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non d’une guerre, mais de cent guerres cîvïîes,
q u i, en aiguifant les efprits, accoutumèrent les
petits potentats italiens à l’affaffinat & à l’empoi-
fonnemenr.
. Boniface VIII ne fit qu’accroître le mal ; il
devint auffi cruel guelphe en devenant pape >
«ii’il avoit été violent gibelin pendant qu’il fut
limple particulier. On raconte à ce fujet, qu’un
premier jour de carême » donnant les cendres à un
archevêque de Gênes, il les lui jetta au nez, en
lui difant : u fou viens-toi que tu es gibelin, » au lieu
de lui dire : fouviens-toi que tu es homme.
Je ne fais fi beaucoup de curieux en matière
liîftorique, feront tentés de lire aujourd’hui dans
V illani, Sigonius, Ammirato, Biondo, ou autres
liiftortens, le détail des horreurs de ces deux
faisions ; mais les gens de goût liront toujours le
D ante : cet homme de génie, fi long-temps per- I
focuté pour avoir été gibelin, a exhalé dans fos
vers toute fa douleur fur les querelles de l’empire
& du facerdoce. ( D. J. )
GIBERT. ( Hijl. litt. moi S) Trois hommes de
la même famille ont rendu ce nom célèbre.
i° . Jean-Pierre, fa vaut eanonifte, eccléfiafiique
Irréprochable, avocat très-confulté , mais encore
plus défintéreffé, vécut & mourut pauvre en 1736,
ayant confiant ment refufé tous les bénéfices qui
lu i furent offerts. Ses inftitutions ecclèfiaftiques
& bénéficiâtes, fuivant les principes du droit
commun & les ufages de France ; fon corpus
juris canonici per régulas naturali ordine difpojîtas ;
ton hifloire de l’églije fur le facrement de mariage y
fos notes fur le traité de l’abus de Fevret, fur
le droit eccléfiaftique de Van Efpen, fur l’édit
de 169ç ; enfin, tous fes ouvrages fur la jurifpru-
dence caionique font très-eflimés & très-confuites.
Il étoit né à Aix en 1660.
Balthafar, fon coufin, né comme lui à
fA ix ( e n 16 6 2 ) , fut un célèbre profeflèur de
ahétorique dans l’univerfité de Paris ; il conférva
cinquante ans la même chaire au collège Maza-
ïin ; il fut reéteur & fyndic de l’uHiverfîté. En
1718 , à la mort de l’abbé Couture , on lui offrit
«ne chaire d'éloquence au collège royal ; il la
tefufa». En 1740 , il fut exilé à Auxerre pour avoir
formé oppofition à la révocation qu’on engagea
l ’univerfité à faire de fon appel dé la bulle Uni'
genitus, on l’envoyoit du moins chez: fes amis.
%. mourut en 1741 ,à Régennes , nraifon de campagne
de l’évêque d’Auxerre. Toutes ces belles
«aides d’exil & de perfécution ont paffé. Le jan-
fonifme, fource de l’intérêt qu’in fpiroient alors
M. Gibert & fes femblables, le janfénifine nelî
plus, x les lettres feules demeurent*.
Beaux Art»... A*.
Tout retombe
Pans la nuit de la tomîïfrj,
Itv.eus.kuls demeurez,.
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Si on fe fonvîent encore aujourd’hui | de M i
Gibert, c’efi parce qu’il a donné une rhétorique
qui a balancé quelque temps celle de M. Rollin *
& d’autres ouvrages eftimés fur la même matière*
Les favans difent qu’il étoit plus favant que M*
Rollin , mais 11 ne s’agit pas là de fcience, il’
s’agit d’efprit & de goût, & M. Rcdlin l’empor-;
toit inconteftablement à cet égard*
5°. Jofeph-Balthafar, de l’académie des belles-
lettres , neveu des deux précédens r favant di£~
tingué,. ami du paradoxe, fachant donner des
couleurs de vraifemblance aux fyflêmes qui pou-
voient paroître les plus étranges t ce fut la gloire
du doéte Fréret qu’il parut le plus ambitionnera
au milieu des débats littéraires qui s’élèvent
fouvent dans les affemblées particulières de 1 académie
, il ofa, jeuneüencore, lutter contre cet adver-
faire redoutable ; il fe plaifoit, comme lui,, dans les
épines de la chronologie. Il étoit affez favant pour
pouvoir quelquefois fe paffer de livres en traitant
des matières qui rendent le livres néceffaires ^.©lira
vuplufieurs fois, pêchant à la ligne dans la rivière
de Malesberbes , tromper l’ennui de cette occupation
par une application forte à de grands objets
d’érudition, & rapporter , au lieu de poiilons ,
de favantes differtations fur les points de chronologie
les plus difficiles Secrétaire de M. d’Agueffeait
de Flaintmont, avocat général: il lui arrivons
quelquefois ,.par diftraétion , d’inférer dans les extraits
des procès, des morceaux de differtations
fur des objets d’érudition. II eut le bonheur d être
attaché toute fa vie aux magiftrats les plus distingués
par leurs talens & leur favoir,. les d Aguel-
feaux , les d’Ormeffons , les Lamoignons * il fiit
fous M. de Malesherbes, Secrétaire de la librairie*
Il avoit de l’humeur, & félon les circonffances
& le degré des liaifons, les- uns en rioient, les
autres en foudroient, mais il étoit plein d honneur
, de vérité, de probité ; il fut infpirer de
rattachement & de l’intérêt à tous fes amisj,
ceux-ci, fans qui les en priât, travailloient utilement
à fa fortune , tandis qu’il s’égaroit dans les
profondeurs de la chronologie: il-efi rare quun»,
(avant foit occupé de foins domeftiques. I) relte
de M. Gibert des mémoires dans le recueil de-
l'académie ; focrétaire des pairs & infpeâèur da-
domaine, on a de lui aufii quelques mémoires
fur les matières domaniales & fut* des objets-
relatifs à la pairie. Il avoit entrepris de faire fur
Hérodote , ce que M. Larcher vient d’executer
avec fuccès. M. Gibert avoit été difcipîe de font
oncle le Rhéteur. Né le 17 février 1711 , il fut
mis en 17-2:8 , fous la direélion de ce maître
habile* Il mourut le 12 novembre 1771» dansum
temps où tou-, fes amis vivotent dans la difgracc
Sir 1,. . *1 /"î(» llll.
GIÉ ou GYÉ. CLe MARÉCHAL DE ) (. F o y e t
Rqhan,
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GTEZI, ( Hijl. fier. ) ferviteur d’Elifée, dont
,1 eft parlé au quatrième livre des rois, chapitres
4 &TGIGAULT.
( de BEU.EFONDS ) {B i f id e Fr.)
iNom d’une famille distinguée, dont étoient François
■ Girault, feignent de Frefvinières, tué -dans les
troubles de la ligue; le maréchal de Bellefonds,
fon petit-neveu, qui battit, le 12 mai 1684, le
sduc de Bournonville'aPôntiRayor en^Cathaiogne ,
& qui en 1692 , s’avança fur les côtes de Normandie
avec le roi Jacques I ï , pour tenter le
paffage dans les royaumes Britanniques , lorfqtie
Ja malheureufe affaire de la Hogue ruina nos efpé-
j-ances avec notre marine.
La même année il perdit le marquis de Belle-
fonds , ion fils , mort de blefiùres reçues à la
bataille de Steinkerque.
Le marquis de Bellefonds étoit Pere de l’archevêque
de Paris , ( Jacques-Bonne de Bellefonds )
que nous avons vu mourir le 20 juillet 1746,
ayant à peine occupé ce fiége pendant trois mois.
GILBERT , ( G a b r i e l ) {Hiß. litt, mod. ) fecrétaire
des commandemens de la reine Chrifiine 8c
fon réfident en France. Il étoit né françois, & il
avoit de fon temps une affez grande réputation parmi
les poètes françois; Chapelain & Ménage l’ont
lo u é , ce qui ne prouve pas qu’il faille le louer
aujourd’hui. On lit dans le Menagiana cette anecdote
fur Gilbert: « Il fit une comédie dont les vers
» étoient nn peu libres. Il la lut chez M. le duc
*> de Guife , en préfence de la reine Chrifiine à
ï> qui elle plaifoit fort.,.. M. Chapelain...., con-
ï> Ailtè le premier fur cette pièce.... en dit fon
*> avis le plus honnêtement qu’il put, mais d’une
v manière néanmoins qui fit connoître qu’il trou-
»> voit les vers de cette pièce un peu trop libres.
* La reine me demanda enfuite mon fentiment,
» je lui répondis en bon courrifan , que c’étoit
m une des belles comédies qui eût paru jufqu’alors.
» Cette princeffe , confeftie de mon approbation,
» me repartit : » « Je fuis bien aife, monfieur,
» qu’elle foit de votre goût, on peut s’en rapporter
» vous : mais pour votre monfieur Chapelain ,
» que c’eft un pauvre homme1, il voudroit que
»> tout fût pu celle. »
Cette hiftoire hous montre ce que c’étoit, dès
ce temps-là , que les leûures particulières, & combien
de motifs, étrangers au mérite de l’ouvrage,
influèrent fur le jugement des auditeurs.
M. de Voltaire a fait l’honneur à Gilbert Aq le
citer dans la lettre au marquis Maffei fur Mérope,
car ce Gilbert avoit fait auffi une Mérope. On peut I
croire que M. de Voltaire ne le loue pas. On a J
de ce Gilbert diverfes tragédies & comédies, entre I
autres, une tragédie d’Arrie & Poetus, où il efi I
plaifant de confidérer la manière dont cet homme j
traitoit le genre tragique en 1 6 5 9 , plus de dix |
ans après tous les chefs-d’oeuvre de Corneille, 8c i
G î t 7 ° 7
aix ans reniement avant les nhefe-d’oenvre àe
Racine. Néron s’amufe à faire difputer le hberon
Pétrone fon favori , avec le pédanr W e
précepteur, fur l’exiftence des theux & leur pr*x
vidence*
V i R o
Sénèque vient ici.
P É T R o n «•
11 marche d’un pas grave, & frpnce le fou«»
N é r o n à Sénèque-
Bourrois-tu éeviner t a quels iftopos nous fouîmes.
S £ N i ç O ÏI
C ’eft art n’eft pas un don qui fok commun aux homme« «*
Et le fecret des coeurs aux dieux efi réfervé,
N é r o n .
Notre entretien étoit & grand & relevé.
S É n è q v s .
Un prince qui régit fes deftins & les nôtres ,
Un maître des humains n’en doit point avoir d’autres....#
N é r o n .
De Pétrone obftiné je combattois l ’erreur;
C e difcipîe fameux <te l’aveugle Epicure »
-Soutient que le hafard préfide en la nature........
Sur les points importans & les plus curieux
Ce célèbre railleur a quelque ombre de doute.......W
S É n È q u R.
Le moins favant fait plus de doutes en un jour
Qu’un fage n’en réfout durant toute fa vie........*
P-étrone , parle donc , & de quoi doutes-tu.......»-
P é t r o n e .
S’ il efi là-haut des dieux , s'il eft une y e ru u
Je doute feulement de cette bagatelle.
S é n à q u e .
Si ton erreur eft grande, e lle n'eû pas nouvelle.
C ’eft ainfî que Pétrone a conftamment l’imperx
tinence d’un fa t, & Sénèque la pédanterie d un
for; mais on trouve de temps en temps des vers
heureux , tels que celui-ci-;
iM p r it voit l’ouvrist lorfque l'oeil voit l’ouvrage.
C ’eft fans doute, là un de ces bons vers dont
Chapelain dit que' les pièces de Gilbert etoient
pleines. . . , l
Gilbert dans fa vieille*: tomba dans la pauvreté ,
mais le contrôleur-général Hervart, qui aimoit
les lettres, le retira chez lu i , & H y mourut vers
l’an 1680. U »voit fait un poème de t un de
plaire.
GILBERT DE LA PORÉE , ( voye.c Porée )
( G i l b e r t d e l a )
G I LD A S , ( S axkt) { Hijl. ecclif.) ni k
Y v V V a