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Alpaide voit naître Emma, & lui tient lieu de
mère après la mort d’Hiidegarde. Emma parut
avoir de la difpofition pour les bellesdettres,Eginard
y excelioit' ; il fut choifi pour être fon inftituteur,
il avoit dix ans de plus qu’elle ; leur hiftoire dès
ce moment, eft, chez les romanciers, celle d’Héloïfe
& d’Abailard.
Mais rentrons dans la vérité ; Eginard eft pour
Charlemagne en partie ce que Joinville a été pour
faint Louis, & Philippe de Comines pour Louis X I ,
excepté qu’il a écrit en latin & avec moins d’étendue'.
Son ftyle eft plus pur que. celui de Charlemagne
& des autres auteurs contemporains ; ce
qui a fait croire à quelques favans que fon
hiftoire avoit été retouchée après coup par les
éditeurs.
M.Schmincke, le meilleur de ces éditeurs, impute
à Eginard d’avoir cherché avec affeâation non-
feulement à imiter Suétone' dans le fty le , mais
même à le copier dans les faits.
EGINETE. Voyei Paul Eginete.
E G L Y , (C harles-Philippe de Montenault)d’
(Hifl. li'tt, mod.) de l’académie des belles-lettres ,
auteur d’une hiftoire des'rois des deux Sieiles, de
la maifon de France, & traducteur en profe delà
Càllipêdie ou la manière d’avoir de beaux enfans,
poème latin de Claude Quillet«.M. d’E gly travailla
Ion g-temps au Journal de Verdun; né à Paris en
1696 , mort en 1749.
EGMONT ouEGMOND. ( Hifl. mod.) C ’eft le
nom d’une des principales maîfons de Hollande
à laquelle le bourg d’Egmond a donné fon nom.
On la trouve dans l’hiftoire dès le commencement
du huitième ftècle.
De cette maifon é-toîent Arnoul & Adolphe,
ducs de Gueldres ; ce dernier n’eft que trop connu
dans l’hiftoire. Ennuyé de la longue vie de fon
père, qui gouvernoit depuis quarante-quatre ans,
il avoit confpiré contre lu i, l’avoir dépouillé de fes
états & enfermé dans un cachot dont ce malheureux
père n’étoit forti qu’au bout de fix mois, par
l ’entremife du pape Sixte IV & de l’empereur
Frédéric III, qui nommèrent le duc de Bourgogne
Charles le téméraire juge entre le père & le fils.
Les parties ayant comparu devant le duc de Bourgogne,
le vieux père défefpéré offrit le combat à
fon fils, qui Falloir accepter fans le duc de Bourgogne;
celui-ci ne fut que trop favorable à ce fils
dénaturé dont il étoit allié. En. effet, ces deux
princes étoient beaux-frères, le duc de Bourgogne
ayant époufé Ifabelle, & le jeune duc de Gueldres
Catherine, toutes deux filles de Charles I , duc de
Bourbon. Charles le téméraire fit confentir le père
à fe démettre de fes états, moyennant une penfion
de fix mille florins. Quand Comines porta cette
propofition au fils ; flaimerois m ieu x , répondit ce
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barbare, l’avoir jeté dans un puits. Il y a quarante-
quatre ans qu’il règne, n’efl-ilpas temps 0que je règne
à mon tour ? Une rage fi forcenée révolta le duc
de Bourgogne , q uy l’ayant fait arrêter & enfermer
dans le château, foit de Namur, foit de Courtrai,
foit de @and, (car il y a des autorités pour chacun
de ces trois endroits) profita de la donation que
le vieux duc lui fit à lui-même de fes états.
Les Gantois, révoltés après la mort de Charles
le téméraire contre Marie de Bourgogne fa fille,,
tirèrent le duc Adolphe de fa prifon pour lui faire
epoufer Marie, quoiqu’il fut veuf de fa tante; mais
ils voulurent que le duc de Gueldres méritât, par
quelque fervice important, l’honneur qu’ils préten-
doient lui procurer. Ils le chargèrent de reprendre
Tournai que Louis XI venoit d’enlever à Marie*
Tout fembla d’abord lui réuflir : il attaqua les
fauxbourgs , les prit & les brûla : mais la
garnifon fit une forcie fi brufque & fi vigoureufe ,
que l’armée du duc ■ d e . Gueldres fut mife en
déroute; le duc de Gueldres en cette occafion
termina fa vie criminelle par une mort glorieufe.
Charles fon fils rentra dans fon duché ; Maximilien,
archiduc d’Autriche , qui avoit époufé Marie
de Bourgogne, allégua vainement la donation faite
au duc de Bourgogne fon beau-père par le vieil
Arnoul. Les états provinciaux de Gueldres juger en r
qu’il n’étoit pas jufte que le jeune Charles d’Egmond,
fils d’Adolphe, fût puni des crimes de fon père.
Charles-Quint, petit-fils de Maximilien & de Marie,
lui contefta toujours fes états, & l’obligea de fe
mettre fous la proteâion de la France; il étoit en
15 1S dans l’armée de François I , quelque temps
avant la bataille de Marignan ; on négocioit alors
avec les Suiftes , &. la paix paroiftbit certaine ; il
apprit que les Brabançons avorent fait une irruption
dans fesétats ; il quitta l’armée, & courut pour les
défendre. ; mais à peine fut-il arrivé à L y on , qu’il
reçut la nouvelle de la bataille de Marignan, il
tomba malade de douleur de n’avoir pu s’y trouver;
Il mourut fans enfans en 13:38.
De la branche cadette qui devint alors l’aînée;
étoit ce fameux Lamoral, comte d’Egmond, vainqueur
à Saint - Quentin en 1 5 5 7 ,8 c à Gravelines
en 15.58 , & qui eut la' tête tranchée à
Bruxelles en 1568, pour avoir fait à Philippe I I
& au duc d’Albe des repréfentations en faveur des
Hollandois & des Flamands qu’ils opprimoiént. Le
comte de Hornes & Iç prince d’Orange Guillaume
comte de Naftau avoient embrafle la même caufe.
Mandés tous trois à la cour ils délibérèrent s’ils s’y
rendraient : en n’y allant pas , ils encouroient la
confifcation de leurs biens ; en y allant, ils couroient
rifque de la vie ayant affaire à des ty rans ; le comte
d’Egmond fut d’avis d’obéir,& il entraîna le comtede
Hornes;le prince d’Orange prit le parti de refter &de
défendre les Flamands. On fait les adieuxd’Egmond
& d’Orange. Adieu, prince fans terre ,d k le comte
d’Egmond au prince. Adieu'1, comte fans tête, répondit
leprince d’Orange; l’événement le juftifia ; le comte
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d’Egntond mburut avec la douleur d’avoir entraîné
à l’échafaud fon ami le comte de Hornes ; le prince
d’Orange eut la gloire d’être le fondateur de la
liberté Belgique & Batavique. Le comte d’Egmond
avoit marié deux fois Philippe II. Ambafladeur en
Angleterre, il avoit conclu lé mariage de ce prince
avec la reine Marie. Ambafladeur en France, il
avoit conclu un nouveau mariage de ce même prince
avec la malheureufe Ifabelle ou Elifabeth deFrance,
fille de Henri II. Il n’avoit que quarante-fix ans
quand il mourut.
L e fils, courtifan lâche & guerrier téméraire ,
Baifa long-temps la main qui fit périr fon père,
Servit par pôlitique aux maux de fon pays,
Perfécuta Bruxellc & fecourut Paris.
Ce fils fut Philippe d’Egmond, l’aîné des fils de
Lamoral. Philippe II l’envoya au fecours du duc
de Mayenne contre Henri IV. A fon entrée dans
Paris, il reçut les complimens de la v ille ; celui
qui le haranguoit, ayant cru le flatter en donnant
quelques louanges à fon ,père qu’il faut nommer
Lamoral, (nom de baptême & non pas l’Amiral,
nom de dignité, comme on l’a fait encore dans
la nouvelle édition de M. de Voltaire) ne parles^,
pas de lui, dit le comte, ilméritoit la mort, c1étoit un
rebelle. Paroles d’autant plus condamnables, obferve
M. de Voltaire , qu’i f parloit à des rebelles & qu’il
venoit défendre leur caufe. Il fut tué à la bataille
d’Ivri le 14 mars 1590.
Le dernier de cette maifon fut Procope François,
comte d’Egmond, duc titulaire de Gueldresr de
J.uliers&de Berghes , mort le 15 feptembre 1707.
Marie-Claire- Angélique d’Egmond fa foeivr avoit
époufé Nicolas „ Pignatelli -, duc de Bifaccia,
général des armées du roi d’Efpagne dans le
royaume de Naples. Le dernier comte d’Egmond
avoit laiffé par fon teftament les biens, fouve-
rainetés, droits & prétentions de fa maifon au roi
d’Efpagne Philippe V , & n’avoit laiffé que fes biens
maternels au fils aîné de fa foeur. Mais ce teftament
a été cafte par arrêt du parlement de Paris
du 12. juillet 1748 ; & Procope-Charles-Nicolas-
Aüguftin-Léopold Pignatelli, fils du duc de Bifaccia
& de Marie-Clafte-Angélique d’Egmond, a fuc-
cédé aux titres , biens, noms & armes de la maifon
d’Egmond. ©e-là les comtes d’Egmond aâuels.
Eg m o n d , (Nicolas d’ ) Hifl. eccléf) carme
fanatique , animé de la plus violente fureur contre
Erafme^ Le pape Adrien V I lui avoit défendu
de prononcer jufqu’au nom d’Erafme, parce que ce
nom étoit toujours pour lui une occafion de péché ;
il obéit pendant la vie de ce pontife , mais après
fa mort il fe crut libre, & i l recommença fes déclamations
; il prêcha contre Erafme en préfence
d’Erafme même, en fixant fur lui fes regards & le
montrant des yeux à l’auditoire. Erafme, pour
§’amuferde fes fureurs, le cita devant le reûeur de
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l’univerfité de Louvain, d’Egmond comparut. On
trmive’dans'la vie d’Erafme, par M. deBurigny, &
dans l’hiftoire de François I , une converfation fort
fingulière entre ces deux hommes en préfence du
redeur.
d’ EG.m o n d à E r a s m e .
Vous êtes l’auteur de tous les troubles, vous
n’êtes qu’un fourbe dangereux, vous avez l’art
d’envelopper adroitement toutes vos méchancetés.
E r a s m e .
Laiflbns les injures. Raifonnons, & feignez....«
d’ E g m o n d .
Je ne feins point. Cela eft bon pour vous
autres poètes qui ufez de fi&ions & qui mentez
toujours.
E r a s m e .
Si vous ne voulez pas feindre, accordez-moi...,.^
d’ E g m o n d.
• Je ne veux vous rien aeçorder.
E r a s m e .
Suppofez donc... ----- Je ne fuppofe.rien ——
Mettez donc qu’il foit — Je ne mettrai rien—•
Q u’il foit donc — Mais cela n’eft point. Il faut
pourtant convenir de quelque chofe— Eh bien!
convenez que vous avez tort.
E r a s m e ,
Quand j’aurois tort, faut-il prêcher contre moi ?
Faut-il foulever le peuple ? que ne vous contentez
vous d’écrire ou que ne m’attaquez - vous e»
juftice ?
d’ E g m o n d .
Ah 1 vous voudriez bien avoir la même autorité
que moi.— Quelle.autorité ? — Celle que donne le
talent de prêcher. — J’ai prêché autrefois, & il ne
me feroit peut-être pas fort difficile encore d’égaler
certains prédicateurs.— Que ne prêchez-vous donc ?
— Je crois que mes livres font plus utiles aux bonnes
lettres que des fermons.— Vos bonnes lettres
font de très-mauvaifes lettres.— J’ai rétabli plufieurs
chofes dans les livres facrés. ----- Vous les avez
altérés. — Cependant le pape a daigné approuver
mon travail par un bref ----- bon ! qui a vu ce
bref ? — Voulez vous le voir. — Je ne veux
rien voir qui ait rapport à vous.
Laiflbns Ces difeours, dit le re&eur, & voyons
ce qu’on peut faire pour vous réunir.
d’E g m o n d .
Q u’il faffe réparation aux docteurs de-Louvain;
qu’il les reconnoiffe publiquement pour de bons
& de vrais dodeurs. ,
E r a sm e .
Je ne leur ai jamais refufé ce titre, & je ne
G g g a