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frère Paul Sarpi, ou Paul, de Venife, de for dre des
fetvites* auteur de. l’excellente hiftoirç du eo'ncilei
.de Trente, fk de plufieurs bons, ouvrages. Fra-
Paolo fut "provincial de (on orère > ? Ÿingt-fçpt
.ans.I^uis la fe.me.ufe affaire de l’interdit de .Vende,
fous le pontificat de Paul V , il fut le théologien
&. le eonfeil de fa république, & çé fut à
cette occafion qu’il fit fon traité de l’interdit, q,ui
a été traduit en françois, les CQnJïdératidns fur
les ç en fur es .du pape F-f-ul.V, contre la république
de Venife; tondu foire pdrtiçuliçreéflçs phojgs paffées
entre le pape Paul V la république de tfenife • Le
pape lui ordonna en t6p6, deyenir à Roqîè, rendre'
compte de fa conduite, qui ayoit été de défendre
fon pays ; fur fon refus il l’excommunia, &
Fra-Paolo n’en fut que plus ardent à défendre
les droits de Venife. Nous, ignorons quelle liaifon
l ’évènement que. nous allons rapporter, peut a voir
,eue, foit avec fa; fermeté g défendre çes Riêmes
droits, foit aveci’excQi^imunication que pette fermeté
lui attira. Fra-Paolo, paflant fur .lé pont
jde,Saint-Marc , fur attaqué par cinq affeflins qui le
.percèrent de trois coups de ftyle t, dont il ne
mourut pas, & s’enfuirent dans une barque préparée
pour eux. L a précauti©a avec laquelle feur
fuite .avoit été afîprèe & toutes fes circon fiances
de cet affaffinat, .prouvent que lçs affaftins ppfeffe
protégés par des perfonr.es puiiTantes. La république
en jugea ainfi, & montra , par les menaces
terribles quelle fit à peux qui oferoient attester
Ù la vie de Fra-Paolo » qu’elle le regardoit comme
un citoyen précieux & néçeflàire. îndépçndam-
,ment des ouvrages dont nous avons parlé, on
a de lui un ouvrage traduit par l’abbé de M.arfy
fous le titre dç prince de Fra-Paolo, auquel on
peut reprocher trop de ^Conformité de principes
avec le prince <Je Marçhiavel; un trqité tju droit
des afiyïes 9 un traité de Vinquifitioji , un traité
des bénéfices , fort eftimé , & qui a.été traduit en
françois. Les ouvrages de Fra-Paolo ont été recueillis
en . i .657, à Venife, pn ƒ> yol, in 12.
L ’auteur étbat mort en 162,3.
FRAS/iNS, ( Jacques d e ) (Hifi. mpj.) fept
fois maire de la ville de Dijon , fut élu pour
la feptiéme fqàs en 16.39 •' U fit frapper des jetons
f)iï on lifoit, dun cotpi Jacobus de Frafans, ttrbis
fïvïonis vice coin es major fepties ; Sç de l'autre,
ftiam in feptimo non licuit quiefeere, aliufion ma-
njfefte à ces paroles. de la genèfe : & requievit
dre feptimo. On fut fçahdalifé , on fe feandalifoit
ailéjnent alors ; on trouva cet orgueil pliis que
diabolique, car les anges rebelles n’avoient voulu.
que s’égaler à Dieu, & Frafans fe jnettpit au-
déffijs ; il nous femble qu’on auroit pu ne voir
, là qu’une aliufion ingénieufe, fans aucune idée
d’n ne compataifon impoffible de abfurde. 'Quoi
qu'il en foit, les jetons furent fupprimés ; ce
mû Lait qp’jfefeat au jourd’hui rares. & XQ&Çiçké»,
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FRATER$fer& p ’ÀRMES, ( fJifi, mod.) affo-
çiation entre deux chevaliers pour quelque haute
entreprife qui de voit avoir un terme fixe, ou
même pour ..toutes celles qu’ils pourroiçnt jamais
faire ; .ils Je juroient d’en partager également les
travaux Sc la .gloire, les dangers & le profit,
çle.né" fe point abandonner tant qu’ils auroient
b.éfoin'l’un de l’autre. L’eftime, la confiance mil*
tu elle des gens qui s’étoient fouyent trouvés
enfemble aux mêmes expéditions, donnèrent la
| n alliance à çesengagemens; & ceux qui les pre-
poieiit d^ÿeuoiept frètes , compagnon,S ,d’arnjes»
.Çes aCp-ciatipas fe confraâoiept quelquefois
pour la vie; mais elles fe bornoiçnp le plus
fouvent à des expéditions paflagères, comme une
entreprife d’armes, telle que -fut celle de Saintré,
une .guerre, une bataille, un fiége, ou quelque
autre expédition militaire.
L’ufage de la fraternité d’armes dont il s’agit
ici, eft fort ancien. Nous lifons dans Joinville,
que l’empereur de Conftantirjople & le roi des
Commains , s’allièrent & devinrent frères ; &
pour rendre cette alliance plps folide,» il faillit
» qu’ils , & chacuns de leurs gens de part &
» d’autre, fe filîèut faigner, & que leur fang ils
» donnaffent à boirç l’un à l’autre en figne de
» fraternité ; & ainfi fe convint faire entre nos
» gens & les gens d’icelui roi, & mêlèrent de
» leur fang avec du vin , & en buvoient l’urj
» à l’autre , & difoient qu’ils étoient frères l’un
» à l’autre d’pn fang,. . . >?
Si nous remontons à des fièçles plus reculés,
nous apprendrons rantiquité de cette pratique.
Oélavius/faifant le portrait des vices & des crimes
des dieux que Çécilitis adoroit, dit de l’inhumanité
de jupiter convaincu d’hpjniçide : » Je crois
» que c’eft lui qui a infiruit Catilina à confirmer
3> les conjurés dans leur deffein, en buvapt fe
» fang les uns des autres. ?>
Il refia long-temps parmi les homme? dçs
traces de cette barbarie ; car E)ucange cite ,des
exemples de chevaliers, qui, pour fymbole de
fraternitéy fe firent faigner enfemble , & mèferent
leur fang. Si cette dernière pratique paroît à peu
pr,ès auffi folle & barbare que la première, du
moins rien n’étoit plus éloigné de la barbarie que
le fentiment qui l'infpiroit.
Le chrifiianifme s’étant répandu dans fe monde,
on l’employa pour rendre les fraternités plus
felemnelfes fie plus refpeâab.les ; fie en copfé-
quence, on les' pontra&a à fe face des autels,
C ’eft ainfi que quelques frères d’armes impri-*
moient à leurs ferme ns les plus facrés çaraéfères
fie la religion ; ppur s’unir plus étroitemçnt, ils
baifoi: nt enfemble la paix que l’on préfente aux
fidèles dans les cérémonies de la méfié. Nous
avons même des exemples de la frqiexmtér<Parms
autorifée par la réception de ,1’Jiofiie confacrée '•
çg fut -de cette manière, au rappoit ..de .Jegn
luvénal
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Juvénal desUrfins, que les ducs d’Orléans & de
Bourgogne lièrent une fraternité, qui pourtant ne
dura pas long-temps : » ils ouïrent tous la méfié ;
v reçurent le corps de N. S . , & préalablement
» jurèrent bon amour & fraternité par enfem-
v ble. »> -
Mais on obfervoit rarement des cérémonies
suffi graves- dans ces fortes d’afiociations ; on les
contraéloit d’ordinaire, les uns par le don réciproque
de quelques armes, les autres par le fimple
attouchement d’une arme, comme d’une épée
ou d’une lance, fur laquelle on fe juroit une
alliance perpétuelle ; & ceux qui. faifoient ces
fermens s’appelloient jurati.
Monftrelet nous apprend que le roi d’Arragon
fe fit frère-d’armes du duc de Bourgogne par un
fimple traité. Les princes formoient dans l'éloignement
leur contrat de fraternité-dlarmes ,‘ par dés
traités authentiques, fuivant i’ufage des temps.
Ce fut par un aéfe F mblable que le duc de
Bretagne & le comte de Charolois devinrent
frères-d’armes l’un de l’autre. M. Ducange, dans
fa dijfertation fut Joinville t a rapporté le traité
de fraternité-déarmes fentre Bertrand du Guefclin
& Olivier de la Marche , & celui que Louis XI
& Charles, dernier duc de Bourgogne, firent ensemble.
On v i t , à la vérité, le duc de Bourgogne violer
les fermens de fa fraternité-déarmes avec le duc
d’Orléans; mais c’eft un exemple ttès-rare, au-,
•quel on peut oppofer celui du duc de Bretagne,
long-temps ennemi irréconciliable du connétable
Cliflon. La hune de ce duc fit place aux fenti-
mens dé. la fraternitéraorfqtt’il'fut devenu frère-
d’armes du connétable. Jamais amitié ne fut plus
Sincère que celle qui régna depuis entr’eux, juf-
qu’à la mort du duc de Bretagne : Cliflon la lui
Continua encore après fa mort dans la perfonne
de fes enfans ; il fut toujours leur père.
Ait refte, les fraternités militaires donnofent à
des feigneurs particuliers le moyen de faire des
entreprifes dignes des Souverains. Lorfque la
guerre ne les retejioit pas au fervice de leur
monarque, ils s’affocioient pour aller purger une
province de brigands qui l’infefioient, pour délivrer
des nations éloignées du joug des infidèles ,
pour venger un prince opprimé, & détrôner, un
ufurpateur. Enfin , comme les meilleures chofes
dégénèrent, il arriva que les fraternités - d ’armes
rendirent un grand nombre de Seigneurs indé-
pendans , .& quelquefois rebelles.
Il arriva pareillement de là , que les fraternités-
dé armes contractées par des Sujet ou des alliés de
nos rois, firent naître des foupçons fur la fidélité
de ceux qui avaient pris ces engagemens. Le*
roi de France, en 1370, témoigna fon mécontentement
de la conduite d’Oftrevant fon allié,
qui avoit accepté l’ordre de la jarretière ; '& l’on
tie fut pas moins feandalifé de voir; le duc d’Or-
Hifloiret Tome JJ, Seconde paru
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léans fe lier en 1399 par une fraternité-d’arme s-
& d’alliance avec le duc de Lancaftre, qui peu
après détrôna Richard, roi d’Angleterre, gendre
du roi Charles VI. Le crédit que donnoient ces
fortes de fociétés étoit en effet d’une conféquence
dangereufe pour le repos de l’état : on fait com-.
ment elles finirent dans ce royaume. ( D. J. )
FREDEGAIRE dit le S c h o l a s t i q u e , c’eft-à-
dire à ce qu’on croit, le favant, ou l’écrivain , eft
regardé comme le continuateur de Grégoire .de
Tours; il a fait d’abord un abrégé de l’ouvrage»
de cet évêque, dans lequel il ajoute quelquefois
des faits omis par Grégoire de Tours :Sa chronique
, qui eft proprement la continuation de
Grégoire de Tours, s’étend depuis l’an 583 , juf-
qu’à la quatrième année du règne de Clovis I I ,
petit-fils de Clotaire II. On croit qu’il écrivoit fous
ce Clovis I I , qui eft mort vers l’an 655; on ignore
d’ailleurs ce qu’il étoit. Hadrien de Valois, lé père
le Cointe, & dom Ruinait, croient qu’il étoit de
Bourgogne, parce qu’il commence fa chronique
par les louanges de Gontran , roi de Bourgogne ,
& qu’en général, il leur paroît plus inftruit des
affaires de Bourgogne que des autres ; mais ce
n’eft qu’une conjeâurô. Au refte fon ouvrage eft
précieux, parce qu’il eft néceffaire, Fredegarius, , dit
Hadtien de Valois, ita efl litfioriez noflroe neceffarius
ut f i tempora Clotarii minons, Dagobert i & Clodovczill
nota habere volumus , promis eo carere non poffimus.
Lorfque Frédégaire lui' manque en 642, il s’en
plaint ainfi:
Frcdegarius fcholaflicus nos in eo anno deflituit
nifloricus pro captu Worum temporum diligens, ut
ottate 9 fie auEloritate, Gregorio proximus , & in magna
bonorum auâorum ïnopiâ utilis, ac neceffarius, nec
ufquequaqué contemnendus , cujus brevitas & tâtera
ontnia vitia temporibus imputari debent.
Jules Scaliger, lib. 6. de emendatiohe temp. rend
auffi un témoignage avantageux à Frédégaire.
Dom Ruinart, dans la préface de fon édition de
Grégoire de Tours , s’exprime ainfi : Fredegarium
magno in pretio apud viros eruditos habendum ut pote
vetufiiffimum, oculatumv, & unicum, déficiente Gregorio,
gentis nofirce hifiorice feriptorem.
FREDEGONDE, {Hifi. de Fré) une des femmes
de la fuite d’A.udouère , première époufe de
-Chilpéric ; elle fit répudier & enfermer Audouère ;
Chilpéric ayant enfuite époufé Galafonre eu
G al fuin d e , foeur de Brunehaut, on trouva Gala-
fonte étranglée dans fon li t , & Chilpéric époufa
Frédegonde. Brunehaut pourfuivit la vengeance
de la mort de fa foeur: ici commence la longue
& funefte rivalité de Frédegonde & de Brunehaut.
Chilpéric & Frédegonde y. afîiégés dans Tournay
par Brunehaut & Sigebert fon mari, alloient
tomber entre leurs mains ; Frédegonde envoie des
aftaffins qui maftacrerit Sigebert, au moment ou
LUI