
dinar, à vîvoît toujours au milieu des frayeurs. De
tous les vaftcs états , l’Autriche feule n’a voit point
été entamée par les Suédois. Il revint à fon premier
projet , qui était de femer la divifion parmi
jfes ennemis: il n’y put rêuflir. Ses amis l’ahan-
donnoient,^«. fon général Valftein,retiré en Bohême
depuis la malhmreufe journée de Lutzen , cher-
choit moins à le fecourir qu’à échapper au péril.
Ferdinand fe crut dans la néceffité de lui retirer
5e commandement; mais comme il craignoit fe
Teflentiment d?un aufti çrand généVal . il le ht
siffafTiner. Si Ferdinand I I , dit M. de Voltaire, fut
obligé d’en venir à cette extrémité odienfe , il
faut la compter parmi fes malheurs. Cet auteur
doute du crime de Valftein ; mais on a
tde fortes préemptions qu’il afpiroit à fe faire
couronner roi de Bohême. Cependant les efprits
s’aigrirent dans ce royaume, & dans la Siléfie.Les
armées de Suède tenoient toute l’Allemagne en
échec, & la perte de Guftave ne leur avoir rien
fait perdre de leur confiance. Banier s’érendoit fur
tout le cours de l’Oder, le maréchal Horn étoit fur
le Rhin , Bernard Veimar fur le Danube , & l’é-
leâeur de Saxe dans la Luface & la Bohême. L’empereur
reftoit toujours dans Vienne ; fon bonheur,
comme l’a remarqué l’illuftre écrivain qu’on vient
de citer, voulut que les Turcs demeurèrent dans
J’inaâion. AmuratIV étoit occupé contre les Persans,
& le prince de Tranfilvanie , fon allié, étoit
mort. Ferdinand y tranquille de ce côté, tiroit des
fecours de la Hongrie, de l’Autriche , de la Ca-
rinthie , de la Carniole & du Tirnl. Le roi d’Ef-
pagne lui avoit envoyé le général Féria avec des
troupes & de l’argent. La ligue catholique faifoit
toujours quelque effort en fa faveur. Le duc de
Bavière, à qui les Suédois vouloient ôter le Pala-
tinàt, étoit obligé de s’unir au chef de l’Empire.
Cependant le parti proteftant raffembloit toutes
fes forces pour terminer la guerre par un coup
décifif. L’empereur donne le commandement général
à Erneft fon fils , roi de Hongrie. Ce jeune
monarque s’empare de Rafisbonne (bus les yeux
du duc de Saxe-Veimar. Celui-ci fe -joint au maréchal
Horn ; & tous deux s’efforcent de fermer
l ’entrée de la Suabe aux Autrichiens, qui par le
gain dune bataille rompent leurs mefures, & rendent
à Ferdinand un partie de fa fupériorité ( 5
feptembre t 634O Cette bataille eft fameufe par
la qualité des chefs, par fa durée & par le nombre
des morts. La Suabe & la Franconie fut ouverte
aux vainqueurs. Cependant Louis XIII, ou plutôt
Richelieu,qui dominoit dans les confeils de ce prince,
fongeoitji tirer avantage de tous les événemens.
Les Suédois, qui fupportoient tout le poids de
cette guerre , avoient prétendu jufqu’alors en recueillir
tout le fruit. Ceux qui ont le mieux approfondi
la politique du grand cardinal, ont placé
la mort de Guftave au nombre des crimes heureux
qu’il commit ; en diminuant la puiffance de Fer-
4 'mand, i r i e z de voit pas élever plus grande
encore. Telle eut été la Suède , fi elle eut étendu
fa domination en Allemagne. La perte de
la bataille de Nordlingue valut l’Alface à la
France. L’armée de Veimar fut prefque détruite,
Oxenftiern, qui avoit refufé à Louis XIII l’entrée
dans cette province , fe vit dans la néceffité de
prier ce monarque d’en prendre-poffefiion fous le
titre de proteéL ur. Louis XIII fit auffi-tôt partir
une armée pour l’Alface , & mit garnifon dans
toutes les villes , excepté Strasbourg qui ,
dit M. de Voltaire , joua le perfonnage d’un
allié confidérable. L’éle&eur de Trêves étoit déjà
fous la prcteâion de la France : l’empereur le fit
enlever & le mit fous la garde du cardinal infant,
gouverneur des Pays-Bas ; ce qui donna un prétexte
à Louis XIII de déclarer la guerre aux deux
branches Autrichiennes Tandis qu’il réunit toutes
fes forces contre elles , la Suède , relevée par fes
f cours , agit contre la cour de Vienne avec une
nouvelle vigueur. Le duc de Veimar, dont il fou-
doie les troupes , fait des progrès fur le Rhin &
fe rend maître des villes que baigne ce fleuve ;
Varengel conferve la Poméranie , retient l’èle&eur
de Brandebourg , qui menaçoit d’abandonner la
caufe commune , & fe venge de l’éleélcur de
Saxe qui l’avoit trahie. Torftanfon, qui lui fuccède,
preffe les opérations avec encore plus de vivacité
& de bonheur ; mais les faits de ce capitaine appartiennent
au règne fuivant. L ’empereur mourut
au milieu de ces troubles, épuifé de fatigues &
d’infirmités. Il avoit cependant affuré l’Empire à
Erneft fon fils, en lui donnant le titre de roi des
Romains. Ferdinand avoit cinquante-neuf ans, dont
il avoit régné dix-huit : il eut de l’impératrice
Marie-Anne, fa première femme, fille de Guillaume
, duc de Bavière , outre Erneft , dont
nous venons de parler , & qui eft mieux connu
fons le nom de Ferdinand I I I , Léopold Guillaume,
qui fut à la fois évêque de Strasbourg , de Hai—
berftadt , de Paffau , de Breflau & d’Olmus ,
grand-maître de l ’ordre Teutonique & adminiftra-
teur des Pays-Bas ; Marie-Anne, qui fut mariée à
Maximilien, élefreur de Bavière; & Cécile-Rénée,
qui époufa le roi de Pologne , Ladiflas IV : il eut
encore un fils & une fille , Charles & Chriftine,
qui moururent en bas âge. Eléonore de Gonzague
, fa fécondé femme , ne liri donna aucun
héritier. Ferdinand I I , dit un moderne, avoit toutes
les qualités du héros , & toutes les vertus du
grand homme , une ame noble & fublime , une
fageffe confommée, un difeernement jufte, & une
fermeté qui le mettoit, pour ainfi dire , au-deffus
des événemens. Cet empereur fembloit né pour
rendre à l’Empire fon antique fplendeur , & à l*ér
glife d’Allemagne fes plus beaux jours de paix. A
ces mots > reconnoît - on Ferdinand ? Peut-011
donner le nom de héros à un prince qui, pendant
une guerre de dix-huit ans, n’ofa paroître une fois
à la tête de fes armées ? quand l ’ennemi déŸaftoit
fon empire , étoit-ce l’héroïfine qui l’enchaînoit
-dans fa capitale ? On cherche en vain dafis fa vie
ces efforts dè la nature qui décèlent cette ame
noble que lui prête l’anonyme. S’il eut ce difeernement
qu’il lui fuppofe , comment put - il fe
réfoudre à allumer les premiers feux d’une guerre
fi longue & fi défaftreufe ? L’Allemagne ravagée
tour-à-tour par les Suédois , les François, par
elle-même, livrée à la famine & plongée dans la
barbarie , n’annonçoit pas un empereur né pour
lui rendre fa première fplendeur & faire renaître
les beaux jours de l’éelife. ( M. — Y. )
FERDINAND III , {Hiß, d’Allemagne , de Hongrie
& de Bohême. ) fils du précédent & de l’impératrice
Marie-Anne , XXXVe empereur d’A llemagne
depuis Conrad I , XXIVe roi de Hongrie,
XXXIXe roi de Bohême; né en i6oS,morten 1057.
Ce prince, avant de parvenir au trône de l’empire
, s’en étoit montré digne. Il avoit rempli avec
gloire-celui de Hongrie,qu’il occupoit depuis douze
ans. Il falloit que ton père lui connût de grands
talens , puifqu’il lui*donna le commandement
général des armées après la mort tragique- du ,
grand Valftein. Ferdinand 77/juftifia le choix de
ion père', en forçant les Suédois de fortir de la
Bavière. La bataille de Nordlingue , gagnée par fes
foins , f ouvrit au parti catholique les villes de
Suabe & de Franconie.,Ces grands avantages, remportés
fur des généraux de la première réputation
, rendirent fon nom cher à l’Allemagne.
Le calme eût fuccédé dès-lors aux, orages ; mais
la France fe crut intéreffée à en exciter de nouveaux.
On avoit indiqué un congrès à Cologne &
à Hambourg. Les peuples épuifés fe flatroient d’une
pacification prochaine; leursefpérancess’évanouirent
bientôt ; les germes de dtfeorde femés par le
cardinal de Richelieu entretinrent le cours de cette
funefte guerre, dont le feu fe communiqua aux
états voifins. Banier dévafta la Haute-Saxe ; le
duc Bernard ruina les bords du Rhin. Le vicomte
de Turenne , qui porta fi haut la gloire de fon
nom , déployoit déjà fes talens contre le cardinal
infant. Les ligues catholiques & proteftantes , la J
caufe de l’éleéteur Palatin avoient excité la guerre : 1
mais alors il s’agiffoit de la fupériorité entre les mai-
fons de France & d’Autriche. Le grand objet des
Suédois étoit de conferver une partie de leurs conquêtes
en Allemagne. Tant que vécut Guftave ,
Richelieu demeura étroitement uni avec ce héros, i
Il renouvella fon alliance avec la fameufe Chriftine
fa fille , & féconda les viâoires de cette reine, j
dont il lui déroba tout le fruit , eu affurant à
Louis XIII la poffefiion de PAlface. La France , '
qui d’abord avoit été la partie fecrète de cette
guerre, montre ouvertement fes deffeins. Jamais
fa puiffance ne parut avec plus d’éclat. Six armées
levées dans fon fein , ou foudoyées, fe répandent
à la fois furies frontières. Veimar eft envoyé fur
le Rhin , Créqui en Italie , la Valette en Piémont,
Rohan dans la Valteline , & Gafîion en Rouf-
fillon j où il fomente les troubles de la Catalogne,
Des fuccès remportés fur les François donnent
quelque efpoir à Ferdinand , qui en aie bientôt
les plus cruels revers.' Veimar , imitateur du
grand Guftave , le furpaffe en bonheur. Ce duc,
par un coup de fortune inouï , prend dans un
jour quatre généraux ennemis, parmi lefquelseft:
le fameux Jean de Vert,qui avoit répandu la terreur
jufques dans Paris. La Savoie, qui tombe fous la
régence de la feeur de Louis XIII , femme de
V iâor Amédée, fe dévoue à la France. Les armes
impériales n’étoient pas plus heureufes centre les
Suédois. Banier enlevoit la Poméranie , la Thu-
ringe & la Saxe. Ce général , ayant invité le duc
de Longueville & le maréchal de Guébriant à 1er
venir joindre, fit des levées dans le pays de Heffe
& de Lunebourg , & prit la route de Vienne ,
réfblu d’attaquer Ferdinand dans fon palais. L’ar-*
ehiduc Léopold &Picolomini,par leurs manoeuvres
favantes , firent échouer cette grande entreprife.
Banier s’avança cependant jufqu’à Ratisbonne ,
où l’empereur , qui y tenoit une diète , manqua
d’être pris. Sans un dégel qui fit fondre les
glaces du Danube , Ferdinand étoit encore réfervé
à ce malheur. Sa maifon venoit de perdre deux
grandes provinces. La Catalogne fe donna à la
France, & le Portugal uni à la couronne d’E f-
pagne depuis Philippe I I , venoit de s’en détacher.
Tant de revers augmentoient fes defirs pour la
| paix, qui devenoit de plus en plus néceffaire. La
1 mort de Veimar & de Banier , tous deux,comme
Guftave, moiffonnés au milieu de leur carrière,
fembla en lever les obftacles. Son rérabliffement
dépendoit de Richelieu qui , pour fe rendre néceffaire
avant & après la mort de Louis XIII, auquel
il croyoit furvivre , renouvella le traité d’alliance
avec la reine Chriftine, & donna à la Suède
les mêmes fubfides qn’il payoit à Guftave , & dont
on avoit retranché deux cent mille livres. Le général
Torftanfon , inftruit à l’école de Guftave ,
fuccédoit à Banier dans le commandement des
armées fuédoifes. Aidé du maréchal de Guébriant,
il bat les Impériaux à Volfembutel. Sans entrer
dans le détail de tous ces combats,qu’il feroit même
trop long d’analyfer , il fuffit de remarquer que
Ferdinand eut a fiez de malheur pour effuyer plus
de vingt défaites confidérables , & affez de fermeté
pour les fupporter. Aucun fiècle ne produifit tan,t
d’habiles généraux. La mort de Richelieu & de
Louis XIII , arrivée prefqu’en même temps , lui
permit de travailler à la pacification de l ’Europe.
Il ne fit cependant pas éclater le defir qu’il avoit
de finir ce grand ouvrage, de peur que fes ennemis
ne s’en prévaluffent : mais il étoit bien difficile
que fes vues échappaffent à la pénétration de
Mazarin , qui avoit fuccédé à Richelieu. Ce mi-
niftre, faifant caufe commune avec Oxenftiern, lui
fufeita un nouvel ennemi. Ils encouragèrent Ra-
gotski , fouverain de Tranfilvanie , à entrer dans
la confédération. Ce prince, comme le remarque
un moderne , ne manquoit ni de prétextes , ni