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FEUILLEE, ( Louis ) {H iß.litt.mod.)minime\
botanifte du roi, aflocié de l’académie des Sciences.
Louis XIV, par l’ordre duquel il entreprit plufieurs.
voyages , lui fit conftruire un obfervatoire à*
IVIarfeille. Il mourut dans cette ville en 1732. Il
étoit né à Mane , aulli en Provence , en 1660. On
a de lui un Journal d'Qbfervations phyfiques, mathématiques
, botaniques , î aites fur ,les côtes de
l’Amérique méridionale & à la Nouvelle-Efpagne.
On conferve , en original, à la bibliothèque du
roi le Journal de fon voyage aux Canaries, pour
la fixatiqn du premier méridien , 8c un grand volume
in - folio , où il avoit deftîné d’après nature
les principales çuriofités de l’Amérique.
FEUILLET, (Nicolas) {H iß - mod.} doyen
de Saint-Cloud, janfénifte levère , qui fit une
oraifon funèbre de Henriette d’Angleterre , durcheile
d’Orléans, mais qui au lieu de la confoîer à la
mort , Teffrayoit par fon ton menaçant 8c fes
réprimandes aufièjres. Il falloir fans doute, comme
Boffuet, fermer aux foupcons l’ame de cette prin-
çeffe mourante , 8c ne l’ouvrir qu’à la pénitence ;
il falloit l’empêcher de rechercher fi elle mouroit
empoifonnée, 8c l’avertir de pardonner aux hommes
& de demander pardon à Dieu; mais en lui
prodiguant lgs çpnfolafions que fon état exigeoit,
8c qu’elle avoit tant prodiguées elle - même au
malheur, en ufa.nt envers elle de cettë indulgence
aimable qu’elle avoit fi confiant ment fignalée
envers tout le monde, 8c qui fembloit lui garantir
les niiféricordes divines, il falloir réferver à fes
empoifonneurs quels qu’ils fufient les foudres du
zèle apoftolique. On a de M. Feuillet une Hifloire
de la converfion de Chanteau , coufin - germain
de M. de Çaumartin, confeiller d’état. C’étoit
jM. Feuillet qui avoit été le principal inftrumeqt
de cette converfion , 8c c’étoit, fans doute, ce
qu’il vouloit qu’on fût. Il mourut à Paris en 1693.
Monfieur , duc d’Orléans, fatiguoit quelquefois
M. Feuillet, de fes fcrupules fur le jeûne. Il obfer-
voit de manger continuellement, même fans avoir
faim, jufqu’au moment du café, de peur que, s’il
y avoit le moindre intervalle , ce ne fût rompre le
jeûne. Je ne vois pas , lui dit à ce fujet le brufque
Feuillet, qu'on en jeûne mieux pour manger davantage.
Une autre fois, fur quelqu’autre fcrupulè du même
genre au fujet de l’obfervàtioh du carême, il lui dit ;
mange^ un veau & fioye^ chrétien.
FEUQUIÈRES. ( de ) ( Voyez Pas )
FEVRE ( le ) eft un nom commun à un grand
nombre de gens de lettres célèbres.
i°. Jacques Le Fèvre, dit d’Etaples, parce qu’il
étoit d’Etaples en Picardie , fut d’abord profefïeur
au collège du cardinal le Moine. Beda, fyndic de
la faculté de théologie 8c fcolafiique barbare ( voy.
l’article Beda ) vouloit le faire brûler pour fon
traité .des trois Magdeleines, Il s’agiflqit de fayoir fi
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Marie, foeur de Marthe 8c de Lazare, Marie^Mag-
deleine, que JefusrChrift délivra de fept démons,
8c la femme pécherefte dont il èft parlé au chapitre
VII de S. Luc, font trois perfonnes différentes
ou une feule. Les pères grecs lesavoient diftinguées;
les pères latins les avoient confondues; la forbonne
décida en faveur des pères latins, à la tête defquels
étoit le pape S. Grégoire. Le Fèvre fut condamné
par la forbonne, 8c le parlement le pourfuiyoit
déjà comme hérétique, lorfque François I vint
à fon fecours 8c défendit au parlement de l’inquiéter.
Ce n’eft pas que François I fût, ou fe crût
çn état de juger fi Le Fèvre avoit tort ou raifon ;
feulement il étoit allez éclairé pour fentir qu’il im-
portoit peu à la foi qu’il y eût trois Magdeleine.s
dans l’évangile, Ou qu’il n’y en eût qu’une.
La forbonne voulut encore condamner un autre
ouvrage de Le Fèvre; François I arrêta cette çen-
fure.
Pendant Pabfence 8c la prifon de ce prince
Le Fèvre s’étoit retiré à Meaux, auprès de l’évêque
Guillaume Briçonnet, qui aimoit les lettres. ( voy.
l’article Briçonnet ) Le parlement reprit les
anciennes procédures contre Jacques Le Fèvre , &
le força de fortir de Meaux 8c du royaume. La reine
de Navarre, fçeur de François I , donna , dans fes
émts, un afyle à Le Fèvre 8ç lui procura unç vieil—
leffe paifible 8c honorée. Il mourut en 1533, à
Nérac, âgé de près cent ans. Ainfi lorfqu’on le pourfuiyoit
avec tant de rigueur pour l'affaire des
trois Magdeleines, il avoit plus de quatre-vingts ans.
On lui fit cette épitaphe :
Corpus hunio , mcntemque D e o , bona cuncla , relinquo :
PàùperibuS ) Faber hcec , dùm moreretur , dit.
Erafnie étoit le plus grand nom qu’il y eût dç
fon temps dans les lettres, Le Fèvre y occupoit,
après lu i, une place diftinguée. M. de Burigny
rapporte dans fa vie d’Erafme, que çelui-ci ayant
paru vouloir s’établir en Bourgogne , 8c les pafie-
ports ayant même été expédiés, le roi dit à Budée,
d’un air de triomphe 8c de joie : Eh bien ! nous
■ aurons donc bientôt Le Fèvre cheç nous.. ---- Le Fèvre !
dit Budée, nous n’avons jamais ceffé de l’avoir.
-----Eh non ! reprit le roi , c'efi Érafine que Je veux
dire. Laméprife étoit flatteufe pour Le Fèvre, 8c fart
conpoître le rang qu’il avoit dans l’eftime de
François I.
Z°.. Guy Le Fèvre, fieur de la Boderie, fayan-t
dans lesjangues orientales,. eut beaucoup dé part
à la fameufe Polyglotte d’Anvers ; il fut fecrétaire
du duc d’Alençon-Anjou, frère de Henri III. Il
alla mourir, en ; * 598, à la terre de la Boderie, eii
Bafle-Normandie, où il étoit né en 1541.
3°. ^Antoine Le Fèvre de la Boderie, frère de
G u y , fe. difijngqa fous Henri IV 8c Louis XIII,
dans diverfes ambafiades, à,Rome, dans les Pays-
Bas, en Angleterre. Il revint d’Angleterre; comblé
de préfeus qui attefioient la faps(a§ion gépéi
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raie.- Jacques-II lui -donna un bafiin de vermeil,'
enrichi de pierreries, avec ces mots '. Jacques, roi de
la Grande-Bretagne , à Antoine de la Boderie, grâce
qui fembloit joindre la bienveillance d’un ami à la
munificence d'un roi ; le prince de Galles, Charles,
donna aufii à la Boderie un diamant d’un grand prix.
Les lords lui donnèrent cent cinquante haquenées,
dont à fon retour en France il fit préfent à fes amis.
Henri IV lui en demanda une à ce titre; il n'efi pas
jüfie , lui dit-il, que je fois le [eut de vos amis, exclu
de vos libéralités. La Boderie découvrit les intelligences
que le maréchal de Biron avoit à Bruxelles,
8c en infiruifit le gouvernement. Il époufa la foeur
du marquis de Feuquières, gouverneur de Verdun,
dont il eut une fille, qui époufa, en 1613, le célèbre
Ârnauld d’Andilly , auquel elle apporta la
terre de Pomponë. On a les Lettres 8c Négociations
du fieur de la Boderie, en 5 volumes in-12.
La Boderie ‘ paffe pour avoir été un des auteurs
dli Cat'holïcon. Il mourut en 1615.
4°, Nicolas Le Fèvre fut choifi, par Henri IV ,
pour précepteur du troifième prince de Condé ; il
le fut aufii de Louis XIII après la mort d’Henri IV.
Il s’étoit crevé un oeil dans fa jeunefie , en taillant
une plume, ce qui n’avoit point ralenti fon ardeur
pour l’étude. On a de lui des- opufcules qui n’ont
été recueillis que deùx ans après fa mort, arrivée
en i 6 t 2 . Il étoit né à Paris en 1544.
50. Tanneguy Le Fèvre, né à Caen en 16 15,
favant difiingué , puifqu’il avoit du goût 8c de la
critique, vécut d’abord des libéralités du cardinal
de Richelieu , enfuite d’une chaire d’humanité à
Saumur, qu’il rendit bientôt très-confidérable par
la multitude-d’écôliérs que fa réputation y attira,
8c qu’il alloit cependant quitter pour s’établir à.
Heidelberg, quand la mort le fur prit en 1672. Il a
éclairci, par de faVantes notes, les nfeilleurs auteurs
grecs 8c latins; il a traduit, en partie, Platon 8c
Plutarque ; il a écrit les vies des poètes -grecs;
il a fait lui - même des poéfies grecques 8c
latines, efiimées des fayans; on vante beaucoup
fur - tout fon poème , d'Adonis, 8c fes Fables de
Lócman ; enfin il eft père de madame Dacier; il
eut aufii un fils, auteur d’un petit traité; de Futilitate
po'étices; c’étoit condamner toute la vie de fon père,
qui s’étoit pafiee à. compofer ou à commenter des
vers. Une chofe beaucoup plus futile que la poëfie,
ceft d’écrire contre un art qui fait le charme des
oreilles délicates , des coeurs fenfibies 8c des efprits
cultivés.. On dit que Le Fèvre le père étoit aufii
mondain 8c aufii recherché dans fa parure qu’un
favant peut [l’être. Il n’en étoit pas de même de fa
fille.. Ma is une chofe beaucoup plus digne de remarque
, c’eft que Le Fèvre eut le courage de dédier
fon Lucrèce à Péliflbn, alors prifonnier'd’état, 8c
qui méritoit bien cet hommage par la caufe même
dé fa détention.
F É V R E T , ( C h a R LE S ) {Hifi, lilt. mod. }
ÖVocat au parlement de Dijon, auteur du Traité de
FEV ypi
l'abus ; il compofa cet utile ouvrage à la fol licitation
du grand Condé; ce qui prou ve que rien de ce qui
peut iijftruire les hommes n’étoit étranger à ce
| grand prince. On a encore de Févret, l'Hifloire de
la Jédition arrivée à Dijon en 1630 ; 8c cet ouvrage
8c l’événement qui en eft le fujet, font beaucoup
moins connus. Févret avoit pris pour devife : Conf-
cientia virluti fatis amplum theatrum efl : La confidence
efl un afifieç grand théâtre pour la vertu ; maxime qui
peut quelquefois confoler l’homme de bien que
l’erreur publique calomnie ou perfécute. Mais
n’ôtons point aux hommes ordinaires le defir 8c le
befoin du fuffrage de leurs femblables. Févret, né
en 1 5 8 3 , à Semur en Atixois, mourut à Dijon
en 1661.
C ’eft à fon arrière-petit-fils, Charles Marie Févret
de Fontète, confeiller au parlement de Dijon,
que nous devons cette nouvelle édition, fi augmentée
8c devenue fi utile, de la Bibliothèque Hifio-
rique de la France , du P. Le Long. Elle ne formoit
d’abord qu’un volume in-folio : elle en forme
aujourd’hui cinq, en comptant les tables nécéfîaires
qui en facilitent l’ufage. M. Barbeau des Bruyères,
auquel M. Févret de Fontète avoit remis tout fon
travail dès l’an 1764, a préfidé à l’édition de cet
ouvrage. ( voyez Ba r b e a u )
M. de Fontète eft mort en 17 72, direéleur de
l’académie de Dijon ; il étoit né aufii à Dijon, en
1710, 8c avoit été reçu confeiller au parlement
en 173 6. /
F IAN Ç A IL LE S , f. f. pl. ( Hiß. anç. & mod. )
promefîe réciproque de mariage futur qui fe fait
en face, d’églife. Mais en général ce mot défigne
[les cérémonies qui fe pratiquent folemnellement
ayant la célébration du mariage, 8c où les deux
perfonnes qui doivent s’époufer , fe promettent
mutuellement de fe prendre pour mari 8c jpour
femme.
Le terme de fiancer , defipondere , eft ancien ; il
fignifioit promettre., engager fia f o i , comme dans
le roman de la Rofe : & promets , & fiance , 6*
jure. Et dans l’hiftoire. de Bertrand du Guefclin ;
« au partir, lui 8c fes,gensprindrent quatreche-
» valiers anglois , qui fiancèrent de la main ,
» lefquels fe rendirent tant feulement à Bertrand.«
Enfin il eft dit dans les grandes chroniques de
France que Clotilde ayant recommandé le fecret
à Aurélien , « il lui jura 8c fiança que james
» onc ne le fauroit. « Nous avons confervé ce
terme fiancé, d’où nous avons fait fiançailles, pour
exprimer l’engagement que l’on contracte avant
qué d’époufer. Les latins ont employé les mots
fipondeo , fiponfialia , dans le même fens. Plaute
s’en eft fervi plufieurs fois : on lit dans l’Aululaire :
M. Quid nunc etiam defpondes mihi filiam ? E.
Ulis legibus , cum illâ dote quam tibi dixi. M. S pondère
ergo, E. Spondeo.
De même , Térence, dans fa première fcène
de i’Andrienne :