
fÿô F L A
enfin à exciter des féditions, des meurtres & des
pillages.
Le roi Philippe de Valois empêcha cette feéfe
de s’établir en France ; Gerfbn écrivit contre ,
& Clément V I défendit expreffément toutes flagellations
publiques : en un m o t, les princes par
leurs édits , & les prélats par leurs cenfures ,
tâchèrent de réprimer cette dangereufe & criminelle
manie. ^ Voyeç Sigonius, liv. XlX^denegno
îtal. S ponde., annal, eccléf A . C. 1260, 1349;
le continuateur de Guillaume de Nangis , &c. )
Tout le monde connoît auffi l’hiftoire latine
des Flanell ans, kiflorin Flagellantium , imprimée
à Paris en 1700, & compofée par Jacques Boile
au , chanoine de la Sainte-Chapelle, mort en
J716. Si ce doffeur de forbonne ne s’étoit attaché
qu’à condamner la feâe des Flagellant, &
même à juffifier que l’ufage de la difcipline particulière
s’eft établi dans l’onzième fiècle , ou du
moins qu’elle n’étoit pas connue dans les fi é cl es
antérieurs, excepté pour punir les moines qui
avoient péché, on pourroit embraffer ou défendre '
fon opinion ; mais on doit juffement blâmer les !
descriptions trop libres femêes dans fon ouvrage,
qui ne convenoient point à fon caractère,. & qui
ne peuvent produire aucun bon effet.
Au reffe , on voit encore en Italie, à Avignon
& dans plufieurs lieux de la Provence , des ordres
de pénitens qui font obligés par leurs in Ai ruts de
fe fouetter en public ou en pa: riculier, &quicroyent
honorer la divinité en exerçant fur eux-mêmes,
une forte de barbarie ; fanarifme pareil à celui
de quelques p•'êtres parmi les gentils , qui te dé-
chiroient le corps pour fe rendre les dieux favorable
. Il faut efperer que l’efprit de philofophie
& de raifon, qui règne dans ce fiècle , pourra
contribuer à détruire les reAes d’une triAe manie ,
q u i, loin d’être agréable à Dieu, fait injure à fa
bonté , à fa fageffe , à toutes.fes perfeâions, & déf-
honore l’humanité. Article de M. le Chevalier d e
J A V c o u r t .
FLAMEL ( N ic o l a s ) ( Hifl. de Fr. } &
Pernelle fa femme, vivoient au quatorzième fiècle;
Flamel vivoit encore en 1399. Leur fortune, fans
doute très-exagérée , a donné lieu à beaucoup de
eonjeâures, parmi lefquelles on n’a pas oublié
la découverte de la pierre philofophale. Flamel
étoit peintre, poète , philofophe, mathématicien ,
fur-tout grand alchymiAe , dit-on ; fa fortune n’en
«A que plus inexplicable. Un voyageur fameux
{ Paul Lucas ) a bien heureufement découvert
que Flamel & fa femme Pernelle vivent encore,
qu’on n’a enterré que deux bûches à leur place.
Ils voyagent; ils étoientàla Chine ou aux Indes,
lorfqu’un Dervis, auflî voyageur, en donna des
nouvelles certaines à Paul Lucas. Ils étoient affez
vigoureux pour leur âge qui ne paffe pas de beaucoup
quatre cent cinquante ans. On a fauffement
F L A
attribué à Flamel des ouvrages d’Alchymie auxquels
on joint l’explication des figures hiérogly-*
phiques que Flamel mit au cimetière des Innocens.
Il a paru en 1771 , à Paris , une fîifloire critique de
Nicolas Flamel & de Pernelle fa femme , recueillie
d'attes anciens , qui juflifient l'origine 6* la médiocrité
de leur fortune.
FLAMINIUS & FL A MININUS. ( Hifl. rom. )
Comme le grand nom de Corneille a beaucoup
de poids en tout genre , & que nous devons
croire qu’ayant fi bien peint les Romains, il fa voit
bien leur hifloire, il ne fera pas inutile de remarquer
qu’il a pu donner lieu à une erreur, en confondant
, comme il l’a fait , les noms de Caïus
Flaminius vaincu par Annibal à la bataille de
Thrafymène, & de Titus Quindius Flamininus
q u i, en poursuivant Annibal dans fon afyle chez
Prufias, avec une violence indîgt e de lui & des
Romains, réduifit ce grand homme à s-’empoifon-
ner. Corneille a cru ou fuppofé que ce Flaminius.
ou Flamininus , étoit fils du premier. Nicomède,
difciple d’Annibal , s’exprime ainfi :
Et quand Flaminius attaque fa mémoire ,
I l doit favoir qu*ün jour i l me fera, raifon
D’avoir réduit mon maître au fecours du poiTon,
Et n’oublier jamais qu’autrefois ce grand homme
Commença par fon père à triompher de. Rome».
I l 1 dit encore :
Vous pouvez cependant faire munir ces places . . . . »
Difpefer de bonne heure un f e c o u r s de romains ;
Et li Flaminius en eft le capitaine ,
Nous pourrons lui trouver un lac de Thrafyraène.
Flamininus n’a voit rien de commun avec Fia—
minius , vaincu par Annibal ; il étoit de la famille
Quinêtia.
De même Corneille a dit dans Polieuêle.
Des aïeux de Décîe on vante la mémoire
Et ce nom précieux encore à nos Romains ,
Au bout de fix cents ans lui met l’Empire aux maint»
Cependant il eff certain que l’empereur Dêce »
Pannonien obfcur, n’étoit point de la race des
anciens Décies. Son nom de famille étoit Meflius.
Il efi bon d’avertir les gens du monde de ne pas,
trop fe fier aux poètes en matière d’hiftoire.
FLAMSTEED, ( J e a n ) ( H i ß . lit t. mod. )
célèbre afironome anglois , fe fé mit afironome r
né à la vue d’une fphère de Sacrobofco. Il fut
membre de la fociété royale de Londres, afironome
du ro i, directeur de l’qbfervatoire de Greenwich.
Il écrivit contre Newton l’académie des
fciences de Paris jugea en faveur de Newton*
F L A
Flamflétd -efi auteur de quelques ouvrages fur
• J’aftronomie , h iß o t ia coe.eflis Britannica \ Epheme-
rides. Né a D e rb y en Angleterre en 1646. Mort
en 17x0.
FLASSANS, ( D u r a n d de Po n t e v e s , seig
n e u r d e ) ( Hifl: de Fr. ) gentilhomme provençal
, imagina en 156.x, dix ans avant la Saint-
Barthelemi , de courir dans la ville d’Aix avec
.une troupe de jeunes gens armés , faifant main-
baffe fur les protefians ; il en eut le furnom de
Chevalier de la Foi, titre qui ne reff a point aux
affaflïns de la Saint-Barthelemi.
FLAVIEN. ( Hifl. eccléf ) Il y a deux faims
patriarches de ce nom , l’un d’Antioche l’autre
de Conffantinopîe. Le premier eff célèbre pour
avoir obtenu de l’empereur Théodofe, la grâce
des habitans d’Antioche, qui, dans une fédition,
avoient renverfé les Aatues de l’empereur & de
l’impératrice Flaccille, fa premièreffemme. Rien
de plus touchant que le difeours qu’il fit dans
cette occafion „ tel qu’on le trouve dans l’homélie,
vingtième de Saint-Jean Chrifoff ôme, il fait aimer
Flavien & Théodofe; on fent qu’un rel difeours
a dû toucher un tel prince ; & on fait gré au
prince d’en avoir été touché. Quoi de plus beau
que ce mouvement oratoire, o ù , après avoir rap-
pellé à l’empereur une de fes loix pour ouvrir
les prifons & faire grâce aux criminels, laquelle
finifîbit par cette parole admirable ! plût à Dieu
que je puffe de même ouvrir les tombeaux & rendre
ia vie aux morts.! Flavien ajoute : ce temps efl
venu , feigneur, vous le pouvez maintenant &ç. Combien
l’empereur lui-même eff aimable , lori qu’ajoutant
à fon pardon toute la grâce du fentiment le
plup touchant, il dit à Flavien, en i’embraffant :
Allez, mon père , allez confoler votre peuple par votre
retour & par Vajfurante du pardon que je n’ai pu vous
refufer pour lui ; je fais qu'il efl encore dans la douleur
S* dans la crainte ; parlez 6» portez-lui pour la
fête de pâques, l ’abolition de fon crime. J ’irai dans
peu le confoler moi - même. On peut voir un bon
extrait de cette éloquente homélie dans l’hiffoire
■ de Théodofe par M. Fié chier, & un meilleur
encore, dans le traité des études de M. Rollin,
tome 2 , livre 3, article 7 , des pafjions. Quelques-
uns croyent que la harangue de Flavien avoir été
faite par Saint Jean Chryfoftôme qui l’a rapportée;
mais des circonffances même de cette a&ton fern-
bient repouffer l’idée que la harangue eût été ap-
prife & Ait l’ouvrage d’un autre. Flavien mourut j
en 464 , ayant gouverné vingt trois ans i’égiife
d’Antioche. J
Le fécond Flavien, patriarche de Conffantinopîe, 1
fut la viffime de fon zèle contre l’eutychianifme. 1
Il fut non feulement condamné & dépofé en 449,
dans l’affetnblèe connue fous le nom de brigan- j
dage d’Ephèfe. mais Diofcore, évêque d’Alexandrie, j
RQ de fes adverfaires, ayant introduit dans l’ai- {
F LA y?7
femblêe une foule de foldats , le fit tellement
maltraiter qu’il en mourut trois jours après.
FLAVITAS ou FRAVITA. ( Hifl. eccléf. ) On
dit que l’empereur Zenon, voyant le fiége de
Conffantinopîe vacant, 8e voulant qu’il fût rempli
par un fujet agréable à Dieu, fit mettre fur l’autel
un papier blanc cacheté, & pria Dieu de faire
écrire par un ange le nom de celui qu’il vouloir
qu’on choisît ; l’églife étoit confiée à la garde
d’un eunuque, Flavitas le corrompit & fon nom
fe trouva écrit fur le papier. M. de Tillemonr„
dans tes Mémoires pour fervir à l’hifloire eccléfiaj-
tique , difeute amplement ce fait dont quelques
modernes ont douté. Quoi qu’il en fort, ce patriarche
n’auroit pas joui long-temps du fruit de
fa fourberie ; nommé en 489, il mourut en 4.90»
FLECHIER ( E s p r it ) ( Hifl. lut. mod. )
naquit à Pernes, dans le comtat d’Avignon , le
10 juin 1632, d’une famille qui avoit été noble,
mais que la pauvreté avoir rendue roturière ; fort
père étoit fabriquant en chandelles. FUchier fut
élevé par fon oncle,le père Hercule Audifret ,
fupérieur général de la doctrine chrétienne , qui
prêchoit beaucoup & qui Fourniffoit des fermons
à ceux qui n’en'favoient pas faire; on les rccoii-
noiffoit & on les appelloit les travaux d’Hercule.
Fléchier fit des vers latins & françois, mais c’eff
fur-tout par fes oraifons funèbres qu’il eff célèbre j
c’eft le'rival de Boffuet & la fécondé place lui
eff reffée;
Le pofte qui te refte eft encore affez beau
Peur fléchir, noblement fous ce maître nouveau.
» On fera, dit M. d’Alembert, plus ou moins
» grand l’intervalle entre Boffuet & lui, feloa-
» qu’on fera plus ou moins entraîné par l’élo—
» quence impétueufe de l’un , ou féduit par l’har-
» monieufe élégance de l’autre. » L’oraifon fu; èbre
de Turenne , chef-d’oeuvre de Fléchier, feroit
la mieux écrite des oraifons funèbres de Boffuet ,
& ne feroit pas la moins bonne. C’eff Boffuet
qu’on croit entendre , & Boffuet plein d’harmonie
& fans inégalité dans ce fameux exorde , développement
iublime du texte le plus heureux :
Çuomodb cecidit potens , qui faivum jaciebat populum
ïjraë: ? Comment efl mon cet homme puijfant , qui
Jauvoit le peuple d'Ifraël ? « Cet homme, qui portoit
n la gloire de fa nation jufqu’aux extrémités de -la
» terré , qui couvroit fon camp du bouclier &
v forçoit celui des ennemis avec l’epêe, qui dt-n-
» noie à des rois ligués contre lui, des déplaifirs
» mortels, & réjouiifoit Jacob par fes vertus &
n par fes exploits , dont la mémoire doit être
n éternelle?
» Cet homme , qui défendoit les villes de Jucfa ,
n cpfi donvptoit l’orgiieil des enians d’Àmrnoa Ql
I