
•monarchie françcîfe dans les Gaules ; mais il faut
convenir que fur ces matières mie opinion en vaut
toujours bien une autre ; les monumens de l’hif-
toire de ces temps font comme les nuées dans
lefque'lles on voit tout ce qu’on Veut; auffi les fa-
vans qui écrivent fur ces temps-là ne s’accordent-
ils jamais, à moins qu’ils ne fe foient arrangés
pour faire fefte ; chacun forme fes conjeâures &
tire fes conféquences, comme il Fenrend , des paf-
fages focs & obfcurs que leur fournirent des écrivains
qui ne lavent ce que c’eft que de mettre aucune
liaifon, que de faire fentir aucun rapport
entre les faits, qui n’énoncent jamais-ni caufe ni
motifs, qui font des notes pour foulager leur mé
moire & jamais un récit; qui parlent d’ufages dont
rien ne donne l’idée, ne les expofent point & les
foppofent toujours connus, qui n’ont nulle précision
dans les idées, nulle propriété dans Fex-
preffion; qui ne préfentent le plus fouvent que
des énigmes à deviner fans aucune donnée; chacun
la devine comme il peut ou comme il veut,
chacun foutient que les'autres ont mal deviné ^on
cherche desv idées nouvelles , on s’éblouit de la
moindre lueur , le rapport le plus éloigné entraîne
la plus légère vraifemblance eft une démonftration.
Le grand point, quand on traite ces matières , eft
de montrer de l’érudition, de la critique, & de.
n’ennuyer que le moins qu’il' eft poffible c’eft ce
qu’a fait l’abbé du Bps , car de ne point ennuyer
du tout en ne préfentant que du vague, de l’arbitraire
Et de Fëbfciir, c’eft une cliofe impoffible,
& nous ofons dire que M. de Montefquieu lui-
même , quoiqu’il ait donné à cette partie de Fef-
prit des Ioix la forme polémique pour tâcher de
lanimer , n’a pu s’y garantir entièrement de l’iii.-
convénient d’ènrmyer ; qu’on juge après cela ce
que doivent attendre ceux qui s’obftinent encore
à fouiller dans ces ruines; c’èâ afîùrément la manière
de perdre fon temps & fes récherches la
plus trille & la plus ftérile.
On ne fera pas ce reproche à l’hilloire dé la
Ligue, de Cambrai, l’un des meilleurs morceaux
d’hiftoire moderne qu’il y ait dans- notre langue,
ouvrage où.Férudition inftrtiit toujours, oii la narration
attache toujours, où la politique elirendue
fenlible dans tous fes intérêts,.fuivie dans tous fes
détours, & réduite à fa jufte valeur par une plïi-
lofophie fopérieure. Ce livre devient rare, Et on
devrait bien le réimprimer.
On a- enfin de l’abbé du Bos- un écrit politique
& polémique, qui a paru au commencement de
la guerre de la fucceffion d’Efpagne, fous ce titre :
Les intérêts de VAngleterre mal entendus dans la.
guerre préfente. L’auteur prédit aux Anglois dans cet
ouvrage, que leurs colonies fe fépareront delà métropole..
Voilà quel étoit l’abbé du Bos, confidéré.
comme homme de lettres; il étoit (bailleurs homme
d’état Et on s’en apperçoit à fes ouvrages , fur-
tout à fon.Hifoire de. la Ligue de Cambrai, ll.tra*
j railla dans les bureaux des affaires étrangères 'foira-
M. de T o r c y ; i l fut chargé d’affaires importantes
dans di ver fes cours, en Italie, en Allemagne, en
Hollande, en Angleterre; il eut part aux traités
d’Utrechr, de Raftad & de Bade, c’eft avoir été
utile à l’Europe. Il étoit né à Beauvais en 1670. I l
mourut à Paris en 1742.
DU BOULÀY. Voyei Boula y .
I DUC ( Fronton du ) ( Hiß. litt, mod. Fronur
I; Ducceus, jéfuite ; on lui doit une édition des oeuvres
j. de faint Jean Chryfoftôme; il eft auffi auteur de
j Controv er fes contre du Pleffis Mornay. Né à Bordeaux
!.. en 1 5 58. Il mourut à Paris en 1624, de la pierre
j il en avoit une du poids de cinq onces dans la veffie.
D u c , f. m. ( Hiß, mod. ) , prince fouverain fans
! titre ou fans qualité de roi. Tels font le duc de.
Lorraine , le duc de Holfteîn , &c.
Ce mot eft emprunté des Grecs modernes', qui
appelloient duc os les perfonnesqueles Latins nom.»
ment dux, comme Confiantin ducas, &c~
On compte en Europe deux fouverains qui portent
le titre de grand-duc, comme le grand-duc de
Tofcane Et le grand-duc de Mofcovie , que Pou appelle
à piéfent le cçar ou l'empereur des Ruffies ;^
avant que la Lithuanie fût unie à la Pologne, on
donnoit à fon duc le titre.de grand-duc de Lithuanie
,. que le roi de Pologne prend dans fes qualités..
L’héritier du trône de Ruffie s’appelle aujourd’hui
grand-duc de Ruffie. On connoît en Allemagne l’ap*
chiduc d’Autriche..
D u c , dux, eft auffi le titre d’honneur ou dé
noblefle de celui qui a le premier rang après les
princes.
Le duché ou la dignité de duc étoit une dignité
romaine fous le bas empire; car auparavant le:
commandement des armées étoit amovible, Et le
gouvernement des provinces n’étoit conféré que.
pour un an..Ce nom vient à ducendç , qui conduit
ou qui commande. Suivant cette idée ,.les premiers
ànc s, duces, étoient les duêlores exercituum, coni-
mandans des armées ; fous les derniers empereurs ,,
les gouverneurs des provinces eurent le titre de
ducs. Dans la fuite on donna la même qualité aux
gouverneurs des provinces en temps de paix.
Le premier gouverneur fous le nom de duc, fut
un, duc de la Marche rhétique ou du pays des Gri-
fons , dont il eft fait mention dans Caffiodore. On
établit treize ducs dans l’empire d’Orient, Et dou^«-
dans l’empire d’Qccident..
En Orient
Lybiè.-
Arabie.
Tliébaïde..
En Occidenti.
Mauritanie..
Séquanique.
Tripolitaine^,..
Arménie.
Phénicie.
Moéfie fécondé.
Euphrate Et Syrie.
Scythie.
Paleftine.
Dace.
Ofrohene.
Moéfie première.
Méfopqtamie.
Armorique?
Pannonique fécondé.'
Aquitanique.
Valérie.
Belgique fécondé.
Pannonie première.
Belgique première.
Rhétie.
Grande-Bretagne.
La plupart de ces ducs étoient, ou des généraux
romains, ou des defeendans des rois du pays , auxquels
en ôtant le nom de rois, on avoit laifle
une partie de l’ancienne autorité, mais fous la dépendance
de l’empire.
Quand lesGoths & les Vandales fe répandirent
dans les provinces de Fempire d’Occident, ils abolirent
les dignités romaines par - tout pu ils s’établirent;
mais les Francs , pour plaire aux Gaulois
qui avoient été long - temps accoutumés à cette
forme de gouver nement, fe firent un point de po-_
litique de n’y rien changer ; ainfi ils divisèrent
Toutes les Gaules en duchés Et comtés; & ils donnèrent
quelquefois le nom de ducs., & quelquefois
celui de comtes, comités, à ceux qu’ils en firent
gouverneurs.
Cambden obferve qu’en Angleterre, du temps
des Saxons, les officiers & les généraux d’armées
furent quelquefois appelles ducs, duces, fans aucune
autre dénomination, félon l’ancienne manière
-des Romains.
Lorfque Guillaume le Conquérant vînt en Angleterre,
ce titre s’éteignit jusqu’au règne du roi
Edouard I I I , qui créa duc de Cornouaille Edouard,
qui avoit eu d’abord le nom de prince noir. Il érigea
auffi en duché le pays de Lancaftre en faveur
de fon quatrième fils ; dans la fuite on en inftitua
plufieurs , de manière que le titre pafloit à la pofté-
rité de ces ducs. On les créoit avec beaucoup de
folemnité per cinêluram gladii cappeeque, & circuit
aureï in capite impofitienem. Et de - là font venues
les coutumes dont ils font en poffeffion , de porter
la couronne Et le manteau ducal fur leurs armoiries.
Quoique les François enflent retenu les noms
& la forme du gouvernement des ducs, néanmoins,
fous la fécondé race de leurs rois, il n’y avoit presque
point de ducs, mais tous les grands feigneurs
étoient appellés comtes, pairs ou barons, excepté
néanmoins les ducs de Bourgogne & d’Aquitaine,
Bit un duc de France ; dignité dont Hugues Capet
lui-même porta le titre, & qui revenoit à la dignité
de maire du palais ou de lieutenant général du roi.
Hugues le B la n cp è r e de Hugues Capet, avoit été
revêtu de cette dignité, qui donnoit un pouvoir
prefque égal à celui du fouverain.
.Rar la foiblefîe des rois, les ducs ou gouvertièüi's
fe firent fouverains des provinces confiée5
à. leur adminiftiation. Ce changement arriva principalement
fur la fin de la fécondé race, quand les
grânds-feignenrs commencèrent à démembrer le
royaume, de manière que Hugues Capet trouva
chez les François plus de compétiteurs que de rejets.
Ce ne fut pas fans grande peine qu’ils parvinrent
à le reCOnnokre pour leur maître, Et à
tenir de lui à titre de foi & hommage les provinces
dont ils vouloient s’emparer ; mais avec le temps,.
le droit des armes & les mariages, les provinces
•tant duchés que comtés qui avoient été démembrées
de la couronne, y furent réunies par degrés
; Et alors le titre de duc ne fut plus donné
aux gouverneurs des provinces.
Depuis ce temps-là le nom de duc n’a plus été
qu’un fini.pie titre de dignité, afîèélé à une personne
& à fes hoirs mâles, fans lui donner aucun
domaine, territoire ou jurifdiéfion fur le pays dont
il eft duc. Tous les avantages confiaient dans le
nom Et dans la préféance qu’il donne. Ils font
créés par lettres-patentes du roi qui doivent être
enregiftrées à la chambre des comptés: Leur dignité
eft héréditaire, s’ils font nommés ducs Et pairs. Ils
ont alors féance au parlement; mais non, s’ils ne
font que ducs à brevet. -
En Angleterre, les ducs ne retiennent de leur
ancienne fplendeur que la couronne fur Fécuflon
de leurs armes , qui eft la feule marque de leur
fouveraifteté paflee. On les crée par lettres patentes
, ceinture d’épée, manteau d’état, impofition
de chapeau, Couronne d’or fur la tête, & une-
verge d’or en leur main.
Les fils aînés des ducs en Angleterre fontqua-
lifiés de marquis, & les plus jeunes font appellés
lords , en y ajoutant leur nom de baptême ,
comme lord James, lord Thomas , &c. Et ils ont le
rang de^ vicomte, quoiqu’ils ne foient pas aufll
privilégiés par les loix des biens fonds.
Un duc en Angleterre a le titre de grâce quand
on lui écrit; on le qualifie en terme héraldique
de prince , le plus haut , le plus puiffant, le plus noble.
Les ducs du fang royal font qualifiés de princes
les plus hauts, les plus puiffans, les plus illuflres.
En France, on donne quelquefois aux ducs, en
leur écrivant, le titre de grandeur Et de monfeigneur ,
mais fans obligation ; dans les aéles on les appelle
très-haut & très-puiffant feigneur ; en leur pariant
on les appelle mpnfieur le duc.
Le nom de duc en Allemagne emporte avec foi
une idée de fouveraineté , comme dans les ducs
de Deux-Ponts, de Wolfembutel, de Brunfwik ,
de Saxe-Weimar , & dans les autres branches de
la maifon de Saxe ; tous ces princes ayant des états
& féanCe aux diètes de l’empire. Le titre de duc
s’eft auffi fort multiplié en Italie , fur-tout à Rome
& dans le royaume de Naples ; mais il eft inconnu
BLb a