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déchira lui-même fes bleftnres. Ronfard adrefla line
ode à Jarnac fur fa viâoire. Il n’eft pas vrai que le
chagrin que Henri II conçut de la mort de fon favori
ait fait abolir alors les combats judiciaires. Il y en
a plufieurs exemples poftérieurs, dont quelques-uns
font du même règne.
Le duché de Rohan a paffé dans la maifon de
Chabot le mariage de Marguerite, duchefle de
Rohan, fille du fameux duc de Rohan, chef dès
Huguenots fous Louis XIII, & bleffé à "mort au
premier combat de Rheinfeld, du 28 février 1638,
avec Henri de Chabot, feigncür de Sainte-Aulâye,
gouverneur d’Anjou, tîefcendu de G uy de Chabot,
vainqueur de la Châteigneraye. Le mariage de Henri
de Ckabbt & de Marguerite de Rohan eft de 1645.
CHABRIAS, illuftre général athénien, remporta
une viâoire navale fur Pollis , général Lacédémonien;
envoyé enfui te au fecours des Thébains
contre ces mêmes Lacédémoniens , abandonné dans
utrcombat fur terre de fes infidèles alliés, n’ayant
plus de reflources que dans fa valeur & dans fa
bonne conduite, il fit voir qu’elles fuffifoient dans
les occafions les plus défefpérées ; il ordonne à fes
foldats de mettre un genou en terre,. de fe ferrer les
«ns contre les autres, de fe couvrir entièrement
de leurs boucliers 8c d’étenclre leurs piques en a van t ;-
ce rempart de fer qui ne préfentoit aucun endroit
foible, ne put être forcé ; Agéfilas » général des Lacédémoniens,
quoique réputé vainqueur, fe vit arrêté
au milieu de fon triomphe & obligé de fe retirer.
Les Athéniens fentirent le prix de cette manoeuvre
; ils en confacrèrent le fouvenir en érigeant à
Chabrias une ftatue, où il étoit repréfenté dans la
pofture qui ayoit enlevé la viâoire aux ennemis,
ou qui du moins la leur avoir rendue inutile. Chabrias
rétablit Neâenabo fur. le trône d’Egypte, & il alla
mourir au fiége de Chio, l’an 355 avant J. C.; fon
vaiffeau fut coulé à fond ; il eut pu l’abandonner
& fe fauver à la nage ; mais perfuadé que le général
de voit fur-tout donner l’exemple dans le moment
du péril, il jugea la fuite honteufe, & préféra la
mort. Il avoir une fi haute idée de l’influence d’un
général fur fon armée, & il avoit- une influence
fi heureufe fur les fiennes, qu’il difoit quunearmée
de cerfs commandée par unt lion battroit une armée de
lions commandée par un cerf.
} CH A B A CO U T , ou X A C A B O Ü T , comme on
l’écrit dans les Indes, fub. m. (Hiß. mod.) eft une
forte de religion qui s’eft répandue dans le Ton-
quin,. à la Chine, au Japon & à Siam. Xaca, qui
en eft l’auteur, y enfeigna la tranfmigration des
âmes, & a Aura qu’après cette vie il y .avoit des
lieux difterens pour punir les divers degrés de coupables,
jufqu’à ce qu’après avoir fatisfait chacun
félon l’énormité de fes péchés, ils ' retournaffent
à la vie , fans finir jamais de mourir ou de vivre;
mais que ceux qui fnivoient fa doârine’, après un
certain nombre de réfurreâions, ne revenoient plus,
& n’étoient plus fujets à ce changement. Pour lui
il ayouoit qu’il avoit été obligé de renaître dix fois,
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pour acquérir la gloire à laquelle il étoit parvenu ;
après quoi les Indiens font perfuadés qu’il fut méta-
morphofé en éléphant blanc. C’eft de-là que vient
le refpeâ que les peuples du Tonquin & de Siam
ont pour cet animal, dont la pofleflion même à
caufé une guerre cruelle dans les Indes. Quelques-
uns croyent que Xaca étoit Juif, ou du moins qu’il
s’étoit fervi des livres juifs. Aufli dans les dixcom-
mandemens qu’il avoit prefcrit^, il s’en trouve plufieurs
conformes à ceux du Décalogue, comme d’interdire
le meurtre, le larcin, les defirs déréglés
& autres.
Quant au temps où il a vécu, on le fait remonter
jufqu’au règne de Salomon r on a même conjeâuré
que ce pouvoit.bien être quelqu’un de ces miférables
que ce grand roichafla de fes états, & qu’il exila
dans le royaume. de Pégu pour y travailler aux
mines ; c’eft du moins une ancienne tradition du
pays. La doârine de cet impofteur fit d’abord de
; grands progrès dans le royaume de Siam ; & de-là
elle s’étendit à la Chine, au Japon , & aux autres
états, où les bonzes fe vantent d’être les difciples
desTalapoins, feâateurs de Xaca. Mais le royaume
de Siam n’eft plus aujourd’hui la fource de toutes
leurs fauftes doârines, puifque les Siamois mêmes
vont s’infiruire de la doârine de Xaca dans le
royaume de Laos, comme dans une univerfité. .
Tijfanier, jéfuite françois, relation de fon voyage.
Tavernier, voyages des Indes, ( A . R.)
CHAISE ( l a ) cathedra, des Romain^, étoit un
fiége fur lequel les femmes s’afleyoient & fe fai-
foient porter; il étoit rembourré & mou comme
les nôtres. Les valets deftinés à porter ces chaifes,
s’appeloient cathedrarïi. On donnoit encore à Rome
le nom de cathedra, chaife, auxfiégesqui fervoient
aux maîtres d’école. C ’eft de-là qu’a pàflé dans l’é-
glife le mot cathedra, qui fe dit du fiége de l’évêque ;
oc le mot cathédrale, qui défigne une puiflance ou
juridifâion. (A .R é )
C h a is e p e r c é e , (Hifl.-mod.) Chaife fur laquelle
on élève le pape nouvellement élu. Les Proteftans
ont fait fur cette cérémonie beaucoup de railleries
& de fatyres, toutes fondées fur l’hiftoire prétendue
de la papefte Jeanne; mais depuis que David Blondel,
un de leurs plus fameux écrivains, Bayle,
& même Jurieu, ont fait voir eux-mêmes à leurs
confrères la faufleté de cette hiftoriette, qui n’a-
voit pris naiflance que dans des temps d’ignorance,
où l’on n’examinoit pas les faits avec l’exaâirude
| fcrupuleufe que l’on a employée depuis près de
I deux fiècles dans la difculîion de l’hiftoire, ils font
1 plus réfervés fur la chaife percée dont il s’agit. L e
| P. Mabillon a donné dé cette cérémonie une rai-
| fon myftérieufe, & qui n’eft pas dénuée de vrai-
j femblance. On place , dit-il, le nouveau pape fur ce
fiége pour le faire fouvenir du néant des grandeurs,
en lui appliquant ces paroles du pf. cxijs Sufcl*
tans à terra inopem, & de flercore erigens paiiperém,
J ut collocet eum cum pxincipibus, cuin principibus populi .
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m ; ce qui eft fort différent de l’origine burlefque
& indécente que lui donnoient les Proteftans. fCr.)
Chaise (de la -) h W i eft le nom &
d’un ami de Port-Royal & d’un homme qui par
état en étoit l’ennemi. , HMH| . . ,
Le premier , Jean Filleau de la Chaife .fr f® ° e
Filleau de Saint-Martin,tradufteur de dom Quichotte
compofa fur les mémoires de. M.,de Tillemont,
une hiftoire de faim Louis. Cet ouvrage, protégé
par un parti puiffant,révéré, &quipluseft,opprime,
excita tant de curiof.té dans le public qu on fut
obligé de mettre des gardes chez le libraire les
premiers jours de la publication. Le parti oppofe a
Port-Roval, fit faire une autre hiftoire de faint
Louis par l’abbé de Choify qui , avec falegerete
ordinairel’ébaucha en trois femames. Cette fécondé
hiftoire éclipfa entièrement la première, & c eft la
feule fois qne les ennemis de MM. de Port-Royal
ayent eu l’avantage fur eux. Les Jefuiresf®
quésde refaire prefquetous les livres de Port-Roy a ,
ils n’ont fait par-là que redoubler. 1 empreffement
du public pour ces livres ; l’émulation n eft pas toujours
heureufe, ni l’envie toujpurs adroite.
‘ Le P. DE la Chaise (François) , eft le fécond
dont nous voulons parler. Il étoit petit-neveu
du fameux P. Cotton5 & fu t, comme lui, çon-
feffeur du roi; il le fut de Louis XIV a la place
du P. Ferrieren 1675. Il a eu, comme Augufte,
un Tibère pour fucceffeur, qui la fait regretter,
& dont la violence l’a fait paffer par cômparaifon
pour modéré. Nous avons vu cependant ( T oy‘ i
l’article C au e e t ,)qu’il donnoit quelquefois a Louis
XIV des confeils vio)ens &injuftes,&no.us voyons
dans une lettré de Boileau à Racme, quil iallut
négocier aveclui comme avec une puiflance K flatter
fa théologie defpotique, pourobtemr quel epitre fur
l’amour de Dieu pût paroître. Lorfqu unmoine,con-
feffeur du roi, a trop de crédit, le penitent eft foi-
b le , ou le diredeur trop habile. Les janfeniftes reprochoient
au P. de U Chaife du fafte P f fon“®1 &
l’enrichiflement de fa famille. Madame de Mainte-
non , qui le ménageoit & le craignoit, difoit qu il
avoit plus de talent pour le mal que pour le bien. Qbler-
vons que la révocation de l’édit de Nantes & les
dragonades font de fon temps, & nous pouvons
dire de fon règne. Il étoit honoraire de 1 academie
des inferiptions & belles-lettres, & c eft lapeut-etre
qu’il étoit le mieux placé. Il avoit le goût & la con-
noiffance des médailles ;il étoit né a Aix en forez
en 1624. Il mourut en 1709.
CHALAIS {Voyei T aleyrand.)
CHALCIDIUS (Hi/L lut, anc.), philofophe pla-
toniciendu 3^ fiècle, connu par un commentaire
eftimé fur le Timée de Platon.
CHALCONDYLE ( L a o n ic ) (Hifl. lin. mod.)
athénien du quinzième fiècle, ; auteur d une hif-
toire des Turcs: en grec , traduite en latin par
Claufer, en françois par Blaife Vigénère dont
la traduétion a été continuée par Mézerai.
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.Un autre C h a l c o n d y l e à peu-près-du même
temps, nommé Démétrius, fut un de ces Grecs
qui, après la prife de Conftantinople par Mahomet
I l , portèrent les lettres grecques en Italie.
On a de lni une grammaire grecque affez rare.
Il mourut à Rome en IS13.
CHALES ( C l a u d e -F r a n ç o is M il l e t d e )
( Hifl. lin. mod. ) jéfuite , né à Chambéry en 1621,
étoit mathématicien, fes fupérieurs vouloient qu’il
enfeignât la théologie ;le duc de Savoie décida qu’il
falloit qu’il lut mathématicien puifque la nature
l’avoit voulu. On a de lui un cours complet de
mathématiques en quatre vol. in-fol. en latin,
encore eftimé à quelques égards ; mort à Turin
en 1678.
CHALINIERE ( Jo se ph -F r a n ç o is . Sa n t d u
B o is d e l a ) {Hiß. litt, rnod.), chanoine d Angers
auteur des Conférences du. diocefe d Angers , yhr
la Grâce ; mort en 1759.
CHALONS , ( Princes d’OiiAtiGE ) Voyei
O r a n g e . .
CHALUCET (A r m a n d -Lo u is B o n n in de) ,
évêque de Toulon , contribua beaucoup à la dé-
fenfe de cette place , afliégêe en 1707 par le duc
de Savoie, il s’épuifa pour fournir aux aflïégés les
fecours néceffaires, il brava tous les périls, treize
bombes tombèrent lut fon palais, quelques-unes
même au coin de fon lit. La ville lui témoigna
fa reconnoiffance par un monument public & une
infeription honorable ; mort au mois d’aout 1712.
CHALV ET (M a t t h ie u de) , {Hifl. lia. mod.)
confeiller au parlement de^Touloufe, puis con-
feiller d’état fous Henri I V , mauvais traduSeur
des oeuvres’ de Sénèqué le philofophe ; mort à
Touloulè en 1707.
CHÂM ( Hifl. fier. ) fils de N o ém a u d it dans
fa race par fon père , pour lui avoir manqué de
refpeft, Genef. c. 9.
CHAMBRAY, ancienne maifon de N ormandie.
Voy. la F er t é -F r e sn e l ) .
Un autre C h a m b r a i , étranger à cette maifon,
( Roland Fréard , fieur de Chambrai , ) appartient
à l’hiftoire des, lettres & des arts par un
| Parallele de Varchitecture antique avec, la moderne ,
& par une traduction françoife du Traité de la
peinture de Leonard de Vincii il étoit parent &
j ami du fecrétaire d’état Defnoyers, & vivoit
I vers le. milieu du dix-feptième fiècle.
CHAMBRE ( C u r e a u d e l a ) {Hiß. Tut. mod.)
Marin Cureau de la Chambre& Pierre Cureau de la
! Chambre,fon fils, curé de S. Barthélemi à Paris, ont
j été l ’un & l’autre de l’académie françoife. Les
uns font de l’académie françoife parce qu’ils font
' connus ; les autres font connus parce qu’ils font
de l’académie françoife : Marin Cureau étoit aufli
de l’académie des fciences. il étoit médecin or-
j dinaire du roi; il a biffé quelques;ouvrages au-
j jourd’hui peu célèbres, les uns moraux, les au