
toit pas de ceux que le mépris garantit de la haine.
Quoi qu’il en Toit, il ne rechercha point l’académie,
& l’académie ne recherche perfonne. De ces dif-
pofitions réciproquës , ilréfultaune injufiice ; mais
à qui doit-elle être imputée ? On a beau faire , les
fentimèns font individuels, quant à leur objet; on
n’aime ni ne hait collectivement:; un corps, une
fociété , une feâe ne peut être un objet d’amour
ou de haine , on fe fait illufion quand on
croit les aimer ou les haïr ; quant aux particuliers,
il n’y a point d’ïllufion : on fait bien fi on les aime
ou fi on les hait, mais les inclinations ni les avério
n s n’ont rien de volontaire, & ne doivent point
être confidèrées , lorsqu’il s’agit de rendre juftice ;
il faut que le talent ait fa récompenfe, c’eft line
dette & non une grâce ; on aime après fes confrères
, & on en eft aimé, fi on peut, on aime au
moins ceux qui le méritent, & dans un grand corps
il s’en trouve toujours plufieurs. M. Collé eût trouvé
des amis dans l’académie ; il en avoit un intime,
M. Sam in , qui ne penfoit pas comme lui fur les
philofophes, & leur amitié confiante, malgré cette
diverfité de fentimens, les honora l’un & l’autre.
I l eût vécu avec les uns comme avec des amis,
-iyeç les autres comme avec des confrères, c’eft |
tout e.e qu'on peut demander. Quand on élut Fon- |
tenelle à l’académie » on favoit bien qu’il ne feroit
point ami de Boileau de Racine: Falloit-il ne
pas élire Fontenelle ? M, Cpllç 3 été parmi nous
un des derniers admirateurs connus de Rabelais.
Cette eftime pour Rabelais n’a voit pas été inutile
à la Fontaine,
COL LET ( Hifl. litt. mod.'). Deux, hommes
de ce nom ont fait des ouvrages dont quelques-
uns font connus.
Le premier, nommé Philibert, avocat ail parlement
de Dombes , mort en 1718 , a laide, un
traité des excommunications ; un traité de l ufure ,
dans lequel il juftifie fufàge de la Breffe, de ftipu-
k r les intérêts avec le capital d’une Comme exigible
; des entretiens fur les dïxmes & autres libéralités
faites à Téglïfe ; des notes fur la coutume de
m m :
Le fécond, nommé Pierre »-'Prêtre de la congrégation
de la mifiïon , mort le 6 oâohre 177c ,
eft auteur d’une multitude d’ouvrages , dont les
principaux font la vie de Saint - Vincent de Pa ul,
homme qui ne fauroit être trop connu & trop
refpe&é, je héros de la yértu & de la bienfaisance
; une hiftoire abrégée du même, plus eftimée
eue la gran.de h ifioire ; la vie de M. Boudon , homme
pieux,'au teu r d’ouvrages pieux, & l’abrégé de cette
même vie ; une vie de faint Jean de la Croix ; un
traHé des difpenfes en général & en particulier ; un
traité des indulgences & du jubilé ; un traité des exor-
ciCmes de Téglïfe; un abrégé d-udtfionnairedcscas
de confcicnce de Pontes ; des inflniftions a l ufage
des gens de la campagne, & une multitude d autres
ouvrages thèologiques, hifioriques, moraux, polémiques
, & c .
COLLETET (G u il l a u m e ) (Hifl.litt. moi.)
de l’académie françoife, l’un des cinq poètes dramatiques
que le cardinal de Richelieu employoit
comme des commis à la compofition de pièces
qu’il faifoit jouer à la cour , & dont il donnoit fou-
vent le fujet & le cannevas. C ’eft dans celle qui a
pour titre les Thuilleries que font les fix vers pour
lefquels le cardinal lui donna fix cents livres, en
ajoutant que le roi n’étoit pas affez riche pour
payer le refte.
On a retenu trois de ces vers :
La canne s’humeéxer de la bourbe de l’eau ,
D\ine voix enrouée & d’un battement d’axle,
Animer le canard qui languit auprès d’elle.
Colletet fit fur la libéralité du cardinal ces deux
autres vers' :
Armand , qui pour fix vers m’a donné fix cents livres,
Que ne puis-je à ce prix te vendre tous mes livres!
Mais la reconnoiflance ne le rendit pas plus docile
à la corre&ion que le cardinal propofa de faire à
ce vers :
La canne s’ buinefier de la bourbe de l’eau,
f II vouloit qu’on mît :
S La canne barboter dans la bourbe de l’eau.
! Trouvant fans doute que tous ces B faifoient un
f effet poétique. Colletet non content d’avoir difputé
[ de vive voix fur ce point contre fon bienfaiteur,
( lui écrivit une grande lettre pour défendre fon
[ opinion ; le cardinal avoit des affaires plus ïmpor-.
[ tantes ; la France venoit de. remporter une vic-
j toire, & les courtifans » en le complimentant fur ce
fuccès , l’affuroient que rien ne pouvoir réfifter à
fon éminence. Vous vous trompez , leur d it - il,
à Paris même je trouve un homme qui me réfifte.
On demanda quel étoit ce téméraire, cet ennemi
, de l’état & du r o i, c’étoit Colletet.
Soit que Colletet- ne fît pas Couvent de ces vers l à fix cents francs le fixain , foitquë, comme on
le dit, il fût diffpateur , il mourut très - pauvre
en 1659. On a recueilli fes oeuvres , mais perfonne
ne les lit, & le nom de Colletet n’eftplus connu
que par ces deux vers fi grofiiers & fi aviliffans
de Boileau fur François Colletet, fils de Guillaume ,
poète comme lui. 1
Tandis que Colletet , crotté jufqu'à l’échine ,
S’en va chercher fon pain de cùifîae en cuifine.
François Colletet vivoit encore en 1672,
COLLIN ( l’A b b é ) (\B ifl.litt. mod.) cdimæ
par la tradu&ion de l’orateur de. Cicéron , par
trois prix remportés à l’académie françoife, & par
le defir qu’il avoit d’être de cette compagnie, defir
qui ne fut point rempli. Mort en 1754» tréforier
du chapitre de l’églile de Paris.
COLLINS (A ntoine) (Hiß. litt, mod. ) , anglois
, célèbre par l’incrédulité & par la probité.
Sa fenfibiiité excitée à la vue des mawx caufés au
genre humain par l’abus que les hommes ont fi
Souvent fait de la religion , fu t, dit-on, ce qui le
précipita dans l’incrédulité ; on dit qu’il cherchoit
la vérité de bonne fo iI qu’il exhortoit ceux qui
n’étoient pas de fon avis à le réfuter , & qu’il
leur prêtoit les livres dont ils avoient befoin
pour lui répondre , Crouzas eft du nombre de ceux
qui lui ont répondu. Collins a beaucoup écrit fur
F ufage de la raifon, fur la liberté de l’homme en
général, & en particulier fur la liberté de penfer
& d’écrire. Né en 1676. Mort en 1729.
Un autre Collins | anglois , nommé Jean ,
fut furnommé le Merfenne de l’Angleterre , parce
qu’il étoit en commerce avec tous les mathématiciens
de l’Europe, & qu’il étoit mathématicien
lui-même. Les Anglois prétendent prouver, par fon j
commercium, epifiolïcum de analyfi promotâ , qu’il eft
l’inventeur de la méthode analytique. Mort en
1683.
COLLINS ( F rançois) ( Hiß. litt. mod. ) ,
doéleur à Milan au 1.7e fiècle-, auteur d’un traité
de animabus paganorum, qui fit dû bruit , & qui e ft .
au nombre des livres rares. Il faut toujours fe
Couver ir que les livres rares font ceux qui nront
pas mérité de devenir communs.
COL LOT ("Germain) ( Hiß. mod.), eft le premier
chirurgien françois qui ait tenté l’opération
de la pierre ce fin fur un criminel condamné à
mort : il le guérit, & cet homme vécut long-temps
en pleine fanté. La vie des criminels feroit fort
utilement émployée à des femblable effais. C ’eft
la réflexion de Mezeray.
La famille de Collot a exercé avec fuccès le même
talent depuis le règne de Louis XJ , époque de la
première opération jufqu’à nos jours r & elle l’a.-
confidérablement perfectionné.
COLOMB ( C h r i s t o p h e ) (Hiß., mod.). La
navigation , les découvertes & les conquêtes de
Chriftophe Colomb , en Amérique , font une des
merveilles du règne de Ferdinand & d’Ifabelle,
à qui cet illuftre génois donna un nouveau monde,
agrandi dans là fuite par les découvertes pofté-
rieures que les Tiennes dévoient néceffaircment entraîner.
Chriftophe Colomb avoit d’abord préféré
à Ferdinand &Ifabelle Henri V U , roi d’Angleterre,
& il étoit naturel en effet que ces hardis navigateurs
s’adreffaffent par préférence au. fouverain qui
lemi Colomb 3 frère de Chriftophe , Sc qu’il avoit
envoyé à Londres pour faire fes propofitions , ayant
été pris par des pirates , ne put être préfenté à
Henri VII qu’après l’engagement pris par Chriftophe
ayoit la marine la plus floriffante; mais Barthe- J
avec le roi catholique.
Pour prix d’avoir ajouté tant de vaftes états à
l’empire des maîtres qu’il avoit choifis , Colomb-
fut chargé de fers' & condamné à mort ; on n’ofa
l’exécuter , on le renvoya en Efpagne r le capitaine
du vaiffeau qui le portoit voulut lui. ôter
fes fers ; non s’écria Colomb, c’eft à la reine à
me les ôter, je ne les quitterai que devant elle : la
reine en effet lui* rendit plus de juftice. Il mourut.
\.k Vâlladolid le 8 mai ifo 6 .
Barthelemi Colomb, fon frère , ajouta aux conquêtes
& aux établiffemens de Chriftophe. It
mourut en 1 5 14 , dans l’ifte Hifpaniola, aujourd’hui
Saint Domingue.
Ferdinand Colomb,, fils de Chriftophe, a écrit
la vie de fon père , laquelle ne Ce fépare point de
celle de Banhelemi, fon oncle, frère de Chriftophe.
Cet ouvrage, intitulé : hiflona ..del amirauté,
D. Chrifloval Colomb , a été traduit en italien par
Al fon fe de Ulloa . & cette traduâion eft plus? connue
que l’original. Ferdinand Colomb laiffa fa biblio- .
thèque à l’églife de Séville , & elle eft connue
fous le nom de bibliothèque Cojombine
COLOMBAN (S ain ^) (Hifl.. de Fr.). Cefiunfr
fondateur de l’abbaye de Luxeuilen Franche-Ccmtéy
ayant voulu exhorterLliéodoric,,petit fils de Brune-
haut, à,prendre une femme légitime, & ayant
commencé à.le perfuader » Brunehaut le chaffa des
états de ce prince. Jonas, abbé de Bobio en Italie x
a écrit la vie de faint Colomban , dont il avoit
été difciple. On croit qu’il écrivoit vers l’an 64a-
Il vivoit encore fous le règne de Clovis III ^en 69 2.. •
COLOMBIÈRE (M a r c ) (V ulson, fieurcfêla})
| (Hifl. litt. mod.), auteur de la fcïence héroïque, un
des livres les plus favàns que nous*ayons tnr le
Blafon ; il eft cufîi l’auteur du théâtre d’honneur &-
de chevalerie , ou miroir hiflorique de Ta. nebieffe
contenant les combats , •les triomphes , les tournois ,,
les joutes , les armes , les caroufels, , les courfes de:
bagues s les gages de bataille , les cartels, les. duels
les dégradations de noblèffe, &c. Ouvrage toujours*
très-curieux & très-utile pour ccnnoître le cérémonial
dë l’ancienne chevalerie, & pour avoir une?
intelligence parfaite dé nos vieux romans r qun
forment une partie eftentielle de notre hiftoire ,,
finon pour les faits , au moins pour les moeurs..
On. n'avoit rien écrit de mieux fur la chevalerie5
avant M. de Sainte-Palaye, & les exeeliens mémoires
de M. de Sainte-Palaye fur cet objet ,riaif-
fent encore au livre de la Colombiere une: giandfr
partie de fon utilité fur ce qui concerne le cérémonial,
objet dont il s’eft principalement occupée
Cet auteur avoit çn général de grandes connaît