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que l’on confondoit alors, étoient devenues leur
manie, parce qu’ils commençoient à entrer dans
le monde. On voit par toutes les oeuvres de Ménage
, qu’il fe piquoit d’avoir une réputation dans
ce genre ; le pédant Triffocin s’en pique aufli dans
les Femmes favantes :
Pour les dames "on fait mes rcfpe&s en tous lieux ;
Et fi je rends hommage au pouvoir de leurs yeux >
De leur efprit aufli j’honore les lumières :
E t Philaminthe répond :
Le fexe aufli vous rend juftice en ces matières.
Le marquis de Mafcarille , dans les Précieufes
ridicules, dit : tout ce que je fais a un air cavalier,
cela ne fent pas le pédant.
Dans le voyage de Bachaumont & de Chapelle,
les précieufes de Montpellier difent que Ménage
Avoit l’ air & l’efprit galant ;
Que Chapelain n’étoit pas fage ;
Que Cofiar n’étoit pas pédant.
Il fuffit d’ouvrir Voiture pour voir combien il fe
piquoit de galanterie , & c’eft principalement à ce
ton galant & cavalier , ton nouveau alors , qu’il a
dû fa réputation ; les gens de lettres y applaudif-
foient, parce que ce ton les rendoit gens du monde;
les gens de la cour même l’accueilloient, i ° . parce
qu’il étoit nouveau; 2°. parce que c’étoit le leur,
quoiqu’imparfait ; 30. parce qu’étant difciples des
gens de lettres en littérature, ils fentoient bien
qu’ils feroient toujours leurs maîtres & leurs modèles
pour l’ufage du monde. Ce defir de plaire
qui , joint à du goût & de la fenfibilité, devoit
dans la fuite rendre les gens de lettres plus aimables
, leur étoit infpiré par l’hôtel de Rambouillet,
qui commençoit dès-lors la liaifon & le commerce,
devenu depuis li intime entre les gens du monde
& les gens de lettres, & qui a été utile aux uns
& aux autres. Jufques-là ces derniers ne paroif-
foient dans le monde que pour y enfeigner, &
que quand ils y étoient appellés pour les fonctions
de leur état, à - peu - près comme les médecins.
Aujourd’hui le defir de plaire & d’être trouvé aimable
, a pénétré dans toutes les conditions ; les
gens de lettres fur-tout y ont des prétentions aflèz
bien fondées, & que l’orgueil feul peut rendre ridicules
en les affichant. Il réfulte de cette modification,
des êtres mixtes , ten qui le caraâère principal
, affoibli, altéré par ce mélange , n’eft plus fi
dominant , ni fi prononcé , mais qui ont peut-être
plus gagné d’un côté qu’ils n’ont perdu de l’autre.
Çoflar étoit né à Paris en 1603. Il y mourut en
1660. On dit que fon vrai nom étoit Cofiaud :
qu’importe-? Il étoit fils d’un chapelier ; qu’importe
encore $
C O s
COSTE ( H il a r io n d e ) ( H i ß . l i t t . m od . ) ;
minime , connu principalement par fes vies des
reines, princefles & dames illuftres, a fait beaucoup
d’autres ouvrages. Une vie du P. Merfenne,
dont il avoit été le difciple; une de faint François-
dè-Paule , fondateur de fon ordre, & à la famille
duquel il appartenoit ; les éloges des rois & des
enfans de France qui ont été dauphins ; la vie de
François le Picard , ou le parfait eccléflaftique ,
avec les éloges de quarante autres doéleurs. Voilà
bien des éloges ; enfin la vie de Jeanne de Francè,
fondatrice des annonciades, qui, quoique fille de
Louis X I , mérita l’éloge d’avoir été un modèle de
patience, de douceur & de vertu, & qui put
dire à Louis XII fon mari, lorfqu’il la répudia :
- Vous ne fûtes jamais injufte que pour nïoi.
Hilarion de Cofie naquit en 159t* Mourut en
1661.
Coste (Pierre) (Hiß- lift. mod. ) ,a traduit de
Locke VE (fai fur V entendement humain,& le Chrißia-
nifme raisonnable. Il a traduit aufli l’optique de
Newton ; il a donné des éditions de Montagne &
de la Fontaine ; une vie du grand Condé ; une dé-
fenfe delà Bruyère, qui n’avoitnulbefoin de dé-
fenfes ni d’un tel défenfeur :
Non deftnforibus ißis
Tempus eget.
Mort en 1747.
Un autre Coste , mort en 17 59 , marchant fuf
les traces de l’auteur de la plaifanterie de Mathanâ-
fius, a fait une diflertation connue fur l’antiquité
de Chaillot, & dans le même efprit, le projet d'une
hiftoire de la ville de Paris fur un plan nouveau.
COSTER (L au rent) {Hiß. litt. mod. ) , habitant
de Harlem, joue un rôle dans l’hiftoire de
l’imprimerie. Les Hollandois prétendent, & le fa-
vant Meerman, pour l’honneur de fon pays , a
voulu prouver dans fes Origines typographie ce, que
Cofler inventa l’imprimerie à Harlem vers l’an
1430 : ce qui eft pour lé moins très -contefté par
les autres favans. L’opinion commune eft toujours
que Jean Guttemberg a imprimé d’abord à Straf-
bourg, enfuite à Mayence, en■ caraâères de bois
mobiles , & que les’caraâéres de fonte ont été inventés
à Mayence par Schoeffer. La ville de Harlem
n’a revendiqué fur Mayence l’invention de cet
art qu’au bout de 130 ans.
Le père François Coster , jéfuite de'TVIalines,'
mort à Bruxelles en 16 19 , auteur de quelques
écrits dogmatiques & polémiques, fut appelle U
Marteau des hérétiques.
COSTES, Voyei Calprenède.
c o T
. C O T A ( R o d r ig u e z ) ( HiflAitt, mod. ) , poète
tragique espagnol du 16e.Tiède. Sa tragi-comédie, ;
intitulée : Calißo y Meliboea, a été,traduite en la- ,
tin & en françois.
COTELIER ( Je a n -Ba p t i s t e ) {Hiß. litt, mod ),
favant précoce, qui, à douze ans, pofledoit fu-
périeurçnaent le grec & l’hébreu ; il fut employé
par M. Colbert, avec le célèbre du Cange , à faire
un catalogue des manuferits grecs de la bibliothèque
du roi. On a de lui un recueil de Monumens
des pères qui ont vécu dans; les temps apofoliques,
2 vol. in-fol. ,*un recueil de Monumens de T églife
grecque, 3 vol. 1*72-4°. ; la Traduction de quelques ouvrages
de faim Jean - Chrifoflôme. Mort, confumé
parle travail, à cinquante-huit ans, en 1686.
^ COTES (R o g e r ) ( Hiß. litt. mod. ) , profefleur
d’aftronomie & de phyfique expérimentale dans
l’univerfité de Cambridge. On lui doit une bonne
édition des principes de Newton ; il eft l’auteur
d’un ouvrage intitulé : Harmonia menfurarum, five
analyfis & fyntheßs per rationum & angulorum men-
furas promotee : cet ouvrage ne fut publié qu’après
fa mort, par Robert Smith , fon ami & fon-fuç-
ceffeur. Cotes mourut eh 1716 , après avoir donné
la defeription d’un grand météore qui parut au
mois de mars de cette année.
_ COTIN ( C h a r l e s ) ( Hiß. litt. mod. ) , aumô- I
nier du ro i, chanoine de Bayeux , décrié par Boileau
comme prédicateur & comme poète, joué
fur le théâtre par Molière comme un mauvais
poëte^cornme un pédant, & ce qui ne peut jamais
être permis, à moins que la perfonne ne foit infame,
comme un mal-honnête homme, du moins
comme un homme fans délicatefle, & même fans
principes:
Ce fonnet qui chez une prince fie
A pafTé pour avoir quelque délicatefle.
C e formet fur la fièvre qui tient la princeffe Uranie
, étoit véritablement de Cotin, & la princeffe
Uranie étoit laducheffe de Nemours,feeur du duc
de Beaufort. La querelle entre Triffotin & Vadius ,
au fujet de ce fonnet, eut réellement lieu , dit-on,
■ entre l’abbé Colin & Ménage, chez Mademoiselle,
où Cotin venoit de réciter fon fonnet, lorfque Ménage
entra , & en dit du mal de la manière exactement
dont le fait eft repréfenté dans les Femmes
favantes. Ménage lui-même reconnoit dans une de
fes lettres qu’il eft le Vadius de cette pièce, &
quant a Cotin, il étoit difficile de le défigner mieux
que par un de fes ouvrages ; on le défignoit cependant
encore par fon nom , car. le perfonnage fe -
nommoit d’abord Tricotin , comme trois fois Cotin ,
& le changement qu’on fit de ce nom en celui de
Triffotin, étoit une nouvelle injure. Molière, dit-
on , avoit du reffentimeot contre Cotin, parce que \
C O T at f
Cotin avoit cherché à le deflervir auprès de M. le
duc de Montaufier, en inflnuam à celui-ci que c’étoit
lui que Molière avoit voulu jouer dans le
Mifanthrope ; on fait comment ce coup manqua
fon effet par l’efprit d’équité de M. de Montaufier,
qui dit: je voudrois bien rejfembler à fon Alcefle;
mais Molière voulut punir dans Cotin l’intention.
Quant à Boileau, voyez fon article, ou plutôt à la
fuite de cet article B o il e a u , celui de G illes B o i l
e au fon frère, vous y trouverez une partie des
caufes qui ont pu l’aigrir contre Cotin. On ajoute que
, Cotin lui parla fans ménagement fur le mauvais
choix qu’il avoit fait du genre fatyrique, en quoi
. Cotin ne peut avoir eu tort que dans la forme.
On dit que le trait
Qu’aux fermons de Caflaigne , ou de l’abbé Cotin,
fut amené par la fatale néceflîté de la rime ; mais
le trait
Mais pour Cotin & moi, qui rimons Jau hafard,
ne fut amené que par la fatale nécefiité de traduire
le quales ego vel Cluvienus , de Juvénal.
Au refte, Cotin n’étoit pas toujours aufli ridicule,
& ne l’étoit peut-être jamais autant que Molière
& Boileau l’ont repréfenté. On citera toujours
de lui cette jolie chanfon :
Iris s’eft rendue à ma foi ;
Qu’eût-elle fait pour fa défenfe ?
Nous n’étions que nous trois , elle, l’amour & moi :
Et l’amour fut d’intelligence-
Et cet autre quatrain à une femme qui lui écrivoif ;
Vous n’écrivez que pour écrire ,
C’eft pour vous un amufement ;
Moi qui vous aime tendrement »
3e n’écris que pour vous le dire.
On dit que Cotin avoit affez de connoiffance dès
langues favantes. Il fut reçu à l’académie françoife
en 16 55.Il mourut en 1682.
COTOLENDI ( C h a r l e s ) ( Hifl. litt. mod. ),'
avocat , autçur d’une Vie de la ducheffe de Mont-
morenci, fupeneure de la Vifitation de M oulins, vie”
qui meritoit d’être écrite , par l’intérêt que la douleur
illuftre de cette digne veuve du malheureux
Montmorenci répand fur ce héros & fur elle-même.
Une Differtation fur les oeuvres de Saint-Evremont..
fous le nom de Dumont,.& dont Saint-Evremont,
quoiqu un peu critiqué , parut content, eft encore
du même Cotolendi, ainü qu’une Vie de faint François
de Sales. Il a traduit aufli de l’efpagnol en fran-
çois quelques ouvrages, entre autres la Vie d e
Chrijlophe Colomb. Il eft mort au commencement de
ce fièclé.
C O T T A (tfi/?. rom.'), nom d’une famille il*