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• C h a v iGNY ( Jean-Aymes de) ( Hift. mod. ) , né
à. Beaune, difciple de Noftradamus ,. & digne d’un
tel maître. On a de lui .la première face, dp Ja n u s .
F r a n ç o i s , contenant fommairement les troubles.,,
guerres civiles & autres chofes. mémorablesadvenues
dans la France & ailleurs de l ’an de falut
i.f34,jufqu’à l’an ifSp;, fin de lajnaifon Valefienne,
extraire & colligée desj. centuries & autres comment
taires de M. Michel' de Notte-Dame* On a encore,
les Pléiades du fieur Chavïgni Beaunois, divifèes en-
fiept livres , prinfies des anciennes prophéties, & con-
fiérées avec les oracles du Célèbre & 1 ’ renommé': M i chel
DE: N o t r e -Da m e , où> efi traité du renouvellement
des fiècles , changement des empiles & avau-.
cernent'du nom chrétien,.
CHÀULIAC. Voye{ C a u l i a c :
C H A U L IE U ( G u il l a um e A m f r y e d e )-
( Hiß. litti mod. fiy philofophe enjoué , poète original,
homme aimable. Les princes de Vendôme
auxquels il étoit attaché , firent fa fortune, & il
fit les délices de leur focièté. Logé au temple, il
en fit le centre & comme le fan&uaire de la bonne
compagnie ; les - princes de Vendôme vouloienrt :
être de fes foupers ; il-ralTembloit autour de lui .
dès amis choifis, diffingués par leur efprit, par
leurs talens, fur-tout par celui de plaire.. On l’ap-
pelloit V Anacréon- du temple : •
Et reviens goûter-au temple,..
L'ombre de tes maroniers ,.r
lui dit Roufléau
Là nous trouverons.fan« peina»
Avec toi , :le verre en main,.
L’homme après qui Diogène -
Courut fi'long-temps en vain«.,
R'oufîeau & Völtaire l’ont également célèbre ;~
ce qui prouve l’art qu’il avoir de plaire, à tous. On
opnnoît Tépître de M: de Voltaire:-.
A„ vous, l’Agacr^on dir tempje , &cr.
À quatre-vingts, ans-, comme Anacréon , I il
ajma & chanta fes amours, il aima mademoifëlle
de Launay, qui fut depuis la célèbre madame dé
§taalv On connoît fa' charmante épître;,
Launay, qu.i.fouverainementï
Ppfledes.le talent de plaire,
Coquette.,..libertioe, ,& même on peu friponne, .
Je fens au même inftant qu'oa devroit t’abhorrer , .
Que,mon coeur,.hors de tQi > ne trouve .rieg d'aijj)able_,,
Etjar^un charme:incônçey^ble * ;
faec cevqui rendroit une autre infùpportabje
feçreçde te faire, adqrer, Scç,. J
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"Que ne te -dois-jè point? Sans toi dans l’indblenc*-
Coulaient mes derniers jours à.l’ennui deftinds,.».
Bar la nature condamnés ,
Aux langueurs de l’indifférence , &c.
Jé ne voulus jamais.devenir.ton vainqueur ;,
Et ne comptant:pour rien dans l’ardeur de te plaire,.,
Du plaifir d'être aimé: la douceur étrangère ,
Au feul plaifir d’aimer jJabandonnai.man coeur.
Je te parlois d’amour, tu te. plut'à m’entendre i .
Les jours éfoient trop courts-pour nos doux entretiens
Et jô connois peu de vrais biens..
Dont-on puiffè jamais attendre
Le plaifir que me fit la fauflèté des miens»
Heureux à qui le ciel donne une ame allez tendre-
l’our pou voir, âifémept comprendre
D’an amour malheureux quel étoit le bonheur,
XeJ que.je crois qu’il devoir rendre
Les plus heureux-amans.jaloux de .mon erreur !
Un amant, même de quatre-vingts ans, ne?
fournit être ridicule quand il fait encore tenir.-
un-pareil-langage. L’abbé de Chaulieu fe donnoit
& on le prenpit. pour difciple de Chapelle; le
difciple avoit bien effacé le maître. Où trouveroit?
on dans Chapelle des vers de .cette volupté délicate ».
& qui retracent d’une manière, fi générale & fi
fentie. toutes les illufîons de; l’amour?
L’abhé de Chaulieu mourut-en 1720, à quatre?
vingt-un ans. M. de Voltaire annonça cette, moïîfc
prochaine à. la,, fociéte du temple,.
Peut-être, lès larmes-aux yeux-*
î Je vous,apprendrai pour nouvelle.- -
. Le trépas de ce vieux gouteux
Qu’anima l'efprit de Chapellet
L’éternel abbé .de- Chaulieu
Paroîtra bientôt, devant Dieu ;
Et fi d'une mufe, féconde
Les vers aimables & .pojiç
Sauvent, une. aine e.n,l’autre, monde ,.
Il ira droit en paradis. .
L’autre jour , à Ion agonie., &c.
Long-temps après fa mort, M. de; Voltaire l’$u
placé dans le temple du goût..
Je vis arriver en ce lieu
L-e brillant abbé de Chaulieu>.
Qui ch an toit en. for tant de.table ;
Il ofoit carefier le dieu.
D’un air familier, mais aimable».
Sa. vive imagination.
Prodiguoit dans fa dquçe ivtefle -
Des beautés fans corre&ion ,
Qui choquoientun peu la juftefi®5 ,
Et refpiroient la ,pa$OAfc.
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Le dieu du goût l’avertit de ne fé croire que
le premier des poètes négligés , & non pas le
premier des bons poètes. . \ ;
Il ne fut point de l’académie françoife , il y était
defiré, mais il trouva des contradi&eurs ; fa ré*
putation d’épicurifme lui avoit nui auprès de Louis
X I V . Mais cette hifioire, qui tient à celle du refus
que M. le préfident de Lamoignon fe crut oblige ,
par les circonffances,, de faire d’une place a 1 académie
, doit être renvoyée à cet article..
L’abbé de Chaulieu étoit né a Fontenai, dans
le Vexin normand , en 1639. Il avoit un neveu
meftre-de-camp de cavalerie, qui fut l>leffé& pris
à la bataille de la Marfaille en 1693 : le duc de
Savoie, dont il étoit prifonnier ,.témoigna-au neveu
combien il eftimoit l’oncle ;; il le fit traiter par fes
propres chirurgiens , il alla lui-même le voir plu-
fieurs fois: dès qu’il fut guéri, il le renvoya en
France ; il ne mit à fa liberté qu’une condition,,
c’eft qu’au moins le neveu de M. l’abbé de*- Chaulieu
viendroit pafler l’hiver à la cour de Turin.
Je borne là mes voeux, ajouta le duc , parce que
c’efl une faveur que les conjonctures me permettent
d’exiger ; je fais trop■ bien que cette cour na point
de charmes capables d’y attirer M». I abbe de Chaulieu
hù-même..
CHAULNES [Voyei A lb e r t ) .
CHAUMONT (Hift. mod. j . La maifon ancienne
& illuftre de Chaumont de ôu itry en V e x in , a
porduit une foule de braves chevaliers.
' Otmond I , fait prifonnier par les Anglois à la
bataille de Brenneville en 1119..
Guillaume I , fon fils, fait aufli: prifonnier par
les Anglois la même année, à l’expédition de Til-
lières, Richard & deux Guillaumes fes fils & petits-
fils , tous trois chambellans du roi Charles VI.
Philippe * mort de blefîures reçues au combat de
Holigny en 163.&; G uy , fon fils, grand-maître de
la garde-robe, tué au paflage du Rhin.
Louis, tué précédemment à.la bataille de Saint-
Denis en 1567..,
De cette même maifon étoient :-
Jean de C h a u m o n t , bibliothécaire du roilîènri
I V , & confeiller d’état.
Et Paul-Philippe de C h a u m o n t , évêque d’Acqs,
Jaùn des quarante de l’académie françoife.
C h a u m o n t eft aufli'le nom diftin&if d’une
branche de la maifon. d’Amboife : de cette branche
étoit le fameux cardinal Georges d’Amboifé,
principal miniftre de Louis XII. M.’ de Voltaire a dit
dans la Hénriadé :
D'Amboife eft à-fes pieds , ce.miniftre fidèle >,
Qui feul aima la France , & fut feul aimé d'èllé ; '
Tendre ami de-fon maître , & qui dans ce haut rang-.
Ne fouilla point fes mains de rapine. &.de fâng. •
O-jours ! ô -moeurs ! ô temps d'éternelle mémoire.!
Lc-geuple^étoit . heureux, lcroi couvert, de gloire,.
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Le cardinal d’Amboife avoit penfé être élu pape
après Alexandre V I & Pie III. Il avoit pour concurrent
l’ambitieux Jules, alors cardinal de la Rovere»
D ’Amboife avoit vingt-quatre voix., Jules neil
ayant que dix-neu-f, faifit les clefs, déclarant avec
audace qu’il formeroit plutôt un fchifme que a a -
bandonner fes prétentions. L’idée d’un fchifme
alarma la piété du cardinal d’Amboife, qui facrifia
fes droits au bien- de la paix. Jules fit le malheur
du monde c h r é t ie n d ’Amboife en- eut fait les
délices.
D’Amboife fut paifiblêment en France légat du
Saint-Siège, il Fétoit dans le temps de la ligue de Camv
bray; lui feul prévitles maux qu entrainer.oit cette ligue
fatale; il réfifta feul à Marguerite d'Autriche,qur
entraînoit toute l’Europe dans cette ligue; elle parlé-
dans une lettre aux ambafladetirs du prince de
Caftille, de ces contradictions quelle efliiya de la-
part du cardinal d’Amboife, alors plénipotentiàire
pour la France à Cambray; & nous fommes, dit-
elle , monfeigneur le légat & moi, cuidié prendre auf
poil.
Jules II fut l’ennemi éternel' dé Louis X î î , qui.
convoqua le concile de Pife pour le dépofer; les-
intriguës de Jules tournèrent'entièrement contre la-
France la ligue dé Cambray ; il fallut faire la guerre:
à. ce pape turbulent; Charles de Chaumont d’Amboife,
maréchal de France & amiral, gouverneur
du Milanez, neveu dii cardinal', fut chargé dé-
cette expédition : Jules II l’excommunia; mais il$
penfa être puni.de toutes fes intrigues, s’étant engagé;
témérairement dans-la ville de Bologne , d’où il avoit'
chafle quelques annnées auparavantdes Benti voglio..
Ceux-ci propofèrent à Chaumont d’enlever le pape'
avec toute fa.cour ; Texécution de ce projet étott
focile, la garnifon étoit fbible, les habita ns s’inté-
refloiènt pour leurs- anciens maîtres r Chaumont s’avança
vers Bologne; au bruit de fon approche les cardinaux
tremblans entrent dans la chambre du pape ;
qu’une maladie confidérable retenoit au lit ils lui
expofènt le danger qui le menace, & le conjurent,.
les larmes aux yeux,.de s’accommoder avec Chaumont.
Le pape, également intrépide & infléxible ,.
rit- de leur, terreur & veut braver l’orage-; il mande :
les magiftrats & les chefs du peuple, il les exhorte
à une•défenfe vigoureufe; mais connoiflant enfin;
l’inutilité de fes efforts, & fe voyant preffépar les-
foHicifatibns redoublées des cardinaux & des* am- -
baffadeurs des puiflancesalliées,il-confèntà;tromper'
Chaumont p,ar des propoffrions d’accommodement': :
ce flratagême lui'réuflit & donna le temps à-Colonne -
d’entrer dans Bologne avec un renfort confidérable1; ;
le pape reprit alors fa fierté, & ayant forcé Chaumont~
, à la retraite,alla lui-même, au milieu des rigueurs cte-
l’hiver,& malgré lafoiblefle de fon âge & de fafanté,^
mettre lé fiége devant la Mirandole. Cependant 1er
. chevalier Bayard , détaché de l’armée de Chaumont '
pour aller à la découver te,fut iriffruitri'e la marché du.
’ pape, & réfolut dê l’enlever-entre Saint-Félix & là;
î Mirandole ;,ce. qu’il auroit. exécuté- infailliblejnemi: