
& ceux qui lui ont reproché de n’avoir pas fait une
dépenfe proportionnée à fa fortune-, n’ont pas tenu
compte de la partie la plus refpeâable de cette dé-
penfe, des fournies confidérables qu’il faifoit diftri-
buer tous les ans aux pauvres de Dinan, fa patrie.
Ajoutons un dernier trait à ceux par lefquels
nous avons déjà prouvé fon impartialité. Il difoit
qpe les hypocrites de la cour & de la ville crai-
gnoient 8c haïfloient les philofophes commeJes voleurs
de nuit haïfloient les réverbères , 8c d’un autre
autre côté, témoin des excès que Te permettoïent
quelquefois des gens qui ufurpoient le titre de philofophes
, il difoit : Ils en feront tant, qu’à la fin ils
me rendront dévot. En effet, ce font fouvent les dévots
qui font les indévots, & les indévots qui font
les dévots,
M. Duclos étoit né en lyoy ; il fut reçu à l’académie
des belles-lettres en 1759, à l’académie fran-
(çoife en 1747. Il fut élu fecrétaire perpétuel de
l’académie françoife le 15 novembre I755. En
3744 il fut nommé maire de Dinan, & en cette
qualité il fut député quatre ans après aux états de
la province , par le tiers-état. En 1750 , il fut fait
hiftoriographe de France. En 1755 , le roi lui accorda
des lettres de noblefle, d’après le voeu unanime
des états de Bretagne. Il mourut le 26 Mars
1772..^
D U D O N ( Hifi. litt. rtiod.y, doyen de Saint-
Quentin dans le onzième fiècle, a écrit une histoire
três-fabuleufe des premiers dues de Normandie.
D U F A Y . Voye{ F a y (d u ) , d u F o u r , d u
F o u r n y , d u F r e sn e ,' d u F r e s n o y , d u F r e s -
NY, ( tous ces noms renvoyés à l’F. )
DU GDALE ( G u i l l a u m e ) , favant anglois ,
héraut d’armes, s’occupa beaucoup des antiquités
•de fon pays. On a de lui le Monafticon Anglicanum;
les Antiquités du comté de Warwïcb; YHifioire de
Véglïfe de S. Paul de Londres ; YHifioire de la noblejfe
d’Angleterre; des Mémoires hiftoriques. touchant'les
loix d’ Angleterre , les cours de juftice , &c, Il a écrit
aufîi le s événemens de fon temps ; on a de lui une
Mifidiré des troubles d’Angleterre , depuis 1638 juf-
qu’en 16$9. Né en 160? y à Shuftockdans le comté
de Wa'rwick. Mort en 1686.
DU GUESCLIN, Vo^i G u e s c l in ,
DU GU ET (J a c q u e s -Jo s e p h ) {Hift. litt. mod.) ,
un des meilleurs écrivains janféniftes & des plus
raifonnables. Sa longue vie, qui a été de près de
quatre-vingt-quatre ans’, lui a permis d’être l’ami,
du grand Arnauld, auprès duquel il pafla quelque
temps à Bruxelh s , du P. Quefnel dont il fut toujours
le défer>feur, de M- Hollin , à la folliçitation
duquel il compofa fes Commentaires fur l'ouvrage
des fix jours & fur la Génèfe, enfin de M. l’abbé :
Goujet qui a écrit fa vie ; c’eft prefque avoir em-
brafle par fes liaifons la durée entière du janfénifme,
depuis fon berceau jufqu’à fon tombeau. Il y a
trois chofes aflez remarquables dans lin écrivain
fi grave 8c fl janfénifte. La première eft que fon
premier ouvrage fut un roman dans le goût de
YAfirée,qu’il n’a pas fait imprimer, parce que l’ayant
montré à fa mère , elle lui reprocha cet ouvrage
comme un abus de fes talens ; la fécondé efl que
fes amis même lui ont reproché de la recherche & ;
de l’affeélation dans le ftylè \ M. Arnauld, dit-on ,
difoit de lui : est homme a un clinquant qui m’éblouit
les yeux ; la troifième efl qu’il fut contraire aux
convulfions , & qu’il n’approuva jamais l’efprit qui
préfide aux nouvelles eccléfiaftiques. Ce fut un
écrivain très fécond & très-laborieux; la collection
de fes écrits formeroit feule une bibliothèque. Ses
principaux ouvrages font: la Conduite d’une ame
chrétienne y compofée pour madame d’Agueflcau,
femme du confeillèr d’état, &, mère du chancelier
; VExplication de l'ouvrage . des fix jours, qui
forme le premier volume des commentaires dont
nous avons parlé ; le Traité des fcrupules ; les Caractères
de la charité , fur-tout le fameux Traité, de l’éducation
d’un prince qui fu t, dit on , compofé pour
le fils aîné du duc de Savoie , c’eft-à-dire, du roi'
Victor Amédée. Il y a encore de M. Duguet un recueil
de lettres de piété & de morale, où fe trouve
une lettre de controverfe, imprimée d’abord fépa-
‘ rément fous le nom d’une Carmélite qui l’adrefloit
à une femme proteftante de fes amies. M. Boflùet
n’en fut pas la dupe, & dit : il y a bien de la théolo-
gie fous la robe de cette religieufe. Les autres ouvrages
de M. Duguet font pour la plupart des explications
de divers livres de l’écriture fainte. Quelques
uns ont été faits en foçiété avec M. l’abbé d’Asfeld.
M. Duguet Yut perfécuté pour fes opinions', obligé
d’errer de retraite en retraire, fa vie toujours ça*
1 chée fut toujours occupée, par conféquent pure
& innocente. Voiture a dit, de la tentation de
fe faire moiné, que c’étoit la petite vérole de l'efprit,
parce qu’il prétendoit qu’il y avoit peu de jeunes
gens à qui elle ne prît au moins une fois ; on pour*
roit dire de la fureur de perfécuter pour des opinions
, qu’elle a été long-temps la petite vérole
des princes & des miniftres; il fautefpérer qu’elle
ne le fera plus , & que ce fera une maladie de
moins dans le corps politique. Ce qui montre fur-
tout l’abus de la periécution, c’eft de la voir armée
contre des hommes fa vans & vertueux, comme
M. Arnauld, le P. Quefnel, M. l’abbé d’Asfeld,
M. Duguet, & c . Ce dernier, né à /Montbrifon en
1649, mourut à Paris en 1733.
D U H A L D E «5» D U H A M E L . Voyes^ à la
lettre H.
DU HAN (L au rent) {Hifi. litt. mod. ) , pro*
feffeur de philpfophie au collège du Pleffis, connq
par fon Philofophus in utramque partem , qui en feigne
à toujours difputer'& à ne jamais fe rendre ,
livre long-temps cher auxHibernois. Mort chanoine
■ de Verdun vers 1730.
D U I L L I U. S ( Hifi. rom. ). Deux hommes ont ;
principalement rendil-ce nom célèbre:
i 9. Duïllius , tribun du peupleTan 306 de
Rome, s’honora en refufant d’être continué dans '
le tribunal, & en empêchant Tes collègues de s’y
faire continuer comme ils le defiroient, ce qui
13’a u roit faitque lés rendre odieux, & qu’augmenter
la divifion entre le fénat & le peuple.
2®. Le conful C. Duïllius , fameux pour avoir
été le premier -romain auquel on ait accordé les
honneurs du triomphe pour une vi&oire navale,
fameux fur-tout pour avoir rendu la Marine romaine
triomphante aufli-tôt qu’elle avoit été créée ,
-& pour avoir remporté cet avantage fur les Carthaginois,
puiflance accoutumée depuis long-temps
à dominer fur la mer. Sa viâoire 8c fon triomphe
font de l’an de Rome 492 , pendant le cours de la
première guerre Punique. Il tut cenfeur l’an 494.
DUISBOURG(Pierre d e ) {Hifi. lut. mod.),
auteur d’une chronique de Pfuffe, vivoit dans le
feizième fiècle.
DULARD (Paul-Alex andre) {Hifi. litt. mod.)
fecrétaire perpétuel de l’académie de Marfeille ,
fa patrie, place dans laquelle il avoit fuccédé à
M. de Chalamont de la Vifclède ( voyez Vtfclède)
( de la ) , eft auteur d’un poème aflez connu , des !
grandeurs de Dieu dans les merveilles de la nature ,
il a publié aufli en 1758, deux volumes d’oeuvres
•diverfes, où on trouve des pôëfies de tous les
genres , à l’exception du genre dramatique ,. on y
trouve même des poèmes épiques , & dans un de
ces poèmes, intitulé Protis ou la fondation de Mar-
feïlle,on remarque un morceau où le poète imite vi-
fiblement Chapelain & lui eft tout aufli vifiblement
inférieur. M. Dulard compare lés Phocéens repouf-
lés dans une fortie, mais terribles encore dans leur
défaite & jufques dans leur fuite, à un lion qui
cède aux efforts de plufieurs bergers réunis 8c
cjui femble les menacer encore, même en les
fuyant.
Ainfi lorfque fortant des forêts de L ybie ,
Un lion dans la plaine exerce fa furie,
Le s pafteurs réunis , armés d’épieux , de dards,
Sur le nionftre à grand bruit fondent de toutes partsj
Son courage indompté ne cède qu’avec peine. •
11 marche en rugiflant vers la forêt prochaine ,
Honteux d’être à leurs yeux contraint de fe fauver.
■ Dans fa fuite forcée il ofe les braver.
Hifioire. Tome II9 Seconde paru
Chapelain avoit fait .la même comparaifon an
fujet de Talbot, ce vaillant défenfeur du parti
Anglois.
Tel eft un grand lion roi des monts de Cirène,
Lorfque de tout un peuple , entouré-fur Parêne ,
Contre fa noble vie il voit de toutes parts
Unis. & conjurés les épieux & les dards:;
ReconnoilTant pour lui la mort inévitable ,
ÏLrëfôüt'à-Ja mort fon courage indomptable ,
Il . y va fans foiblefle , il* y va fans effroi'.
Et la devant fouffrir , la veut fouffrir en roi.
Ce titre de Roi dès Monts de Cirène, donné au
lion, annonce la comparaifon de Chapelain avec
une pompe & une fierté qui fe foutiennent dans
le morceau entier, 8c qui ne fe trouvent point dans
M. Dulard. Ces deux vers de ce poète
Les pafteurs réunis , armés d’épieux , de dards ,
Sur le nionftre , à grand bru it, fondent de toutes parts.
pavoiflent foibles auprès de ce tour plus v if, plus
ferré, plus poétique.
. Il voit de toutes parts
Unis & conjurés les épieux & les dards.
Ce vers de Chapelain •
I l réfout à la mort fon courage indomptable.
a certainement plus de force que celui-ci î
Son courage indompté ne cédé qu’avec peine.
- Les deux vers qui terminent le tableau de
Chapelain , font d’une noblefle que rien ne retrace
dans les deux derniers vers de M D u la r d . Il eft
vrai que ceux de Chapelain expriment une a&ion
beaucoup plus noble.
Il y a de bel’es chofes dans les odes facrées de
M. D u la r d fur- tout dans celles qui font faites
d’après les deux cantiques de Moïfe , cantemus
domino , 8c , audite ceeli quatloquor, il refferre cependant
d’une manière trop froide & trop féche „
le reproche fi éloquent, fi animé, que Moïfe fait
aux Juifs, de leur ingratitude envers Dieu. C e
morceau fublime méritoit d’être plus développé.
Generatio prava atque perverfa : hceccine reddis Domino, po~
pule Jlulte & infipïens ?
Numquid non ipfe eft pater tu u s , qui poffedit te , & fecit O
creavit te !
Memerito dterum antiquorum : cogita generationes ftngulas.
ïnterroga patrem tuum , & annuntiabit tibi : majores tuos f
Cr dicent tibi.
Ccc