dèS-lors offenfé, & il faut que pour purger
ce démenti, je demande le cqmbat.
L ’on voit donc que 1 e,démenti dorme pour•quelque'
-caufe que ce fut, a continué de paffer pour -une
©ffenfe fanglante ; & la chofe eft fi vraie, qu’Aid
â t, dans fon livre de fingulari certaminey propo-
fant cette quèftion : fi en donnant un Jémenti à
quelqu’un,, on ajoutait ces mots, fauffon honneur,
ou , fans Coffenfer, \e démenti ceffe d’être injurieux ;
il dèçide que cette réferve n’efface point l’injure.
Enfin les l.qi-x pénales du dérpcpti, établies fou«
Louis X IV , depuis la défenfe dès (duds , & plus encore
Pinutilité de ces loix que perfonne ne réclame ,
prouvent affez la délicateffe toujours fubfiftante
parmi nous , fur cet article du point d’hpnneur.
Je ne puis être de Pavis de Mpntagnq, qui, cher*
-chant pourquoi les Français font i i fenfibles au
démenfi > répond en ces termes : « Sur cela je trouve
v qu’il éft naturel de fe défendre le plusses défauts
,, de quoi nous femmes le plus entachés ; il femble
u qu’en nous défendant de Paccufation , -8c nous eu
» .émouvant, nous ne nous déchargeons aucune*1
v ment de la coulpe : fi nous l’avons par effet, au
« moins nous la condamnons par apparence. Pour
-moi, j’eftime que la vraie raifon qui rçndles François
fl délicats fur 1è.^émenti, c’eft qu’il paroît envelopper
l’idée de baffeffe & de lâcheté de coeur. Il
refte dans.les meeurs des nations militaires, & dans
la nôtre en particulier , des traces profondes de
celles des anciens chevaliers,, qui faifoient ferment
de tenir leur parole 8c -de rendre un compte vrai de
leurs avantures : ces traces ont laiffè de fortes im-
preflions„ qui ne s’effaceront jamais ; .8c fi l’amour
pour la vérité h’a point paffé jufqu’à nous dans
toute la pureté de l’âge d’or de la chevalerie , du
moins a-t il produit dans notre ame un tel mépris
pour ceux qui mentent effrontément, que Pou continue
par ce principe de regarder un démenti comme
Poutrage le plus irréparable qu’un homme d’honneur
puiffe recevoir. Article de AL le chevalier de Jaü-
ÇOURTD.
ÉMETRIÜS» rrom de plufieurs rois de Macê-
? Ss a