
a.6± - C 0 )U
daignoit. s’en alarmer ou s’en offenfer, il. fut mis
plufieurs fois à la baftille, & d’autres fois il fut
obligé de fe retirer en', Hollande. Il mourût à
Paris le 6 mai 17 12 , chez le libraire Billy, où il
demeuroit avec fa femme , mère de la femme de
B illy. _
« On ne vit jamais, dit Baylé , un tel embàl-
» leur de contes:, ni un tel Compilateur de toutes
» les rapfodies fatyriques qu’on peut apprendre
» dans les auberges & dans les armées»». Cependant
il fit quelquefois illufion , fur-tout dans les
provinces; des favans même ont quelquefois ere
trompés par fes faux mémoires, & les ont cités
comme des autorités. Les mémoires de Rochefort
les plus apocryphes de tous, font cités dans les
■ mélanges de Vigneul Marville. Les mémoires de
Bordeaux l’ont été plus d’une fois ; on les a crus
du négociateur dont ils portent le nom, & les
réclamations de la famille n’étoient point entendues.
Ces mémoires trouvés parmi les papiers de
Gatien des Courtiis, & vendus avec les autres par
la dame de Billy fa belle-fille, an fieur Nyon , libraire,
a voient été cédés par le fieur Nyon à une
compagnie de libraires qui les avoit fait imprimer
en pays etranger. M. de Malesherbes, dans ces
beaux jouis de la littérature où il préfidoit fous M.
le chancelier fon père, à l’adminiftration des lettres
, fit revenir en France le manufcrit qui avoit
lcrvi à l’impreftion des mémoires de .Bordeaux,
& il a été reconnu qu’à la réferve des cinq ou fix
premières feuilles, qui avoientété tranfcrites, l’ouvrage
entier, les renvois, les additions interlinéaires
ou marginales, les correCfions, tout enfin
étôit de la propre main de Gatien des Courtiis. On
trouve dans le journal des favans, mois d’o&obre
3:760, pages 637 & 643 de l’édition /Vz-40. un mémoire
de M. de Bréquigny, où il rend compte de
ces faits, & qu’il termine par une lifte des ouvrages
de Gatien des Courtiis, tant de ceux qui.
ont été imprimés, foit dè fon vivant, foit après
fa mort, que de ceux qui font reftés manufcrits
& dont ôn eorinoît les titres, & de ceux qui ont
été imprimés, & qui lui font attribués, mais qui
lui font aufii conteftés. De ces ouvrages nous n’avons
befoin d’indiquer ici ,que ceux q u i, comme
les mémoires du comte de Rochefort, & les mémoires
de Bordeaux , pourroient en impofer par
un nom connu, car d’ailleurs qu’une mauvaife vie
de l’amiral de Colignÿou du maréchal Fabert, ou
du maréchal de la Feuillade, foit écrite par San-
dras ou par tel autre auteur fans aveu, que la vie
du vicomte de Turenne, foit écrite par le même
Sandras ou par un du Buifton , capitaine au régiment
de Verdelin (lequel par parenthèfe n’a jamais
exifté ) , mais qui, même en le fuppofant réel,
ne feroit pas d’une plus grande autorité que des
Courtiis lui-même, qu’importe ? c’eft un déguife-
ment innocent ou du moins fans objet ; mais d’emprunter
un nom qui réveille l ’attention, & qui
infpire la confiance , voilà ce qui conftitue le faufc
o u
faire en Iiiftoire , & voilà le faux dont Sandras des
Courtiis s’eft rendu coupable. Ce qu’on a donc le
plus à lui reprocher, & ce dont on doit le plus
avertir le public de fe défier, ce font, outre les
mémoires déjà nommés, ceux d*Artagnan, du
marquis de Mombrun , du marquis & de la marquise
de Frefne , du marquis de *** fur la guerre
d’Efpagne , de Bavière &. de Flandre, c’e f t - à -
•dire, fur la guerre de la fucceftion d’Efpagne ; des
mémoires d’un fecrétaire du cardinal de Richelieu,
défignè par la lettre initiale B ; des mémoires de
J. B. de la Fontaine, brigadier & infpeéleur général
des armées du roi; les mémoires deVordac,
du duc de Tyrconnel, les teftamens politiques de
Colbert & de Louvois. Sur les autres ouvrages
on peut fe contenter de demander à l’auteur fes \
autorités, dans ceux-ci l’autorité feroit dans le
titre même, fi on n’étoit pas averti.
COURTIN ( A ntoine de ) ( Hiß. mod. ) , né à
Riom en 16 22, paffa en Suède en 1645 » avec
l’ambaffadeur Chanut, ami de fon père , & qui le
forma aux affaires. La reine Chriftine fe l’attacha.,
le fit noble Suédois en 16 51, & lui donna une terre
à laquelle elle fit porter le nom de Courtin. Après
l’abdication de Chriftine, il fut attaché à Charles
Guftave fon fucceffeur, il le fuivit dans fes expéditions
en Pologne , & fe trouva auprès de fa
perfonne dans deux batailles rangées. Ce prince
l’ayant fait fon envoyé extraordinaire en France ,
■ fes négociations le firent connoître fi avantageu-
feinent , que M. Colbert le fit nommer par
Louis X IV , réfident général de France vers les
princes & états du nord. Il eut grande part en
1667, à la paix de Breda, & c ’étoit pour lui qu’a-
giflbit M. de Louvois en 1679, lorftpfB travail-
1-oit fous main à la difgrace de M. de Pomponne ;
mais contre fori attente & contre fon voeu ,1a place
de ce miniftre fut donnée à M. de Croiffy, frère
du grand Colbert ( voir-fur Courtin l’article Bar il -
lon ). Courtin finit fes jours dans la retraite , &
d’homme d’état devint homme de lettres. On a
quelques ouvrages, fruits de fon loifir, tels que des
traités de la civilité , du point d’honneur, delapa-
reffe , de la jaloufie ; une traduâion du traité, de
la paix & de la guerre de Grotius, &c. Mort en
1695.
COUSIN (L o u is ) Wfim p i mo^>) » préfident
de la cour des monnoies, l’un des quarante de
l’académie françoife , continua le journal des favans
depuis 1687 jufqu’en 1702. Il eft auteur de plufieurs
tracîuélions eftimées, telle eft celle de l’hifi-
toire de Xiphilin ; celle des auteurs de l’hiftoire By-
fantine, celle de i’hiftoi're eccléfiaftique d’Eusè'be,
de Socrate, de Sozomène, de Théodoret. Il eft le
fondateur de la bibliothèque publique de Saint-
Vifîor ; il a fondé aufii des bourfes dans des collèges;
il a fait enfin, par fes écrits & par fes libéralités
, tout le bien qu’il a pu aux lettres. Né ea
1627. Mort en 1707. F 1 ' ' TT«
c o u
Un autre C ousin (Jean) , né à Tournay, a
écrit l’hiftoire de cette ville.
COUSTANT (P ierre) (HiJl.litt.mod.),Dom
Couflant, bénédictin , a donné l’édition de Saint-
Hilaire , a eu part à celle de Saint - Augufiin , a
piiblié encore le premier volume des lettres des
papes, avec une préface & des notes, a pris la,
détenfe des règles de diplomatique de dom Mabil-
lon-contre le P. Germon , jéfuite. Né à Compie-
gne en 1654. Entré dans la congrégation de Saint
Maur en 1672. Mort à Paris en 1721.
t C O U S T E L IE R ( A n t o in e - U r b a in ) ( H i j l .
lut. mod. ) libraire de Paris, moins connu par quelques
brochures. dont il eft l’auteur,, que par la belle
-colleClion & l’élégante édition des auteurs latins
qu’il a commencée, & que lesBarboii continuent
avecfuccès.
COUSTURIER ( Pierre) ( Hijl. litt. mod.),
plus connu fous le nom de Petrus Sutùr, chartreux ,
mort en 15 37 , eft auteur de quelques ouvrages de
controverse contre Luther, contre le Fèvre d’E-
taples , &c. & d’une efpéce d’hiftoire de fon ordre
fous le titre de vitâ Carthufianâ. On peut croire
qu’il n’a pas oublié l’aventure du chanoine réputé
faint, qui fe lève trois fois de fon cercueil aux trois
«îoélurnes des vigiles , pour annoncer fuccefiive-
ment fa citation, fon jugement & fa condamnation
au tribunal de Dieu; aventure repréfentée par
le Sueur, avec une fi horrible expreflion , & une
ï i effrayante vérité.
COUTURE (J e a n B a ptiste) (H i j l . l i t t . mod. ) ,
de l’rcadémie des infcriptions & belles - lettres,
profeffeur d’éloquence au collège royal. La vie de
■ ce favant eft différente de celle des autres favans,
-qui confifte toute entière dans leurs .écrits. M. Coulure
a peu écrit, & fon enfance au moins préfente
«les aventures très-finguliéres. Il naquit fur l’océan
.au milieu d’une tempête. Gilles Couture , fon père ,
matelot dés environs de Notre-Dame de la Déli-
vrande, fameux pèlerinage fur la côte de la Baffe-
Normandie , faifoitavec l’Angleterre un petit commerce
qui l’attiroit fouvent, dans cette ifie. Pendant
un de ces voyages, plus longs que les autres,
fa femme alla le voir en Angleterre, y devint
groffe, & avançant dans fo groffeffe, avant que fon
mari pût revenir en France , elle fut obligée de
revenir fans lui; Accueillie fur mer par une tempête
violente, qui, en deux fois vingt-quatre heures
, la porta de la Manche jufqu’au détroit de Gibraltar
9 elle accoucha dans cette traverfée. Son
fils la perdit à trois ans , le père fe remaria, & eut
dès enfans de fa fécondé femme. Cette femme,
véritable marâtre à l’égard du fils du premier lit,
réfol,ut de le facrifier pendant l’abfençe de fon
mari. Un frère qu’elle avoit, paffant en Amérique ,
y mena c^-t enfant qui avoit alors fix ans, & lui
Hijloire. Tome 11. Première Part1
C O U
ayant fait boire quelques liqueurs , îe laiffa endormi
fous un feuillage dans une habitation d'Iro-
quois, on fit croire au père qu’il s’étoit noyé en
jouant fur le bord de la mer. L’enfant fut trouvé
dans l’endroit où il avoit été abandonné, on en
eut pitié, on en prit foin, & fon éducation fut
fort douce; on lui laiffajaire tout ce qu’il voulut.
Au bout de dix-huit mois, étant à jouer fur
les bords du fleuve Saint-Laurentil apperçut un
vaiffeau, dont le pavillon lui parut le même que
celui du vaiffeau qui l’avoit tranfportè en Amérique
, il crut que c’étoit fon oncle ou. fon père
qui venoient le reprendre ; il fit des fignes , il ap-
pella, on lui envoya un efquif. Ce n’étoit ni fon
oncle, ni fon père, mais le vaiffeau étoit du Havre ,
& le matelot qui avoit amené l’efquif, étoit de
Cherbourg ; tous les gens dont l’enfant lui parloir,
étojent de fa connoiffance. La courfe faite, le vaiffeau
revint au Havre, & le matelot à Cherbourg ,
celui ci ramenant l’enfant avec lui. Couture le père,
informé de la deftinée de fon fils, vint le recevoir ,
le fit voir à fa femme pour la confondre, & le
conduifit à Caen, où il le remit entre les mains
de madame la marquife de Cauvigny , qui, fur le
récit de fes aventures , avoit voulu le v o ir , & fe
chargea de fon éducation. Voilà ce que tout le
monde avoit entendu compter à M. Couture au
collège de la Marche, où il avoit profeflé longtemps
, au collège ro y a l, à l’académie ; le fecré*
taire de l’académie rapporte d’après lui tous ces
faits , mais il avoue qu’il ne fait comment les concilier
avec deux enquêtes qui fe font trouvées
jointes à fes lettres de tonfure & de maître - ès-
arts , & d’où il rèfulte qu’il eft né le 11 novembre
1651, au hameau deSaint-Aubin, dépendant delà
paroiffede Langrune, dans le diocèfe de Bayeux,
que le curé & les vicaires de Langrune l’avoient
élevé jufqu’à l’âge d’aller faire fa philofophie à
Caên. Ce qui fait la grande difficulté d’expliquer
cette contradiction , c’eft que l’abbé Couture étoit
infiniment au - deffus du foupçon , d’avoir voulu
conter des aventures fauffes & merveilleufes pour
fe faire écourer. Peut-être les- déclarations contenues
dans ces enquêtes, comme tant de certificats
exigés pour la forme & prodigués fans fcru-
pule , n’étoient - elles de la part des déclarans,
qu’un aéte de complaifance exigée par les circonf-
tances; au refte, voilà la difficulté expofée , le lecteur
la réfoudra s’il le peut. Le fur plus de la vie
de M, Coutume fe paffe dans le cabinet, & le cabinet
ne produit pas d’événemens. Ses principaux
ouvrages font dans le recueil de l’académie des
fofcriptions.Il mourut le 16 août 1728.
COUVREUR ( A drienne le ) ( Bijl. mod.),
r.Clrice , qui a fait révolution dans la déclamation-
théâtrale ; elle çn a retranché ce qu’on appelle
dans un mauvais fens , de là, déclamation, elle l’a
réduite à êtrè, ou plutôt elle l’a élevée jufqu’à
être l’expreftion fimple, mais vive & fidèle du