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ni foib^efles, ni vices : il n’eut que des vertus,
des talens infiniment au-deffus de Ton âge, &
les qualités les plus propres à illuftrer les princes.
Il avoit quatorze ans à peine , lorfque don Sanche
fon père lui tranfmit en mourant la fouverai-
neté de Caftille en 1022, fous la tutèle de dona
Elvire fa mère, & fous la proteélion de don
Sanche, roi de Navarre, fon oncle. On allure
que malgré fa jeuneffe, Garde 11 eut pu gouverner
feul, & qu’alors même fes fujets, ainfi
que les nations voifines, ay oient'pour lui l’admiration
la plus profonde & la plus méritée. Cependant
quelquéminentes que fuffent fes vertus, fon
élévation ne laiffa pas d’occafîonner des troubles,
par l’ambition de quelques fàétieux qui, méprisant
la jeuneffe de leur nouveau comte, entreprirent
d’exciter des foulevemens, & de fe rendre
indépendans. Le plus dangereux de ces rebelles
étoit don Ferdinand Guittierez, qui s’empara du
château de Monçon, arma fes partifans contre
le fouverain, & fe ligua fecrétement avec les
Infidèles. Le roi de Navarre informé de ces mou-
vemens, fe rendit, fuivi de l’élite de fes troupes,
auprès de fon neveu qui, avec un tel fecours,
marcha contre le perfide Guittierez, le battit,
difperfa les rebelles, & rendit le calme à l’état.
L e jeune comte de Caftille, auquel étoit promife
en mariage la princeffe dona Sanche , dont il
étoit éperdument amoureux, après avoir fixé le
jour, de fon mariage, informé de l’arrivée prochaine
de cétte princeffe, mais trop emprefle de
la voir pour attendre qu’elle fe fût rendue dans
les états, alla au devant d’elle, & entra dans
le royaume de Léon. Les trois comtes de Vêla,
anciens ennemis de la maifon de Garde, ne furent
pas plutôt inftruits de ce voyag e, qu’ils allèrent
au devant du comte, lui témoignèrent rattachement
le plus tendre, le zèle le plus v if & le
plus refpsélueux. Le jeune Garde avoit d’autant
moins de défiance, qu’il chériffoit l’aîné des trois
frères qui étoit fon parrain , & qu’il lui paroiffoit
très-naturel qu’ils marquaffent par cette fatisfac-
tion apparente l’envie qu’ils avoient de fe réconcilier
avec lui, puifque fon père avoit été leur
fouverain ; mais il fut cruellement détrompé par
celui même des trois comtes qu’il eftimoit le plus,
par fon parrain qui, s’étant avancé comme pour
lui baifer la main, le poignarda à l’inftant où don
Garde fe baiffoit pour l’embraffer : ainfi mourut
dès le commencement de fon règne ce jeune
comte de Caftille, l’objet chéri des efpérances
& des voeux de fes fujets. Don Sanche, roi de
Navarre , fon oncle & fon fucceffeur, vengea fa
mort, & .répandit le fang de fes lâches affaflins,
mais la punition de ces traîtres ne confola point
les Caftillans, qui relièrent long-temps fenfibles
à cette perte irréparable. ( L. C. )
G A R D E , ( Antoine Iscalin des Aymares
Ba r o n de la ) ( Hifi, de Fr, ) nommé d’abord
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le capitaine Paulin, &'long-temps connu fous ce'
nom, fut un aventurier illuftre, propre à la guerre,
propre aux affaires, & auquel il n’a manqué que
quelques conjonctures pour égaler la gloire du premier
des Sforces, à la carrière duquel la Tienne
reffemble à beaucoup d’égards. Né , élevé comme
lui, dans un petit bourg & chez des parens pauvres,
il les quitta , comme lu i, par un de ces coups de
hafard qui quelquefois déterminent un caractère &
décident du fort de la vie. Un fimple caporal, paffant
par le bourg de Paulin , lui trouva, autant qu’il
pouvoit en juger, de l’efprit & une phÿfionomie
heureufe ; il le demanda à fon père , offrant à
cet enfant la fortune qu’un caporal pouvoit lui
fane, c’eft-à-dire. de le prendre pour goujat; le
père ne voulant pas s’en priver, le refufa; mais
l’étoile du jeune Paulin en décida autrement. Le
goût des armes vint le faifir, il quitte fon père,
fuit le caporal, le fert deux ans en qualité de
goujat, devient arquebufier, enfeigne, lieutenant,
capitaine ; toujours brave, toujours diftingué par
les talens de la guerre dans tous ces emploic&ib-
alternes.
Guillaume du Bellay Langei, homme qui fe con-,
noiffoit en hommes & fur-tout en négociateurs,
démêla en lui de plus grands talens encore pour
la négociation. Lorfqu’en 1541 le marquis du Guaff
eût fait affafliner les ambaffadeurs françois Rincon
& Frégofe, dont l’un alloit négocier à Confiant
tinople & l’autre à Venife, & lorfque la guerre
eût recommencé à cette occafion, Langei annonça
Paulin à François I comme l'homme le plus propre
à braver les périls & à vaincre les difficultés de
ces deux délicates ambaffades. Les intrigues fecrètes
de l’empereur pénétroient jufqu’à la Porte & y,
pourfuivoient l’ambaffadeur françois; lé fier Sul-j
tan, Soliman I I , regardoit Paulin comme un artifan
de fraude qui venoit le tromper ; mais Paulin fut
employer avec tant de fupériorité les reffources de
la patience, de la pénétration, de la fermeté, de
l’a&ivité, de la vérité ; il parla fi éloquemment
il agit fi habilement, qu’il détruifit tous les préjugés
& diffipa tous les nuages. Il mit dans fes inter
rêts l’aga des Janiffaires ; il parvint enfin à fie faire
entendre ,. croire & goûrer de Soliman lui-même;
il eut avec lui des entretiens fréquens, il fe rendit
agréable, il devint prefque un favori ; enfin, il
obtint tout ce qu’il voulut. Barberouffe | ce grand
homme de mer de l’empire Ottoman, eut ordre de le
fuivre,delui obéir en tout, & de faire la guerre fui-
vant fesconfeils , c’eft-à-dire , en renonçant à cet
ufage barbare des Mahométans, de brûler, de
ravager tout fur les terres des Chrétiens , & de réduire
les prifonniers en efclavage: une flotte turque
de cent-dix galères, commandée par Baberouffe ,•
alla fe joindre à celle des François fur les côtes
de la Provence.
Paulin négocia auffi à Venife en allant à Conftan-*
tinople & en revenant; il profita de toutes lescîn-
confiances, de toutes les fçmences de divifion, qu’4
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trouva répandues entre la république de Veriîfe &
la maifon d’Autriche ; il ne tint pas à lui que les
Vénitiens n’entraffent dans une ligue avec les François
& les Turcs contre cette maifon.
C ’eft avec regret qu’on voit le baron de la Garde j
fi digne de s’illuftrer par d’autres exploits, jouer
un rôle dans l’affreufe expédition de Cabrières &
de Mérindol , en 1545. Il conduifit en Provence ,
contre les paifibles Vaudois , les troupes qui ve-
noient de combattre avec les Turcs contre des
chrétiens catholiques : il eut ordre d’obéir au premier
préfident d’Oppède, commandant des troupes
de la province. Ce magiftrat & l’avocat du roi
Guérin, étoient des tigres que le plus horrible carnage
ne pouvoit affouvir. Le baron de la Garde qui
avoit fait la guerre avec le corfaire Barberouffe &
avec fes turcs , admiroit la froide rage de ces
chrétiens, miniftres de juftice & de paix ; il n’avoit
jamais rien vu de femblable. Sous Henri I I , cet
affaffmat juridique fut la matière d’une caufe folem-
nelle, plaidée avec le plus grand éclat au parlement
de Paris pendant cinquante audiences. D’Oppède
plaida lui-même fa caufe & la gagna, quoiqu’il
n’alléguât que des raifons fanatiques pour juftifier
une conduite fanatique. Il prouva qu’il avoit failli
égorger tous les Vaudois, parce que Dieu avoit
ordonné .à Saiil d’exterminer tous les Amalécites.
Le baron de la Garde, pour la part qu’il avoit
eue à l’expédition de Cabrières & de Mérindol, fut
emprifonné pendant quelques mois ; l’avocat du
roi, Guérin, paya pour tous ; il fut pendu en 1554,
encore, dit-on, que ce fut pour des fauflètés & des
çoneuffions étrangères à l’affaire de Mérindol; car
les plus grands attentats contre la nature font
quelquefois les moins punis.
Le baron de la Garde étoit général des galères ,
on prétend même qu’il fut le premier en titre
d’office. Ses lettres, qui font du 23 avril 1544, lui
donnent le titre de chef & capitaine général ' de
T armée du Levant. On lui ôta deux fois le généraîat
des galères, une fois à propos dû procès de Cabrières
& de Mérindol'; mais fon innocence ayant été
reconnue , fa place lui fut rendue ; elle lui fut
encore ôtée en 15 5 7 , & ne lui fut rendue qu’en
1566: Il mourut en 1578. Il prenoit le nom de
la Garde s parce qu’il étoit^ né au village de la
Garde en Dauphiné.
Un autre la Garde, plus moderne , appartient,
fi l’on veut, à l’hiftoire littéraire; il fe nommoit
Philippe Bridard de la Garde ; c’étoit un protégé
de la marquife de Pompadour ; il étoit ’chargé, en
conféquènçe des fêtes particulières que Louis X V
donnoit dans fes appartenons. Il s’étoit chargé
auffi de la partie des fpeélacles dans le mercure ;
fes articles font encore curieux par l’importance
qu’il mettoit aux petites chofes & par l’emphafe
ridicule de fes.expreffions. Né à Paris en 17 10 ,
mort le 3 oélobre 1767,
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G a r d e des C o f f r e s ou T r é so r ie r de
L’E p a r g n e . ( Hiß . mod. ) C ’eft un des princi-
paux officiers dans la cour du roi d’Angleterre,
immédiatement après le contrôleur; lequel dans
la cour du tapis verd , & quelquefois ailleurs, a
la charge pu l’infpeélion particulière des autres
officiers de la maifon , afin qu’ils tiennent une-
bonne conduite, ou qu’ils faffent avec exaâitude
' les fondions de leurs offices : c’eft lui qui paye
leurs gages. Chambers. ( D . G. )
G a r d e s des F o ir e s , officiers établis dans
les foires pour eq,eonferver les franchifes-, 8c
juger des conteftations, en fait de commerce, fur-
venues pendant la durée de ces foires : on les
nomme plus ordinairement juges confervateurs.
( D . G. )
G a r d e d u sc e au p r iv é d'Angleterre. ( Hifi:
mod. ) C’eft un des grands officiers du royaume
& de la couronne britannique, & , en cette qualité,
l’nn des membres nés du confeil privé du
roi; fa charge amovible, comme la plupart des
autres de l’état, confifte à prendre connoiffance
de tous les a&es royaux qui portent, foit affran-
chiffémens, foit donations, foit gratifications, & c .
avant qu’ils paffent au grand fceau; & à faire
expédier , en muniffant fimplement du fceau
privé , les autres a&es de même nature, mais
de moindre importance, qui, émanant auffi du
roi, n’ont cependant pas befoin de paffer à la
grande chancellerie. L’on ignore de quelle ancienneté
eft cette charge, mais on fait qu’elle eft du
nombre de celles^qui peuvent être exercées par
commiffaires,'& que fon falaire annuel eft de
1,500 livres fterlings (D . G .) ■
G a r d e -RÖBÈ, {grand- maître de la) (Hiß. mod.)
Cette charge a été créée le 26 novembre 1669«
C’eft M. le duc de Liancourt qui la pofsède depuis
1783. Le grand-maître de la garde-robe prête
ferment de fidélité entre les mains. du ro i, &
le reçoit des autres officiers de la \ garde-robe.
Sa charge eft de faire faife & d’avoir foin des
habits:, dû linge, & de la chauffure du roi. Il
difpofe de toutes les hardes lofque le roi ne veut
plus s’en fert/ir. Le grand-maître de la garde-robe
donne la. chemife à fa majefté , en l’abfence des
princes du fang ou légitimés, du grand-chambellan
,. & des premiers gentilshommes de la
chambre. Le matin, quand le roi s’habille , il lui
met la camifolle, le cordon bleu, & le jufte-au-
corps. Quand fa majefté fe déshabille , il lui pré-;
fente la camifolle de nuit, le bonnet, le mouchoir,'
& lui demande quel habit il lui plaira de prendre
pour le lendemain., Les jours de grandes fêtes ,
le grand-maître de la garde-robe met au roi le
manteau & le collier de l’ordre , fait les fondions
de chambellan* & des deux premiers gentilshommes
de la chambre , en leur abfence. Il a
. fon appartement. Les jours d’audience aux âmbaf-
* fadeurs, il a place derrière le fauteuil de fa ma-
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