
en lui cet homme v i l , caché autrefois dans la
foule. Il a fie 61a dans fes équipages , dans fes habits,
le fafle d’un grand ftigneur, dans fes difeours , la
hauteur du favori d’un grand roi.Ille faifoit nommer
le comte de Meulan , il fe paroit de tous les titres
dont Louis XL avoit eu la foiblefle de le revêtir.
Arrivé à Gand , il ne s’adreffa ni à la princeffe ni
aux états. Il paffa plufieurs jours à négocier four-
dement, félon le goût de Louis XI avec les bourgeois
les plus féditieux. Cependant comme fa magnificence
attiroit les regards, & comme tout fe
découvre à la fin , quelque ancien ami, quelque
parent méconnu apperçut ce qu’on cachoit, &
bientôt le confeil apprit que le barbier Olivier le
Diable, déguifé en homme d’état, fe prétendoit
chargé d’une commiffion importante. Il le manda
pour en rendre compte. Olivier parut avec tout le
fafte propre àcacherfabaffeffe ; mais les orgueilleux
Gantois qui donnoient des fers à leur fouveraine ,
ne fe laifîoient point éblouir par l’éclat qu’étaloit
lin avanturier. Ils ordonnèrent avec mépris & avec
menace à Olivier de parler, il répondit que fes
ordres porteient de ne s’adreffer qu’à la princefTe,
& demanda de l’entretenir en particulier ; on lui
dit que la bienféance ne le permettoit pas. Il infifta.
On parla de le jetter dans la rivière. La peur le
prit , il s’enfuit, bien reconnu pour le barbier
O liv ie r , & accablé de railleries & d’opprobres.
Mais il fut fe venger avec éclat en fervant bien
fon maître. Il furprit pour le roi la ville de Tour-
n a y , ville libre, qui s’étant piquée jufqu’alors d’ob-
ferver une exaéle neutralité entre la France & la
maifon de Bourgogne, & comptant fur les avantages
de cette neutralité , ne fe tenoit point a fiez
fur fes gardes. Les gouvernemens de Loches &
de Péronne récompenfèrent alors les fervices
d’O livier, & fous le règne fuivant le gibet expia
( én 1484) fes crimes & fon infolence. Le lâche ,
après avoir vendu à la femme d’un gentilhomme
enfermé dans les cachots de Louis XI la vie de
fon mari, qui confenrit de vivre au prix de fon
déshonneur, avoit eu la barbarie de faire noyer
lecrètement ce malheureux.
DAIRI ou DA IRO ( le ) , f. m. ( Hifl. du Jap. )
c’efi aujourd’hui le fouverain pontife des Japonois,
ou comme Koempfer l’appelle, le monarque héréditaire
eccléfiafiique du Japon. En effet, l’empire
du Japon a préfentement deux chefs; favoir, l’ec-
cléfiaffique qu’on nomme Dairo, & le féculier
qui porte le nom de Kubo. Ce dernier efi l’empereur
du Japon , & le premier, l’oracle de la religion du
pays.
Les grands prêtres fous le nom de Dairi, ont
été long-temps les monarques de tout le Japon,
tant pour le fpirituel que pour le temporel. Ils en
ufurpèrent le trône par les intrigues d’un ordre de
bonzes venus de là Corée, dont ils étoient les chefs.
Cçs bonzes facilitèrent à leur Dairi le moyen de
foumettre toutes les puiffaaces de ce grand empire.
Avant cette révolution il n’y avoit que les princes
du fan g ou lesenfans des rois , qui ptifîent fuccéder
à la monarchie : mais après la mort d’un des empereurs,
les bonzes ambitieux élevèrent à cette
grande dignité un de leurs grands prêtres, qui
étôit dans tout le pays en odeur de faintetè. Les
pei?p!es qui le croyoient defeendu du foîeil, le
,prirerît pour leur fouverain. La religion de ces
peuples efi tout ce qu’on peut imaginer de plus fou
& de plus-déplorable. Ils rendirent à cet homme
des hommages idolâtres : ils fe perfuadèrent que
c’étoit réfifier à Dieu même, que de s’oppofer à
fes commandemens. Lorfqu’un roi particulier du
pays avoit quelque démêlé avec un autre ,N ce
Dairi connoiffoit de. leurs différens avec la même
autorité que fi Dieu l’eût envoyé du ciel pour les
décider.
Quand le Dairi régnoit au Japon, & qu’il mar-
choir, dit l’auteur de l’ambaflade des Hollandois *
il ne devoir point toucher la terre ; il falloir empêcher
que les rayons du foleil ou de quelque autre
lumière ne le touchafïent aufli, c’eût été un crime
de lui couper la barbe & les ongles. Toutes les fois
qu’il mangeoit, on lui préparoit fes repas dans un
nouveau fervice de cuifine qui n’étoit employé
qu’une fois. Il prenoit douze femmes, qu’il épou-
foitavec une grande folemnité,& fes femmes le
fuivoient d’ordinaire dans leurs équipages. Il y
avoit dans fon château deux rangs de maifons , fix
de chaque côté pour y logerfes femm e s.il a voie
de plus un férail pour fes concubines. On apprêtoit
tous les jours un magnifique fouper dans chacune
de ces douze maifons :,il fbrtoit dans un palanquin
magnifique , dont les colonnes d’or maffif étoient
entourées d’une efpèce de jaloufie , afin qu’il pût
voir tout le monde fans être vu de perfonne. Il
étoit porté dans ce palanquin par quatorze gentilshommes
des plus qualifiés de fa cour. Il marchbit
ainfi précédé de fes foldats, & fuivi d’un grand
cortège, en particulier d’une voiture tirée par deux
chevaux, dont les houffes étoient toutes femées
de perles & de diamans : deux gentilshommes te -
noient les rênes des chevaux, pendant- que deux
autres marchoient à côté ; l’un d’eux agitoit fans
cefie un éventail pour rafraîchir le pontife, &
l’autre lui portoit un parafol. Cette voiture étoit
deftinée pour la première de fes femmes ou de
fes concubines, &c.
Nous fupprimons d’autres particularités fembla-
bles, qui peuvent être fufpeâes dans des relations
de voyageurs ; il nous fuffit de remarquer que le
culte fuperftitieux que le peuple rendoit au Dairo ,
n’étoit guère différent de celui qu’ils portaient à
leurs dieux. Les bonzes dont le nombre efi inr-
menfe, montroient l’exemple, & gouvernoient
defp.otiquement fous leur chef. C ’étoit autant de
tyrans répandus dans les villes & dans les campagnes
, enfin leurs vices & leurs cruautés alié-
1 nèrent les efprits des peuples & des g r a tis ; un
princê qui reftoit encore,du fang royal forma un |
ii puiffant parti, qu’il fouleva tout l’empire contre
eux. Une fécondé révolution acheva d’enlever aux
Daims la fouveraifteté qu'ils avôient ufiirpée, &
les fit rentrer avec les bonzes dans leur état naturel.
Le prince royal remonta fur le trône de fes ancêtres,
Si prit vers l’an 1600 le titre de Kubo qui
lui efi encore a fie 61e. Ses defeendans ont biffé au
Dairo fes immenfes revenus, quelques hommages
capa! les de flatter fa vanité , avec une ombre d’autorité,
pontificale & religieufe pour le confcler de
la véritable qu’il a perdue ; c’en à quoi Te-bornent
les refies de fon ancienne fplehdeur : M^aco efi
fâ demeure ; il y occupe une efpèce de ville a part
avec fes femmes> fes concubines , & une très nom-
breufé cour. L’empereur ou le Iiubo réfideà Yedo,
capitale du Japon, Si jouit d un pouvoir abfolu
fur tous fes fijjcts. L’article du Dairo qu’on lit dans
le diélionnaire de Trévoux a befoin d’être reélifié.
Confultez -Kcempfer Si les recueils des voyages de
la compagnie des Indes orientales au Japon.■ (/. F.')
art. de M. le chev. DE J-AUCOURT.)
DAKON , efi une pierre bleue femblable à du
corail, que les femmes de Guinée portent dans
leurs cheveux pour fervir d’ornement. ( A . R .)
DALÉCHAMPS (Ja c q u e s ) ( Biß. litt, mod.),
médecin , né à Caën-,exerçoit la médecine à Lyon.
On a de lui une hifioire des plantes en latin, traduite
en françc-is par Jean Defmoulins ; il a traduit
èn latin, Athénée , en François le 6e. livre-de Paul
Eginète , Si les neuf livres de Galien fur l’anato-
irue ; il a donné des rotes fur l’hifloire naturelle de
Pline. Né en 1 j_i 3 , mort en 1588.
D ’A L IB R A Y ( C harles - V10N ) (Hiß. litt.
mod. ) , médiocre pcëte françois d i dix - feptième
fiècle dont on a les oeuvres; il avoit fervi Si bientôt
quitté le fervicè, dif nt (en v e r s ) que s’il
mouroit par la bouche, il ne vouloir pas-que ce
fut par celle du canon.
Je veux favoîr combien un poltron comme moi,
Peut vivre n’étant pas foldat ni capitaine.....
Je veux mourir entier & fans gloire & fans nom.
On prend pour de jolies -imitations d’Horace ,
«es plaifantçries fur la poltronnerie, dont il efi
vrai qu’Horace a donné PcXemple ; elles ne con>
.viennent guères à un homme, de quelque état
qu’il foit.
D'Alibray a aufli traduit les lettres d’Antoriio de
.Ferez, ce miniftre difgracié de Philippe II.
DALILA ( Hiß. fac. ) Voyei Sa m s o n .
DALIN (O laus d e ) (Hiß„ litt, mod. fuédois,
- e P$re de la poèfie fuèdoije ; peut-être a-t-il
atuii été le père de l’iiifioire en Suède, noiipascertainement
commeGrégoire deToursa été le père de
notre hifioire , mais comme M. Hume a été le père
de i'hiitoire en Angleterre quoiqu’il en foir, M.Da-
l in a éen t, par ordre du gouvernement, l’iiifioire
de fon pays , & l’a pouffée jufqu’à la mort du roi
Charles XI. Il a traduit, aufiî en Suédois, l e s c a u f e s
d e la g ra n d eu r & d e la d éca den c e d es R om a in s de
JVLdeMôntefquieu. Ses travaux &fes talens ont fait
fa fortune. lia été précepteur du prince Guftave,
aujourdhui Gufiave I I I , qui porte avec tant de
gloire ce glorieux nom de Gufiave ; il a été chevalier
de l’étoile du nord , & chancelier de la cour.
Ne en 1708. Il efi mort le 12 août *1763.
DAMASCÈNE. Foye^ S. Jean D amascène.
DAMASE ( H i j l .- e c c lé f . ) . Il y a eu deux papes
de ce nom. Le premier efi au nombre des fâints.
Elu en 366. Mort en 384.
D & m a f e fécond mourut en 1048 , après 23 jours
de pontificat.
D A M E , f. f. ( H i f io ir e m oderne ) , titre autrefois
très-difiingné, trée-honorable parmi nous ,
Si qu’on n’accordoit qu’aux perfonnes du premier
rang. Nos rois ne le donnoient dans leurs lettres
qu’aux femmes des chevaliers; celles des écuyers
les plus qualifiés étoient fim pleine ne nommées ma-
d em o ife lle : c’efi pourquoi Françoife d'An;ou étant
demeurée veuve avant que fon mari eût été.fait
chevalier, n efi appelh e que m a d em o ife lle . Bran-
j tome ne donnoit encore que le titre de m ademoi-
, j e lle à la fé-néchale de Poitou fa grand-mère. Il
: parleroiü différemment aujourd’hui que la qualification
de m a dam e efi devenue il multipliée, qu’elle
n a plus d éclat , & s’accorde même à de Amples
femmes de bourgeois. Tous les mots qui défignent
' des titres, des dignités, dés charges, des prééminences
, n’ojit à autre valeur, que celle des lieux &
des temps , Si il n efi pas inutile-de fe le rappeller
dans les levures historiques. A r t i c l e d e M . le c h e v
a l ie r d e Ja u c o u r t :
DAMIEN ( P ierre ). Foye^ Pierre Damien.
DAMIENS ( Robert-François ) ( H i j l . d e F r .') .
Le j: janvier 17 J7, vers cinq heures, trois quarts du
fou-, nous a fait revoir une de ces horreurs dont
nous avions cru que notre hifioire ne feroit plus
fouillée depuis les Clément & les Ravaillac. Le
28 mars^ de la même année, il fubit le même fup-
plice qu’a voit fubi Ravaillac, & des femmes, même
de la cour , eurent la force de foutenir ce fpeélacle,'
ce qui rappelle encore lés horribles amufemens
de la cour de Catherine de Métlicis, car le pafle
n efi jamais aufli éloigné de revenir qu’on le croit.
On dit pour expliquer ces affreux phénomènes ,
qu il y a toujours des gens qui ne font ni de leur
pays , ni de leur fiècle, mais les'idées theologico-
poliîiques qui fermentèrent alors avec tant de tu