
trop délicat, trop fenfible, trop difficile à contenter.
celui d'entre nous qui ejl fans péché fur
cet article, lui jette le premier la pierre.
DORÉ ( P ier r e ) ( Hifl. litt. moi. ) , dominicain
, doôeur de Sorbonne, auteur de la tourterelle
de viduité j du paJJ'ereau folitaire à caufe du paffage
d’un pfeaume : fattus fum Jîcitt pajfer folitarius in
teEto ; de la conferve de grâce , d’après le pfeaume
conferva me ; du cerf fpirituel à caufe du pfeaume :
Quemadmodum deftderat cervus ad fontes aqiutrum,
ita anima mea ad te Deus. Des neuf médicamens du
chrétien malade ; des allumettes du feu divin ; de
Vanatomie des membres & parties de notre feigneur
J . C. On croit que c’eft lui qui eft défigné dans
Rabelais, fous le nom de notre maître Dorïbus. Mort
en 1569.
DORFLING ( Hifl. mod. ) , parvenu par fen
mérite au grade de welt- maréchal de ré-lecteur de
Brandebourg, Frédéric Guillaume, fécond roi de
Pruffe, avoir été tailleur, & favoit que fes envieux
avoient la fottife de rappeller malignement
ce qui faifoit fa gloire; voici, dit-il, en montrant
foi> épée , l'inflrument avec lequel je coupe àpréfent
les oreilles à ceux qui me reprochent Savoir autrefois
coupé du drap»
DC R1À (Hifl. modî). C ’eft le plus beau nom qu’un
génois puifle porter, puifque c’eft celui du citoyen
auquel Gênes doit fa liberté! La roaifon Doria eft
d’ailleurs très-ancienne & très-iiftrftre.- O nia voit
dans le d uzièrne & le quatorzième fiècles s’allier
avec des rois & des empereurs ; au feizième André
Dona ( c’eft le citoyen dont nous venons de parler
) étoit le plus grand homme de mer de fon
temps. Il avoit fervi avec éclat François I ; il avoir
depuis paflTi au fervice de Clément V I I , & s’étcit
remis- au fervice de François I , lorfqu’en 1527
Lautrec avoit été envoyé en Italie pour délivrer
ce pape ; e’é tok lui q u i, cette même année, en
bloquant le port de Gènes fa patrie, alors livrée:
au parti de Charles Quint, avoit aidé à la foumettre
au roi deFtance ; il attendoit de ce dernier fervice un
prix digne de flatter un grand homme. Il defiroit
que le r o i, content de n’avoir plus les génois pour
ennemis, voulût les avoir pour alliés, non pour
fuiets, & qu’il rétablît à Gênes fous fa protection ,
le gouvernement républicain. Les génoi > j/our obtenir
cette grâce, avoient offert au roi deux cents
mille ducats. Le roi non. feulement ne l’accorda
point, mais encore jugeant par cette demande &
par tant d’exemples de l’inconftance génoife, qu’il
falloit humilier & affoiblir cette v ille, il parut
vouloir relever Savone l’a rivale, fa voifine & fa
fujette ; il la détacha de l’état de Gênes ; il en rétablit
les fortifications & le port, qu’il parut def-
tiner à la conftruéHon & à la retraite de fes vaif-
feaux ; il la n» t en état de partager avec Gênes
l ’empire de la mer de Ligurie; le commerce de
Savonne $*agratfdiflbit déjà au point d’alarmer
celui de Gênes. Les génois prièrent Doria d’employer
le crédit que lui donnoient fes fervices pour
obtenir que Savonne fût réduit à fon premier état,
il parla & n’obtint rien. Les courtifans qui régnoient
alors, les Duprats, les Montmorencis, traitèrent
même de crime d’état, les preffantes fol-licitations
de Doria en faveur de fa patrie ; on prétend que
des vues d’intérêt contribuoient a rendre Mont-
morenci infléxible ; on aflure qu’il jôuifldit des impôts
qui fe le voient au port de Savonne.
Pendant que le maréchal de Lautrec afliégeoit
Naples, on fit diverfes entreprifes fur la S cile ,
fur la Sardaigne; elles manquèrent par la mè{intelligence
qui régneit entre Doria commandant de
la flotte & Renzo de Géré , général des troupes de
débarquement; cependant Philippin Doria, neveu
d’A ndré, & fon digne élève, prenant le commandement
des galères qui dévoient bloquer le port
de Naples pour féconder Lautrec, lequel bloquoit
cette place du côté d'e la terre , remporta dans le
Golphe de Salerne une grande viâoire; Moncade,
vice-roi de Sicile, fut tué dans,cette affaire, 10
marquis du Guaft fut fait prifonnier , Philippin
Doria eut ordre de le conduire en France avec les
autres prifonniers importais qu’il avoit fairs ; mais
lorfqu’il fut arrivé avec eux à G ênes, André Doria
les retint, proteftant qu’il ne les rendroit que
quand on l’auroit dédommagé de la rançon diî
prince d’Orange & de celle de Moncade, qu’il
avoit fait prifonnier autrefois dans deux combats-
fur la côte de Gênes. Le roi avoit renvoyé Mon-
eade libre fans rançon; mais Doria prétendoit que
le roi avoit été généreux à fes dépens, & que fui-
vaut fon traité avec la France, tous les prifonniers
qu’ri faifoit dévoient lui appartenir. Pour le prince
d’Grange , ç’étoit le traité de Madrid qui lui avoit
procuré la liberté , toujours aux dépens de Doria s.
auquel on n’a voit point payé de rançon. Doria
dépêcha un gentilhomme à la cour de .France pour
rendre compte de fa conduire, & pour folliciteï
le paiement de quelques fommes qui lui étoient
dues. Quand le confeil d~ François I apprit par
ce moyen de quelle manière hardie Doria s’étoit
procuré des otages de fon paiement, il fut faift
d’indignation ; on ne vit dans le procédé de Doria-
qu’un excès cl'infolence, qu’un attentat criminel j
on n’examina point fi fes demandes étoient juftes,.
on n’en vit que la forme qui, en effet, paroiffoit
violente. Guillaume du. Bellai Langei, fut des pre^
miers que Doria fon ami- tendoit à la défe&ion 9
que le marquis du Guaft, auffi utile à Charles—
Quint:dans la prifon qifa la tête des armées, négocient
fortement auprès de ce général pour l’attirer
au parti de l’Empereur, qu’il lui exagéroit fes
injures, qu’il aigriffoit fon reffentiment, qu’il le?-
voit fes fcrupules, & que Do-ki n’attendoit peut-
être pour fe déterminer à la révolte „ qu’une
réponfe peu favorable de la part de la France, Il
alla voir Doria dans Gênes pour arracher à font
amitié la confidence de fes chagrins 8c de fes projets.
Doria lui ouvrir fon coeur , lui fit fes plaintes,
le chargea de fes propofmons : Langei partit pour
aller plaider à la cour la' caufe de Doria & des
génois, avec, le zèle d’un ami & le refped d’un
tujet. Il tâcha de faire prendre à cette cour trop
nère & trop prompte , des idées plus exaétes de
l’importance de Doria ; il montra le befoin qu’on
avoit de fes fervices, fur-tout dans la conjondure
du fiège de Naples , où Doria pouvoit décider du :
fuçcès par l’ufage qu’il feroit de fes galères, il re- i
préfenta que la défection de ce général entraîne- j
roit celle de l’état de Gênes ; il voulut faire juger
de la néceffité de conferver Doria par les mou-
venaens que fe donnoit du Guaft pour le féduire;
mais c’étoit parler une langue étrangère dans un
pays où un fujetquel qu’il fû t , naturel ou volontaire
, n’étoit toujours qu’un fujet, & où les talens
paroiftoient bien moins nécefiâires que l’obéiffance.
Langei n’obtînt pas même un délai ; il fut décidé
que Doria feroit dépôfé du commandement ,v que
fa charge de général des galères feroit donnée à
Barbézieux, qui iroit prendre poffeftion non feu- !
lement des galères françoifes-, mais encore des |
galères génoifes, &* qui, après s’être afturé d’André
Doria 9 l’enverroit en France recevoir le
châtiment de fon infolênee & de fa félonie. C ’eft
ainfi qu’on s’exprimoit.
Sur un bruit qui courut que Doria venoit inful-
ier les côtes de Provence, Montmorenci écrivoit :
je voudrais qu'il y fût déjà pour Le pouvoir faire pendre
& étrangler.
Dans une autre lettre il parle de le faire châtier
tomme tels paillards le méritent.
Dans ùne^ autre, il l’appelle le bon Génois, qui
tfl en danger défaire tomme faint Denys,
Cet ordre d’arrêter Doria étoit plus aifé à donner
dans le confeil du roi qu’à exécuter à Gênes ; il
devoit être fecret, Doria en fut cependant inftruit
par les amis qu’il avoit à la cour, fans que l’hif-
' toire répande à cet égard le moindre foupçon fur
Langei. Lorfque Barbézieux fut arrivé à Gênes, fon
premier foin fut d’aller rendre vifite à Doria qui
l’attendoiî fur fes galères. Lorfque Barbézieux parut
, je fa is, lui dit Doria, ce quivous amène, & lui
montrant d’un côté les galères de France, de l’autre
celles de Gênes : voici, ajouta-t-il, les galères de
u votre maître que je vous remets , voici celles de ma
>♦ république que je conferve, accompliffe£ le refie de
n votre ordre, f i vous pouve^ ». '
Quelques auteurs difent qu’il ne reflitua pas
même les galères du ro i, & qu’il les fit paffer avec
les fiennes. au fervice de l’empereur. Guichàrdin
juftifie de tout point la cour de France, & rend,
la conduite d’André Doria, très - blâmable ; il fou-
tient que le,s Doria trahiffoient depuis long-temps
Frarjçois I ; le combat de Salerne paroît démentir
cette idée ; mais le récit de Guichàrdin forme un !
problème hlftorîque, où il s’agit de décider fi le
fuffrage d’un Italien, lorfqu’il eft favorable à la
France , doit l’emporter fur le témoignage des
François , lorfqu’il lui eft contraire.
Nous avons fuivi parmi les François, les du Bel-
le i, qui ont eu part à cette affaire, & parmi les
étrangers , Sigonius, qui paroît l’avoir approfondie.
Par le traité du général génois avec Charles-
Q u in t, Gênes fut déclarée libre fous la prote&ion
de l’empereur, Savone fut rendue aux Génois,
& fi la défection entraîne toujours quelque honte,
on ne peut refufer à celle d’André Doria la gloire
d’avoir fervi à l’a ffranch iffem en t de fa patrie.
Doria devenu l’ennemi déclaré des François,
commença par ravitailler Naples qui n’avoit befoin
que de vivres, pour réfifter ; le fiége traîna en
longueur , la pefte fe mit dans le camp des François
, Lautrec en mourut, le fiége fut levé ; d’un
autre côté Trivulce , qui commandoit pour les
François dans le château de Gênes, fut obligé de le
rendre , les Génois le rasèrent aufti-tôt, ils comblèrent
le port de Savone; & déformais libres de
toute autorité étrangère, délivrés de toute concurrence
fur la mer de Ligurie , ils établirent, par
le confeil d’André Doria, une forme de gouvernement
qui parut enfin fixer leur inconftance ; on
forma un corps de quatre cents perfonnes en oui
réfida le droit de nommer à toutes les magiftra-
tures, 8c fur-tout de créer le doge qui devoit
changer tous les deux ans. Doria , commandant
les galères de l’empereur, maître par leur feccurs
d’aftèrvir Gênes, n’y voulut conferver d’autre autorité
que celle que donnent la fageffe, la gloire
& les bienfaits; il fut maître en paroiflant, en
croyant n’être que citoyen ; on le confultoit fur
tout, on défèroit en tout à fes avis ; il refufa d’être
chargé de l’admimftration des deniers publics , de
concourir à l’eleélion du dege & des autres ma-
giftrats: cette modération politique affermit fon
pouvoir en défarroant la défiance «Sc la jaloufie.
Long-temps après la paix de Cambrai (1529 )
& peu de temps après la conclufion de la trêve
de Nice en 1538, Charles-Quint & François I
fe virent à Aigues - Mortes. Brantôme rapporte
d’après Paul Jove & Sleidan-, que dans cette entrevue
l’empereur pria François 1er. d’agréer qu’An-
dré Doria vînt le faluer. Le roi qui ne favoit point
garder de reffentiment, y confentit, fit le meilleur
accueil à Doria , & lui dit : « nous voilà enfin réu-
» nis, l’empereur mon frère-& moi; il faut que
» cette réconciliation fois: éternelle, il faut que
» nous ayons déformais, les mêmes amis & les
» mêmes ennemis, que nous préparions contre
» le Turc une puiffante armée navale, & que vous
» la.commandiez».
François premier étoit dans la galère de l’empereur.
On a prétendu que Doria étoit venu propoibv
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