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fon éloignement de Rome, oii elleêtoit environnée
de fpeélateurs; elle crut, qu’un lieu folitaire étoit
favorable à l’éxécution de fes horribles deffeins.
Elle fut long-temps incertaine fur les moyens de fe
débarrafïer de Claudius. Elle, eraignoit qu’en lui
donnant un poifon lent, elle ne lui laiflat le temps
de fe repentir d’avoir préféré Néron à fon propre
fils. D’un autre cô té , il étoit à. craindre qu’en ufant
de trop de précipitation , elle ne prît point affez de
mefures pour voiler fon crime. Enfin, elle eut recours
au miniftère d’une fameufe empoifonneufe,
qui lui fournit un poifon fubtil qu’elle fit fervir à
ion mari dans un plat de champignons. Claudius ,
dont les organes dévoient être ufés à force de débauches,
réfifta cependant à la violence du poifon
, qui ne fit que le provoquer au vomiffement..
Agrippine, tremblante, eut recours à Xénophon ,
médecin de l’empereur, qui depuis long-temps lui
profiituoit le fecours de fon art. Ce médecin, fous
prétexte de faciliter le vomiffement, lui enfonça
dans le gofier une plume empoifonnée dont il moulut.
Agrippine tint pendant quelque temps fa mort
Cachée pour aflurer le trône à Néron. Elle affe&a la
plus vive douleur pour mieux tromper Britannicus
de fes foeurs. Quand elle eut pris fes fûretés, elle
fit ouvrir les portes du palais, & Néron, accompagné
de Burrhus à la. tête des cohortes prétoriennes,,
fut conduit au camp, oit, après, avoir fait deslar-
geffes aux foldats,. il fut proclamé empereur. Claudius
fut plus méprifé pour fa ftupi.ditê que pour fes
vices ce n’eft pas qu’il n’eût un fonds de cruauté,
fit ce caraélere fanguinaire fè manife.ftoit dans le
plaifir qu’il prenoit à voir donner la queftion aux
coupables. Il afliftoit aux fupplices, & fur-tout à
celui des parricides. Il aijrnok à voir la figure & le
mouvement dê vifàge de. ceux, qui expiroient, &
jamais i l ne manquoit de fe trouver à l’heure de
midi au combat des gladiateurs contre les bêtes
fauvages. Cet empereur , qui fe plaifoit à voir
couler le fang, étoit le plus lâche de tous les,
hommes.. Il fut empoifonné la foixante - quatrième
année de fon âge,. & la quatorzième de
fon règne. Le. peuple & le fénat eurent la lâcheté
de le mettre au nombre des dieux. Cèt honneur
fut aboli par Néron & rétabli par Vefpafien.
C T-«■ )
C l a u d i ’U'S ( F l a v i u s ) ( Hi'ft. Rom. ) ,
Claude ,fecond.du- nom , parvint à l’empire après là
mort de Gallien, l’an 669. A fon avènement il trouva
lies frontières envahies & défoléès par lés barbares,.
Il marcha contre les Sarmates , les Get.es , les
Scythes & les Quades., dont.il fît un horrible carnage
dans. difFêrens combats. Quoique toujours viélo-
rieux , & quoiqu’il ne dût fès fuccèsqu’à fes talens
pour la. guerre, il s’acquit encore plus de gloire
par-la fagefle de. fon adminiftration, qui rendit à
la république fa tranquillité & fon éclat. Le fénat,
par reconnoiffance., lui confâcra une fîatue d’or
dans. le. çapitole. Qn prétend qu’il étoit fils de
ifempereur Gpcdien ,, dont i l ayoit le. caraélère
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doux & bienfàîfant : Galien , par amour pour îâ
république , l ’avoit défigné fon fuccefleur en
mourant ;. il lui avoir même envoyé tous les
ornemens de la dignité impériale 1 le peuple,
le fénat & l’armée ne conteftèrent point cette nomination,
& tous fe félicitèrent dans la fuite d’obéir à
un empereur qui ne s’occupoit que du foin de perpétuer
la félicité publique. Il ne gouverna qué deux
ans. Claudius Tentant fa fin approcher , voulut
encore être le bienfaiteur de la poflérité, en recommandant
Aurélien au fénat & à l’armée.Cetterecom*
mandation lui valut l’empire, & l’on refpe&a les
volontés de Claudius jufques dans fon tombeau. Il
laifla un frère nommé Quintillus Aurélius, que le
fénat proclama Céfar Augufte maïs ce fut un fantôme
pafTager fur le trône. Aurélien., à la tête des
légions , marcha vers Rome pour y faire valoir f is
droits. Quintillus fe fentant trop foible pour lui
réfifter, s’ouvrit les veines, & mourut dix-fept jours
après qu’il eut été déclaré Céfar. Claudius fit renaître
les beaux jours de Trajan , dont il eut la modération..
& l’équité. Une femme perfuadée de fa droiture „
l’aborda en lui difant : Prince , un 'officier nommé
Claude s’eft approprié mon champ fous le règne de.
Gallien. Je n’ai que ce bien pour fubfifler ;.puifque
vous êtes empereur, ufez de votre autorité pour me:
le faire reflituer..Claude reconnut qu’il étoit l’officier
dont cette femme partait; il lui répondit avec bonté v.
Votre bien vous fera rendu , il efî Jufte que Claude
empereur refîitue ce que Claude particulier aufurpé*.
{ T ~ n . )
C l a u d iu s P u l ch e r ne doit fa célébrité qu’à fes,
défaites & à fon mépris pour la religion dominante.
C ’étoit un de ces hommes qui , foulant aux
pieds l’idolâtrie , n’âvoïent pas affez de lumière
pour rendre gloire au feul Dieu véritable. Il-
perdit une bataille navale en Sicile contre les Carthaginois.
Il voulut avoir fa revanche avec Afdrubal,
qu’il fe flattoit de furprendre à l’embouchure dit
port de Trepani^Lesarufpices , dit-on , voulurentle,
détourner de cette entreprife,en lui repréfentantque:
lespréfages étoient finiftres.il les tourna en ridicule,,
& perfifta dans fa réfol'ution. Comme il fortoit de*
Rome , le chef des arufpices fe préfènta fur fon.
paffage , & lui montra la cage.où les poulets;facré&
étoient renfermés ; & comme on lui fit connoître,
qu’ils ne voûtaient pas manger, ce qui étoit un.
mauvais préfage, il les prit & les jetta dans le Tibre,,
en difant : Puifqu’ils ne veulent pas manger, il faut
les faire boire. Les prêtres feandalifés vomirent des.
imprécations contre lui. Leurs prédirions, furent
accomplies. Sa flotte fut engloutie fous les eaux. Le
peuple fupe.rftitie.11x attribua ce défordre à fon mépris,
pour la religion. Le fénat ,.pour fatisfàire la multitude
& l’ordre des prêtres , dégrada Claudius de.
toutes fes dignités. Il fut condamné à une amende ,,
& forcé de nommer lui-même un di&ateur. Claudius9i
qui méprifoit autant fes. concitoyens que les dieux ,.
nomma un certain Glaucia , efpe.ee d’imbécille,
qui. étoit l’objet des dédiions publiques». Ce choix;
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redoubla l’horreur que les romains avoientpour lui.
Claudius fe confola dans la retraite & les plaifirs, de
fa dégradation•& de fon infamie. Il étoit riche, il
ne manqua point d’amis, ou plutôt de complices.
{T— N.)
C l a u d iu s ( P ü bliu s ) eut l’orgueil & les vices
de fes ancêtres fans avoir aucune de leurs vertus.
Son courage audacieux le mit à la tête de tous les
tumultes populaires qui préparoient la ruine de la
rêpubiique.Araantde toutes les femmes,il n’aimoit à
lés fubjuguer que pour infulter à leur foibleffe.
Pompeia, femme de Céfar, alluma fa paffion. Il
s’introduifit fecrétement chez elle,déguifé en joueufe
d’inftrumens. Ayant été découvert, il fut faifi & cité
au tribunal des loix pour être jugé puni. Cicéron,
qui fut fon accufateur, lança contre lui tous les foudres
de fon éloquence ; mais les juges retenus par le
crédit de fa famille, & peut-être corrompus par fes
largeffes , le renvoyèrent abfous. S’étant fait élire;
tribun par fa faâion , il abufa du crédit de fà place
pour condamner Cicéron à l’éxil. Il réduifiten cendres
la maifon & les métairies de cet orateur. Il mit à
l’encan tous fes biens, mais il ne fe trouva per-
fonne pour les acheter. Claudius, flétri par la débauche
, fut tué par Milon, dont l’orateur romain prit
la défenfe. La harangue qu’il prononça eft up chef-
d'oeuvre.d’éloquen ce & de raifonnement ; mais elle
n’empêcha point que Milon ne fût exilé àMarfeille.
Le nom de ce Claudius ne feroit jamais forti de
l ’oubli, fi l’éloquence de Cicéron n’eût immortalifé
fes vices.(T — n .)
C laudius (A ppius), décemvir, s’eft rendu bon-
teufement célèbre par fa paffion pour Virginie,.jeune
Romaine, contre laquelle il exerça toutes, fortes de
violences. Cette innocente viéfime de là brutalité fit ,
avertir fon pè=e des attentats faits à fa pudicité. Ce
vertueux vieillard, chef de cohorte, quitte fur-le-
champ l’armée , & fuivi de quatre cents hommes
q.ui partageoient fbn outrage, il fe rend à Rome pour
arracher fa fille des bras de fon corrupteur. Il obtient
la permiffion de la voir ; ils s’embraffent & confondent
leurs larmes. Il lui montre enfuite un couteau
, &lui dit : Ma chère Virginie, voilà ce qui me
refte pour venger ton honneur & le mien. Il lui
enfonce à Pinftant le couteau dans le fein. Il fe
dérobe à la fureur de la multitude,remplie d’horreur
y & d’admiration. Virginius. rejoint l’armée , qu’il.
’ trouve difpofée à le venger de fon raviffeur. Elle
s’approche de Rome, & campe fur le montAventin.
Le peuple foulevé fe joint à l’armée. Claudius eft
traîné ignominieufement dans un cachot , où il
prévint-la honte de fon fupplice , en fe donnant la-
mort.Ce crime fit abolir les décemvirs ,.qui avoient
tyrannifé Rome fous le titre de protecteurs de la.
liberté publique.. (T— N.j
CLAUDIEN ( Jfiy?. litt.anc.), poète latin , natif
d’Alexandrie en Egypte, vivoit fous l’empire d’Ar-
cadïus &. d’Honorius , mauvais juges & foibles.
axnatéiirs des talens, qui, fur la-foi de fa renommée,,
lui firent cependant ériger une fîatue dans la place..
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Trajane. Il étoit ami de Stilicon, Sc on croit que la
difgrace de ce grand capitaine, entraîna la fienne.
Claudien plus^fécond en beautés queLiliusItalicus ,
plus piquant & plus agréable que Stace , eft le
poète qu’on juge avoir le plus approché de Virgile.
Il a, commeVirgile, de la noblefle & de l’harmonie :
on lui reproche de l’enflure & de l’emphafe, & c’eft
en quoi il eft trop diftingué de Virgile, qui eft toujours
grand fans enflure, toujours noble avec fim-
plicité. Il y a de l’éloquence dans les déclamations
de Claudien contre Rufin , contre Europe. On lit
avec plaifir le poëme de l’enlèvement de Profer-
pine, celui du eonfulat d’Honorius , &c. Il y a une
multitude d’éditions de Claudien , de Heinfius, de
Burman, variorum , ad ufum delphini, &c. On a
quelquefois propofé de l’élever au rang des auteurs
claffiques ; mais il n’eft pas d’un goût affez pur, il
, ^appartient plus aux bons fiècles.
J CLAUDIEN MAMERT. Voyi^ M am e r t .
ÇLAVILLE. Voy.ei M a ît r e ( le ) .
CLAVIUS ( C h r i s t o p h e ) (Hifl. litt. mod. )
jéfuite, employé par Grégoire XIII à la réformation
du calendrier, en 15.81 ; i l fit à ce fujetfon
traité de Calendario Gregoriano, vivement attaqué
par ‘Scaliger, fortement1 défendu par l’auteur. Les
oeuvres de Clavius ont été recueillis en cinq volumes
in-fol. Ce jefuite étoit un des plus favanS
mathématiciens de fon temps ; on trouve dans le
recueil de fes oeuvres divers traités de mathématiques,
des commentaires fur Euclide , fur Théodore,
fur Sacrobofco,& fes apologies du calendrier
romain.- Clavius étoit de Bamberg. Il mourut à
Rome en r 6 i z , à 75 ans.
CLËANTHE {Hifl. anc. ) , difciple & fucceffeur
de Zénon dans le portique, & dont Ghryfippe fut
le difçrpie & le fucceffeur. Il'étoit pauvre ; il n’avoitr
I en arrivant à Athènes que quatre dragua es , c’eft-
à-dire quarante fous , & il paffoit les journées entières
dans.l’école de Zénon. Les Athéniens avoient
! très-bien vu que le pauvre ( nous entendons par
| ce mot l’homme dénué de tout, & absolument fans-
j reffource) eft l’ennemi de tous; ils voûtaient que
| chaque citoyen fût en état de montrer en tout
! temps à l’aréopage les moyens qu’il avoir de fub—
1 fifteri. Cléanthetut cité pour faire preuve des fiens ::
il. vint accompagné d’un jardinier & d’une vieille
boulangère, qui atteftèrent que toutes- les nuits ili
• ti-roit de l’eau pour l’un & pétriffoit pour l’autre Kafim
| de pouvoir vaquer le jour à l’étude de la philo-
fophie. Les juges pénétrés d’admiration, voulurent
lui faire un-prèfent confidérable : Vous voyeç , leur
j dit-il, que j ’ai un tréfor dans le. travail, & il refirfib
’ leur offre. Un pbilofophe, qui fans doute n’étoit.
pas de fa feéle, Tayant traité, d’âne, tant l’nfage
de s’injurier les uns les autres eft ancien, chez, les'»
philofophes, & apparemment naturel,, oui,. répon-
j dit-il, je. jüis Cane- de- Zénon , & il n y a que mois
I qui puijje porter fon paquet. On lui reprochoit uat