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Saint - Germain - des - prés, où fon tombeau fe voit 1
encore. Cependant l’incendie que Clotaire venoit
d’éteindre dans la Saxe, fe rallumoit dans la Bretagne
; Chramne, l’aîné de fes fils, & celui qu’il
avoit le plus tendrement aimé* paroiffoità la tête
des rebelles : le roi en tira une vengeance effrayante";
la Bretagne fut ravagée, Chramne fut vaincu, fait
prifonnier, & lié fur un banc : ce fut dans cette
pofiure qu’il périt au milieu des flammes : un
repentir amer fuivit bientôt le fupplice du rebelle,
& s’empara du coeur du monarque. Clotaire éprouva
qu’oiî ne viole point impunément les droits de la
nature, & qu'un père ne fauroit être barbare envers
fes fils,fans éprouver fes vengeances.Une fièvre violente,
excitée par les regrets de la mort de Chramne,
le conduifit ail tombeau dans la foixantième année
de fon âge : fon règne fut d’environ cinquante-un
ansjfon amefùt déchirée de remords,il déteftoit fur-
tout fon orgueil; fa maladie lui fit fentir le néant de fa
grandeur : « que ce Dieu du ciel, difoit-il dans fon
lit de mort, » eft puiffant! voyez comment il traite
» les rois de la terre ».On a remarqué qu’il mourut
précifément un an après, le même jour & à la
même heure qu’il avoit fait brûler Chramne (rapport
vraifemblablement fuppofé comme tous ces
raports fi exaéls ). Cherebert , Gontrand, Sige-
bert & Chilperic, fes fils, conduifirent fon corps
dans la plus grande pompe, de Compiegne où il
mourut, àC ro u i, près de Soiffons, où il fut inhumé
dans leglife de Saint-Médard, qui lui doit
fa fondation. Outre les quatre princes que nous
venons de nommer, Clotaire eut une fille, nommée
Cledoÿndè, qui fut mariée à Alboin, roi des Lombards
: quelques écrivains lui donnent une fécondé
fille, nommée Blitilde, dont ils font defcendreles
rois de la fécondé race. (A/—r .)
C hildebert I I I , dix-huitième roi de France,
frère & fucceffeur de Clovis I I I , naqrit
vers l’an 683 de Thierri IV & de Clotîlde: il
monta fur le trône en 685 , âgé d’environ onze
à douze ans. La puiffance fouveraine étoit alors
entre les mains des maires du palais. Les rois ,
dégradés par ces ambitieux miniftres, ne cou-
fervèrent plus qu’un vain titre. Le jeune monarque
fut relégué, à l’exemple de fon père & de fon
frère, dans une maifon de plaifance. où Pépin
lui procura tout ce qui pouvoit contribuer à fes
plailirs, & rien de ce qui pouvoit l’inftruire,
©u lui infpirer des fentimens dignes de fon rang.
C e miniftre, qui ne fongeoit qu’à égarer fa jeu-
neffe, lui fit croire qu’il étoit indigne d’un roi de
France de defcendre d<ms les détails du gouver-
ment ; que fon fang étoit trop précieux pour
qu’il dut s’expofer au danger des guerres, &
qu’enfin il étoit dangereux de paroître trop fou vent
en public, que l’on s’expofoit à.diminuer la vénération
du peuple & des grand . Ces lâches con-
feils, plus' conformes au génie c es Afiatiques
qu’à celui des Européens, furent adoptés par un
prince fans expérience, & dont le coeur trop
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facile étoit fufceptible de toutes les impreffions. B
ne faut donc pas s’étonner, dit un moderne, que
Childebert ait vécu fans avoir feulement penfé
qu’il dût agir ni qu’il dût faire autre chofe que
de fe montrer le premier jour de mars aux grands
feigneurs, pour en recevoir les préfens accoutumés.
Tel fut l’ufage confiant fous la première & fous
la fécondé race ; jamais les grands n’approclioient
du trône fans faire quelque offrande au fouverain.
Ce tribut volontaire, qui faifoit honneur au
monarque & au fujet, formoit, fous la direâion
du grand - chambellan & de la reine, un tréfor
d’où l’on tiroit les préfens pour les princes étrangers
, ou pour les militaires qui s’étoient diftingués
par quelque aéfion d’éclat. On ne voit pas, difent.
les écrivains du temps, que pendant les dix-fept
années qu’il porta le titre de roi, il fe foit pafle la
moindre choie par où l’on puiffe conjeéfurer qu’il
ait foupçonné l’état de fervitude où le retenoit
Pépin, ni qu’il ait fait le plus léger effort pour s’en
affranchir. J’ofe cependant croire que Childebert fit
quelque aélion louable, &. qu’il ne fut pas toujours
affoupi dans le fein des voluptés, puifqu’il canferva
le titre de jufie, contre lequel, s’il ne l’eût pas
mérité, tous les hiftoriens, dont la plupart furent
les efclaves.de Pépin, n’auroient pas manqué de
réclamer. Son règne fut fécond en événemens militaires;
mais comme on en doit tout le fuccès à
Pépin, on ne peut les féparer de l’hiftoire de ce
minifire. Les François fe difpofoient à entrer en
Allemagne lorfque l’on reçut les premières nouvelles
de fa mort. Elle arriva le 15 avril 711 ; il
fut inhumé près de Clovis III, fon frère, dans l’é-
glifc de Saint-Étienne de Choify-fur-Oife , au deffus
de Compiegne, où il étoit tombé malade. Il laiffoit
un fils nommé Dagobert, dont Pépin, fuivant fa
politique, dégrada les fentimens pour le tenir dans
la dépendance. ' (Af--r.)
CHILDEBRAND fHifl. de France) , frère de
Charles-Martel, prince inconnu , dont il a plu au
fieur de Sainte-Garde, aumônier du r o i , de faire
le héros d'un poème épique , & à quelques gé-
néalogifies de faire la tige de la troifième race
de nos rois :
Qui de tant de héros va choifir Childebrand,
a dit Boileau. Le nom du fieur de Sainte-Garde
efi Charles Carel ; le titre de fcn poème : Childebrand,
ou les Sarrajins chajfcs de France. Ce poème a
eu trois éditions entrois ans, 1666, 1667 & iô6d.
CHILDERICI, quatrième roi de F/ance (Hijè.
de France) , fuccéda à Morouée, fon père, l’an 458..
C e prince aimable & voluptueux fut forcé de s’exiler
pour fe fouftraire au reffentiment de la nation,
dont il avoit violé les mcems, en corrompant les
femmes par la force, ou par l’attrait de la fédi ôion.
On ne fait fi cette révolution fut l’ouvrage d’une
délibération réfléchie ou d’un foulèvement fiibit,
ce qu’a n’étoit pas indifférent de connoître. Les
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pallions de Childeric ne le quittèrent point pendant
l'on exil, il fouilla la couche de Bazin, roi ae Thu-
ringe, qui l’avoit reçu à fa cour. Cependant là fidélité
de Viomade, fon miniftre ou fon favori, qui
l’avoit déjà délivré de la captivité où l’avoient retenu
les Huns, après qu’ils eurent chaffé Mérouée , fon
père, du territoire de Cologne, prépara le retour
de Childeriç : fon rétabliffement ne fe fit‘pas fans
effufion de, fang ; la nation s’étoit foumife à Gilon ,
prince qui avoit autant de valeur que d’expérience
dans l’art militaire ; Childeric courut de grands dangers
, fur-tout devant Paris, dont il fit le fiège. Il
étoit à peine paifible poffeffeur ide fes états, que
l’on vit arriver la femme du roi de Thuringe, qui
venoit lui offrir des faveurs dont il s’étoit montré
jaloux lorfqu’il étoit à la cour du roi, fon mari.-
« Si je connoiffois, lui dit cette princeffe , un
» homme plus généreux que toi, j’irois le trouver,
vt fût-il aux extrémités de la terre ». Childeric la
reçut, & ce fut de leur union que naquit Clovis,
oui porta fi haut la gloire du nom françois, & qui
fut vraiment le fondateur de notre monarchie. La
valeur de 'Childericqui l’avoit fi bien fervi contre
G ilo n , fut encore juftifiée par plufieurs vi&oires
for les Saxons qui menaçoient Angers, & fur les
Alain s nouvellement établis fur les bords de la
Loire : ceux-ci fubirent le joug des François, qui
fe mirent dèsTlors en poflemon de l’Anjou & de
l’Orléanois. On ne fait dans quelle vilie Childeric
établit le fiège de fa domination, peut-être n’eut-
il point d’endroit déterminé. Son tombeau fut découvert
à Tournai dans le dernier fiècle; on le
reconnut à un anneau d’or, fur lequel fon nom
étoit gravé en lettres romaines, autour de fon
effigie : cet anneau fe voit à la bibliothèque du
roi, avec les autres curiofités que renfermoit fon
tombeau. Childeric efi repréfentè avec une longue
chevelure & tenant un javelot de la main droite.
Le fquelette de fon cheval, que l ’on avoit enterré
avec lui, fuivant l’ufage des Francs, étoit peu
endommagé: on trouva parmi, les offemens du
cheval une petite tête de boeuf, d’or maflif, avec
ime quantité prodigieufe d’abeilles de même
métal, & couvertes d’émail en plufieurs endroits.
Lg mort de Childeric fe rapporte à l’an 481 ; il ,
avoit environ quarante-cinq ans, dont il avoit
régné vingt-trois à vingt-quatre: on ne lui connoît
que quatre enfans, C lovis, qui lui fuccéda, & trois
foies, Audeflède, Aboflède & Lantilde.{ A . R.)
C h i l d e r i c I I , quatorzième roi de
France , naquit l’an 652 , de Clovis I I &
de Batilde: il vécut fous la tutelle & fous l’empire
de Batilde, fa mère, jufqu’au temps de la retraite
de cette princeffe dans le monaftère de
Chelles, où elle entra en religion. Il avoit été
couronné roi d’Auftrafie ; mais on fait que les princes
de la première race, depuis Dagobert I ,
n’offrirent que des fantômes de royauté; aucun
ne parvint à un âge mûr, fans doute par la perfidie
des maires du palais, qui furent leurs tyrans
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plutôt qjie leurs miniftres. Childeric I I , qui n é -
toit pas d’un caraâère propre à répondre aux foins
de fainte Batilde, fa mère , devint^ l’efclave de
Yulfoade : ce maire le trouva tel qu’il le pou voit
defirer : on lui donna pour confeil un évêque
d’Autun, appellé Leger,dont Vulfoade hû fit un
devoir de fuiv.re les avis. Cependant la mefintei-
ligence qui fe mit entre ces deux miniftres détermina
le roi à tenter de fecouer le joug fous lequel
ils le tenoient; il relégua même Leger, fon confeil,
au-couvent de Luxeul, mais il ne lui fut pas
auffi.facile de rompre le joug de fon maire; ce
fut en partie par l’inftigation de ce miniftre qu il
maltraita plufieurs feigneurs: un d’entre eux, no1^"
mé Bodillon , l’affaffina, pour fe venger de ce qu il
l’avoit fait fuftiger : la reine Belichilde, fa femme,
ne fut point épargnée , ainfi que Dagobert, fon
fils ; tous trois périrent dans la meme heure, dans
le même maffacre. Vulfoade auroit eu le même
fort s’il ne s’étoit point fouftrait par la fuite aux
. coups des affaffins.
Le corps de Childeric I I , & celui de Belichilde,
furent portés dans l’abbaye de Saint-Germain-després:
un auteur a prétendu qu’ils furent .inhumés
à Rouen, dans l’églife de Saint-Pierre, aujourdI hui
f Saint-Ouen; mais en creufantles fondemens^d un
bâtiment qu’on vouloit élever dans l'églife de Saint-
! Germain-des-prés, en 1656, on découvrit deux
tombeaux de pierre qui fe joignoient, que de judicieux
critiques ont pris pour celui de ce prince
& de fa femme.. Dans le premier , on trouva le
corps d’un homme, avec quelques reftes d orne^
mens royaux, & cette infcription : Childr. rex ;
le fécond contenoit le corps d’une femme & celui
d’un enfant. i.
Childeric avoit régné onze ans, & il en avoit
environ vingt-trois. Outre fon fils , qui périt avec
lui, ,l’hiftoire lui en donne, un autre , appellé
Daniel; c’eft le même qui régna dans la fuite
fous le nom de Chilperic II. Q A . R.') .
C h i l d e r i c I I I , vingt-unième roi de
France. Le nom de Childetic neft point heureux
dans notre- hiftoire ; le premier fat exilé
ou plutôt chaffé du trône ; le fécond fut Raffine ;
le troifième, après avoir joué le plus trifte rôle •
ou plutôt après n’en avoir joué aucun, fut dégradé
& dépofé par les intrigues du pape Zacharie &
de Pepin-le-Bref, qui monta fur le trône: c*tw
étonnante révolution fe fit fans aucune enulion
de fang. Childeric, après avoir eu les cheveux
coupés, entra dans un monaftère que l’hiftoire ne
nomme pas; quelques-uns le plaignirent, aucun
n’ofa murmurer: Pépin étouffa toutes les vd»x
par la terreur, ou les ferma par des largelles.
Childeric fut fur le trône depuis lan 743 jufqua
l’an 752: on ne fait de qui il étoit fils; les uns
ont prétendu qu’il étoit fils de Clotaire I I I ,
d’autres lui donnent pour père Dagobert I I: une
troifième opinion e ft, qu’il étoit fils de Thierri de
Chelles; mais les meilleurs critiques affurent qu u