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furintendance des bâtimens. M. Fagon \ gui regar-
doit le jardin royal d’un côté comme fa patrie ,
de l’autre comme étàht devenu l’ouvrage de Tes
mains , fit réunir cette furintendance à la place de
premier médecin.
' Obligé, par fes emplois à la cour, d’abandonner
lès fondions de profeffeur en botanique & en chy»
tnie au jardin roy al, il les remit aux mains, les
plus capables de les remplir. « C’eft à lui qu’on a
» dû M. de Tournefort, dont il eût été jaloux s’il
m avoit pu l’être. »
Né le i i mai 1638 , il avoit été fait premier médecin
du roi en 1693. Il avoit été reçu honoraire à
l’académie des fciences en 1699.
Il mourut le 1 1 mars 17 18 , ayant fu , à force de
talens 8c de fobriété., prolonger jufqu’à près de
quatre-vingts ans, une carrière que la foibleffe
extrême de fon tempérament feinbloit condamner
à une extrême brièveté. Ikpouvoit, dit M. de
Foi’.tenelle, donner pour preuve de fon habileté ,
qu'il' vivoit.
Il laiffa deux fils : l’aîné fut évêque de Lombe2 ;
le fécond, confeiller d’état.
FAGO T . ( Hift. mod, ) L’ufage du fagot a
fubfifté en Angleterre autant de temps que la religion
romaine. S’il arrivent.à quelque hérétique
d’abjurer fon erreur & de rentrer dans le fein du
catholicifme , il lui étoit impofé de notifier à tout
le monde fa converfion par une marque qu’il por-
toit attachée à la manche de fon habit, jufqu’à
ce qu’il eût fatisfait à une efpèce de pénitence
publique affez fingulière ; c’étoit de promener un
fagot fur fon épaule dans quelques - unes des
grandes folemnités de i’ègüfe. Celui qui avoit
pris le fagot fur fa manche , & qui le quittoit, étoit
regàrdé comme un relaps & comme un apoftat.
{ A R . )
FAIEL ou FAYEL. Voye^ C o u c i.
F A IL , ( Noël du ) ( Hift. litt, mod, ) feigneur
de la Hériffaye, confeiller au parlement de Rennes
au feizième fiècle. Certains le&eurs, certains curieux
recherchent encore fes Contes' & 'Dijcours
d’Eutrapel, 8c fes Rufes de Ragot 9 réimprimées en
1732 fous le titre de Propos Ruftiques.
FA IL LE , ( G uillaume de l a ) {Hift. litt,
mod.') auteur des Annales de Touloufe & d’un Traité
de la noblèffe des capltouls, avocat du roi au préfi-
dial de Caftelnandari, fa patrie, fut fyndic de la
ville de Toffoufe en 1655 , & fecrétaire perpétuel
de l’académie des jeux floraux en 1694. Né en 1616 ;
mort en 1 7 1 1 , doyen des anciens capitopls.
FAKIR ou FAQ U IR , f. m. ( Hift. mod. ) efpèce
de dervis ou* religieux maliométan, qui court le
pays & vit d’aumônes.
F A K
Le mot fakir eft arabe , & fignifie un pauvre, ou
une perjonne qui eft dans l'indigence ,* il vient du
verbe Jakara , qui fignifie être pauvre-,
M. d’Herbelot prétend que fakir & derviche font
des termes fynonymes. Les Perfans & les Turcs
appellent derviche un pauvre en général, tant celui
qui l’eft par nécèffité, que celui qui l’eft par choix
& par profeflion. Les Arabes difent fakir dans le
même fens. De-là vient que dans quelques pays
mahométans les religieux font nommés derviches ,
8c qu’il y en a d’autres où oni les nomme fakirs ,
comme l’on fait particuliérement dans les états du
MogoL
Les fakirs vont quelquefois feuls & quelquefois
en troupe. Quand ils vont en troupe , ils ont un
chef ou un fupérieur, que l’on diftingue par fon
habit. Chaque fakir porte un c o r , dont il fonne
quand il arrive en quelque lieu 8c quand il en fort.
Ils ont aufli une efpèce de racloir ou truelle pour
racler la terre de l’endroit où ils s’affeyent & ou
ils fe couchent. Quand ils font eri bande, ils partagent
les aumônes qu’ils ont eues par égales parties
, donnent tous les foirs le refte aux pauvres ,
& ne réfervent rien pour le lendemain.
Il y a une autre efpèce de fakirs idolâtres, qui
mènent le même genre de vie. M. d’Herbelot rapporte
qu’il y a dans les Indes huit cent mille fakirs
mahométans , & douze cent mille idolâtres , fans
compter un grand nombre d’autres fakirs, dont la
pénitence & la mortification confifient dans des
obfervances très - pénibles. Quelques - uns , par
exemple, relient jour & nuit pendant plufieurs
années dans des poftures extrêmement gênantes ;
d’autres ne s’affeyent ni ne fe couchent jamais
pour dormir , & demeurent fufpendus à une corde
placée pour cet e ffe t; d’autres s’enferment neuf
ou dix jours dans une Jolie ou puits, fans manger
ni boire : les uns lèvent les bras au ciel fi longtemps,
qu’ils ne peuvent plus les baiffer lorfqü’ils
le veulent; lès autres fe brûlent les pieds jufqu’aux
os ; d’autres fe roulent tout nus fur les épines.
Tavernier, &c. O miferas hominum mentes ! On fe
rappelle ici ce beau paffage de Saint Auguliin :
Tanius eft perturbatoe mentis & fedïbus fuis pulfat
furor, ut fie diï placentur quemadmodùm ne homïnes
' quidem fc&viunt.
Une autre efpèce de fakirs dans les ïnces font des
jeunes gens pauvres, qui, pour devenir moulas ,
mollacs ou doéteurs, & avoir de quoi fubfilier , fe
retirent dans lesmofquées où ils vivent d’aumone,
& paffent le temps à étudier leur loi, à liré l’alco-.
ran, à l’apprendre par coeur, & à acquérir quelques
connoiffances des chofes naturelles.
Les fakirs mahométans confervent quelque
refte de pudeur, mais les idolâtres vont tout nus
comme les anciens gymnofophifles , & mènent
une vie très-débordèe. Le chef des premiers n’efl;
diflingué de fes difciples que par une robe compor
fée de plus de pièces de différentes couleurs * &. par,
F A L
tue chaîne de fer de la longueur de deux aunes |
qu’il traîne attachée à fa jambe. Dès qu’il eft arrivé 1
en quelque lied, il fait étendre quelque tapis à
terre , s’aflied deffus, & donrte audience à ceux
qui veulent le confulter : lq peuple l’écoute comme
un prophète, & fes difciples ne manquent pas de
le préconifer. Il y a aufti des fakirs qui marchent
avec un étendard, des lances & d’autres armes ;
& fur-tout les nobles qui prennent le parti de la
retraite , abandonnent rarement ces anciennes
marques de leur premier état. D ’Herbelot, biblioth,
orient, & Chambers, ( G )
F A L A C A , f. f. ( H ift . mo d, ) baftonnade que
l’on donne aux chrétiens captifs dans Alger. Le
F a la c a eft proprement une pièce de bois d’environ
cinq pieds de long, trouée ou entaillée en deux
endroits, par où l’on fait paffer les pieds du patient,
qui eft couché à terre fur le dos & lié
de cordes par les bras. Deux hommes le frappent
avec un bâton ou un nerf de boeuf fous la plante des
pieds, lui donnent quelquefois jufqu’à 50 ou 100
coups de ce nerf de boeuf, félon l’ordonnance du
patron & du juge, & fouvent pour une faute très-
légère. La rigueur des châtimens s’exerce dans tous
pays en raifon du defporifme. A n , d eM . le c h e v a lie r
DE J AU COU R T ,
FALC IDIUS, ( Hift. rom.) tribun du peuple,
auteur de la loi qui réferve aux héritiers légitimes
le quart des biens du teftateur, 8c qui s’appelle de
ion nom , la quarte Falcidie,
F A L C O N E T , ( C a m il l e ) { H i f t . l i t t . m o d . )
médecin célèbre , favant plus célèbre encore ,
naquit à Lyon le 29 mars 3671, & mourut à Paris,
lé 8 février 1762, ayant prefque achevé fa quatre-
vingt-onzième année, 8c ayant confervé jufqu’à
cet âge , non-feulement toute fa raifon & tout fon
efprit, mais encore beaucoup de feu & d’énergie,
& fur-tout cette générofité cofnmunicative qui
faifoit que fa bibliothèque, une des plus immenfes
& des plus complètes qu’aucun particulier ait jamais
poffédées, étoit autant aux autres qu’à lui. Ses
pères étoient, comme lu i, des médecins & des
favans illuftres, & remplirent, comme lui, une
longue carrière. Charles F a l c o n e t , fon biïaïeul,
né d’une famille honorable de la. ville d’Exiles en
Savoie, lieu trop connu depuis par !e trifte combat
où le chevalier de Belle-Ifle fe fit tuer en 1746,
etoit médecin de la reine Marguerite de Valois,
première femme de Henri IV. André F a l c o n e t , fon
aïeul, fixé à L y o n , eft fur-tout très-connu par fa
correfpondance avec Guy Patin, dont la plupart
<les lettres lui font adreffées. Il vécut foixante
& dix-neuf ans; fa femme en vécut quatre-
vingt - dix - neuf. Noël F a l c o n e t , père de Camille,
nxé a Paris, a vu fa quatre-vingt-neuvième année.
Camille , élevé d’abord à Lyon par fon aïeul
André > ne fut appellé à Paris, par Noël foà père
F A L
qu’en 1707. Il avoit été l’élève de Chirac, le compagnon
d’étude de Chicoyneau ; il fut l’ami des
Mallebranches, des Fontenelles, de tous les favans,
utile à tous par fes lumières & fes vaftes connoiffances
, cher à tous par fon caraftère communicatif
& bienfaifant. Il fut, bien avant dans ce fiècle, uir
beau monument, bien fain & bien entier, du fiècle
de Louis XIV. Il avoit été médecin de ce prince;
il avoit vu fes derniers momens ; il avoit vu les
courtifans paroître s’empreffer de lui donrer de
fauffes efpérances; mais ils les donnoient de mau-
vaife grâce, & comme des gens qui n’avoient pas
encore long-temps à le flatter. M. Falconet difoit
que le roi n’en étoit pas la dupe, & qu’un fouris
dédaigneux étoit le feul prix dont il payoit des
flatteries fi hautement démenties par fon état &
par l’arret de la deftinée. M. Falconet eut le bonheur
d’arracher à la mort, & peut-être aux plus
cruels tourmens, une de ces vi&imes qu’on s’em-
prefle d’immoler par des inhumations précipitées,
malgré les avis des plus fages médecins. Il alloit
voir un matin un de fes malades, qu’il avoit vu la
veille, au foir ; il le trouve enfeveli, & la garde
lui marque l’heure précife où elle l’avoitvti expirer,
pendant la nuit. M. Falconet Soupçonnant quelque
méprife, d’après le cara&ère même de la maladie,
fait remettre le malade dans fon lit, & lui admi-
niftre un remède fpiritueu^ qui le rappelle à la vie
& lui rend bientôt la fanté : c’eft le cas de la couronne
civique, ob civem fervatum, & on ne pent
trop i-appeller ces fortes d’exemples aux hommes
qui s’endorment dans une fécurité funefte fur les
fauffes apparences de mort. Il ne faut pas, dit-on ,
alarmer les efprits. Non^ii ne faut pas fans doute les
alarmer fans fujet, ou lorfqu’il n’y a aucun remède
poflible aux maux ©u aux dangers dont on les menace
; mais comme le remède à l’incertitude des fignes
de la mort eft d’attendre des fignes certains , il faut
publier fur les toits qu’on fe hâte trop d’enfevelir
les morts; il faut.infpirer une jufte pitié pour ces
malheureux abandonnés de l’univers entier, pouffant
en vain, du fond de leurs tombeaux, des cris
de défefpoir , qui ne parviennent point à la région
des vivans ; il faut infpirer aux vivans une terreur
falutaire de cette horrible deftinée.
M. Falconet peut être mis au rang des inventeurs
en médecine; ceft lui qui, le premier, a mis en
ufage, du moins à Paris, le caryocoftin , éleauaire
utile ; il a tiré aufli de l’ipécacuanha des reffources
nouvelles*
On n’a pas manqué de dire de lui ce qu’on ne
M m jamais de dire de tout médecin très-inftruit,
qu il^n etoit pas aufli praticien que favant ; ce qui
vaut toujours mieux que d’être grand praticien
ignorant. Un favant qui ne pratiqueroit pas, ou qui
pratiqueroit peu , feroit encore utile aux malades
en inftruifant les praticiens; mais, dans la vériié,
M. Falconet joignoit la pratique à la fcience, Ôc for-
tftioit l’une par l’autre.