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fur l'em p e r eu r . A b r ég é d e l 'h if lo i r e d ’A l l em a g n e , par i
M. Pfeffel. Cependant le pape, pour mettre Tes
prétendus droits à couvert, ne laifle pas d’envoyer
toujours un nonce pour aflifter de fa part à l’elec-
îion des empereurs : mais ce minière n’y eft regardé
que fur le même pied que ceux des puiffances
de l’Europe, qui ne font pour rien dans l’affaire
de l’éleétion. Ch a ries-Quint eft le dernier empereur
qui ait été couronné en Italie par le pape. L'em p e r
e u r , avant & après fon couronnement, fe qualifie
d ’ é lu em p ereu r d e s R om a in s , pour faire voir qu’il
ne doit point fa dignité à cette cérémonie, mais
aux fuffrages des éle&eurs.
L’ em pereur eft bien éloigné de pouvoir exercer
une autorité arbitraire & illimitée dans l’Empire,
il n’eft pas en droit d’y faire des lois : mais le
pouvoir légiflatif réfide dans tout l’Empire, dont
il n’eft que le repréfentant, & au nom duquel il
exerce les droits de la fouverainetè, j u r a m a j e f -
ia t ic a ; cependant, pour qu’une réfolution de l’Empire
ait force de lo i, il faut que le contentement
de Vempereur y mette le feeau. L’em p e r eu r , comme
tel ,n ’a aucun domaine ni revenu ; & lecafuel,
qui confifte en quelques contributions gratuites ,
eft très-peu de chofe* L'emp ereu r ne peut point
créer de nouveaux électeurs , ni de nouveaux états
de l’Empire ; il n’a point le droit de priver aucun desétats
de fes prérogatives, ni de difpofer d’aucun
des fiefs de l’Empire fans le contentement de tous
les autres états. Les états ne payent aueun tribut
à Y em p e r eu r ; dans le cas d’une guerre qui in térefle
tout l’Empire & qui a été entreprife de fon aveu ,
©n lui accorde les fommes néeeffaires r e’eft ce
qu’on appelle m o is r om a in s . L 'em p e r e u r -, comme tel,
ne peut faire ni guerre, ni paix, ni contracter
aucune alliance, fans.le contentement de l’Empire :
d’où l’on voit que l’autorité d’un empereur e f t très-
petite. Cependant, quand ils ont eu en propre de
vaftes états patrimoniaux qui leur mettoient la
force en main, ils ont fouvent méprifé les lois
qu’ils avoient juré d’obferver : mais ces exemples
font de fait, & non pas de droit.
Les droits particuliers de Y em pereur te nomment
r e je r v a ta Cæ/area : c’eft i 9. le droit des premières-
prières , j u s p r im w ia rum p r e c u m , qui- confifte dans
la nomination à un bénéfice de chaque collégiale r
2°. le droit de donner l’inveftiture des fiefs immédiats
de l’Empire : 30. celui d’accorder des fauf-
conduits lettres de légitimation, de naturalîfa-
tion , des difpénfes d’âge, des lettres de noblçfle,
de conférer des titres, &c. de fonder des univer-
fités r 40. *" d’accorder des droits d’étables j u s
f la p u l i , de péages, le droit de n on e v o c a n d o , de
n on a p p e l la n d o , &c. cependant ce pouvoir eft
encore limité.
Les empereurs ont prétendu avoir le droit -de
faire des rois : un auteur remarque fort bien,
que » ce ne feroit pas je moindre de tes droits ,
y s’il avoit encore celui de donner des royaumes ».
E N E
Les empereurs d’Allemagne1, pour innrer te»
anciens empereurs romain» aux droits defquels il»
prétendent avoir fuccédé, prennent le titre de;
CéJ'ar, d’011 le mot allemand K a y j e r paroît avoir
été dérivé. Ils prennent aufli celui d’A u g u f le J
fur quoi Guillaume I I I , roi d’Angleterre, difoif'
que le titre de f em p e r A u g u f lu s étoit celui qui
convenoit le mieux à Y empereur Léopold, attendu
que fes troupes n’étoient jamais prêtes à entrer
en campagne qu’au mois d’août. Il prend aufli le
titre d’in v in c ib le ,- de c h e f tem p or el d e la Chr étien té $
d?av ou é ou défendeur de ï E g l i f e , &c. En parlant
à l’empereur , on -l’appelle / ocrée majeflé: Il porte
dans fis armes un aigle à deux têtes; ce qui eft*
dit-on , un fymbole des deux empires- de Rom&
8c de Germanie. ( — — }
EMPIRICUS. ( F o y e i Sextus Empericus.):
ENÊE le Taâicien, (Æ n e a s T a c i t c u s ) { H i ß ,
l i t t . a n c . ) contemporain d’A riftore, un des plus*
anciens auteurs qui aient écrit fur l’art militaire r
doù lui vient ce furnom de T a f iic ie n . Nous avons dans»
l’édition de Polybe de 1609 in-fol. un des traité»
dYEnée en grec, publié par Cafaubon, avec une-
verfion latine. M. deBeaufobre l’a donné en françoi»
en 1757.
Ün autre écrivain du même nom, E n è e de Gaza y
{ E n e a s G a ry eu s ) philofophe platonicien & chrétien y,
vivoit dans le 5e fiècle fous l’empire de Zénon;»
il eft auteur d’un dialogue, intitulé : T héop h ra fle
©ù il traite de Timmortalité de Tarne & de 1»
réfurreélion des corps. Gafpard Barthius l’a traduis
& y a joint de lavantes notes».
ENFANS SANS SOÜCI, ( H i ß . m o d . ) { b c ï è t ë
fingulière formée à l’exemple de la mère folie 01#
infanterie Dijônnoife, vers les commencemens dis
règne de Charles V I , par quelques jeunes gens»
de famille qui joignaient à beaucoup d’éducation'
un. grand amour pour les plaifirs & les moyens de?
fe les procurer. Ces cireonftaiîces réunies, il ne
pouvoit manquer d’en naître quelque chofe d#
fpiriuiél ; aufli donnèrent-elles lien à l’idée badiné,,
mais morale, d’une 'principauté établie fur le»
défauts du genre humain, qne ces jeunes gens*
nommèrent-f o t t i f e , & dont l’un d’eux prit la qualité
de p r in c e . C e p r in c e d es f o i s o u d e la J o t t i f e , marchoit
avec une efpèce.de capuchon fur la tête & des
oreilles d’âne : il faifoit tous les ans une entrée
à Paris, fuivi de tous fes fujjets».
Cette plaifânterie , dit l’auteur t u théâtre fra n ço i's
étoit neuve, & les moyens qu'on employa pour
la faire connoître ne le furent pas moins. Noä-
philofophes enjoués inventèrent , mirent au jour,.
8c repréfentèrent eux-mêmes aux halles & fur des.
échafauds en place publique des pièces dramatiques/
qui portoient le nom de J o t t i f e , qui en effet
peignoient celles de la plupart des hommes» Ce
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Badinage pafla de la ville à la .cou r , & y fit
fortune. Les en fa n s f a n s f o u c i (car c’eft: ainfi qu’on
nomma ces jeunes gens ,lorfqu’ils parurent en public
) devinrent à la mode. Charles V I accorda au
p r in c e d e s fo t s des patentes, qui confirmèrent le titre
qu’il avoit reçu de fes camarades. Cette première
lociéré fe renferma dans de juftes bornes ; une
critique fenfée & fans aigreur conftitua lé fond
des pièces qu’elle donna , mais cette fage attention
eut une courte durée. La guerre civile qui s’alluma
en France, & dont Paris reflentit les plus cruels'
effets, occafionna du relâchement dans la conduite
des en fa n s f a n s f o u c i , & pette fociété devint celle
de tous les fainéans, 8c de tous les libertins de
la ville.
Le prince des fots donna la permiflion aux
clercs de la Bazoche de jouer des f o t i e s o u f o t t i f e s ,
& en échange il reçut d’eux celle de repré-
fenter d es fa r c e s & m o ra lité s ; cet arrangement en
fit faire uft autre avec les confrères d e la p à jjio n ,
q u i, pour foutenir leurs fpeâacles dont le public
commençoit à te lafler, aftbciêrent à leurs jeux
le prince des fots 8c fes fujets. Leur chef avoit
©ne loge diftinguée à l’hôtel de Bourgogne, pour
y aflifter aux repréfentâtions des pièces de théâtre
qui étoient données par les confrères de la paflion,
acquéreurs de l’hôtel de Bourgogne. Des comédiens
étrangers voulant donner de la vogue à leurs jeux,
s’aflbeièrent aufli les en fa n s f a n s f o u c i . Ils ne prirent
le nom de com éd iens que par lafuitè, 8c lorfqu’ils
furent en poflèflion de l’hôtel de Bourgogne.
Les pièces des en fa n s f a n s f o u c i étoient publiées
par une efpèce de c r i ou annonce en vers que
faifoit publiquement la mère f o t t e , fécondéperfonne
ffe la principauté de la fottife. Celui qui remplif-
foit cet emploi, étoit chargé du détail des jeux
repréfentés par les en fa n s f a n s f o u c i , 8c de l’entrée
que le prince des fots faifoit tous les ans à Paris.
On peut voir dans Y H i f lo ir e d u th éâ tre f r a n ç a i s ,
un de ces cris ou annonces, avec l’extrait d’une
f o t t i f e à huit perfonnages aflez ingénieufe pour
le temps ( 15 r i . ) Les en fa n s f a n s f o u c i profitaient
de la prote&ion que le bon roi Louis XII accorda
aux théâtres, en leur permettant de reprendre
librement les défauts de tout le monde, fans vouloir
être excepté ; on y trouve un trait de fatyre
contre ce prince qui lui fait beaucoup d’honneur,
puifqu’on y traite d’avarice la jufte économie avec
laquelle il mépageoit les financés de fon royaume ;
& que les meilleurs princes, comme Henri I V ,
©nt toujours préférée aux prodigalités 8c aux
dépenfes fuperflues. { M . B e g u i l l e t . )
ENFORESTER, ( H i f l . a n c ien n e & mod e rn e .')
fuivant l’ufage d’Angleterre, c’eft mettre une terre
<en forêt royale.
En cefens, en fo r e f le r , eft oppofé à d èfenforefier.
I Guillaume le conquérant 8c fes fucceffeurs con-
(ipuèrent, pendajn plufiçurs règnes, â ’ e n fo r e fe r lQ s
E N G 4 4?
terres de leurs fujets ; jufqu’à ce qu’enfin laléfion
devint fi notoire 8c fl univerfelle, que toute la
nation demanda qu’on remît les chofes dans l’état
où elles étoient dans l’origine, ce qui fut enfin
accordé, 8c en conféquence il y eut des commifi
faires nommés pour faire la vifite 8c l’arpentage
des terres nouvellement en fo r e flé e s , defquelles on
reftitua le libre nfage aux propriétaires, & ces
terres défenforeftées furent appellées p u r l i e u x •
Cham ber s. (G )
ENGLECERIE , qu’on devroit écrire A n g l e -
cerie, f. f. { H i f l . ' ) , terme fort fignificatif chez les
anciens. Anglois, quoiqu’à prêtent il ne foit guère
en ufage :. il fignifioit proprement la qualité qu’un
homme avoit d’être anglois.
Autrefois, quand un homme étoit tué ou aflafliné
enfecret, on lerépùtoit/ra/zag£/z/ (ce qui compre-
noit toutes fortes d’étrangers, 8c particulièrement
les Danois) ; cette imputation lubfiftoit jufqu’à
ce que l’on eût .prouvé fon e n g le c e r ie , c’eft-à-dire
jufqu’à ce que l’on eût démontré qu’on étoit naturel
Anglois.
Voici l’origine de cette coutume. Le roi Canut
ayant conquis l’Angleterre, renvoya, à la requête
des nobles, fon armée en Danemarck, 8c neréferva
qu’une garde de Danois pour fa perfonne : il fit
une loi qui portoit que, fi un Anglois tuoit un
Danois, on lui feroit fon procès comme à un
meurtrier ; ou s’il arrivoit que le meurtrier prit
la fuite , le village où fe feroit commis le meurtre
feroit obligé de payer à l’échiquier 66 marcs.'
Suivant cette lo i, toutes les fois qu’il fe commet-
toitquelque meurtre, il falloir prouver que l’hoin me
aflafliné étoit Anglois, afin que le village ne fût
pas chargé de l’amende des 66 marcs. (A r t. refté.)
ENGUIEN, { H i f l . d e F r . ) nom de divers princes
delà maifon de France, de la branche de Bourbon.
( V o y e^ furie comte d’Enguien F r a n ç o i s , les articles
B a r b e r o u jf e , pag, 540, col ire. B o r n iè r e s , pag. 690 8c
6 9 1 ,8c C on d è. Et fur le duc d’Enguien J e a n , le
même article C o n d è ; le nom d ’E n g u ie n eft refté
propre depuis à la branche de C ou d é.
ENNIUS.. ( Q uintus) { H i f l . l in . a n c . ) C’eft
le Ronfard des Romains, c’eft-à-dire un poète, dur
8cfauvage, précurfeur de la bonne poëfie : comme
Ronfard il eut une très-grande réputation. Horace
qui n’étoit, ni dupe des réputations , ni efclave de
l’autorité, fe moque de ceux dont Penthoufiame alloit
jufqu’à comparer Ennius à Homère :
E n n iu s & fapieng St fo r t is & a lte r H o rn em s ,
U t critici dicunt•
Il s’en moque fans doute encore plus lorfqu'a-
pfès avoii -cité Homèf e commeun poète, convaincu
Kk k s