
partie de fon crime, & redoutant l’habiletéSEmmu\ 1
î’accufa de trahifon ; il eut le crédit de la faire •
chaffer du royaume ; cependant Harold mourut, !
Hardicanute arriva> tout fe réunit en fa faveur ;
il fit venir à fa cour fon frère Edouard , qui
demanda juftice de la mort d’Alfred ; Hardicanute
lui-même mourut peu de temps après ; la race
faxonne remonta fur le trône, Edouard fut roi
d’Angleterre. C ’eft ce prince foible, vertueux &
-- fuperftitieux, fi connu (bus le nom d Edouard
le confejfeur, & qui fut le dernier roi d’Angleterre
de la race faxonne, comme Hardicanute avoir
été le dernier de la race danoife. Edouard devoit
fans doute plus de reconnoiffance à fa mère, pour
l ’avoir dérobé à tant de périls, que de reflentiment
des claufes auxquelles elle avoit pu être obligée
de foufcrire dans le temps de fon fécond mariage
avec Canut. Ce roi dévot, femblable à beaucoup
d’égards à notre Louis le débonnaire, laiffoit prefque
mourir fa mère de faim , ce que Louis n’eût pas
fait, la faifoit paffer par l’épreuve du feu fur l’accufa-
tion téméraire d’un mauvais commerce avec un
évêque, & fe faifoit enfuite donner la difcipline
par cet évêque & par elle. Emma vivoit encore
Vers l’an 1046.
EMANUEL ou EMMANUEL, {Hïfl. de Portug.}
dit LE G rand , roi de Portugal ; c’eft fous fon
règne , c’eft fous fes aufpices que ces grands navigateurs
, Vafco ou Vafquez de Gama, Americ Vef-
puce, Pierre Alvarès Cabrai, firent leurs grandes
découvertes : l’un trouva la route aux Indes en
doublant le cap de Bonne-Efpérance, & tranfporta
au Portugal tout le commerce de Venife, ( voye^
G am a ) ; l'autre appérçut le premier le continent
de l’Amérique & lui dqnna fon nom, ( voyez
V e s p u c e ) ( Améric) ; le troifième découvrit le
Bréfil , ( voye^ C a b r a l ) : ces découvertes & ces
révolutions firent donner à Emmanuel le nom de
prince très-fortuné, & on appelle encore aujourd’hui
le règne d’Emmanuel le fîècle d’or du^Portugal. On
reproche à ce prince quelques fautes en mo'rale &
en politique ; il chaffa les Maures, il convertit ou
plutôt il baptifa les Juifs par force ; il eut en partie
les torts & la gloire de Charlemagne ; au lieu des
trois parties de l’Europe où Charlemagne fit des
conquêtes , l ’Italie , l’Efpagne , & fur-tout l’Allemagne
, ce fut dans les trois autres parties du monde
quyEmmanuel fit les fiennes.
Il prenoit les titres de fouverain de Guinée,
maître de la navigation &. du commerce d’Ethiopie',
d’Arabie, de Perfe & des Indes, titres d’autant
plus glorieux qu’il ne les devoit point au hafard
de la naiffance , mais à l’induftrie de fes fujets,
encouragés par fes bienfaits.
Emmanuel époufa fnceeflivement les deux foeurs
avec cfifpenfe du pape ; c’étoient Ifabelle & Marie,
filles de Ferdinand le catholique, roi d’Efpagne : il
époufa en troifièmes noces leur nièce, Eléonore
d’Autriche, foêur de Charles-Quint,laquelle é pou fi»
enfuite en fécondé noces François I. ( Voye{ Eleo,
nore d’Autriche.)
Emmanuel bâtit le monaftère de Bellem, & il y,
eft enterré. On lit fur fon tombeau cette épitaphe
où fes conquêtes font célébrées:
L i t t c f e ab o c c id u o , q u i p r im ùm a d l i t t o r a f o l i s
E x t e n d i t c u ltum n o t itiam q u e D e l ;
T ô t r é g is d om i t ï c ü i fu bm ife r e iia r a s
C o n d itu r h o c tum u lo m a x im u s E m m a n u e l.
Emanuel ou Emmanuel. Philibert , duc de
Savoye. Voye£ Sa v o y e .
Il mourut en 1521. Ilétoit monté fur le trône
en 1495.
EMBAUMEMENT ; (Hijl. anc. & mod.} les
corps humains fe confervent naturellement par
l’a&ion de plufieurs caufes différentes, qui fe
réunifient toutes dans l’obftacle qu’elles mettent
à la putréfaction. Les eaux vitrioliques ont confervé
& même endurci le corps d’un homme qu’on a
trouvé dans les mines de Suède : des eaux imprégnées
de tourbe ont fait le même effet, & même
des eaux Amplement froides ont confervé des corp9
pendant un temps confidérable.
Le contraire de l’eau, l’air extrêmement fec8t
chaud des déferts de l’Arabie & de l’A frique, def-.
sèche les corps avec tant de promptitude, que la
putréfaétion ne fe développe point, parce que
toute l’humidité a été enlevée : on trouve tous
les jours de ces momies dans les pays les plus
arides ,* & les plus expofés au foleil. La fumée
imite l’effet de la chaleur sèche.
Les liqueurs fpiritueufes, & mieux encore les
liqueurs acides, confervent des corps qui n’ont
pas trop de volume. L e miel dort avoir fait le
même effet au rapport des anciens, & doit avoir
fervi de baume au cadavre d’Alexandre : mais des
expériences modernes n’ont pas confirmé ce pouvoir
confervateur du miel.
Ce qui exclut l’aCtion de l’air prévient de même
la pourriture; la cire fondue acorifervé des Corps,
l’huile même a fait cet effet, & on conferve les
perdrix dans du beurre, le vuidê parfait procure
des fruits, dont le goût n’a point été changé par
le temps.
Il fe trouve des caveaux où les cadavres fe
confervent fans aucun fecours de l’art ; on connoît
celui de Brème, celui de Warbourg, celui de
Touloufe. On a vu un nombre de cadavres en
différens endroits, qui n’ont jamais éprouvé de
pourriture, & qui ont même confervé leur phy-
fionomie & leur couleur; le fang même étoit rouge
dans les religieufes de Quebec. On dit la même
chofe du corps de Philippe Néri, de celui de Grotius,
de celui de Charles Y , de Modelich, d’ua
torps de femme découvert en Eftlande, & de
plufieurs autres cadavres. '*
Plufieurs peuples ont embaumé leurs morts,
pour conferver les reftes de leurs ancêtres. Les
fauvages des îles Canaries s’en acquittoient très- (
bien ; ils confervoient même la flexibilité & la
reffemblance. On a trouvé en Europe des cadavres
confervés de même t les inteftins étoient reftés
entiers.
Mais de tous les peuples, celui qui embaumoît
le plus généralement & le plus exactement les corps
de fes parens, c’étoient fans doute les Egyptiens.
On trouve encore tous les jours dans les envi- j
rons de Gizé des caveaux remplis de momies.
On n’eft pas d’accord fur les moyens que les
Egyptiens employoient. On a dit que l’on faifoit
fortir la cervelle par un trou. Ce fait eft nié par
M. Lech, qui a reconnu I’osl cribleux dans fon
entier dans une momie d’Egypte; on convient affez
que le plus grand nombre de momies n’a été embaumé
qu’avec du bitume. M. Rouelle a cru que l’on faifoit
un fquelette de ces corps avant que d’y verfer
du bitume; & il eft sûr qu’on trouve des momies,
dont les os font entièrement décharnés ; c’eft l’état
où fe trouvoit la momie décrite par Sryph. Mais
il y en a d’autres, où les chairs font confondues
ftvec le bitume, fans être enlevées : on en a vu
-même, où le vifage étoit confervé & encore re-
connoiffable. Il eft bien problable qu’à l’égard des
perfonnes d’un rang fupérieur on prenoit plus de
précaution.
La meilleure méthode d’embaumer feroit certainement
celle qui fe fait par l’injedion. Nous avons
vu chez Ruifcn un enfant confervé fans que fes
chairs fuffent affaifiees : elles étoient rondes & potelées
, avec le coloris le plus fleuri d’une belle
jeuneffe. Cela ne paroît pas'difficile; on n’a qu’à
colorer la colle de poiffon avec de la cochenille :
cette liqueur perce dans les efpaces cellulaires, les
arrondit, & donne aux joues le vermeil le plus
v if; mais la difficulté, c’eft de fixer cette colle, d’en
empêcher l’évaporation, & de conferver à l’air
l’embonpoint artificiel : c’eft un fecret que Ruilch
avoit découvert, & qui eft perdu. (H . D. G .)
EMERITE, f. m. {Hijl. mod.} On donne, dans
la faculté des Arts , ce titre aux profeffeurs qui
ont vingt ans d’exercice. Ils confervent, en quittant
leur chaire, une penfion de cinq cents livres ;
récompenfe bien modique d’un long fervice rendu
à la fociété dans un des emplois les plus impor-
tans & les plus pénibles, celui d’inftruire la
jeuneffe, [A . R .)
(Cette penfion de retraite a été augmentée
fiepuis. )
amené d’Italie ; il le fit fin-intendant des finances
de France ;& de tant d’indignes miniftres de ce
département délicat, c’eft le plus décrié ; fes opérations
étoient baffes & ridicules autant que vexa-
toires ; il affichoit des principes d’après lefquels
il devenoit honteux & infame d’employer un tel
homme ; il difoit que la bonne foi détoit que pour
les marchands ; il fut chaffé à la clameur publique ;
& ce fut le défordre qu’il avoit mis dans les affaires,
qui fit chaffer deux fois le cardinal Mazarin ; car
la patience a des bornes.
Il eft dit dans le Menagiana que Monfieur,
(Gaston) étant à un fermon de la pafïion, accompagné
de cet Emery & d’un autre miniftre des
finances dont l’adminiftration n’avoit pas été non
plus fort agréable au peuple, & s’étant endormi, fut
tout-à-coup réveillé par un grand éclat de rire
de tout l’auditoire, caufé par cette exclamation,
du prédicateur : Ah ! mon Seigneur ! quand je vous
vois aïnfi entre deux larrons ! Gafton demanda ce
que c’étoit ; on dit qdEmery, accoutumé à ces fortes
de fcènes, lui répondit: dorme£ , monfeigneur. ce
neß qu’à nous qdon en veut.
E M I L E S , E M I L I E N S ; ( Hiß. rom.\
Staates in minibus JEmilianos•
maifon illuftre de Rome, partagée en différentes
branches, toutes célèbres, & dont les principales
font les Marnerais, les Lépides, les Pauls, les Seau»
rus, les Papus ou Papiens. Les perfonnages les plus
illuftres de cette maifon, en les prenant indiG
tin&ement dans les diverfes branches, font :
1 Mamercus Emilius ti ois fois diflateur, vainqueur
des Vtiens & des Fidenates , au quatrième
iiècle de Rome.
29. LeconfulLucius Emilius Papus, qui vainquit
les Gaulois près de Télamon en Etrurie,l’aa
527 de Rome.
3^.Le conful Lucius Emilius Paulus, tué à la
bataille de Cannes; c’eft de lui qu’Horace a dftA
Animaque inagnae
Prodigum Paulum , J'uperante Pceno*
Silius italiens :
Et Pauli ftare ingentem mirdberis umbram«'
C ’eft de lui que parle Rouffeau dans ces y en
de Porte à la.Fortune:
L ’ inexpérience indocile
Du compagnon de Paul Emile *
pit tout le fuccês d’Annibal.
EMERY. {Hiß. de Fr.} Son vrai nom 6toit
Michel Perticelli ou Particelli; il etoit fils d’un
pay fan de Sienne. Le cardinal Ma^arin l’w i t
4p.Paul Emile fon fils, dit 1e Macédonîque, qui
vainquit Perfée & réduifitla Macédoine en Province;
Perfée l’ayant fait prier de lui épargner l’affront
U i 4