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mit à la tête de Ton armée pour aller étouffer cette
rébellion ; mais il effuya une honteufe défaite qu’on
attribua à fon incapacité. Les foldats honteux d’obéir
à un chef trop lâche & trop ignorant pour
leur commander , le maffacrèrent avec fon fils
Volufien qui n’avoit point participé à fes défordres. I
Il fut tué à l’âge de cinquante-fept ans dont il avoit
régné deux. Ce fut moins un tyran qu’un prince
fans vertus. Son malheur fut de naître dans un fiècle
où il falloit de grands crimes ou de grandes vertus
pour fe maintenir fur ie trône.( TVn. )
G A LV AN O , ( A n t o in e ) ( Hifl, de Portugal; )
gouverneur & nommé l’apôtre des Moluques ,
parce qu’il y fit beaucoup de-chrétiens, battit dans
1 ifle de Tidor vingt mille naturels du pays avec
trois cents cinquante Européens. Il purgea les mers
voifines decorfaires, il augmenta les revenus des
Portugais de cinq cents mille cruzadeS. Il fit plus ,
il fit aimer leur joug dans l’Inde par le bien qu’il I
ne ceffa d’y faire , il y confuma toute fa fortune
; il paffa en 1540 en Portugal, comptant fur '
la reconnoiffance du pays qu’il avoit enrichi en
s’appauvriffant ; Jean I I I , alors roi de Portugal ,
ne fit pas feulement attention à lui ; & Galvano
mourut à l’hôpital de Lisbonne en 1557. Il étoit
bâtard.
Il avoit éçrit une kifloire des Moluques , qui eft
perdue ; mais on avoit imprimé , de fon vivant
même, à Lisbonne , en 1555 , un traité des divers
chemins par lefquels les marchandifes des Indes ont
été apportées eri Europe, & des découvertes faites
jufqu’en 1550.
GAM A. ( Vasco ou V a s q u e s de ) ( H iß . de
Portugal. ) Emmanuel le grand , roi de Portugal ,
fit partir en 1497 Vafco de G a ma avec une flotte ,
pour fuivre le projet, qui avoit échoué tant de fois,
de s’ouvrir une route aux Indes orientales par
l’Océan ; cette entreprife , dit M. de Voltaire , étoit
regardée comme téméraire & impraticable , parce
qu’elle étpit nouvelle.
» G.àma, & ceux qui eurent la hardieffe dé
m s’embarquer avec lui, paffèrent pour" des in-
v fenfés qui fe facrifioient de gaîté de coeur. Ce
n’étoijt qu’un cri dans la ville contre le roi :
» tout Lisbonne vit partir avec indignation &
» avec larmes çes aventuriers, & les pleura comme
» morts; cependant l’entreprife réuflit, & fut le
» premier fondement du commerce que l’Europe
s> fait aujourd’hui avec les Indes par l’Océan. »
Vafquès 'de Gama fit trois voyages par mer
dans l’Inde; au premier il doubla le Cap-de-
Bonne-Efpérance , mais il revint fans, avoir eu
de grands fuccès, n’ayant trouvé des difpofitipns
favorables que dans le roi de Melinde. 11 partit
pour le fécond le 10 février 1502 ^ re v in t le
premier feptembre 1503 , avec treize yaifleaux
chargés de richeffes; il repartit en 1524, nommé
yice-roi des Indes par le roi Jean III. Il établit
fpq ffège à Çoçhin ; il y nioprqt le 24 décembre- ’
G A M
1525. Emmanuel l’a voit nommé Amiral des mers*
des Indes, Perfe & Arabie, & ce titre a été
confervé à fes defcendans; il fut créé grand de
Portugal; il fut, difent les hiftoriens , honoré du
don pour lui & fa poftérité ; cependant, on l’appelle
toujours Vafco de Gama 8c non pas don Vafcoi
de Gama, parce que c'eft Vafco de Gama 8c
non pas don Vafco de Gama qurs’eft immonde
lifé, & que la grandeur perfonneîle l’emporte fur
tous les titres, qui n'en font que la représentation
fpuvent vaine & faufl'e.
GAMACHE. ( Voye^ R o u a u l t . )
GAMACHES, ( E t i e n n e -Sim o n ) de l ’acadé-«
mie des fciences de Paris, auteur d’une agronomie
phyfique, d’un fifl me du coeur, de quelques
autres ouvrages littéraires & philosophiques, fur-
tout du livre intitulé : les agrémens du langage
réduit à fes principes , & dont on a dit que c’étoit
le dictionnaire des penfées fines. Mort en 1 7 ^ #
âgé de près de quatre-vingt-quatre ans,
GAMALIEL , ( Hifl. facr. ) phar-ifien, doéjreup
de la loi, étoit, dit l’Ecriture-oainte, honoré de
tout le peuple, & il paroît qu’il le méritoit par
la fageffe & la modération de fon caraélère; ce
fut lui qui dit dans le confeil des Juifs qu’il voyok
fort animés contre les apôtres, qui, malgré leur
défenfes', continuoient de prêcher au nom de
Jèfus-Chrift 1 u O Ifraélites, prenez garde à ce
»» que vous allez faire à l’égard de ces perfonhes...,
” çeffez de les pourfuivre , 8ç laifféz-les faire;
» car fic e tte entreprife ou cette oeuvre vienfi
” des hommes, elle fe. détruira ; que fi elle
» vient de Dieu , vous ne fàuriez la détruire. A êtes
des apôtres, chap. 5 , verf. 3 4 , 3 5 , 3 8 , 39,
On dit que Gamaliel étoit un difciple fecrèt de
Jéfus-Chrifl; qu’il fut le maître de f int Paql ; qu’il
prit foin de faire enfevelir honorablement faine
Etienne: les aétes des apôtres ne difent rien des
deux premiers points, & quant au dernier, ils
difent feulement chap^ 8, verf. 2 , que quelques
■» hommes qui craignoient Dieu > prirent foin
n d’enfevelir Etienne, & firent fés funérailles
« avec un grand deuil : mais Gamaliel n’efl pa$
nommé.
GAMBADA. ( Hifl. litt. mod. ) Véronique 8g.
Laurent , poètes l’un 8c l’autre , tous deux duj
même nom , tous deux de Brefle, Véronique née
en 1485, Laurent mort à quatre-vingt-dix ans en
1586 étoient-ils frère & foeur ? nous n’en fàvons»
rien. On eftime les poçfies italiennes de Véronique
& beaucoup moins les poëfies latines de
Laurent. On a de lui une colombiàde, c’eft-à-dire,
un poème fur la découverte de Chriftophe Colomb;
Madamfe du Bocage parmi nous a traité ce fujeç
qui méritoit fort de l’être.
GAMBESON M GOBESON, f m. (Hifl. mod.)
terme ufité çians l’gpçienpe milice. Il fignifiç>i$
G A M
fine efpèce ae cotte-d’arme ou de grand jupon
qu’on portoit fous la cuiraffe, pour qu’elle fût
plus facile à porter, & moins, fuiette à bleffer»
• Çhdmbhs.
Le gambefon étoit fait de taffetas ou de cuir,
8c bourré de laine., d’étoupes, ou de crin, pour
rompre l’effort de la lance, laquelle, fans péné-
trer la cuirafle, auroit néanmoins meurtri le corps,
en enfonçant les mailles de fer dont elle étoit
conjpofée.
Dans un compte des baillis de France, de l’an
1260, il eft dit : Expenfa prç cendatis & bourra ad
gambefines, c’eft-à-dire, pour le taffetas & la bourre
pour faire des gambefons. Hifl. de la milice fran-
Çoife, par le P. Daniel. (Q )
G ANCHE , f. m. (Hifl. mod.) forte de potence
dreffée pour fervir de fupplice en Turquie. Le
ganche eft une efpèce d’eftrapade dreffée ordinairement
à la porte des villes. Le bourreau élève
les condamnés par le moyen d’une poulie; &
lâchant enfuire la corde, il les laiffe tomber fur
des crochets de fer , où ces miférables demeurent
accrochés tantôt par la poitrine, tantôt par les
aifîelles, ou par.quelqu’autre partie de leur corps.
On les laifle mourir en cet état, & quelques-uns
vivent encore deux ou trois jours. On rapporte
qu’un pacha, paflant devant une de ces potences
en Candie, jetta les yeux fur un de ces malheureux
, qui lui dit d’un ton ironique : Seigneur,
puifque tu es f i charitable , fuivant ta loi, fais-moi
tirer un coup de moufquet pour finir ceue tragédie.
(£ > .ƒ .) 6
G A N E R B I N A T , (H ifl. mod. ) en allemand
gan - erbfchafli. C’eft ainfi qu’on nomme
dans l’empire d’Allemagne une convention faite
entre des familles nobles & illuftres , fous de
certaines claufes 8c avec l’approbation du fûfe-
rain, pour fe défendre mutuellement contre les
in valions & les brigandages qui ont eu lieu pendant
fort long-temps en Allemagne, & qui croient
des conféquences funeftes du gouvernement féodal.
On y ftipuloit aufli que lorfqu’une famille vien-
droit à s’éteindre, fa fucceflion tomberoit aux
defcendans de celle avec qui le paêle de ganer-
binat avoit été fait. Ces conventions s’appellent
aufli pattes de confraternité. [ - - ]
G ANTE LE T, (Hifl. mod.) efpèce de gros gans
de fer dont les doigts étoient couverts de lames
par écailles , & qui faifoit partie de l’ancienne
armure du gendarme. (Q )
G A R A N T , ad), pris fubft. ( Hifl. ) eft celui
qui fe rend refponfable de quelque chofc envers
quelqu’un , & qui eft obligé de l’en faire jouir^.
Le mot garant vient du celte & du tudefquë
warrant. Nous avons changé en g tous les doubles
v y des termes que nous ayons conferyés
G A R 679
de tes anciens langages. Warant fignifie encore
chez la plupart des nations du.nord, ajfurancè,
garantie y 8c c’eft en ce fens qu’il veut dire en
■ iânglois édit du lo i, comme fignifiant promeffe du
roi. Lorfque dans le moyen â g e , les rois faifoient
des traités, ils étoient garantis de part & d’autre
par plufieurs chevaliers, qui juroient de faire
obferver le traité , & même qui le fignoient,
lorfque par hafard ils favoient écrire. Quand
l’empereur Frédéric Barberoufle céda tant de droits
au pape Alexandre I I I , dans le célèbre congrès
de. Venife en 1 1 7 7 , l’empereur mit fon feeau
à l’inftrument, que le pape & les cardinaux
lignèrent. Douze princes de l’empire garantirent
le traité par un ferment fur l ’évangile; mais
aucun d’eux ne figna. Il n’eft point dit que le
doge de Venife gatantit cette paix qui fe fit dans
fon palais.
Lorfque Philihpe-Augufte conclut la paix en
1200 avec Jean, roi d’Angleterre, les principaux
barons de France & ceux de Normandie en jurèrent
l’obfervation comme cautions, comme parties
garantes. Les François firent ferment de combattre
le roi de France, s’ihmànquoit à fa parole,
& les Normands de combattre leur fouveraia
s’il ne tenoit pas la fienne.
Un con né Labié de Montmorenci ayant traité
avec un comte de là Marche en 12,27, pendant
la minorité de Louis IX , jura l’obfervation du
traité fur l’a me du roi.
L ’ufage de garantir les états d’un tiers, étoit
très-ancien, fous un nom différent. Les Romains
garantirent ainfi les poffefîions de plufieurs princes
d’Afie & d’Afrique, en les prenant fous leur
proteêlion, en attendant qu’ils s’emparaffent des
terres protégées.
On doit regarder comme une garantie réciproque,
l’alliance ancienne de la France & de la
Caftille de roi à r o i, de royaume à royaume, &
d’homme à homme.
On ne voit guère de traité où la garantie des
états d’un tiers foit expreflement ftipulée, avant
celui que la médiation de Henri IV fit conclure
entre l’Efpagne & les Etats généraux en 1609.
Il obtint que le roi d’Efpagne , Philippe III, reconnût
les provinces-unies pour libres & fouveraines ;
il figna, , & fit même figner au roi d’Efpagne
la garantie de cette fouveraineté des fept provinces
, & la république reconnut qu’elle lui devoit
fa liberté. C ’eft fur-tout dans nos derniers temps
que les traités de garantie ont été plus fréquens.
JVlalheureufement ces garanties ont quelquefois
produit des ruptures & des guerres; & on a reconnu
que' la force eft le meilleur garant qu’on
puiffe avoir. Article de M. d e V o l t a ir e .
-G ARASSE , (François) jéfime d’Angoulême;
écrivain décrié par les injures & les furlupinades
dont il remplifloit fes écrits prefque toujours
polémiques & fatyriques. Il a écrit contre Pafquier