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titre de premier roi des Vandales. Cependant le.
roi de Norwege s’apprêtoit à venger l'affront qu’il
avoit reçu ; il fit un armement confidérable ; mais
Frothon le prévint, le battit , & s’empara de fa couronne.
Ce fut avec la même facilité qu’il triompha
des Huns , qu’il arracha un tribut aux Bretons,
& qu’il conquit toute l’Irlande: il donna le royaume
de Suède à Eric , pour récompenfer tous les fer-
vices que ce miniftre lui avoit rendus dans la
guerre & dans la paix. Sa mort ne fut pas digne
d’un fi beau règne ; il affiftoit au fupplice d’un
voleur ; une vache vint, fi l’on en croit l’hiftoire,
le terraffer d’un coup de corne , & le peuple crut
que c’étoit la mère du voleur, célèbre magicienne,
q u i, pour venger ou fauver fon fils , avoit imaginé
cette métamorphofe. On croyoit alors au
pouvoir de la magie. Le Nord a fes Circés, fes
Pithonifles ; les rois mêmes fe faifoient initier dans
cet art ; leurs filles ou crédules ou fourbes
rendoieut des oracles,
Frothon I I I , plus fage qu’eux aima mieux faire
des-aéèes d’équité & apprendre aux hommes ce
qui eft jufte , que de leur prédire l’avenir. La
longue paix dont le Nord jouit pendant les dernières
années de fon régné , le fit furnommer
l’Augufte du Nord ; il en fut auffi le Lycurgue :
toute cette contrée avoit été jufqu’alors peuplée
de brigands ; il les attira près de lui fous divers
prétextes, & ie*s fit périr. Le fupplice qu’il leur
réfervoit étoit de devenir la pâture d’un loup
affame. Ce fpeftacle, auffi effrayant que nouveau-
pour les Danois , fit fur eux une impreffion fi
forte, que le roi ayant fait fufpendre des bracelets
d’or dans plufieurs forêts, perfonne n’ofa y toucher
s iL rendoit les magiftrats refponfabîes des
vols qui fe comipettoient dans leur jurifdiétion.
Il fit encore d’autres loix qui prouvent moins fes
lumières que fon zèle. Ce fut lui qui régla le
• partage du butin fait en guerre. Les vaiffeauxpris
dans un combat dévoient appartenir au peuple.
Celui qui le premier prenoit la fuite étoit déclaré
infâme. Les filles obtinrent le droit de difpofer
de leur main fans le confentement de leur père.
Elles fuivoient le fort de leurs époux, & fi le
mari étoit efçlave, celle qui l’époufoit perdoit fa
liberté, Le mariage étoit annulé par l’adultère ;
Celui qui donnoit afyle à un voleur étoit condamné
au fouet, &, tous fes biens étoient con-
fifqués. Les défe^teurs étoient punis de mort. Le
roi abolit l’ufage de fe juftifier par ferment, mais
il y fubfiitua celui du duel, plus révoltant encore.
Une autre loi-bien plus injufte étoit celle qui
condamnoit indiftin&ement deux étrangers à mort,
toutes les fois qu’un danois aurait été tué par un
étranger. La plus belle de ces ordonnances étoit
celle.ci t celui qui dans une a&ion aura devancé
le premier rang-, s’il. eft efçlave , deviendra.libre ;
s’il eft libre ; deviendra noble ; §’j} çft n çb k, fera
préfet, ( M. m Sac.y , ,
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F r o th o n IV monta fur le trône de Dane"
marck, l’an 94 de l’ère chrétienne. Il avoit à peine
atteint fa douzième année; les Saxons méprisèrent
fa jeunefle 8c lui refusèrent le tribut qui leur étoit
impofé.Il marcha contre eux, & les fournit. Un
aventurier , nommé Stercather, vint s’attacher à
fon fervice; Frothon l’éleva au rang d’amiral, &
fes flottes eurent bientôt l’empire des mers du
Nord. Les talens militaires de ce général ne fe
bornoient pas aux expéditions maritimes, il vain-t
quit Viecar, roi de Norwege, fournit une partie
de la Ruffie, conquit l’Irlande , châtia les Cour-
landois, les Sembes , les Curetes , qui s’êtoient
ligués pour former une révolte, générale. Il lui
eût été facile de fe réferver à lui feul toutes .ces
. conquêtes, & s’il ne fut pas roi, fans doute qu’il
dédaigna de l’être. Un faxon ofa faire un défi à
j Frothon ,* celui ci voulut l’accepter. Mais Stercather
1 l’arrêta, fe préfenta au combat , & étouffa fon j adverfaire dans fes bras. Pour Frothon, fa gloire
fut effacée par celle de fon miniftre ; Stercather
étoit en même temps légiflateur & général. Une
nouvelle vi&oire remportée fur les Saxons fut
encore fon ouvrage. Ils demandèrent la paix ; elle
leur fut accordée ; leur chef invita Frothon 8c les
principaux danois à un repas magnifique ; mais
au milieu du feffin, il fit mettre le feu à l’édifice
qui renfermoit cette augufte aflèmblée ; Frothon
périt au mi’leu des flammes, après tin règne de
douze à quinze ans. Il avoit doublé la paie des
foldats, & ce fut à ce prix qu’il acheta le fur-
nom de Libéral. £ M. d e S a ç y - )
F r o t h o n V fuccéda à Harald fon frère, qu’il
avoit fait aflaffiner , foit qu’il fût jaloux de la
gloire de ce jeune prince, foit plutôt parce qu’il
vouloit s’enrichir de fa »dépouille. Il réfervoit le
même fort, à fes neveux Harald & Haldan. Le
fidèle Regnon les avoit dérobés à fa fureur : il les
élevoit dans la Zélande, au fond d’une caverne ;
fk cependant il faifoit courir le bruit de leurmort:
ces jeunes princes furent enfin découverts, Frothon
alloit lès faire traîner âu fuplicei Regnon fit alors
de l’heureux don de l’éloquence Je plus noble
ufage qu’un homme puiffe en faire: il toucha le
coeur d’un tyran, & fauva l’innocence. Ce$ deux
princes cachèrent long - temps le projet de vengeance
qu’ils méditoient. Ils attendirent une occa-
fion favorable à leur haine : elle fe préfenta. Frothon
étoit plongé dans un profond fommeil ; ils mirent
le feu à fon palais ; & ce prince , trop digne de
ce fort déplorable, fut enlèveli fous les ruines ,
vers l’an 114 de l’ère chrétienne. ( M .p e Sa c y .)
FRUMARIUS, roidesSnèves. ( HUI, eTEfipag.)
Froman étant mort, les Suèves enflent dû , ‘ ou
dépofer Maldras , ou ne connoitre q u f lui pour
fouverain-; mais ils étoient toujours di-vifés , &
• les adhérans de Frontap, opiniâtfément déterminés
: à ne jamais fe foumettre à Maldras, procédèrent â
[ rélççjion du fuçcefleur de Maldcas, & Remifinond
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réunit ces fuffrages : en forte que la rivalité des !
deuxconcurrens perpétua les hoftilitès. Cependant,
à force de cruautés, Maldras étant enfin devenu
odieux à fes propres fujets, ils le tuèrent dans un
tumulte, & au lieu de reconnoître Remifmond,
ils fe hâtèrent d’élever Frumarius fur le trône.
Pendant que celui-ci fe préparoit à lutter avec
avantage contre fon compétiteur, Remifmond, à
la tête d’une troupe de foldats excités par l’efpoir
du butin , furprit la ville de Lesgo, maffacra les
habitans, & pilla tout ce qu’il put en emporter.
D ’un autre cô té , Népotien général des Romains,
& Suénéric, générai des Goths, fondirent fur les
Suèves, en firent un horrible carnage, & mirent
en fuite ceux qui échappèrent au maffaere. Népotien
& Suénéric paffèrent comme un torrent, &
allèrent ailleurs porter le ravage & la mort. Les
Suèves difperfés fe réunirent, & recommencèrent
leurs hoftilitès. Informé de l’approche de Fruma-
rius , Remifmond^e difpofa à le recevoir & à
décider la querelle par une bataille. Les deux
armées combattirent avec le plus féroce acharnement
; il y eut de part & d’autre, beaucoup de
morts : mais la vi&oire demeura indécife ; & les
deux concurrens, également affoiblis, convinrent de
remettre leurs intérêts à la décifion de Théodcric :
mais cette décifion tardant trop à être rendue ,
Remifmond recommença la “guerre avec la plus
atroce vivacité ; à force de foins & de démarches,
Cyrilla parvint à ménager une trêve entre les
deux.partis : elle ne dura pas long-temps, & l’impétueux
Remifmond fe livrait à de nouvelles fumeurs,
lorfque Frumarius mourut, Sc laifla le trôné fans
partage à Remifmond qui fut reconnu feul fou-
verain par tous les Suèves, inftruits à leurs dépens
des dangers auxquels s’expofe une nation
qui s’obftine à avoir deux rois. Ce fut vers l’an
464, que Frumarius mourut ; on ignore à quel
âge. ( L. C. )
FRUMENCE, (Saint) (Hift. écclef.) apôtre de
l’Ethiopie au quatrième fiècle.
F U E T , (Louis) {Hiß. litt, mod.) avocat, auteur
d’un traitéJurles matières bénéficiâtes que M. Roufleau
de Lacombe a redonné fous le titre de jurifprudenee
■ canonique. Mort en 173,9.
FUGGERS. ( H'fl mod. ) Les Fuders étoient des
négocians d’Ausbourg, fameux par leur rieh .fies
& par leur générofoé ; ils faifoient feùls k commerce
de v e ife en Allemagne. Dans une fête qu’ils
donnoient à Charles Quint dans leur maifon à
Ausbourg, ils allumèrent un fagot de canelle, j
marchandise alors rat e & précieufe , avec un papier
plus précieux encore, C ’étoit une obligation de
Charles-Quint pour une fomme qu’il leur avoit
empruntée, 8c qu’il n’étoit pas eu état de leur
rendre, -
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FULB ERT, {Hifi. de Fr. ) évêque de Chartres,
difciple du fameux Gerbert, qui fut pape fous le
nom de Sylveftre II. Ses oeuvres ont été publiées
en 1608, fes épitres fur-tout font fort utiles pour
la connoiffance de l’hiftoire , de la difeipline écclé-
fiaftiques, & des ufages de fon temps. Mort en 16zo.
Fulbert étoit auffi le nom du chanoine, oncle
d'Héloife. ( Voye^ A ba ilàRD )
FULG ENC E , (Sa int) {Hift. eccléfiaft.) évêque
en Afrique, difciple de S . Auguftin, & nommé
lui-même Y Auguftin de fon fiècle ; le principal de
fes ouvrages eft un traité de la prédeftination &
de la grâce. Il fouffrit pour fon zèle contre l’aria-
nifme; Trafimond roi des Vandales, l’exila en
Sardaigne , Hilderic , fnccefleur de Trafimond, le
rappella. II étoit né vers l’an 463 , il mourut en
533. Ce que nous avons de fes ouvrages a été publié
parle père Sirmond en 1684.
FULR.ADE, {Hift. de Fr.) abbé de S. Denis
au Jiuitième fiècle , fut employé dans les affaires
les plus importantes de fon temps. La plupart des
anciennes chroniques difent expreflément que
Bnrchard, évêque de Wartsbourg & Fulrade
abbé de S. Denis, furent envoyés à Rome par
les feigneurs françois, dévoués au parti de Pépin le
bref, pour propofer au pape cette queftion : lequel
devoit .être r o i , ou celui qui en avoit le nom fans
en faire les fonâions, ou celui qui en remplifloit
les fonétions fans en avoir le nom ; le pape décida
que le nom devoit fuivre la chofe. Sur cette décifion
Pépin fut élu.
Ce fut le même abbé Fulrade, que Pépin, en
retournant en France après fa première expédition
contre Aftolphe, roi des Lombards, laifla en Italie
pour le repréfenter, & recevoir d’Aftolpheles villes
de l’Exarchat & de la pentapole, & les remettre
au pape. L’abbé Fulrade eut beau prefler Aftolphe,
même après la fécondé expédition de Pépin, il ne
reçut qu’une à une & de loin en loin , les clefs •
des places promifes ; il les dépofa fur le tombeau
de S. Pierre.
FULV IE , ( Hiß. rom. ) Voyeç les articles
A ntoine ( Mar c ) & A uguste.
FULVIUS - URSTNUS ou FULVIO ORSINI.
( Hift. litt. mod. ) On croit qu’il étoit bâtard de
la maifon des Urfins & que de-là vient fon nom
d'Urfinus ou Orfini. C ’étoit un bon littérateur,
fort inftruit , principalement fur les antiquités
romaines : il a laiffé des notes fur Cicéron, Var-
ron , Columelle, Feftus Pompeïus, & d’exellens
traiçés de familiis romanorum ; de trklinio romano-
rum, &c. Mort à Rome en 1600.
FUM E E , ( A dam ( Hift. de Fr. ) premier
médecin des rois Charles VII > Louis XI Sc