
#94 G E N
trifaïeul de Pepin-le-Bref, ni de ceux de la race <
Capétienne, au-delà de Robert-le-Fort, bifaïeul !
de Hugues - Cape t. Ce qu’il y a de confiant, c’eft,
que la maifon de France a produit une fuite de
ro is , non-feulement en France où ils régnent
depuis huit fiècles , mais en Portugal, à Naples,
en Hongrie, en Efpagne, &c. fuite telle qu’au-
cune%utre race , en aucun temps , en aucun
p a y s , n’a pu fe glorifier d’en avoir produit une
femblable , foit en nombre de rois , foit en étendue
de royaumes, foit en durée de fucceflion , &
nous ne parlons ici que d’une fucceflion de mâle
en mâle non interrompue, en remontant jufqu’à
Robert-le-Fort; en forte que la maifon de France
pourroit être appellée par excellence, la maifon
royale de l’Europe, où même fon empire ne fe
borne pas à beaucoup près.
M. le Gendre de Saint-Aubin , mourut en 1746,
âgé de cinquante-neuf ans.
GENEBRARD. (G illebert) ( Hiß, litt, modi)
Voyei l’article D anès.
GENEST. ( C harles-Claude ) ( Hiß. litt,
mod. ) Il y a de l’abbé Gene f i des poèfies pieufes
& des pièces de vers couronnées à l’académie
françoife ; mais c’eft par fes tragédies, quoique
médiocres & d’une touche bien foible, qu’il eft le
plus connu ; celle de Pénélope a eu quelque- fuc-
cês , & a mérité , par les fentimens vertueux qui
la diftinguent, les éloges de Boflùet, qui e û t ,
d it-il, approuvé les fpe&acles, s’il y eût toujours
trouvé une morale aufîi pure. Mais le fuccès le
plus étonnant eft celui qu’obtint, chez madame la
duchefîe du Maine, la tragédie de Jofeph du même
auteur. Cette princeffe, fi célèbre par fon goût ,
entraînoit tous les coeurs par le feu, la noblefîç
& les grâces qu’elle mettoit dans le rôle d’Aza.-
neth , femme de Jofeph ; mais ce n’étoit pas feulement
fon jeu, c’étoit la pièce même qui féduifoit,
M. le prince, le grand Conty, les feigneurs de
la cour qui a voient le plus d’efprit 8c de g oû t,
De pouvoient en entendre la lefture , fans répandre
un torrent de larmes ; M. le duc, qu’aucune
tragédie n’avoit jamais , fait pleurer , vint défier
M. de Malézieu de lui faire partager ce qu’il ap-
pelloit la foibîefle commune ; mais à peine eût-il
entendu le premier afte , que toute fa fermeté
l ’abandonna, des pleurs coulèrent en abondance ,
les fanglots l’étouffoient, il étoit fouvent obligé
d’interrompre M. de Malézieu pour pouvoir re£-
pirer & s’armer de nouveau contre une fenfibilité
glorieufe dont il avoit la foibîefle de rougir ,
mais à laquelle il fuccomboit toujours. Cependant
des larmes fi refpeftables , qui fembloient devoir
affûter à cette pièce les fuffrages^de l’univers , ne
purent la défendre des dégoûts du.publicj on trouva
que la fermeté de M. le duc auroit dû choifir un
gu#*? éciift* ç>ur fon naufrage; enfin, Jofeph ne
G E N
parut fur le théâtre François que pour y mourir
fans efpoir de renaître.
L’abbé Genefi avoit été inftituteur de mademoi-
felle de Blois , fille de Louis XIV , qui époufa
depuis M. le. régent ; il fut alors fon aumônier
8c fecrétaire des commandemens de M. le duc
du Maine , fon frère. L’abbé d’Olivet a fait beaucoup
de großes & lourdes plaifanteries fur le
pérfonnel 8c l’extérieur de l ’abbé 'Genefi. Qu’importe
qu’il eût le nez long ou large ? qu’importe
qu’il fût prefque toujours négligemment habillé ,
8c qu’un joueur de gobelets, par une facétie,
moitié indécente , moitié infolente , ait fait rire à
fes dépens, Louis XIV 8c toute fa cour & même
l’ibbé d’Olivet qui en rioit encore en écrivant ce
fait cinquante ans après? les ouvrages de l’abbe
Genefi fans être bons, ne font pas fans mérite.
Il avoit été reçu à l’académie françoife en 1698.
Il étoit fans étude & fans lettres; il eut , dit
l’abbé d’O live t, il eut avec Socrate, le trait de
refî’emblance d’être né d’une fage-femme. Sa mère
ne lui fit apprendre qu’à écrire. Dans fa jeunefle
il s’embarqua pour aller faire fortune aux Indes ;
il fut pris , volé > mené à Londres par des anglois ,
il y apprit à fe connoître en chevaux ; il revint
en France ; une fille de mérite , Louife-Anaftafie
Serment, le connut à raifon de voifinage, & lui
apprit les règles dé la verfification : une autre femme,
l’abbeffe de Fontevrault, foeur de mefdames de
Monrefpan & de Thianges, l’engagea aufli à apprendre
le latin, quoiqu’il eût déjà quarante ans,
mais il ne le fut jamais. Le duc de Nevers qui
l’aimoit, parce qu’il faifoit des vers , & qui fa voit
pris pour écuyer parce qu’il fe connoifîbit en chevaux,
le mena aux campagnes de 1(372 8c 1673.
Jufques-là c’étoit un laïc aimable , à qui un efprit
naturel 8c une grande gaîté , fur*iout à table, pro-
curoit des fuccès dans le monde ; fes vers commen-
çoient à réuflir à la cour. On ne fait par quel intérêt
le P. Ferrier , confefleur du roi, 6c qui le fuivoit à
l’armée, paflant devant une tente où Geheß, jeune
alors, étoit à boire & à rire avec de jeunes ofiù*
ciers , fit ligne à Genefi d’approcher, 8c lui dit -a.
: l’oreille : je voudrois bien vous voir plus de fagefle
& un autre habit. Ce mot engagea Geneß à prendre
l’habit eccléfiaflique, mais le P. Ferrier mourut;
cependant Geneß fût fixé à la çoijr, où il réuflit
a fiez bien , & fur-tout à caufe de ce nez qui faifoit
rire les jeunes, princes. Dans l’anagramme de fon
nom : Charles Geneß, on avoit trouvé ces mots : eh!
c’ efi large né.
L’abbé Genefi étoit né le 17 oftobre 1639, ^
mourut la nuit du 19 au %o novembre 1719.
GENEVE, (R obert de) fH i f t . eccléfiafi.) le
cardinal de Genève, élu pape à Forli le 21 fép-
tembre 1378, prit le nom de Clément V I I , 8c
& commença le grand fchifme d’Occident, 8c la
fucceflion des papes d’Avignon , réputés antipapes*
jyion à Avignon le 2.6 feptembre 1^94.
G E N
G ENEVIEVE , ( Sainte ) ( Hifi. eccléfiafi. )
patrone de Paris , née à Nanterre vers l’an 422,
dirigée par faint Germain , évêque d’Auxerre,
engagea Clovis à commencer de bâtir, fous l’invocation
de Saint-Pierre & de Saint-Paul, l’églife
qui porte aujourd’hui fon nom , parce qu’elle y eft
enterrée, 8c qui vient d’être rebâtie avec tant de
magnificence. Cette fainte mourut en 512. Un
père Lambert Génovéfain a écrit fa vie.
GENGHIS ou GENGIS-KAN, ( Hifi. mod. )
prince 8c kan des Tartarés Mogols, l’un des plus
terribles & des plus heureux conquérans: il fournit
prefque. toute l’Afie, il fit trembler l’Europe il
forma un grand empire qu’il partagea lui-même
à l’inftant entre fes quatre fils, ce q u i, d’nn feul
trait, montre l’abus des grands empires; il fit une
foule de malheureux; on cherche encore quel bien
il a-fait, ce fut un fléau. Ses fils furent feslieu-
tenans & ravagèrent le monde fous lui. M. de
Voltaire ne les a point oubliés dans l ’orphelin de
la Chine.
Tandis qu’en Occident je fais voler mes fils,
Des murs de Samarcande aux bords du Tanaïs.
C ’étoit une belle & utile idée que de préfenter
Ce conquérant adouci par l’amour, corrigé par la
v ertu, fe foumettant, les armes à la main , à l’empire
des loix 8c des moeurs, difant à un rival qui
l’a vaincu en vertu :
Soyez ici des lois l’interprète füprême ;
Rendez-leur miniftère aufli faint que vous-même ;
Enfeignez la raifon, la juftice & les moeurs.
Que les peuples vaincus gouvernent les vainqueurs •
Que la fagefle règne , & préfide au courage.
Triomphez de la force : elle vous doit hommage.
Le germe de cette pièce, mais non pas de cette,
idée morale fe trou voit dans V orphelin de Tchao,
tragédie chinoife, traduite par le P. de Prémare,
qui étoit dejà dans la; defcription de L'empire de la
Chine du P. du Halde, 8c quia été réimprimée à
part à l’occafion de l'orphelin de La Chine : l'orphelin
de Tchao, malgré l’ignorance 8c la violation de
toutes les loix du théâtre, eft une pièce d’un
grand effet , 8c l’ovpheim de la Chine où ces loix
•font obfervéeseft d’un bien plus grand effet encore;
Genghis-Kan mourut en 1227, âgé d’environ
foixante ans. Le P. Gaubil a écrit fa vie ( Voye^
G aubil. )
GENOUILLAC (Jacques de G ourdon de)
(dit G alio t ) 8c plus connu fous ce nom de Galioc .
que ^fous celui de Gourdon, (Hifi. de Fr.) maître
de l’artillerie , fupérieur dans cette importante
partie, servit fi bien à la bataille de Marignan,
Cû 15i 5 j ® renverfoit avec tant de continuité L
G E N tfp?
des files entières des ennemis, il ouvroit fi à propos
des routes faciles à travers leurs plus épais bataillons,
FrançoisI profitoit de ces avantages avec
tant de vivacité, que ce fut ce qui décida la victoire.
Ce prince, dans la lettre qu’il écrivit à la
duchefle d’Angoulême fa mère fur cette bataille
de Marignan , lui dit : « Madame , le fénécfiai
» d’Armagnac ( c ’eft Galiot de Genouillac) avec
» fon artillerie , ofe bien dire qu’il a été caufe en
» partie du gain de la bataille, car jamais homme
» n’en fervit mieux. »
Ce même Galiot de Genouillac, qui avoit eu
tant de part à la viftoire de Marignan, auroit
vaincu feul à Pavie, fi on n’eût point rompu
toutes fes mefures; il avoit dirigé fi avantageu-
fement fon artillerie contré les Impériaux qui
s’efforçoient d’entrer par une brèche dans le parc
de Mirabel., où les François étoient retranchés,
qu’il mit les premiers dans le plus grand défordre ;
on les voyoit courir en fe précipitant 8c fe ren-
verfant les uns fur les autres, pour gagner un
vallon voifin,. où ils puflent être à couvert de
cette foudroyante artillerie. Le roi auroit dû fe
repofer fur les batteries de Genouillac du foin de
défendre la brèche 8c d’en fermer le paflage aux
Impériaux, mais il rie put voir de fan g froid fes
ennemis s’ébranler 8c préfenter les apparences
d?une défaite prochaine; il crut qu’il fe rendroit
indigne des faveurs de la viftoire,s’il les négligeoit;
fon courage l’emporta ; il fortit du parc, il fe répandit
dans la campagne avec toute fa gendarmerie;
il fit la faute énorme demafquer par cette démarche
imprudente les batteries qui tonnoient par la brèche,
8c tout fut perdu. C ’eft la même faute qu’on a
répétée depuis à Dettingue, 8c dans d’autres
occafions.
Galiot de Genouillac avoit été un de ces preux
dont Charles VIII voulut être environné à la
bataille de Fornoue ; il avoit continué de fervir
avec fuccès fous Louis XII. François I ajouta aux
titres de fénéchal d’Armagnac 8c de maître de l’artillerie
dont il le trouva^ revêtu, celui de grand-
écuyer après la mort de faint Severin, tué à la
bataille de Pavie ; il le combla de penfions, lui
procura de riches alliances1, 8c lui donna des terres
immenfes d'ans le Q u e r c y , -malgré les remontrances
de la chambre des comptes, qui repréfenta que ces
dons étoient des aliénations du domaine. Je le fais
bien,, répondit le roi, vous faites votre devoir de
m en avertir, &> moi je fais le mien en pajfant par-
de jjus les réglés ordinaires pour récompen fer un homme
extraordinaire. Tant de biens 8c d’honneurs accumules
fur fa tête, excitèrent l’envie des courtifans;
ils cherchèrent à le perdre dans l’efprit du roi ;
ils exagérèrent fes richeffes & |es d é e n fes qu’il
faifoit dans fa belle maifon d’Aflier en Quercy ; ils
parvinrent à le rendre fufpeft. Le ro i, incapable
de djilimulation, n’attendit pas que le foupçon ce
fût établi dans ion arae . il fe hâta d’en parler à
Galiot, qui lui répondit avec la même frarichife r