
C lément (Sa int) d’Alexandrie, père de l ’égUfe
des fécond & troifieme fièclës j il avoit été philo-
fophe platonicien, & il fit entrer pour beaucoup
le platonifme dans la religion. Origène fut fon
difciple.Ses oeuvresont été recueillies en 2vol. infol..
Ceux de fes ouvrages qu’on cite le plus font fès
firomates ou tapifferies , fon pcedagogue , fon exhortation
aux payens. Il mourut vers l’an 220.
C lément (Frère Jacques) , Dominicain {Hiß.
de Fr. } , affaffin de Henri III. Quand le fanatifme fe
borne à perfécuter quelques malheureux, à brûler
quelques hérétiques, ou puifqu’enfin on ne les brûle
plus »du moins en France, à décrier à la cour quelques
philofophes, on ÿ fait à peine attention,
fouvent même on l’encourage : quand il s’attaque
aux fuprêmes puiffances, on fent enfin la néceffité
de le réprimer. Ce qui prouve fur-tout combien
le fanatifme eft à craindre, c’eft que les Clément.,
les Chatel, les Ravaillac n’étoient pas effentieïle-
ment dé mal-honnêtes gens , ils n’étoient que furieux
de zèle ,.d’enthoufiafme & de fuperftition ; ils
çroy oient bien faire en affaffinant leurs maîtres,
6c ils trouvoient dès prédicateurs ôc des confeffeurs
pour le leur perfuader.
Us étoient animés de cette confiance r
Que dans le coeur des faints affermit L’innocence.
Clément confulta fon prieur, qui, au lieu de le
détourner de fon deffein, lui cônfeilla d’avoir recours
au jeûne & de confulter Dieu par la. prière.
Il eft vrai que ce prieur étoit le père Bourgoing ,
que les faveurs de la ducheffe cfe Montpenfier,
foeur des Guifes , enivroient, dit-on, d’amour &
de fanatifme. Cette même duchefîè prit auffi la
peine de féduire Clément, en fui promettant de la-
part du pape qu’il feroit cardinal- s’il êchappoit, &
canonifé s’il périffoit. Les moines firent le refte en
recourant à leurs anifiçes ordinaires. On lui fit
entendrependanrla nuit, au milieu-de fes prières,
des voix céieftes qui lui erdonnoient de tuer le
tyran ; un ange même lui apparut, & lui montrant
une épée nue , lui répéta le même ordre ÿ c’eft ce
que porte une relation du martyre de frère Jacques-
Clément, imprimée à Paris, débitée publiquement
en 1589, & qui fe trouve dans la fatyre Ménippée.
Clément fe confeffa & communia le jour où il partit
pour aller affaffiner le Roi. C’étoit le dernier juillet
y 589. Il étoit chargé de lettres de recommandation
de la part des gens les moins fufpeâs; le procureur
général la Gueûe l’amena lui - même à Ver-
failles où étoit le roi ; cependant fur quelque foupçon
qu’il conçut de lui-même , ou qui lui fut infpiré,
il fit épier ce moine pendant la nuit ; on le trouva
dormant de ce profond fomineil que donne une
parfaite fécurité ; fon bréviaire étoit auprès de lui
ouvert à l’article de Judith. Quand il parut devant
le ro i, le premier août, il lui préfenta une lettre de
la part du premier préfident de Harlay, alors détenu
à la Baftille par Buffi-le-Clerc on n’a point
fçu , dit l’auteur de la Henriade, fi la lettre étoîf
contrefaite ou non , & tous les fecrets de Clément
furent enfevelis avec lui ; car au premier cri que1
jet ta le roi en retirant de fes flancs le couteau que
le moine y avoit plongé , & en le lui jettant à la
tete , tout le monde , même le procureur général»
fe jetta fur le moine, qui fut percé de mille coups*
Fier de fon parricide & quitte envers la France,
Il attend à genoux la mort pour rëcompenfe :
De la France & de Rome il croit être l'appui ,-
Il penfe voir les cieux qui s’entr’ouvrent pour lu i,
Et demandant à-Dieu la palme du martyre
U bénit » en tombant, les coups dont il expire.
Lorfque la mère de Jacques Clément parut a'
Paris après la mort de fon fils , & celle du roi, le
peuple foulevé par les prédicateurs de la ligue
alla en foule vénérer cette bienheureufe mère d’un faim
martyr. Le portait de Jacques Clément fut placé fur
1 autel, à côté de l’euchariftie; on propofa de lui
ériger une ftatue dansl’églife de Notre Dame ; on-
alloit à Saint-Cloud racler la terre teinte de fon»
fang. La Sorbonne, félon l’abbé de Longuerue, résolut
de demander fa canonifation. Sixte-Quint,-
ce pontife d’ailleurs éclairé, prononça dans un con-
fiftoire l’éloge de Clément, qu’il comparait à Judith-
& àEléazar. Il admiroit qu’un fi puiffanr roi, dans-
1®- te,mPs' réduifoit Paris à demander grâce.,
eut été tué d’un feulcoup de couteau par un pauvre-
religieux. Il reconnoiffoit à ce grand exemple le
jugement de Dieu. Le cardinal de Retz rapporte
que le jour des barricades de la fronde , M. de*
Briffac lui fit remarquer un haûffe-col « fur lequel
” la figure du jacobin qui tua Henri III étoit gra-
” vée; il étoit de vermeil doré, avec cette infcrip-
» tion : Saint Jacques Clément ». Je fis, ajoute-
” t - il, une réprimande à l’officier qui le portoit,,
» & je fis rompre le hauffe-col publiquement à>
» coups de marteaux, fur l’enclume d’un maré-
» chai».
Autant l’attentat du moine diffama ce nom de-
Clément dans notre hiftoire, fous Henri I I I , autant
l’antique gloire des quatre premiers maréchaux de
France militaires, Albéric,Henri, Jean& Henri II.
N avoit illuftré le nom de Clément du Mez ou de-
Meffe , fous Philippe-Augufte, Louis Coeur-de-
L y on , & fàint Louis. Dans l’origine, la dignité-
de maréchal de France, comme celle de connétable,
étoit un office dans la maifon du roi, & avoit beaucoup
de rapport avec les offices de grand écuyer:
& de premier écuyer. C ’eft fous les Clément, c’eff
dans la campagne de 12 14 , qu’on vit pour la première
fois un maréchal de' France commander
l’armée. Les quatre Clément furent maréchaux de
France de fuite fans interruption , & comme par
droit héréditaire , Jean le fut même dès l’enfance
mais comme on ne vouïoit pas, & qu’il n’ètoit.
pas à propos qu’une dignité militaire , que le commandement
des armées , qui ne devoit être que le
prix des talens & des fervices, fût héréditaire, Louis ]
VIII éxigea dans la fuite du maréchal Jean Clément ■
une déclaration & une reconnoiffance formelle que.
fa charge n’étoit point héréditaire. Albéric Clément
fut tué au fiège d’Acre, en 1-191. Albéric &. Henri,
tous deux maréchaux de France , étoient fils de Robert
Clément, feigneur de Mez, qu’on appelloit le
confeil du roi, parce qu’il étoit miniftre d’état, Louis
le jeune l’a voit choifi pour gouverneur de fon fils
Philippe-Augufte. La terre de Mez ou Meffe en
Gatinois, q u i, après lui, appartint à fes fils , fut
appellée Mez-le-Maréchal. Cette maifon de Clément
eft actuellement fubfiftante, & c’eft un nom précieux
à la nation.
C lément (Ju lien ) , accoucheur célébré, anobli,
eh 1711 , avec la clàufe expreffe & très-fènfée qu’il
continueroit à éxercer fon art & à être utile. Qu’elle
Contradiction en effet de regarder comme dérogation
à la noMeffe ce qui a mérité la nobleffe 1
Mort en 1729, à 80 ans.
CLÉNARD ( Nicolas ) ( Hifloire lin. moi. ) ,
homme favant dans les langues, mais connu principalement
par fa grammaire grecque ; on a auffi de
lui des lettres latines fur fes voyages, & il avoit
beaucoup voyagé. Il mourut en 1542, à Grenade.
Il étoit né à Dieft, dans le Brabant.
CLFOBULE ( Hifl. anc.) eft au rang des fept fa-
ges de Grèce , mais on fait de lui bien peu dechofe :
il étoit contemporain & ami de Solon : on cite de
lui beaucoup de maximes qui ne méritent point
d’être citées , -tant: elle s paroiffcnt aujourd’hui communes.
Peut-être l’étoient-elles affez peu de fon
temps pour être remarquées. Il jugeoit, & cette
maxime n’eft peut-être plus fi commune , que l’état
le plus heureux étoit celui d’un homme qui n’a-
voit ni à commander ni à obéir. Un moderne difoit
à ce fujet : pour commander, paffe. On croit que
Cléobide mourut vers l’an 560 avant J. C. Il eut
une fille, nommée Cléobuline, célèbre par l’efprit
& par la beauté, & dont on cite; des énigmes.
' CLÉOMBROTE ( Hifl. anc. ). C’eft le nom
de deux rois de Lacédémone, l’un tué à la bataille
de Leu&res, gagnée fur les Lacédémoniens par
Epaminondas , l’an 371 avant J. C. L’autre ne
mérite d’être nommé qu’à caufe de Chelonide fa
femme. Il fut injtifte , il détrôna fon beau-père
Léonidas, père de Chelonide. Celle ci quitta fon
heureux mari pour, aller confoler fon père dans fa )
retraite. Léonidas remonta fur le trône, chaffa
Cléombrote, le fit condamner à mort. Chelonide
alors prit la défenfe de fon mari, & obtint fa grâce
de Léonidas , mais elle ne l’obtint pas to.ute entière:
il voulut qu’au moins Cléombrote reftâtéxilé,
& il preffa beaucoup fa fille de refter à fa cour ; -
c’étoît bien mal connoître Chelonide ; elle étoit
toujours l’amie & la compagne du malheureux :
«lié fuivit la fortune de fon mari, ôc lui rendit
conftamment les mêmes foins, qu’elle avoit rendus
à fon père.
On connoît encore un Cléombrote, philofophe, qui
fe jetta dansia mer, après s’être convaincu de l’immortalité
de l’ame, par la leélure du Phédon de
Platon.
Oui, Platon , tu dis vrai, notre ame eft immortelle , & c.'
CLÉOMÈNE , I '1 du nom {Hifl. de Lacédémone) .
Deux rois Spartiates ont porté le nom de Cléomène :
le premier étoit fils d’Anaxandride, dont il fut l’héritier
au trône, fans en avoir eu les talens & la gé-
nérofité. Dans les premiers jours de fon règne , il
tourna fes armes contre l’Argolide , qu’il fe pro-
pcfa plutôt de dévafter que de conquérir. Guerrier
fans principe & fans générofité , il exerça les plus
affreufes cruautés contre le; Argiens. Ces peuples ,
après leur défaite , fe réfugièrent dans une épaiffe
forêt, où ils furent bientôt inveftis : Cléomène ne
vouloit leur accorder aucune capitulation ; & dans
le temps qu’ils imploroiént fa clémence , il fit mettre
le feu à la forêt, où tous ces"infortunés furent
la proie des flammes. Quoique Cléomène, fans génie
& fans vertu , fût regardé comme un rmbé-
cillc furieux qui, dans certains momehs , avoit la
férocité d’une bête fauvage il eut la gloire d’a ffranchir
Athènes du joug des Pififtrafides • mais
après en avoir été le libérateur, il voulut en régler
la deftinée : fept cents des principales familles
furent bannies. La tyrannie, à peine détruite,
fut remplacée par une plus humiliante. Un certain
Ifâgoras , flétri par fes crimes & fes débauches ,
avoit fu plaire à Cléomène'’, cet homme vil & fans
capacité , voulut tout régler dans le fénat & dans
les affemblées du peuple. Les dignités furent le prix
de la corruption , & les plus vertueux citoyens furent
proferits. Les Athéniens , dont les uns étoient
opprimés , 6c les autres craignoient de l’être , s’af-
femblèrent tumùltuairement ; toute la ville retentit
du bruit des armes. Un peuple ne fent jamais
mieux fa force que quand il fort de l’oppreffion.
Cléomène effrayé, fe réfugie dans la citadelle , où
les cris des partifans.d’Ifagoras , qu’on égorge , lui
font craindre une même deftinée. Les Athéniens ,
moins cruels que lui , confentent à lui faciliter
la retraite.
Dès qu’il fe vit en fureté., il arma pour fe venger
de ceux qui l’avoient réduit à trembler. Il
entre dans l’Àttique qu’il ravage , après avoir
égorgé tous les habitans qui tombent entre fes
mains. Athènes, du haut de fes remparts, apper-
çoit les flammes qui dévorent fes moiffons ; les
habitans menacés~de vivre efclaves prennent les
armes, réfolus de mourir libres. Les deux armées
étoient en préfence , lorfque les alliés de Lacédémone
fe reprochèrent de verfer un fang innocent
pour affouvir les vengeances d’un forcené.
Ils fe retirèrent fans combattre, & Démocrate
collègue de Cléomène, fuivit leur exemple. Cette