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France , Ü eût employé à des établiïTemens
utiles & durables , les. tréfors qu’il confuma
vainement à des conquêtes paflagères. Il mourut
en 1 3 7 7 , âgé'ide foixante-cinq ans. (Z. C.)
Edouard IV * fils de Richard, duc d’Y o rck ,
ufurpa la couronne d’Angleterre qui appartenoit
à Henri V I , de la maifon de Lahcafire. Deux
vj&oires. remportées fur celui-ci, afîurèrent fes
droits fans les légitimer.
(C e jugement fur les droits refpeâifs des maifons
de Lancaftre & d’Yorck eft injufte. C’étoient. les
Lancaftres qui étoient ufurpateurs. Ils étoient à la
vérité les aînés desYorcks , 8c d’après la loi falique-
& les ufages françois, leur droit eût été incon-,
tefiable, maisl’ufage. étoit favorable en Angleterre
à.la fucceflion. par les femmes. Or la branche d’Yorck;
defcendoit par les femmes & par la maifon de,
Mortemer du duc de Clarence,frère aîné du premier
duc de Lancaftre 8c du premier duc d’Yorck
ainfi la branche d’Y orck reprenoit de ce côté le
droit d’aînefle qu’elle n’avoit pas par elle-même. )
Ed ouard IV fe fit couronner en 1461. Telle
fut l’origine des guerres civiles entre les maifons
d’Yorck 8c de Lancaftre , qui firent de l’Angleterre
un vafte théâtre de carnage. Le célèbre comte
de Warwick, qui avoir fait monter Edouard tur
le trône , l’y maintenoit contre tous les efforts de
fes ennemis. Le monarque imprudent témoigna
peu de reconnoiffance d’un fi grand bienfait ; 8c
comme s’il eût craint de n’être pas affez maître,
s’il fembloit partager avec fon bienfaiteur une
autorité dont.il lui étoit redevable, il écarta ce
général de tous fes confeils ; & tandis qu’il avoit
envoyé Warwick négocier en France ,le mariage
de ce prince avec la foeur de la reine, époufe de
Louis X I , le roi devenu amoureux d’Èlifabeth
Woodwill, qui dédaigna d’être fa maîtrefle, fe
déterminoit à la couronner, & il eut fi peu de
confidération pour le comte & pour lacommiffion
dont il l’avoit chargé , qu’il fit ce mariage fans
lui en faire part. Warwick outragé s’en vengea
en ôtant à Edouard la couronne qu’il lui avoit
donnée. Henri V I , fort! de fa prifon, remonta fur
le trône. Il n’y refta pas long-temps. Edouard, fait
prifonnieren 1470, trouva le moyen de fe fauver,
s’affura de quelques amis, & ofa reparaître en
Angleterre avec une tranquillité afie&ee, feignant
de renoncera la couronne, & fe contentant du
titre de duc d’Yorck. Avec cette modération
apparente il pénétra jufqu’a Londres. Warwick
étoit abfent. Edouard avoit un fort parti, à la tête
duquel étoit le duc de Clarence fon frère ; il
connoifloit d’ailleurs l’efprit foible & pufillanime
de Henri. Les habitans de Londres lui en ouvrirent
les portes, & les partifans de Henri prirent la
fuite. Ce prince malheureux, jouet de la fortune,
repafla du trône dans .la tour, tandis que fon
rival reprenoit une fécondé fois fa place* E d o u a r d
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fortit de Londres avec une armée pour aller
combattre celle de Warwick. Il rencontra fes
ennemis près de Barnet, le 4 Avril 13 7 1 , les
attaqua , les vainquit ; & (on triomphe fut d’autant
plus complet que Warvick périt fur le champ de
bataille. Henri & fon fils furent égorgés par ordre
du vainqueur. Il n’épargna aucune des têtes qui
lui parurent fufpeéles. Prefque tous ceux qui*
avoient eu desjiaifons avec la maifon de Lancaftre
furent facrifiés à fa fureté. Le duc de Clarence fon
frère., celui-là même qui l’avoit fervi fi utilement
dans la derniere révolution , ne fut pas épargné-
Il avoit d’abord fuivi le parti de Henri, c’étoit afl'ez..
pour mériter la mort. Edouard ne lui la-ifla que
le choix de fon fupplice. II fut noyé dans uir
tonneau de malvoifie, comme il l’avoir defiré. A
ces 'cruautés , -Edouard joignit des débauches avi-
liflantes, & mourut fubitement peu après fon*
frère en 1483 , âgé de 41 ans (Z. Cï)
Edouard V , fils d'Edouard I F , n’avoit que
onze ans lorfqu’il monta fur le trône, & n e
l’occupa que deux mois, ayant été égorgé, av ec
fon frère Richard, par ordre du duc de Glocefter
leur oncle, qui ufurpa la couronne.(Z. C.)
Edouard V I , fils de Henri VIIÏ & de Jeanne,
de Seymour , fuccéda à fon père en 1547-
Quoiqu’il n’eût pas encore dix ans accomplis , m
donnoit les plus belles efpérances. L’amour de la
juftice fembloit né avec lui. Des traits de bienfai-
fance annonçoient en lui une ame tendre & fènfible..
Il fit des progrès fi rapides, & fi fort au-défias
de fon âge , dans l’étude des langues & des-
f c ie n c e s q u e le célèbre Cardan le regardoitr
comme un prodige de ce genre. Tant dé talent
& de fi heureufes difpofîtions furent malheureu-
fernent corrompus par fes miniftres, qui profitèrent,
de fon enfance pour contenter leuft vues ambi-
tieufes, & lui faire ratifier , au gré de leutr
méchanceté, des a&ions auxquelles fon coeur fe
refufoit. Il fit périr fur un échafaud fes deux,
oncles Edouard & Thomas Seymour, le fécond
par les infinuations du premier , 8c celui-ci par
les intrigues du comte de Warwick. ( Dudley, duc
de Northumberland, } l’archevêque Cranmer lui
arracha l’arrêt de mort de deux femmes prétendues
anabaptiftès, dont l’efprit foible plus que coupable.*
étoit plus digne de pitié que de rigueur- Le
fougueux prélat tes1'avoit condamnées au feu f;
Edouard refufoit de ligner l’ordre de leur fupplice.
Cranmer employa toute fon éloquence pour
obtenir le Confentement du prince; Édouard le-
donna en pleurant, & dit à l’archevêque : « Sit
v vous me faites commettre unemauvaife aélion,,
i » vous en répondrez devant Dieu » : paroles-
remarquables qui caraâérifent en même-temps^
l’ame compatiflante du jeune monarque & le
zèle barbare du prélat. Le comte de Warwick 8c
les apôtres de la réforme lui firent commettre une
i in juftice, en luiperfuadant d’exclure de la couronne
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(Tes deuxfceurs, Marie & Elifabéth, pourappeller
au trôné Jeanne Gray qui n’étoit qliè fa coufine,
mais qui avoit époufé le fils du comte de Warwick
; & ce comte, impatient de voir fa belle-
fille fur le trône, hâta la mort du roi par uni
poifon lent qui le cônduifit au tombeau en 1553,
avant qu’il eût exercé par lui-même l’autorité
Souveraine dont on abufoit fi indignement fous
ion nom. (Z. C.)
Edouard roi de Portugal, de Port.}
Succéda en 1433 à dom Juan qui s’étoit illuftré
ar de grandes a étions 8c de grandes qualités,
ils aîné de ce fouverain, Edouard, digne d’un
tel père, n’eut pas'été plutôt proclamé, que pour
éviter la pefte qui ravageoit Lisbonne, il fut
obligé de fe retirer à Sintra, jufqu’à ce que ce
fléau eût cefle d’exercer fes fureurs dans la capitale,
& il n’y rentra que pour dédommager, autant
qu’il dépendoit de lui, les habitans, des pertes
qu’ils avoient fou fiertés par la ceflation du travail.
Le roi alla enfuite à Leiria & à Santaren, où il
•convoqua les états généraux; ce fut dans cette
afiemblée nationale qu’il donna la plus haute idée
rde fon habileté dans l’art de gouverner, de fa
prudence & de la grande utilité de fes vues ;
chacune des provinces & prefque chacune des
villes du royaume avoit fes loix & fes coutumes
particulières, en forte qu’il n’y avoit point dans
l’état de jurifprudence fixe, ni rien d’afîuré dans
les droits des citoyens : les mêmes raifons qui
faifoient gagner un procès à Lisbonne, le faifoient
perdre à Leiria ou à Guimaraens, & la juftice qui
devrait être uniforme fur toute l’étendue de la
terre, varioit en Portugal, & dépendoit des lieux
qu’on habitoit. Edouard voulut qu’il n’y eût dans
le royaume qu’une coutume générale, une feule &
même règle , & les ordonnancés qu’il publia à ce
fujet l’ont beaucoup plus illuftré , que n’eufient pu
le faire les plus éclatantes viéloires. Il feroit bien à
défirer que cet exemple fût fuivi dans des états beaucoup
plus étendus que le Portugal, & oîi l’on fouffre
encore cette barbare & ridicule confufion de coutumes,
cette multiplicitéd’ufages oppofés entre eux,
.& qui jettent la plus grande incertitude fur la jurisprudence,
qui fouvent y paraît abfurde. Tandis
qu’on ne croyoit Edouard occupé que des moyens
de rendre fes fujets heureux & fon royaume
•flori fiant, il médiroit le plan d’une grande 8c
périlleufe entreprife ; ambitieux de fignaler fon
yègne par quelque conquête importante en Afrique",
il formoit le projet de s’emparer de Tanger qui,
s’il eût pu s’en rendre maître, eût afiiirè aux
Portugais la liberté du commerce le plus brillant
8c le plus étendu. Edouard fit part de fes vues au
confeil ; on décida unanimement que la conquête
de cette place feroit auffi glorieufe qu’utile : mais
les avis furent partagés fur les moyens d’exécuter-
ëetre entreprife ; les plus prudens voulurent que
ïç n ne tentât cette expédition qu’après avoir fait
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lés plus grands préparatifs, 8c avec une flotte nom-
breufe ■; les autres trop enivrés de la valeur & du
courage des Portugais, prétendirent qu’il fuffiroit
d’envoyer en Afrique un petit nombre de troupes
pour répandre la terreur dans toutes ces contrées,
&que Tanger, fans s’expofer à un fiége, fe hâteroit
d’ouvrir fes portes. Le roi eut le malheur de fuivre
ce dernier fentimeét, 8c l’on deftina pour cette
entreprife quatorze raillé hommes avec une flotte
proportionnée, dont ;le com/nandement fut confié
aux infàns don Henri & don-Ferdinand. Les préparatifs
de Cette expédition avoient été faits à la hâte,
8i les troupes s’étoient raflëmblées & embarquées fi
précipitamment, qu’arrivées à Ceuta, les infans
furent très-étonnés, lorfque faifant la revue de leur
petite armée, ils comptèrent à peine fept mille
hommes , au lieu de quatorze mille qui leur avoient
été promis. Cependant quelque foible que fût cette
troupe, elle marcha fièrement vers' Tanger dont
elle alla former le fiégé; les Maures alarmés, 8c
ignorant encore le véritable état de l’armée Porfu-
gaife, fe liguèrent pour la défenfe de Tanger, &
le roi de Fez, à la tête d’une armée très-nombreufe,
vint attaquer les afiiégeans dans leurs retranche-
mens ; les infans repoufsèrent d’abord les Maures ;
mais bientôt inveftis de toutes parts, renfermés
entre la ville & l’armée prefque innombrable du roi
de Fez, & ne voyant nul moyen de réfifter fi
l’on en venoit à une bataille , ils proposèrent au
roi de Fez de lui rendre Ceuta, à condition qu’il
permettroit aux Portugais dé fe rembarquer, &
qu’ils ne feraient point attaqués dans leur retraite.
Le roi de Fez pouvoir accabler les agrefleurs , &
s’il l’eût voulu il ne s?en feroit pas fauvé un feul;
cependant il fut aflez généreux pour accepter les
propofitions qui lui étoient faites*, '8c il exigea
feulement que l’un des deux infans refteroit en
otage jufqu’à la reftitution de Ceuta.: cette condition
fut acceptée : don Ferdinand refta parmi les
Maures, & don Henri, fe rembarquant avec les
troupes, retourna à Ceuta. Cependant le roi
Edouard, informé du petit nombre de foldats qui
étoient pafies en Afrique, fe hâta d’y envoyer
don Juan fon frère à la tête d’un renfort très-
confidérable, & ces nouvelles troupes arrivèrent
heureufement à Ceuta quelques jours après que ies
Portugais, retirés de devant Tanger , y étoient
rentrés. Ce fecours inattendu ranimant les efpé-
ranCes de don Henri, il oublia le traité qu’il avoit
eu le bonheur de conclure avec le roi de Fez, &
le danger auquel feroit évidemment expofé don
Ferdinand, & au lieu de reftituer Ceuta, il en
renouVella la garnifon, augmenta les fortifications,
remplit Jes magafins, 8c renvoya en Portugal fon
frère, avec les foldats malades & hors d’état de.
fervir. A leur entrée à Lisbonne, Edouard'informé
de tout ce qui s’étoit paflè en Afrique, afiembla
fon confeil-pour examiner fi l’on facrifieroit Ceuta
à la fois jurée par le traité de Tanger, ou fi l’on
facrifieroit à la pofiefiion de Ceuta l’infant don
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