
lemagne ne fut jamais écrire, pas meme figner Ton '
nom ; c’eft une erreur détruite par plufieurs monu-
mens. Cet guteur jn’a voulu dire rien autre
chofe, finou que monarque ne put parvenir
à former de bçaux çara&ères.-Sous ion règne la
France eut pour borne.s au midi, l’Ebre, la Méditerranée
^ le Vulturne, l’Ofante & les villes maritimes
de. l’état de Venife; à l’orient, la T.effe 8c
la Yiftuie; au nord , la mer Baltique , la mer
Germanique & la Manche; à Ÿoccident, l’Océan ;
les peuples Rentre l’Elbe & ,la Viftu.le n’étoient que
tributaire? : leurs rois dévoient être confirmés par
les empereurs. .
Charles, ce prince le plus accompli de? fils de
Charlemagne, fit fes premières armes en 804 dans
la guerre, de Saxe. Les Kiftoriens ont négligé, de
marquer l’année de fa naifiance ; mais fi elle ne.pré-.
céda point les noces d’Hi)degarde fa mère, il avoit
à peine fix an?. L’empereur voulant le former dans
les batailles, cr.pyoit ne pouvoir lui en faire com-
templer trop tôt l’image ; il le mit à la tête d’une
armée confidérable, & qui. excitée par fa préfence,
vainquit les Saxons près.de Urafgny. On lui atiri- ;
bue l’honneur de cette viéloire, dont probablement \
il ne fut que le témoin ,11 en remporta une plus i
grande! 8c. plus véritable fur les Sclaves, , établis en, \
Bohême; après les avoir défaits en bataille rangée, ;
& tué de fa.main JLechon leur chef, il porta le
ravage dans toutes les terres de . leur dépendance.
La même fortune accompagna ce jeune prince l’année
luivante (886) , il les. défit aprè$ un combat
opiniâtre tua Milidicok leur roi, 8c les força de
payer tribut. Ses fuccès contre, les Normands qui fe
portoientf éjà fur les, terres de France, mirent le
comble,à-fa. gloire. Charlemagne touché des grandes
qualités de ce fils, lui réfervoit l’empire. Une mort
prématurée l’en priva.. Il mourut l’an 811. Charlemagne
le pleura ; ces larmes font une preuve dé
la ‘fenfibilité du père, 8t le plus bel éloge du fils.
Le pape Léon I% lu i aveît donné ri’onâipn facrée
lors du couronnement de Charlemagne. {T— N.)
C h a ju .ES I I fu rn o ipm é i l Çhquye,. {Hijl. de
France\.xxv\. roi de.Neufirie, nom que porta la,
France, jpfqu au dixième fiècle, cinquième empereur
d’Ocçident depuis Charlemagne. Ce prince qui
prépara la, chute du trône des Pépins, naquit à
Francfort , 1’an huit cents vingt-trois, de Louis I
& de l’impératrice Judiih,.Sa naifiance fut,accompagnée.
;dè' plufieurs calamités publiques. La pefie,
la guerre & la famine défoloient toutes .les provinces
de l’empire. Ces fléaux devinrent plus terribles
par In jaloufie de Lpthai.fe, de Pépin 8c de
Louis, .fes frères par une autfe femme.. Comme
nous ayons, .développé le principe de .cette jaloufie
& les défordres qu’elle Qcçafionna, nousm’en parlerons
point ici:, on peut les lire.a l.artiçle, de Louis
le Débonnaire. Contçn.tons-npnsd’obferverqiie.l’çri-
farice de Chartes, fut extrêmement agitée ; il Ce vit
tantôt roi', tantôt captif, tamf t.çntre les bras d’une,
mère tendre & chérie, tantôt entre les mains de
fes frères acharnés à fa perte; mais fes malheurs
mêmes furent la principale caufe de fon élévation :
l’empereur comprit qu’il falloit réduire ce fils à la
condition de fujet , ou fe réfoudre à le voir opprimer,
ou enfin lui faire un fort qui pût balancer
la puiffance de fes frères. Sa tendrefle, les folfici-
tations de l’impératrice, & le?guerres impies que
lui fit Lothaire,. aidé de fes frères & des pontifes
romains, le décidèrent pour ce dernierparti.il lui
avoit donné plufieurs provinces à titre de royaume ;
il révoqua cette donation, & le'fit proclamer roi
de Neuftrie & d’Aquitaine. Ces deux royaumes
réunis avoient au midi, l’Ebre, la Méditerranée
jufqu’au Rhône, à l’orient le Rhône, la Saône &
une ligne tirée de la fource de cette rivière à la
Meufe, avec tout le cours de ce fleuve; au nord
la Manche ; au couchant l’Océan. Lothaire eut
le refte de la monarchie, excepté la Bavière qui
fut laiffée à Louis,, furnommé le Germanique. L’empereur,
en réglant ce partage, n’avoit pardonné a
Lothaire qu’à condition, de fervir de père & de protecteur
à Charles, contre les entreprises du roi de
Bavière , pour qui ce partage étoit une efpèce d’exhérédation;
& pour l’attScher de plus en plus par
le lien des bienfaits, 'il lui rendit en mourant l’épée
& le,feeptre impérial qu’il lui avoit donnés longtemps
auparavant, mais qu’il lui avoit retirés pour
le punir de fes fréquentes révoltes. La volonté de cé
religieux prince fut mal fuivie par des fils trop ambitieux
pour refpeéter la voix du fan g & de la paternité.
Charles, poffefTeür & roi de la plus belle partie
de la domination Françoife, ne voulut reçonnoitre
qu’un égal dans Lothaire, auquel il devoit rendre
hommage , comme à fon empereur. Les guerres
civiles, les aflafiinats qui avoient fouillé le trône des
Mérovingiens, avoient fait connoître aux defiruc-
teurs de cette race illuftre & coupable, qu’un état
ne fauroit fubfifter fans trouble avec plufieurs maîtres
égaux en autorité. Charlemagne, en partageant
fes états entre fes fils, leur donna bien à tous la
qualité .de roi ; mais ce titre fublime ne les affran-
chiflbit pas de fon obéiffance, 8c fon intention avoit
été de les foumettre à Charles fon ainé, qu’une mort
prématurée enleva à fes efperances. Louis le Pieux
s’étoit gouverné par les mêmes principes, il avoit
exigé l’hommage de Bernard, roi d’Itàlie, petit-fils
de Charlemagne. Un auteur impartial efl dope dans
rimpinfiance de jufiifier les prétentions de Charles-,
le-Chauve : nous ne faurions être trop abrégés “en
parlant des défordres qu’occafionna fon refus de
reconnoître la fupériorité de Lothaire, vu qu’ils appartiennent
en partie au règne, de ce •prince.- Charles
fe vit fur le point d’être la viâime de fon ambition
: attaqué dans le centre, de fes états, il figne
un traité qui, en le privant de fes plus nobles prérogatives,
le réduir à la jouifiance de l’Aquitaine
&. de quelques comtés entre la Loire 8c la Seine.
Il éfi vrai que cet humiliant traité irétoir que fubfi-
! diaire ;ries deux princ,es étant convenus de s’en rnp-
| portera ïadécifion-des feigneurs , dans une afiemblêe
générale ; une des conditions fait connoître
que Cita ries- le- Chauve, ou fon confeil, rie mariquoit
pas dè politique ; il eut le fècref d iritérefier Louis
de Bavière ,' dontla fierté étoit également mécontente
dé s’àbàifier fous un iriaître ; 'il pfotefià^ qu il
rer-irerOit fa parole, fi Lothaire faifoit quelqueentre-
prife fur les états dé ce prince , leur frêré'commun,
mais ni'l’un nîTautre n’avbit envie de fuivrë les
loix 'du traité ; chacun cherchbït à recommencer la
guerre‘avec plus d’avantage. Charles ayant éu une
entrevue avec Louis de Bavière, ces deux princes
s’unirênt par dés fermens d’âutant moins fufpeéïs,
que l’un & l’autre avoient le mêm’é iritérêriâ ne
les pas violer ; ils négocièrent » firent des levées
d’hommes 8c; d’argent*', chacun-dans fés etat^; 8c
lorfqu’ils eurent réuni leurs troupes, ils envoyèrent
rieurs ambàfiadeurs déclarer à Lothaire que s fi ne
rentroit auflt-tôt' dans fês états, dori't les'Hittites
dévoient être déformais marquées par le cours du
Rhin (le roi de Bavière réclàmoir tout ce qulétôit
au-delà de Ce fleuve), ils faurbient l’y contraindre
le fer à la inain. Lotnaire déclara qu’il conferveroit
tout ce qu’il tenoit fous fa püiflànce, 8c que rien
ne pourrdit le faite renoncer à line aiitorite qu il
tenoit de la loi. Rome jalbufe de fe faite valoir
' dans une becafion de cette importance offrit en
Vâin fa médiation. Lothaire rétirif les députés du
pontife , 8cfe rendit à Fontenay, bourg de l’Au-
' xetrois : ce fut là qu’après plufieurs déttiarches^ inutiles
pour obtenir la paix, fes frères lui livrèrent
•une bataillé qüi fût des' plus longues 8C des plus
'meurtrières : des écrivains modernes, on né fait
d’après quel témoignage , ont préténdù qii’il périt
’•Cent mille nobles dans cette fàm eu fe journée ; c’efi
"Urib exagérâtib’n1 détruite pâr le filénee des auteurs
•'ebriterripofairis : là vidoire fe déclara pour lesprinces
'confédérés qui j dans une" càiifé injufté, nè pou-
voient en ufer avec une plus grande modération :
au lieu de pourfuivre les débris de l’arinéé vaincue,
ils s’arrêtèrent fur le champ de bataille, 8c pleurèrent
au milieu du défaftre qué 'leur ambition
avoit Occafionné.'Après avoir fait enfevelir les
morts, fans difiindion: Ü’amis ori d’ennemis , ils
envoyèrent demander la paix, fans autres conditions
que celles qu’ils avoient exigées avant la guerre.
Lothaire, foit par ambition , foit par intérêt d’état,
refufà de confentirau démembrement de la monarchie;
mais il fut forcé de s’y réfoudré »attaquéune
fécondé fois par fes frères réunis ; it abaridonna fes
états d’en deçà des Alpes, 8c fe réfugia dans fon
royaume d’Italie : ce fut alors que l’on vit toute l’in-
conféquence de l’ambition. Chartes 8c Louis' ver-
fbierit à Penvi le fang dés peuplés, 8c s’éxpofoient
eux-mêmes au danger des batailles, pouf rïé point
rpcoririoître de fupérieur dans un frère > cependant
ils fe cburbêrent de leur propre gré fous le joug
du clergé. Ayant fait aflembler les évêques , ils
leur demandèrent s’ils pôüvoie’nt'jouir de léur conquête,
en s’emparant dès province? que Lothaire
laflToit' fans“ défenfe. Les évêques, flattés de fe voir
les arbitrés de leurs rois, les difpenfiiteurs de leur
couronne, firent une réponfe conforme a là haute
idée- que l’on avoit de leur caraélère ; ils dépouillèrent
le pofiefieur légitime, 8c firent valoir les droits
de là guerré dans toute leur étéridue. La manière
dônt ils rendirent leur oracle, eft trop importante
pour en priver'le leéleiir; » Nous déclarons, de
'la yart dé Dieu-; dit un prélat au nom de toute
raffemblée|Lothaire déchu de tous fes droits; promettez
vous, àjbüta-il, de gouverner fuivant les
pernicieux exemples dé fempereur votre frère, ou
fuivant la volonté deDièii? >? Et fur ce qu ils répondirent
qu’ils“ gbuverrierbient fuivant la fagefie que
le ciël'pbrifrbit leur irifpirer: » Eh bien", ajouta le
prélat , nous votis àvertiffons »neiis vous exhortons
au nom detôus lès évêques , 8c nous vous ordonnons
par l’autorité divine, de recevoir le royaume
de Votre frère, 8c dè le gouverner fuivant la volonté
de D ieu, (c’eft-à-dire, fuivant là léur »). Charles 8c
Louis nommèrent aufli-tôf des cbmmifraires pour
régler le partage de leur conquête , ou plutôt
de la domination du Clergé. Nitard, dont nous
empruntons une partie de ces détails, fut au nombre
dé ces comiriifTàires; mais lé partage refta fans exécution.
La tempêté n’avoit pas été ajfez violente
pôurprivéi l’-empereur de toiite efpérancé. Lesdebris
de fon 'naufrage étoiént encoré capables de relever
fon parti ; fon royaume d'Italie étoit, florifiant,
8c n’avoit foufFert aucun dommage ; aufli dès qu’il
fit lés premières ouvertures de paix, on Irëntendit
vblontiers. Le traité fut conclu fans retour: Charles
pofféda fés états comme roi 8c comme foiiVerain,
8c fans aucune marque de dépendance envers l ’empereur;
mais ce prince en affrànchifTant fes états,
confervà toujours unéàme étroire; 8c fi dans tout
le cours de fa vie on apperçoir quelque aéliori digne
* du trône ', là gloire en appartient toute entière à
l’impératrice fa mère, princefie d’uii raté mérite,
qui lui fervit de premier miniftre, 8c fit quelquefois
les fondions de général. Son palais fer vit de
théâtre à mille fa&ions, 8c lui même devint le jouet
de fa cour 8c de fon clergé qui le traita toujours
en fujet. Les Bretons fe révoltèrent : ces peuples,.
fujets de la nouvelle monarchie françoife depuis
le règne de Clovis lé conquérant, ofèreht réclamer
leur ancienne indépendance ; 8c le foible monarque
Oubliant qu’il étoit du fang glorieux des Pépin , s’humilia
devant ces rebelles : il couronna lui - même
Erefpogè, fils de Nonemoh » qui avoit commencé la
révolté. Lâche 8c timide venvers ' les - ' étrangers ,
comme envers fes fujets, il fouffrit que les Normands
ravageaient impunément fes côtes, piilaf-
fent les églifes 8c les villes les plus opulentes. Tandis
que ce peuple défoloit ainfi fon état, ce prince
imbècillement dévot, difputoit à des moines l’honneur
de porter fur fes épaules lés reliques 8c les
chalTes des fàints. Ne valoit-il pas mieux animer
le courage de fés foldats, 8c écarter avec eux l’ennemi
du fan&uairé de la divinité?
Mais quelle que foit la briévëtê’que nous nous