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leur réfuterai point mes éloges, loiTqu’ils me fourniront
quelque occafion de leur en donnfer.— Et
nous ne vous refuferons point les nôtres, quand
vous nous fournirez quelque occafion de vous en
donner. Vous avez la plume & nous la langue.
Chacun fg fgrt des armes qu’il fait manier.
Le reâeur fit tourner la converfation fur Luther.
d’ E g m o n d .
Eh bien î il a écrit pour Luther, qu’il écrive
contre lui.-----Je n’ai point écrit pour Luther, &
je ne juge point à propos d’écrire contre lui. Il
ne me convient point d’accabler un ennemi terrafle.
----- Ecrivez du moins que nous l’avons
confondu. — L’avez-vous confondu ? Je l’ignorois.
En ce cas, c’eft aux vainqueurs à chanter leur
victoire.
d’ E GMOND y s*en allant avec fureur.
Vous voyez bien qu’il eftimpoffible de convenir
■ de rien avec cet hérétique ; qu’il écrive contre
Luther, ou nous le pourfuivrons comme luthérien.
Je n’ai plus rien à dire.
(V oyez l’article Erasme.)
D ’Egmond fe nommoit ainfî parce qu*il étoitdu
bourg d’Egmond en Hollande. Il mourut en 1 5 27.
EGNATIUS. Il y a deux hommes connus de
ce nom.
L’un, PubliusEgnatius, Stoïcien hypocrite, faux
témoin vendu aux fureurs de Néron pour dépofer
contre le vertueux Bareas Soranus, dont il avoit
été le client & l’ami, apprit aux Romains, dit Tacite,
à redouter autant les faux amis & les faux fages
que les artifans publics de fraudes & les fcélérats
les plus connus , dédit exemplum proecavendi,
quomodb fraudibus~'involutos aut flagitiis commacu-
latos , fie fpecie bonarum artïum falfos , & amicitioe
fallaces. 9
L’autre, Jean - Baptifie Egnatius ou Egnace,
élevé avec Léon X par Ange Politien, profefla
le s belles-lettres avec éclat à Venifefa patrie. On
a de lui un abrégé de la. vie des empereurs, depuis
Céfar jufquà Maximilien, traduit par l’abbé de
Marelles. Un traité de T origine 'dei Turcs que Léon
X lui fit faire , un panégyrique de François I en vers
latins, qui déplut fort à Charles-Quint. Des remarques
& des notes fur Ovide , fur les. épîtres
familières de Cicéron, fur Suétone. On dit qu’il
ëtoit fort fenfiblè à la critique, & que François
Robortello l’ayant critiqué injuftement à fon g ré ,
il lui répondit par un grand coup d’une arme tranchante
dans le ventre , dont Robortello penfa
mourir. Egnace mourut en 155:3.
ELA , ( Hijl. facr. ) roi d’Ifraël, fils deBaafa,
aflaffiné par Zamri. L’Ecriture parle encore de
quelques autres perfonnages du même nom.
E LAD, {Hijl. facr. ) & fon frère, tous deux fils
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de Suahala, ayant voulu furprendre Geth , furent
égorgés par les habitans.
ELAM, {Hifl.facr.) fils de Sem, père des Elamites,
dont Chodorlanomor , vaincu par Abraham, étoit
roi. On trouve encore dans l’Ecriture d’autres
perfonnages du même nom.
ELBENE ou D ’ELBENE, (/fi/?, mod.) famille
eonfidérable de Florence, où Jacques d’Elbene, fur-
nommé le Grand, fut quatre fois ce qu’on appelle
prieur de la liberté de la République &
trois fois gonfanonier dans le quatorzième fîècle.
François d’Elbene fon fils fut aufli, dans le même
fiècle, deux fois prieur de la liberté : plufieuis
perfonnages de cette famille s’établirent en France,
dont quelques auteurs prétendent même qu’elle
étoit originaire. Les plus célèbres font,
i ° . Julien d’Elbene que Catherine de Médicis
envoya en 1574 en Pologne, pour prefler le retous
de Henri III.
20. Albert d’Elbene, panetier du roi Henri I I ,
tué en 15 54. en Italie , dans l’armée du maréchal
de Strozzi.
30. François d’Elbene, gentilhomme ordinaire:
de la chambre du roi Charles IX , qui fe trouva
aux batailles de Dreux , de Saint Denis, de Mon-
contoür, au fiége de Javarin en Hongrie, & qui fut
tué à celui de la Rochelle en 1573.
40. Albert d’Elbene, tué en 1576, en combattant
contre les Reitres fous le duc de Guife.
50. Alexandre d’Elbene, blefle dangereufement
en 1573 au fiége de la Rochelle, & en 1580 au-
fiége de la Fere. Il contribua beaucoup à la réconciliation
de Henri IV avec le faint-fiége, c’eft un
témoignage que le cardinal d’Ofiat lui rend dans
fès lettres, & le roi lui en montra fa reconnoiflance
dans deux des fiennes ; ce fut lui qui apporta au
roi fes lettres d’abfolution. La famille d’Elbene-
compte aufli plufieurs perfonnages célèbres dans
l’état eccléfiaflique :
i° . Aifonfe, -évêque d’A lb i, nommé en 1588 ;
mort le 8 février 1608. On a de lui plufieurs
ouvrages favans fur l’origine de la maifon de France-
& de la maifon de Savoie, fur les comtes de
Touloufe, fur le royaume de la Bourgogne tranf-
jurane; ces ouvrages font en latin.
20. Un autre Aifonfe, neveu du précédent &
fon fuccefleur dans l’évêché d’A lb i,. attaché, ainfi
que tous les d’Elbene, aux intérêts de Marie de
Médicis & du duc d’Orléans fon fils, ne contribua
pas peu à engager le duc de Montmorenci dans,
leur parti ; la ville d’Albi le chafla, le regardant
comme l’auteur des troubles. Il s’enfuit à Florence ,
d’où il ne revint qu’après la mort du cardinal de
Richelieu & de Louis XIII. Les neveux ,de l’évêque
d’Albi qui étoient entrés dans le même complot,
fe réconcilièrent avec le cardinal en travaillant à
réconcilier le duc d’Orléans avec le roi.
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3°. Un autre Aifonfe, facré évêque d'Orléans,
en 1647.
Mort le 20 niai 1665. On lui doit le recueil des
ftatuts finodaux du diocéfe d’Orléans, publies en
1664.
4°. Barthelemi, évêque d’Agen ; mort le 4
mars 1663.
* ELBOEUF. Voyeç Lorraine.
ELEAZAR. ( H if . facr. ) L’Ecriture fainte offre
plufieurs perfonnages de ce nom :
i° . Eléazar, fils d’Aaron & fon fuccefleur dans
la dignité de grand-prêtre, & un autre grand-prêtre
du même nom, fils d’Onias & frere de Simon
le jufte. Ce fut lui qui envoya au roi d’Egypte,
Ptolomée-Philadelphe, vers l’an 277 avant J. C.
les foixante & douze favans de la nation ju iv e ,
qui firent la verfion dite dès feptante.
20. Eélazar Ahohites,fils de Dodi, un des trois
plus vaillans d’entre les braves de David , qui,
au nombre de trente , le défendirent contre les
Philiftins , lorfque l’armée d’Ifraël eut pris la fuite, ’
& remportèrent feuls la victoire ; il fut aufli un
des trois qui traversèrent le camp des Philiftins,
pour apporter à David de l’eau de la citerne de
Bethléem. Paralip. 1. 1 , c. 11.
3 °.iEléazar, vieillard vénérable, un des premiers
d’entre les doâeurs de la loi, tué par les ordres
d’Antiochus,pour avoir refufé de manger des viandes
défendues par la loi. Son martyre eft rapporté au
fécond livre des Machabées, c. 6.
40. Eléazar, fils de Saura, qui dans un combat
que Judas Machabée livroit à Antiochus Eupator,
tua un éléphant fur lequel il crut qu’Antiochus
étoit monté, & fut écrafé par fon poids. Machab.
1. I , c. 6 , verf. 43 & fuiv.
Plufieurs autres Eléazars figurent dans la fuite
de FHiftoire des Juifs.
E L E C T E , {Hiß. facr.) une des premières femmes
converties à la foi. C ’eft à elle qu’eft adrefiée la
fécondé épître de l’apôtre Saint-Jean.
ELECTEURS, f. m. pl. {H iß . & Droit public
'dAllemagne. ) On donne ce nom en Allemagne à
des princes qui font en pofleflion du droit d’élire
l’empereur. Les auteurs ne s’accordent pas fur
l’origine de la dignité électorale dans l’empire. Paf-
quier, dans fes Recherches, croit qu’aprés l’extinction
de la race des Carlovingiens, l’éleétion des
empereurs fut commife à fix des princes les plus
confidérables de l’Allemagne, auxquels on enajou-
toit un feptième en cas.que les voix fuflent parta>-
gées également. Quelques-uns prétendent que l’inf-
titution des éleEleurs doit être rapportée au temps
d’öthon III, d’autres au temps d’Othon IV, d’autres
à celui de Frédéric II. Il s’eft trouvé des écrivains
$ui ont cru que c’étoii du pape que les. électeurs
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tiroient leur droit ; mais c’eft une erreur, attendu
que le fonverain pontife n’ayant jamais eu auci.n
droit fur le temporel de l'Empire, n’a jamari pu
conférer le privilège d’élire un empereur. Le fen-
timent le plus vraifemblable, eft que le collège
électoral prit naiflance fous le règne de Frédéric II,
& qu’il s’établit du confentement tacite des autres
princes & . états de l’empire, fatigués des troubles,
de la confufion & de l’anarchie qui depuis longtemps
agitoient l’Allemagne ; ces malheurs étoient
des fuites néceflaires des longs interrègnes qui
arrivoient lorfque l’éleCtion de l’empereur fe faifoit
par tous les états de l’empire. Cependant il y a
des auteurs qui prétendent que les éleEleurs fe font
arrogé pour toujours un droit, qui ne leur avoit
été originairement déféré que par la néceflité des
circonftances , & feulement pour un temps ,
& que toutes chofes étant rentrées dans
l’ordre, les autres états de l’Empire, devroient
aufli rentrer dans le droit de concourir à donner
un chef à l’Empire. Ce qu’il y a de certain
, c’eft que la bulle d’or eft la première loi
de l’Empire qui fixe le nombre des é leE leu r s , &
afiigne à chacun d’eux fes fondions : par cette loi
leur nombre eft fixé à fept, dont trois eccléfiaftiques*
& quatre laïques. Mais en 1648, par le traité de
V/eftphalie, on créa un cinquième éleétorat féculier
en faveur du duc de Bavière ; enfin , en 16 92,
on en créaunfixièmeen faveur du ducdeBrunfwick-
Lunebourg, fous le nom dyéleElorat d e H a n o v r e
mais ce prince ne fut admis fans contradiction,
dans le collège électoral qu’en 1708, de forte qu’il
y a préfentement neuf éleEleurs , trois eccléfiaf-
tiques : fa voir, ceux de Mayence, de Trêves & de
Cologne; & fix féculiers,qui font, le roi de Bohème ,
le duc de Bavière, le duc de Saxe, le Margrave
de Brandëbourg, le comte palatin du Rhin, & le
duc de Brunfwick - Hanovre. Ces éleEleurs font en
pofleflion des grands offices de l’Empire qu’on
appelle a r c h i- o j f c ia Im p e r ii.
V é leE leu r de Mayence eft archichancelier de-
l’Empire en Germanie. L'éleEleur de Trêves a le
titre d’archi chancelier de l’Empire pour les Gaules
& le royaume d’Arles ; VéleEleur de Cologne eft
archi-chancelier de l'Empire pour l’Italie. Ces trois
éleEleurs font archevêques.
Le roi de Bohème eft a r ch i-p in c e rn a y c’eft-à-dire,
grand échanfon de l’Empire. S é le c t e u r de Bavière
eft a r c h i-d a p if e r , grand-maître d’hôtel. U é leE le u r de
Saxe eft a r c h i-m a r e jc a llu s , grand-maréchal. U é leE le u r ,
de Brandebourg eft a r c h i- c am e r a r iu s , grand-chambellan.
V é leE leu r palatin eft a r ch i - th e ja u ra r iu s ,
grand tréforier de l’Empire. Quant à VéleEleur de
Hanovre, on ne lui a point encore afligné d’office.
Il y a tout lieu de croire que la dignité électorale ,
ou le droit d’élire l’enipereur, n’a été attaché aux
grandstoffices de là couronne, que parce que dans les
commencemens c’étoient les grands officiers qui
anhonçoiént TéleÔion qui avoit été faite par tous
k les états de l’Empire. Le jour du couronnement,