
C ’eft contre lui que Nicole a écrit Tes imaginaires
ou vifionnfires , qui ayant irrité Racine, parce que
les poètes dramatiques y étoient traités d’empoi-
fonneurs publics , lui arrachèrent deux lettres que
l’auteur des provinciales n’auroit pas défavouées
& qui auroiënt pu leur fervir de contre-poids. On
dii'oit de Desmarets, que c étoit le plus fou des poètes,
& le -meilleur poète qu 'il y eût parmi les foux.
. Voyant un jour paffer la Mothe le Vayer dans
la gâlerie du Louvre , il s’écria : voila un homme
qui n a point de religion. Mon ami, lui répondit tranquillement
le V a y e r , fa i trop de religion, pour être
de la tienne,
On a de Roland Desmarets, fon frère, avocat
au parlement, des lettres latines qui ontparuàfa
mort, arrivée en 1655.
DESMARETS ( N ic o l a s ) ( Hiß. de Fr. ) ,
fucceffeur du miniftre Chamillard, dans l’admi-
niftration des. finances, étoit neveu de M. Colbert,
I l mourut en 1621. Le mémoire qu’il préfenta au
régent pour lui rendre compte de fon adminiftra-
t io ji, lui a fait un nom, & il eft du petit nombre
des minières, des finances que le public a regrettés:
Mort en 1721. •
DESMOLETS ( P ierre-Nic o l a s ) ( Hiß.lin.
ftiod. . )■ , bibliothécaire de là maifon dé l’Oratoire ,
rue S. Honoré, auteur de la continuation des me- '
moires de littérature de Sallengre , mort le 26
avril ^760, âgé de près-de quatre-vingt-trois ans,
s’étoit attaché particuliérement à l’hifioire littéraire,
étude convenable à un bibliothécaire.
DESNOYERS, Voye^ Su b l e t .
DESPAUTÈRE ( Je a n ) (H iß . litt. moi. )
grammairien flamand, célèbre. On a de lu i, fous le
titre de Commentarii grammatici, de bons livres élémentaires
latins de grammaire & de rhétorique,
dont ou a fait- des abrégés accommodés à l’uiage
dfesi collèges. Ses vers: techniques ont la commodité
de tous les vers, techniques, mais ils font
quelquefois d’une barbarie ridicule; telle eft , par
exemple, cette énumération des tr.ots de la
troifième déclinaifon, qui ont le génitif pluriel
en ium.
ponat famnïs ium , linter, caro , dos, uter , os , os , ,
Glis , faux , nix , nox , cor , lis , çps , quodque if nçia
donàt, &ç.
Molière dans la comtejfe i ’Efcariapias ,/s'eft
permis d’indiquer des poliffonneries dans la première
règle fur les genres :
Qmne vira foli , vg.
pçfpautère mourut à Confines en 15^0.
DESPORTES ( Ph il ip p e ) ( Hifl. litt. mod. fl %
abbé de Tiron , de Jofaphat, des Vaux de-Cernay »
de Bon-Port, d’Aurillac, chanoine de la Sainte-
Chapelle dé Paris, & parvenu à toute cette fortune •
eccléfiaftique par la poéfie, & par la poéfie amou-
rcufe & tendre. Il jouiffoit de dix mille écus de
rente , revenu, énorme pour le temps; le loifir de .
dix mille écus que s’eft fait Defportes par fes vers ,
difoit Balzac , eft un écueil contre lequel les efpé-
rancës de dix mille poètes fe font brifées. Ce fut
à la faveur de Charles IX & de HenriTII, qu’il
dut tous fes bénéfices. Après la mort de ce dernier
prince , il fe retira en Normandie, & c’efK
apparemment de cette retraite que madame Des*
houlières parle dans ces vers :
J'allçtis caphér.ma trille fle
Dans ces aima blés déferts, >*
OU , pour fa tendre maîtrefle ,
Defportes faifoit des vers.
Il ne refta pas inutile dans fon loifir. Il contribua
beaucoup au traité que l’amiral de Villars fit en
1594 avec Henri IV , par l’entremife de Sully t
& par cpnféquent à la réduction de la Normandie
fous l’obéiffancè de Henri. Sully loué beaucoup la
éconduite que Defportes Ont dans cette affaire. La
. langue a eu des obligations à Defportes ,^qu’on ne
lit plus aujourd’hui. II fa voit très-bien l’italien, &
il a tranfporté dans le françois des beautés empruntées
de cette langue. Sespoéfies étoient pleines
d’imitations des poètes italiens, comme celles de
Boileau font pleines d’imitations d’Horace & de
Juvénal. Ses envieux l’attaquèrent de ce côté là ;
! ^ on fit contre lui un livre Intitulé : la conformité des
I Mufes italiennes & françoifes, où on lui reprochoit
ces imitations comme des plagiats. Defportes s’ei*
faifoit gloire avec raifon , il ne reprocha qu’une
chofe au cenfeur, c’eft de- ne lui avoir pas fait
honneur d’un affez grand nombre de ces plagiats ,
faute de les avoir connus. » Q ue ne me faifoit-il
n part de fon deffein, difoit-il, je.lui ajirois fourni
» des mémoires. Perfonne ne fait mieux que moi
n tout ce que j’ai pris aux italiens & tout ce que
» j’ai réfolu de leur prendre encore ».
Defportes né à Chartres en 1546, mourut en
1606. Regnier, le fatyrique , étoit fon neveu. Il
avoit eu un frère ( Joachim Defportes ) qui avoit
fait une vie de Charles IX.
Un autre, D esportes -plus moderne ( Jean-
Baptifte Réné Poupée ).médecin à Saint Domingue,
& correfpondant de l’académie des fciences., s’eft
fait un nom par des livres & des établiffemens
utiles à l’humanité. On a de lui une Hifoire des '
maladies de S. Domingue, Un Traité des plantes,
ufuelles de VAmérique, avec une Pharmacopée ou
‘ recueil de Formules de tous les midiçamens Jimplès dit
. pays. Sa cjevife étoit' : non nobis, fed reïpublictz nati
■ fumus. Il mourut à S, Domingue le 15 février
1 7 4 8 , ,à quarante-trois ans, ayant fait un utile
emploi d’une fi courte vie. On lui doit le réta-
bliffement de l’hôpital du Cap , qu’il augmenta de
plus de 80 lits.
DESPRÉAUX. Voyei B o il e a u ,
DÉSTOUCHES. ( Voye^ N é r ic à u l t ).
DEUTERIE {Hifl. de Fr. ( Théodebert., fils
de Thierry I , &. petit-fils de Clovis, avoit répudié
Wifigarde , fille de Wachon, roi des Lombards
, pour époufer Deuterie, dame de Gabrières,
qui avoit un autre mari. On raconte de cette
femme, qu’étant devenue jaloufe de fa fille du
premier lit, pour qui Théodebert, prince efclave de
les paffions, paroiffoit prendre du goût, elle fit
atteler au char de cette fille , au lieu de boeufs,
deux taureaux indomptés , qui la précipitèrent de
deffus le pont de Verdun dans la Meufe. Deuterie \
en fut piinie par l’indignation publique , qui força
Théodebert de la répudier à fon tou r , & de re- j
prendre Wifigarde : mais Théodebalde, né de Deu- i
terie, & par conféquent bâtard adultérin, fuccéda
fans difficulté à Théodebert.
DEUXENIERS, f. m. pi. ( Hifloire moderne )
chez les Anglo - Taxons, étoient des: hommes évalués
à 200 fchelins. Ces hommes étoient de la
plus baffe claffe : car qu’eft-ce que 200 fchelins r
, &. lorfqu’on en avoit tué un, l’amende étoit de
trente fchelins , c’eft- à - dire , fix piaftres. Nous
lifOns dans les lois d’Henri I , qui vivoit au commencement
du douzième fiècle. de Twhindi homi- '
nis interfeHi wera debet reddi ' fecundum legem ce
font les paroles. Obfervez que ce n’étoit pas là
une loi nouvelle , mais la confirmation d’une loi
plus ariciennne faite fous le régne du roi Alfred
qui vivoit à la fin dû neuvième fiècle. Chambers
( G )
DEZALLIER, voyeç A r g e n v il l e . ( d’ )
DEY , fub. m. ( Hifl. mod. ) , prince fouvêrain ,
du royaume d’Alger , fous la proteélion du grand-
feigneur.
Vers le commencement du dix-feptième fiècle,
la milice turque , entretenue à Alger pour garder
ce royaume au nom du grand - feigneur, mécontente
du gouvernement des hachas qu’on lui en-
voyoit de Gonftantinople, obtint de la Porté la
.permiffivn d’élire parmi les guerriers qui èompo-
foient cette milice un homme de bon fens, de
bonnes moeûrs , de courage, & d’expérience, pour
les gouverner fous le nom de dey, fous la dépendance
du fultan , qui enverroit toujours un bacha
-à Alger pour veiller fur le gouverment, mais non
pour y préfider. Les mefintelligences fréquentes
entre les dey & les hachas ayant - aufé plufieurs
troubles, ,Ali Baba qui lut élu dey en 17.10 > obtint
de la Porte qu’il n’y aurait plus de hacha à Alger,
mais que le dey feroit revêtu de ce titre par le
grand-feigneur. Depuis ce temps-là le dey d’Alger
s’eft regardé comme prince fouvêrain, & comme
fimple allié du grand-feigneur, dont il ne reçoit
aucun ordre, mais feulement des capigis bachis
ou envoyés extraordinaires, lorfqu’il s’agit de
traiter de quelque affaire Le dey tient fa cour à
Alger ; fa domination s’étend fur-trois provinces
ou gouvernemens , lefquels font fous l’autorité de
trois beys eu gouverneurs généraux qui commandent
les armées. On lesdiftingue par les noms de
leurs gouvernemens , le bey du Levant, le bey du
Ponant, & le bey du Midi. Quoique le pouvoir foit
entre les mains du dey, il s’en-faut bien qu’il foit
abfoiu ; la milice y. forme un fénat redoutable,
qui peut deftituer le chef qu’elle a élu , & même
le tenir en prifon, dès qu’elle croit avoir des fu-
jets dé mécontentement de fa part. Emmanuel
d’Aranda en donne des exemples de faits qu’il.a
vus au temps de fa captivité. Ainfi le dey redouté
plus cette milice que le grand.-feigneur.
Le nom de dey fignifie en langue turque un onde
du côté maternel. La raifon qui a engagé la milice
-turque d’A lger à donner ce titre au chef de cet état,
c’eft qu’ils regardent.le grand-feignèur comme le
père , la république comme la mère des foldats ,
parce qu’elle les nourrit & les entretient , & le
dey comme le frère de la république , & par conféquent
comme l’oncle maternel de tous ceux qui
font fous fa domination.
Outre l ’âge , l ’expérience, & la valeur nécef-
fairés pour être élu dey , il faut encore être Turc
naturel, & avoir fait le voyage de Ja Mecque. Le
dey n’a ni gardes, ni train confidérâble ; il préfide
au divan ,& Tobéiffance qu’on lui rend eft ce qui
le diftingue le plus. Les Turcs l’appellent ordinairement
denletli, c’eft-à- dire, l’heureux, le fortuné.
Son fiége eft dans un angle de la falle du divan,
fur un banc de pierre élevé d’environ deux pieds
qui règne le long de trois côtés de cette falle. Il
y a au fi! à Tunis un officier nommé dey, qUj
commande la milice fous l’autorité du bacha. La
Martini'ere. Mém. du chevalier d’Arvieux (G).
D I A G O , f. m. ( Hifl. mod.), nom que l’on
donné dans l'ordre de Malrbè , à ceux qui fe présentent
pour être reçus au rang des chapelains , ce
qu’ils font à l’âge de huit ou neuf ans. On les appelle
suffi clercs conventuels, parce qu’ils fervent
dans le couvent cîe Majîhè depuis l’âge de dix ans
jtifqu à celui de quinze. Tour être admis, ils doivent
avoir une lettre ou patente du grand - maître de
l’ordre , qu’on nomme lettre de diaco. D iiï. de Trév.
& Chambers (G).
DÎÀDUMÉNIEN ( Hifl. rom, fl fils de l’empereur
Macrin, nommé Céfar à 1 o ans, tué un an
après avec fon père, -l’àh 2-i8fcde i’ère chrétienne.