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Quand on crée un comte en Angleterre, il eft
probable qu’on le ceint d’un glaive pour lignifier ,
par cette cérémonie, qu’il 'a'jurifdiétïon tur le pays
dont il porte le nom. Chambers. ( A , R. )
GOBE LIN , (.Gilles) {Hift. moi.) Teinturier
célèbre fous le règne de François premier, trouva
dit-on , le fecret de cette belle écarlate qui s’appelle
l’écarlate des Gobelins. Son nom eft relié auffi à la
maifon qu’il habitoit & à la rivière qui y paffe.
Sur l’abbé Gcbelin , confefl'eur • de madame de
Maintenon, 8c ffipéiieur de faint Cyr. {Voye^
l’article C oulanGES. )
GOB1E N , ( C harles le ) ( Hift. l'ut. moi. )
jéfuite, né à Saint-Malo, fecrétaire & procureur
des millions, auteur de l’hiftoire des lies Madones;
de plufieurs volumes des lettres édifiantes ; Au
troifième volume des nouveaux mémoires fur l’état
préfcnt dé la Chine du père le comte , qui contient
des lettres fur les progrès de la religion à la
Chine, & l’hifioire de l’édit de lempereur de la Chine,
en faveur de la religion chrétienne, avec des éclair-
cijfemens fur les ■honneurs que les Chinois rendent
à Confuciust Mort à Paris en 1708.
GO B IN E T, ( C h a r l e s ) {Hift. Utt. moi.)..
principal du collège du Pleffis, pieux inffituteur,
auteur des inflruéhons de la jeunefie, de Vinftruélionr
fur la pénitence S" la communion, Ass TinftruClitm
fur la manière d’étudier. Ces différentes inftmaions
étoient beaucoup lues autrefois dans les colleges,
fur-tout au collège du Pleffis. Mort en 1690.
GOBRIAS {Hift. anc.) ou GOBRYAS; feigneur
affyrien , qui vivoit du temps de Cyrus , environ
cinq fiècles & demi avant Jéfus-Chrift. Son
fils devoit époufer la fille du roi d’A ffyrie, & fa
fille devoit auffi époufer le fils du roi, l’héritier
du trône. Le fils de Gobrias étant a la chafle
avec le jeune prince qui devoit être doublement
fon beau-frère, eut le malheur d’être, plus
adroit que lui & de percer de fon dard la bête
que le prince avoit manquée; le prince plein
d’emportemént & d’orgueil, perce le fils de Gobrias
A’un coup de lance & le renverfe mort. Le
roi qui aurait pu & qui aurait dû punir fon
fils , vint à mourir vers le même temps & le
fils fut roi. La fille de Gobrias ne pouvant fou-
renir l’idée d’èpoufer le meurtrier de fon frère ,
vint avec fon père implorer la proteftion de
Gÿrus qui étoit alors dans le cours des fes conquêtes.
Gobrias s’étant attaché 'à ce prince , le
fuivit au fiége de Babylone où il commanda un
corps de troupes. Il entra depuis dans la conf-
piration des fept feigneurs perfes contre le faux
Smerdis , & ce fut lui qui ayant faifi le faux
Smerdis par le milieu du corps & le tenant étroi-;
tement ferré entre fes bras, dit à Darius, qui
n’qfoit frapper dans les ténèbre* de peur de tuer
Gobrias avec Smerdis : frappe au hajard de nous
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percer tous deux. Darius fut afîez heureux pour
ne tuer que le faux Smerdis. Darius fut roi r
( Y°ye{ fon article ) & parmi plufieurs entreprifes
injuftes qu’il forma , il réfolm de faire la guerre
au Scythes: ceux-ci envoyèrent un héraut lui
offrir un oifeau, une fouris, une grenouille &
cinq flèches* c’étoit à lui à deviner l’énigme.
Le langage hiéroglyphique fe prêroit à toutes les
interprétations , Darius en imagina une qui flat-
toit fon ambition & que fes flatteurs trouvèrent,
très-jufle. Il conclut que les Scythes lui livroient
la terre & l’e au, défignées par la fouris & la
grenouille; leur cavalerie qui avoit la légèreté
des oifeaux ; leurs armes enfin , & peut-être leurs
pérfonnes. Gobrias, foit qu’il entendît mieux le
langage allégorique , foit-qu’il connût mieux les
difpofitions des Scythes, donna une interprétation
bien contraire. Les Scythes, félon lu i, dt-
foient aux Perfes : « Si vous ne vous envolez
» dans l’air comme cet oifeau, fi vous ne vous
v cachez dans un trou comme cette fouris, *fi
v vous ne vous jettez dans l’eau comme cette
» grenouille, vous ne pourrez échapper à nos
« flèches. » Ce fut Gobrias qui devina jufte.
Un autre Gobrias, né perfan, étoit un des
quatre généraux d’Artaxerce Mnémon contre le
jeune Cyrus, à la bataille de Cunaxa.
G O D E AU , ( Antoine ) ( H iß li t t . mod. )
évêque de Graffe, puis de Vence, poète èftimé
de fon temps, mais qu’*n ne peut lire après les
Racine, les Rouffeau , les Voltaire, &c. H eft
principalement connu comme poète par fa traduction
des pfeaumes en vers françois & par divers
poèmes pour la plupart chrétiens ; il l’eft comme
profateur, par une hiftoire de Péglifè, depuis te
commencement du monde jufqu’à la fin du neuvième
fiècle, 8c par diverfes vies de pères de l’é-;'
glife & d’autres faims & illuftres perfonnages.
Le père Vavaffeur, jéfuite, a fait contre lui un
écrit intitulé : Godellus utrum poëta? Mort à Vence
en 1672,
Un autre Godeau, ( Michel ) profeffeur de
rhétorique au collège de Graflins, reéleur de
l’univerfité & curé de Saint-Corne à Paris, a
traduit en vers latins une partie des oeuvres dé
Boileau. Mort à Corbeil le 25 mars 1736.
GODEFROI ou GODEFROY , ( Hiß. de Fr. )
chef des Normands en France au neuvième fiècle.
Charles-les-Gros, ce malheureux roi, rayé de la
lifte des rois de la fécondé race & de celle des
rois de fon nom, engagea ce Godefroy dans unp
conférence, & s’y étant rendu le plus fort par
artifice, il le fit maffacrer avec tous les Normands
de fa fuite. En même temps Hugues,
bâtard de Lothaire I I , roi de ïaorraine, & de
Valdrade, difputoit la Lorraine à Charles-le-Gros:
il étoit toujours l’allié des Normands, fur les ïe*
cours defquels il fondoit l’efpérance d’être rétabli
dans
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ckns les états de fon père, & il étoit encore plus
particulièrement l’allié de Godefroy , auquel il
avoit donné fa foeur en mariage. Trompé comme
lu i, il vint trouver Charles fur fa parole, pour
conférer avec lui de fes intérêts ; Charles le fit
arrêter j & lui fit crever les yeux. On avoit perfuadé
à Charles qu’en fe défaifant ainfi des deux chgfs
des ennemis, il termineroit pour jamais la guerre;
& par cette violence perfide, il la fit renaître avec
plus de fureur que jamais. Les Normands coururent
à la vengeance ; leur jufte reffentiment ne
mit plus de bornes aux ravages : ce fut pour
venger Godefroy 8c Hugues qu’ils fe déterminèrent
à ce fameux fiège de Paris, foutenu avec tant
de confiance par Goffelin, évêque de cette ville,
par l’abbé Ebon fon neveu , oc fur-tout par le
vaillant comte Eudes, digne filsde Robert-le-For't.
GODEFROI DE BOUILLON. ( Hiß. de Fr. )
C ’eft ce fameux général de la premièrecroifadequi
prit, le 14 juin 1097, la ville de Nicée , qui réduifit
enfuite Antioche & plufieurs autres places, qui
affiégea Jérufalem le 9 juin 1099, 8c l’emporta
d’affaut le 15 juillet, qui en fut proclamé roi par
l ’armée viélorieufe, qui,” par une bataille fignalée
qu’il gagna contre le fultan d’Egypte, acheva la
conquête de prefque toute la terre-fainte ; qui
eut pour fucceffenr, dans le royaume de Jéiufaleni,
Baudouin, fon frère. Il mourut en 1100, & Baudouin
en 1118. Ils étoient fils d’Euftache II, comte
de Boulogne, & Euftache III leur frère continua
la poftérité, mais il ne la continua pas pour longtemps.
Il époufa la fille & la foeur de deux
rois d’Ecoffe , & fa fille unique fut reine d’Angleterre
, ayant époufé le roi Etienne. Elle mourut
en 1151. Godefroy poffédoit le duché de
Bouillon du chef de fa mère, ld e , fille de Geoffroy
d’Ardenne.
G odefroy eft aufll un nom confacré dans les
lettres.
i° . G odefroy de Viterbe, ainfi nommé du lieu
de fa naiffance, chapelain & fecrétaire des empereurs
Conrad I I I , Frédéric I & Henri V I , au
douzième' fiècle , eft auteur d’une chronique en
vers & en profe qu’il a intitulée : Panthéon, &
qui commence à Adam & finit en 1186.
20 Une famille entière de favans a illuftré ce
nom de Godefroi.
i(°. Denis Godefroi, jurifconfulte célèbre, fils
d’un confeiller au châtelet, naquit en 154 9,
vécut hors de fa patrie pour caufe de calvinifme
& mourut en 1622. On a de lui une multitude
d’ouvrages de droit, entre autres le corpus juris
civilis ; des notes fur les inftitutes, fur les loix
de Juftinien, fur les coutumes de France, une
differtation fur la nobleffe & quelques autres
articles de politique & de droit public. On a de
lui aufll quelques ouvrages de littérature; des
conjeéhires fur Sénèque, un recueil des anciens
grammairiens latins, &c.
Hißoire. Tome l f S e c o n d e p a rt1
G O D 71?
2*. Théodore & Jacques Godefroifils de Denis.
Théodore né à Genève en 1580, fe fit catholique,
fut confeiller d’état & mourut en 1649 à
Munfter, où il avoit été envoyé en qualité de
confeiller de l’ambaffade de France pour la paix
générale. Il eft l’auteur du cérémonial françois &
de plufieurs autres ouvrages qui fe rapportent au
même objet. Il a donné diverfes généalogies importantes
; celle de la maifon d’Autriche , des ducs
de Lorraine\ des comtes & ducs de Bar, des rois
de Portugal ; il a donné la relation de l’entrevue
de l’empereur-Charles IV & de Charles V I roi
de France ; du roi de France Charles V l ï , &
du roi d’Efpagne Ferdinand-le-Catholique. Il a
donné auffi des éditions favantes & eftimées d’où--
vrages importans pour notre hiftoire ; tels que
l’hifioire de Charles V I , par Jean-Juvenal des
Urfins; de Charles V I I I , par Jaligny 8c autres;
de Louis XII par Seyffel & d’Auton ; du cheva-
. lier Bayard ; du maréchal de Boucicaut ; d’Artus
I I I , duc de Bretagne.
Jacques Godefroi refta proteftant & vécut à
Genève , où il fut élevé aux premières charges
de la république. Il a un ouvrage intitulé \opuf-
cula varia juridica , politica , hiforica , critica. Ce
titre pourroit fervir de lifte générale de la multitude
de fes ouvrages. Nous diftinguerons feu-'
lement ici fon édition 8c fa traduélion de l’hîf-
toire eccléfiaftique de Philoftorge , & fon mercure
jéfuitique, ou recueil de pièces concernant les
jéfuites. Mort en 1652.
30. Un fécond Denis Godefroi, fils de Théodore
, qui fit réimprimer avec de nouveaux éclair-
ciflëmens, une partie des ouvrages publiés par
fon père, & qui continua, corrigea & augmenta
une hiftoire des officiers de la couronne, commencée
par le Feron. Né à Paris en 161 j . Mort
en 16 8 1 , à Lille, où il étoit direéleur & garde
de la chambre des comptes.
4Q. Jean, fon fils, lui fuccéda dans cette place,'
& dans fon goût particulier de littérature. On
lui doit les éditions des mémoires de Philippe de
Comines, du journal de Henri III.
Un troifième Denis Godefroi, fon frère, adonné une
édition de la fatyre Ménippée , & Jean en a donné
une fécondé. Jean mourut en 1732 ; Denis en 17 rg.
GODIN, (Hift. Utt. mod.) ( L o u i s ) de l’académie
des fciences, fut un de académiciens envoyé
au Pérou en 1735 , pour déterminer la figure de
la terre. Il s’attacha au fervice de l’Efpagne & accepta
en 1752 la place de direâeur de l’académie
des gardes-marine de Cadix, où il eft mort le
11 juillet 1760. Nous avons vu la relation inté-
reffante des maux & des dangers qu’éprouva fa
veuve à fon retour de l’Amérique. On a de M.
Godin cinq années de la connoiffance des temps;
la table des mémoires de l’académie des fciences ;
les machines approuvées par l’académie, 6 volu-.
1 mes in- 40,
X x x s