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Briflac avec deux mille hommes d’infanterie à
V itry , dont la fituation entre Châlons & Saint-Di-
zier pouvoir lui fournir des moyens de couper,
les vivres aux Impériaux, & tenir ceux-ci dans
la crainte d’être attaqués lorfqu’ils voudroient livre
r l ’affaut à Sainr-Dizier : Briffae s’acquitta de cette
corn million avec fes talens & Tes fuccès ordinaires.
Pofté à Vitry , il enleva li fouvent & li habilement
de grands convois aujc Impériaux , que
la difette fe fit fentir dans leur camp ; pour s en
garantir , ils réfolurent d’enlever Briffae lui-même
dans V itry , où il étoit impoflible qu’il fe défendît.
Une partie du détachement, ou plutôt de l’armée
, qu’ils envoyèrent pour cette expédition , alla i
droit à V it r y , une autre alla fe pofter fur le che- :
min de Vitry à Châlons, pour couper la retraite
à BriiTac ; mais forcé de la faire par l ’extrême
fupériorité des ennemis, il la fît avec autant de
courage que d’habileté , tournant tête à tous mo-
mens , & chargeant les Impériaux lorfqu’il fe fen-
to if prefle ; il fut pris deux fois dans cette occasion
, & reprit toutes les deux fois par les Tiens,
avec lefquels il parvint enfin jufqu’à Châlons.
A l’expédition de la terre d’O y e , en 1545 r Brif-
£ac conduifoit l’avant-garde ? il avoir fous fes ordres
la cavalerie légère & quelques compagnies
de gendarmes , de Tais commandoit l’infanterie
françoife ; ce furent cette infanterie & la troupe
de BriiTac qui- forcèrent feules k barrière. BriiTac
marcha d’abord vers un gros bourg, nommé Marq,
©11 les Anglois , qu’il s’agi ffoit de chalTer de la
terre d’O y e § entretenoient une garnifon ; fur la
route il rencontra un eorps.de deux mille Anglois;
la gendarmerie les- chargea far - le -champ & les
tailla en pièces. Alors le dégât fe fit fans aucun
©bftacle dans la tesre d’O y e , & les Anglois n’y
trouvèrent plus de quoi fubfifter-
Briffac fut fak chevalier de l’ordre du roi fous
Henri I I ; il fut fait grand martre de l’artillerie,
maréchal de France en 1550-, & gouverneur du
Piémont, où il fut relégué honorablement.
Son- ad'mînifiratîon dans ce pays eft à jamais
célèbre. Iî commença par y établir- la difeipline
militaire par dès traits de févérité 8c de fermeté
«lignes de l’hiftoire romaine. Un lieutenant d’une
compagnie de- cinquante hommes d’armes ayant
demandé un congé pour revenir^ en France , il
fut refufé ; H prit le parti de revenir fans, congé-;
BriiTac le fit non-feulement caffèr, mais déclarer
incapable de férvir, & dégrader de noblefle. La-
cour preffk Henri II d’infirmer ce- jugement ,
comme trop févère ; fe roi err écrivit à BriiTac ,
qui lut répondit: cefl à vous,fire, non a-moi, que
Tofiènfe a été- faite , Yeflà vous de la pardonner f i
;vous confient e-^ de faire ce tort à votre fiervice.
Au fiége de Vignol, dans fe Montferrat, Farinée
étant rangée en bataille pour monter à- l’af-
faut, un foldat, emporté par une valeur effrénée,
part fans attendre, fe fîgnal, sïéknce à. la brèche*
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tue ceux qui la défendent ; il eff promptement
fuivi & la place eft emportée : BriiTac affembfe
un confeil de guerre,, où le foldat eft condamné
à mort. II fait enfuite venir 1e foldat, & lui dit t
voilà la loi fatisfaite & Fin difeipline flétrie ; il faut
à préfent honorer la valeur : il lui mit au cou un«
chaîne d’o r , en le priant de la porter pour l’amour
de lut, lui fit donner un cheval 8c des armes , Sc,
le retint comme ion bravé pour combattre toujours
à fes côtés.
La fureur du duel faifoit dès ravages dans les»,
troupes du Piémont, le maréchal de BriiTac, après-
l ’avoir inutilement défendu , prit 1e parti de fe
permettre, à condition qu’il feroif public, &
qu’on fe bat-troit fur un pont fans garde -fous-
& fermé par les deux autres côtés, de maniéré'
qu’il fût impoflible de reculer fans tomber dans-
l’eaü.. Cette contrainte rendit fe duel plus rare.
Un courtifan éloigné eft toujours négligé : les
Guifes kiffoieqt manquer de tout l’armée du Piémont;
le maréchal de BriiTac en. écrivit au roi r
qui montra la lettre au duc de Guife. Un homme."
de confiance de ce duc vient feer été meut négocier
avec le maréchal, pour l'engager à dire que e’étolt
une furprife , que la lettre étoit d’un feerétaire, 8c
qu’il l’avoit fignée feus la lire (, obfervons qu’i l
eiï affez étonnant que le maréchal n’eut pas pris-
la peine d’écrire au roi , de fa main, une pareilfe
lettre). Je ne figue rien que je n aie lu,, répondit le maréchal
; ce rt étoit pas la peine de venir de f i loin me
propofier une baffe fie & une faufistl 7j ’ai mandé la
vérité au roi, j e La lui confirmeraidefl mon devoir;,
au refie je ne connois & ne veux avoir à ta cour d'autre
prateEleur que. lui :avec un il grand groteéteur, on
eft fouvent facrifié-
A la paix les troupes du Piémont furent réformées.
Ou- trouverons^ndus du-pain ?' dirent à- Brif-
fac fes foldats défefpérés ,• che{ moi , mes amis, 9
tant qu'il y en- aura, 8t il tinr parole;.
Les marchanda dii pays,., fur. là parole du général,,
avoient fait des avances à; l’armé e'on. ne^
les payoit pas ÿ ils repréfentent au maréchal Ta
détieffe où ils fe. font mis par refpeéï pour lui ;
le maréchal leur donne d’abord tout ce qu’il a ,,
puis il fes mène lui-même à. la cour & y plaide*
leur caufe ; on convient de leurs- droits, on les-
plaint , & on ne fait rien pour eux. Le maréchal
allait marier fa fille à k dot étoit prête ;. le maréchal
repréfente à fa femme 1a fituation de ces marchands
r feront-ils- ruihésfi, • dit-il-., pour avoir compté
fur les promefies du maréchal de. Brjfj'ac ?. Remettons
à un autre temps le mariage de. mafille,
La maréchale ( Charlotte d’Efqueiot )’ digne, d’uim
tel- mari, approuva , féconda ce projet avec tranf-
port ; avec Ta. dot 8 l d’autres fommes qu’ôn emprunta
, on,parvint, à. payer aux marchands la moitié
dë ce qui. leur étoit dur, on lèur donna des
fûretés pour le r.efte. Voilà certainement du. glus-
pur & du- plus parfait héroïfme^.
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Sous François II & Charles IX , les intérêts
de religion attachèrent le maréchal de Briflac à
la caufe des Guifes , auxquels il avoit précédemment
prouvé qu’il n’étôit pas un courtifan ordinaire.
L ’amiral de Coligny fut forcé de céder à Briflac
le gouvernement de Picardie.
Il faut convenir que ce fut le maréchal de Brif-
fac qui donna le confeil d’arrêter le prince de
Qondè,
Il concourut, en 1562, à reprendre le Havre-de-
Grace ; il remporta auflï quelques avantages fur les
huguenots. Il mourut le 31 décembre 15 63 , à 57 ans.
20. Le maréchal de Cofié ( Artus ) frère du précédent
, 8c Carnava.let, gouverneur du duc d’A n jou
( H enriIII), eurentfousle régnedeCharles IX,
un moment de crédit dont le fouvenir ne s’eft con-
fervé que dans une efpèce d’énigme en un vers
latin. Pour l’entendre , il faut favoir que le maréchal
de Cofié étoit feigneur de Gonnor ou Gon-
nord , 8c qu’il en portoit le nom ; il faut fuppo-
fer qu’on prononçoit Gonnor on Gon-nord , &
fe rappeller que le vieux mot ord, orde, auquel
fe rapporte celui- d’ordure , fignifioit fale , vilain ,
honteux, voici fe vers :
jNam nec habet fam u lum régnât eam cardins tu rp i.
• Car - n’a - valet - règne - avec - Gon - nord.
C ’eft de ce même maréchal de Cofié-Gonnor
que- Brantôme rapporte l’arrecdote fuivante.
« Le roi & la reine le firent furintendant des
» finances , où il ne fit pas mal fes affaires, & mieux
» que les miennes,, ce difoit-on : aufli fa femme,
» qui étoit ae k m abonde Puy-Greffier en Poitou,
» mal habile pourtant > & n étant jamais venue à
» k cour , finon quand il eut, cette charge de
fi finance r lorfqu’elle fit k révérence à k reine ,
» elfe remercia d’abord fa majeftè de l’intendance
» des finances qu’elle avoit donnée à fon mari r
»> car ma fo i, dit-elle ,nous-étions ruinés fans cela-,
» madame , car nous devions cent mille écus ;
n dieu merci, depuis un an nous en fommes ac-
» quittés., & fi avons gagné de plus de cent mille
n écus, pour achett r quelques belles terres. Qui rit
» là-deflùs? Ce fut la reine, & tous ceux qui
» étoient dans fa chambre , fans que fon mari,
» qui, bien fâché , dit affez bas qu’on l’ouïft : ah T
v par dieu , madame la folle| vous vuiderez d’ici,
» vous n’y viendrez jamais ; qu’au diable foit-elle !
v me voilà bien accouftré ; 1a reine l’ourft car II
» difoit fort bien le m o t, qui- en rit encore da-
» vantage. Dès le lendemain il lui fit plier fon
» paquet & vuider.
Gonnor fut fait maréchal de France en 1^67.
C ’étoit un des grands généraux du temps ; il fer-
v ir avec gloire dans fes guerres civiles contre les
huguenots; lorfque le duc d’A n jou, Henri, fut
fait généralifiime à feize ans, comme on vouloir
qu’il eut la gloire de vaincre ? on lui donna pour
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Iieutenans les meilleurs capitaines du temps, fur-
tout le maréchal de Cofié: ce fut ce maréchal qut
fut vainqueur à Montcontour fous 1e nom du duc
d’Anjou , & il fut battu fous fon propre nom à
Arnay - le - Duc. Il mourut le 15 janvier 1582*
30. Timoleon de Cofié, dit 1e comte de Briffacj*
fils du maréchal de Briflac, neveu du maréchal de
Cofié, héros précoce , tué à vingt-quatre ou 2£
ans,, en 1569, au fiège de Mucidan en Périgord.
Brantôme en fait un très-grand éloge. « Ce comte
n de Briffae, dit i l , a été l’un des plus parfaits 8c
» accomplis feigneurs que j’aie point vus en notre
n cour; je n’en ai guères vu qui en leur jeuneffe
» n’aient fait quelque tour de fottife ; mais jamais
» celui-là n’en a fait.... Fils d’un père illuftre , il
n s’étoit déjà fait par fa vertu un chemin aux
» plus grands honneurs &: aux plus hautes di-
» gnités ».
4°. Charles I I , forr frère, maréchal de France
8c gouverneur de Paris, fervit la ligue, & dutf
le gouvernement de Paris au duc de Mayenne»
Ce fut lui qui remit cette capitale à Henri I V ,
le 22 Mars 94»
Il fut fait cette année- maréchal de France, &
l’année fuivante , chevalier des ordres; en 1620 ,
Louis XIII érigea fa terre de Briffae en duchés
pairie. Il mourut eu 1621»
Le dernier maréchal de Briffae a foutenn la gloire
de fon nom par fes exploits, & s’eftdiftingué de
k cour par des ufages antiques qui fembloient 1*
parure naturelle de fon- air de chevalier & de héros
,8c par Toriginalité piquante d’un ftyle énergique
& pi-ttorefque, qui n’étoit qu’à lui,& qui rr’alloit
qu’à lui. Il a eu auflî le gouvernement de Paris j,
c’étoit, pour ainfi dire r remonter fur le trône dé
fes pères.
C ’eft M. fe duc de Briffae fon fils, qai a aujour--
d’hui ce gouvernement.
L’office de grand - pannetier eft depuis plufieurg-
fiècles dans k maifon de Cofié-Brifidc,
COSTà N ZO ( AnGelo ) {Hifl. lia. mod. ) , auteur
d’une hiftoire de Naples , dont il s’occupa;
cinquante-trois ans, & qui ne comprend pas deux
fiècles & demi, ne s’étendant que depuis 12 50,
jufqu’en 1 -48 9. On a de lui des vers italiens; il perfectionna
fe fonnet. Mort vers l’an 1590»
COSTÂR ( Pierre) tut. mod.'), connu
par fa défenfe de Voiture contre Girac, & par utï
recueil de lettres. Avec tout ce qu’il falloir pour
être un favant, il voulut être un bel-efprit & un
homme aimable il prétendit plaire aux femmes y
8c fe piqua de ce qu’on- appelloit alors galanterie r
une femme difoit qu’il étoit le plus galant des
pêdàus & le plus pédant des galàxrs du temps. Des
galans pédans, voilà ce que les beaux efprits com-
mençoient à être, auparavant ils n’étoient que
pédans. La galanterie & 1e ton cavalier , nuances