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Au centre de chacune des croifées ceîntrées étoît '
placé un luftre de criftal, fufpendu par un noeud
doré.
Au - défiés de chaque luflre etoir une grande
agraffe dorée , d’où fortoient des feftons auffi
dorés. • *
Au - défiés de l’entablement du fécond ordre,
étojent placées des lanternes de verre , formant
pavillons au - deffus de.s colonnes , & feftons au-
defîus des croifées ceintrées.
Au-devant de la lucarne, au-deflus de la ftatue
du roi , étoit un tableau tranfparent , avec une
infcription portant ces mots : Recepto Cafare felix.
Le nouveau périftile étoit orné de lu (1res de criftal,
& de girandoles dorées fur les colonnes & les em-
brafemens des arcades.
L’ancien périftile étoit orné de cinq luftres de
criftal, dont celui du milieu, en face du premier ef-
calier, étoit à vingt-quatre branches , avec feftons
& chutes de fleurs d’Italie , qui fortnoient un pavillon.
Sur le pallier du milieu du grand efcalier étoit
un luftre, auflî-bien que dans le veftibule & dans
tous les corridors.
Marche du roi.
Sur les deux heures, le roi partit du château
des Tuileries, ayant devant & derrière fes car-
roffes les gendarmes., chevaux-légers , les deux
compagnies des monfqgetaires , & fes gardes-du-
çorps.
Comme la route de fa majefté étoit par la rue
Saint-Honoré,celle du Roule,& celle de la Monnoie,
la-ville avoit fait élever pour fon paffage une
fontaine de vin à la croix du Trahoir, & on y dif-
tribuoit au peuple du vin & de la viande. Sa ma-
jeflé étant au commencement du quai de Çêvres,
les boîtes & les canons de la ville firent une décharge
, & le conduifirent à ce bruit jufques dans
l’hotel-de-ville.
Sa majefté étant arrivée dans la place , y trouva
les gardes françoifes & fuifîès ; les gendarmes
& les chevaux-légers filèrent du côté de la.
rue du Mouton , & les moufquetaires allèrent
par-deffus le p or t, pour fe pofter à la place aux
Veaux.
Lorfque le roi fut arrivé près la barrière de
l’hô tel-de-ville avec fes gardes-du-corps , il fut
reçu à la defcente de fon carrofiè par le prévôt
des marchands & les échevins , qui mirent
un genou en terre : ils furent préfentés par M. le
duc de Gêvres comme gouverneur , & conduits
par M. Defgranges, maître des cérémonies.
M. le prévôt des marchands complimenta fa majefté
/laquelle répondit avec fa bonté naturelle; &
fa majefté s’étant mife en marche pour monter l’ef-
calier, les prévôt des marchands & échevins paf-
sèrent avant fa majefté , laquelle trouva fur le
haut;de lefcalier les gardes-dp-corps en haie & 1
fous lés annes, ' l
F e s
Elle fut conduite dans la grande fa!le en pafi’ant
par la falle des gardes, & de-là dans fon appartement
3 dont la porte étoit gardée par les huifîiers de
la chambre, qui avoient fous leurs ordres des garçons
, que la ville avoit fait habiller de drap bleu
galonné en argent , pour fervir de garçons de la
chambre , tant chez le roi que dans l’appartement
de monfeigneur le dauphin.
Monfeigneiir le dauphin, qui étoit arri vé avec le
r o i , de même que les princes & autres feigneurs,
le fuivirent dans fon appartement.
Les préyôt des marchands & échevins s’étoiént
tenus dans la grande falle ; le roi ordonna
de les faire entrer , & M. le gouverneur les
préfenta à fa majefté tous enfemblé, & chacun
en particulier.
Quelque temps après , M. le prévôt des marchands
eut l’honneur de préfènter un livre relié en
• maroquin bleu fur vélin & en lettres d’or , à fa majefté
j à monfeigneur le dauphin & aux .princès.
Il contenoit une ode faite pour la circonftance , &
fut exécutée en mufiqüe pendant le feftin de fa
majefté.
Sur les trois heures-, M. le prévôt des marchands
, qui étoit forti un inftant de l’appartement
du roi, y rentra , & eut l’honneur de dire à
fa majefté qu’elle étoit fervie. Le roi fortit de fon
appartement , paffa dans la grande falle & fe
mit à table.
Pendant le feftin-, l’ode qui avoit été préfentée
au roi fut exécuté'e ; & il y eut d’autres morceaux
de mufique exécutés par la*fymphonie. Pendant
1 s feftin, M. le prévôt des marchands eut l’honneur
de lervir le roi. ' *
Outre la table de fa-majefté , il y avoit plufieurs
tables pour les feigneurs ôl les perfonnes de con-
fidération qui n’avoient pas été nommées pour la
table du roi.'-Ily avoit auffi des tables pour les perfonnes
delà fuite du ro i, pour les gardes-du corps,
les pages, &c.
Après 1 q feftin , le roi & monfeigneur le dauphin
.pafsèrent dans leur appartement. Le roi
regarda par fes croifées l’illumination de là place.
Toutes les parties principales del’archite&urede
l’arc de triomphe étoient deftinées & représentées
en illumination & en relief, fuivant leurs faillies
& contours; ce qui compofoit environ quatorze
millë lumières ,.tant en falots qu’en lampes à
plaque.
Les entablemens de la colonnade autour de la
place étoient garnis de falots ; lés fûts des colonnes
étoient couverts de tringles , portant un grand
nombre de lampes à plaque ; les couronnemens
des piédeftaux étoient pareillement garnis de
falots, i
Le corps de la fontaine , qui étoit dans le milieu
de la place ordinaire des canons, étoit décoré d’un
grand nombre de lumières en falots ou lampes à
plaque,qui traçoient la principale partie de la dé-»
çpration & fes faillies.
Tou*
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Tout le pourtour de cette fontaine, qui formoit
mine falle de lumières, & les poteaux étoient illuminés
par des luftres de fil-de-fer , avec lampes de
Surène ; & les doubles guirlandes de lampes qui
ioignoient chaque poteau ou pied d’a rbre^, faifoient
ùmeffet admirable,
Au-de’uoîi e . 1 1 les retours de la barrière de l’hô-.
tel-de-vil? : , croient quatre grands ifs de fer en
ceiHols» bro:7zH$ portant, chacun cent-cinquante
■ hï.r&,§' lampes
La lace extérieure de l’hôteUde-ville étoit illu—
mhrce de veft«.manière :
L § d i’ux Lüitémes du clocher étoient garnies de
lampe? à p r^ u e , qui figuroient lés ceintres des
arcades, avec feftons de lumières au-devant des
appuis.
Le pourtour du piédeftal & du grand focle
étoit orné de forts luftres de fil-de-fer , garnis
de lampes de Surène , & leurs corniches avec des
falots.
Le grand comble du milieu étoit orné , à fes extrémités
, de deux grandes pyramides circulaires ,
garnies de lampes de Surène.
Le faîte & les arrêtiers étoient bordés de falot
«. La face principale de ce comble & celle des
deux pavillons étoient garnies en plein de lampes
à plaque.
Les entablemens des deux pavillons, l’acrotaire
du milieu & î e grand entablement étoient bordés
(de falots.
L’illumination de la cour étoit telle quelle eft
décrite ci-devant.
Après avoir confidéré quelque temps l’illumination
de la place, le -roi fortit de fon appartement
avec monfeigneur le dauphin , defeendit
dans la cour il regarda quelque temps l ’illumination
, & monta dans fon carrofiè.
On croit devoir ajouter à ces premiers détails
ladefeription du fouper du roi à fhôcel-de-ville,
le 8 feptembre 1745 , après les mémorables victoires
de la France.
Le cérémonial de tous ces feftins eft toujours
le même ; mais les préparatifs changent, & forment
des tableaux nouveaux qui peuvent ranimer
l’induftrie des arts : les articles cle ce genre ne
peuvent donc être faits dans l’Encyclopédie avec
trop de zèle & de foin. Puiflènt-ils y devenir des
archives durables de la magnificence & du goût
d’une ville illuftre , dont le bon ordre & i’opu- 1
lence attirent dans fon fein tous les arts, & qul,
paf le concours immenfe.des plus excellens articles
de l’Europe , eft unanimement regardée
comme l’école de l’univers !
[ Et puiffe cependant une fage économie n’ufer
de cette magnificence qu’avec fobriété !]
Souper du Roi en banquet royal dans l’hôtel-de-ville
le 8 feptembre 174?.
Sur les 7 heures du foir , leurs majeftés , avec
tpute la famille royale , entrèrent dans la place de
Hiftoire, Tome II, Seconde part,
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| Phôtel-de-ville , précédées des dètachemens des
! deux compagnies des moufquetaires, des chevaux-
! légers , des gardes-du-corps & des gendarmes. I.es
I gardes françoifes & fuiffes bordoient la place des J deux côtés.
I Le carrofiè de fa majefté étant devant la bar-
I rière de l’h ô te l-d e - v ille , MM. de la ville sa*
J vancèrent de dix pas au-dehors de la barrière de
|Thôfél de ville , M. le duc de Gêvres les ayant
! préfentés aufîi-tôt que fa majefté fut décendue
I de carrofiè , ils mirent- un genou en terre , & ,
! M. le prévôt des marchands fit un difeours ait
I roi. " ' ;(i V-, . "L -
I Ces meffieurs , qui étoient vêtus de leurs robes
! de velours , prirent auftî-tôt le devant, & conclui-
! firent le roi, la reine, monfeigneur le dauphin,
| madame la dauphine & mefdames dans la grande
I falle , & de là à l’appartement du roi, où ils eu-
| rent l’honneur d’être encore préfentés au roi, par
M M. le duc de Gêvres.
! Sur les huit heures & demie du foir ., M. îe
8 prévôt des marchands demanda l’ordre du roi
I pour faire tirer le feu d’artifice. On commença par
! faire une, décharge des boîtes & des canons ,
8 enfuite on tira les fufées volantes, & différentes:
pièces d’artifice qui parurent d’une forme très-
nouvelle. Le feu d’abord forma une brillante
illumination , & au haut de l’artifice étoit un
vive le roi , dont le brillant & la nouveauté
frappa d’admiration tous les fpeâateurs. L’artifice
étoit difpofé de façon qu’il s’embrafa tout-'
à - coup , & que les deflins ne perdirent rien à
fa rapidité. Le roi , qui parut fort fatisfait , vir
tirer ce feu à la croifée du milieu de la grande
falle ;,les deux croifées à côté étoient diftinguées
& renfermées dans une eftrade de la hauteur,
d’une marche , entourée d’une baluftrade dorée:
elle étoit couverte , ainfi que toute l’étendue de
la fa lle , d’un tapis. Il y avoit un dais ?.u-deffus
de ladite croifée du milieu , fans queue ni aigrette
; & au - dehors de cette croifée fur la
place , étoit un autre dais très-riche avec aigrette
Sc queue.
La reine y étoit auffi. Il y avoir deux fauteuils
pour leurs majeftés; ôc la famille royale & toute la
cour étoient fur cette eftrade, fur des banquettes.’
Aprèsrle feu, leurs majeftés pafîerent dans la
g falle des gouverneurs, qui avoic été décorée etï
falle de concert. On y exécuta une ode fur le
retour de fa majefté. Les vers étoient de M. R o y ;
MM. Rebel & Francoeur en avoient fait la
mufiqUe.
Pendant le concert, on avoit ôté l?eftrade de la
grande falle & les tapis, pour dreffer la table.
Le ro i, après le concert, rentra dans fon appai-
tement ; la reine & la famille royale l’y fuivirent ?
& ,M . le prévôt des marchands eut-l’honneur de
dire au roi que fa majefté étoit fervie : alors le roi,
la reine & toute la famille royale allèrent fe mettre
à table.
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