
704 . G H I
Le mot Ghiaour qui a été donné, originairement
& principalement dans la Perle , à ceux qui
ont retenu l’ancienne religion de$ Perfes 8c
l’adoration du feu.... eft enfin devenu général
parmi les Mahométans, pour défigner tous ceux
qui ne fosse pas de leur religion , à peu près
comme le mot de Gentes fignifioit parmi les
Juifs , & le mot de Barbare parmi les Grecs &
les Romains, toutes les autres nations. B ;■> le ,
critique de Vhistoire du caivinifrne de Maimbourg,
Lett. 30. ( A . R . )
G IA C , (P ierre d e ) ( Hiß. de Fr. ) chancelier
de France, fous le règne de Charles V I , 8c qui
mourut en 1407, eut un petit-fils, nommé Pierre
comme lu i, dont la fin fut auffi défaftreufe que
fa faveur fut grande auprès de Charles VII. 11
étoit un des dix chevaliers qui accompagnoient le
duc de Bourgogne à Montereau , lorfque ce prince
y fut aflàfîiné , la promptitude avec laquelle Giac
& fa femme, après cet événement, embrafsèrent
le parti du dauphin ( depuis Charles VII ) , fit
foupçonner qu’ils avoient eu à Montereau des
intelligences avec les chevaliers de la fuite du
dauphin ; le préfident Louvet^ qui étoit comme le
chef du confeil du dauphin, étant accufé par la
voix publique d’avoir confeillé l’attentat *de Mon-
tereau,..Le connétable de Richemont, lorfqu’il
venditfau roi Charles VII fes fuperbes fecours,
exigeà'que Louvet fût au moins banni de la cour.
Louvet en partant , recommande an roi Giac,
fon ami & fa créature ; cette grande liaifon avec
L o u v e t} augmenta les foupçons contre Giac &
fa conduite à la cour acheva de le perdre dans
l’opinion publique., Giac, pour gouverner fon
maître, le rendoit invifible & le plongeoir dans
la mollefie ; pour faire échouer les entreprifes du
connétable , il détournoit l’argent defiine à la
guerre. Richemont étoit accoutumé à fe faire juf-
tice lui-même ; fans demander au roi une permif-
fion qu’il étoit sûr de ne pas obtenir , il fait arrêter
Giac dans fon lit & entre les bras de fa femme,
qu’on foupçonne d’avoir trahi Giac dans cette
dccafion, comme le duc Jean à Montereau. Le
r o i, informé de cette violence, envoya fes gardes
pour délivrer Giac, il n’étoit plus temps ; le
connétable qui le tenoit en fa puiflance, lui fit
faire, de fon autorité privée , une forte de procès,
c’eft-à-dire, qu’on lui donna la queftion , & qu’il
avoua tout ce qu’on voulut. Ce quil parut avouer
avec le plus de fincérité, ce fut le don qu’il avoit
fait au diable d’une de fes mains, pour parvenir,
par fon moyen, à la fortune qu’il avoit faite ; il
demanda inftamment que l’on commençât fon
fupplice par lui couper çette main, de peur que
le diable n’emportât le corps entier ; telles étoient
les lumières des miniftres & des favoris de
Charles VII. . '
-, Giac ( u t . noyé à Dun - le - Roi en-142.6, la
dams de Giac confirma le foupeon qu’on avoit
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eu de fes intelligences avec les ennemis de fon
mari, en époufant, tiop peu de temps après la
mort de Giac , le feigneur de la Trémoille , alors
ami du connétable.
G IACOME LL I, (Michel-ange) ( Hifi. litt.
moi. ) fecrétaire des brefs fous le pape Clément
X I I I , & qui ceffa de l’être fous Clément XIV.
C ’ètoit un prélat homme de lettres, qui tradui-
.foit d’un côté! le traité du facerdoce de faint
Jean-Chryfoftôme , de l’autre les amours de
Cheræas & de Callirhoé, 8c des tragédies d’Efchyle
& de Sophocle, rapprochemens plus ordinaires
dans la littérature italienne que dans la littérature
françoife. Né en 1695. Mort en 1774.
G IA F A R , nom du Barmécide, vifir d’Aaron
Rashid ( voye* l’article Barmécide qui eft de
M. Turpin , 8c corrigez dans l’intitulé de cet
article, ces mots : Hifi. Ottom. mettez HiJI. des
Calif. ) M. de la Harpe, dans l’épître dédicatoire
à M. le comte de Schouwalow, placée à la
tête de fa tragédie des Barmécides, raconte ainfi
leur hiftoire. ^
La famille des Farmécides eft célèbre dans
l’hiftoire d'Orient. Giafar , le Barmécide, ou fils
de Barmec, étoit vifir du calife Aaron Rachid ,
l’un des plus illuftres fouverains de fon temps,
& celui qui contribua le plus, ainfi que fon fils
Almamon, au progrès des lettres chez les Arabes.
Aaron aimoit beaucoup Barmécide, & jouiffoit
avec plaifir des agrémens qu’il trouvoit dans la
fociété de ce mîniftre. Il avoit une feeur très-
aimable , près de qui il pafloit les momens que
lui laiffoit le foin des affaires publiques. Ces deux
perfonnes étoient ce qu’il aimoit le mieux; il eût
voulu les réunir auprès de lui, & goûter à la
fois les douceurs de leur commerce & le plaifir
de raffembler, près de fon trône, ce qu’il avoit
de plus cher; mais les moeurs de fon pays ne
permettoient pas que ' Barmécide pût - paroîtré
devant la foeur du calife. Pour lever cet obf-
tacle, il prit le parti de la lui donner en mariage;
mais comme il fe faifoit un point de religion
qu’aucun fujet ne mc-lâc fon fang à celui d’A li ,
qui étoit facré chez les Arabes , il exigea de
Barmécide la promeffe de n’ufer jamais des droits
du mariage. Barmécide s’y engagea. Il-n’avoir
pas encore va l’époufe qu’on lui deftinoit. Quand
il la connut, fon coeur réclama contre l’engagement
qu’il avoit pris. Il le trouva cruel & in-
jufte. L’amour & la nature lui parurent des droits
plus facrés que fa promeffe ; mais malheureufe*
ment il ne put cacher les fuites d’un commerce
d’autant plus délicieux peut » être , qu’il étoit
fecret & défendu. Le calife , quoique rempli
d’ailleurs d’excellentes qualités , étoit d’un caraco
tère violent, porté à la colère & à la vengeance
, & l’habitude du pouvoir fu^rême ne lui
avoit
g 1 A
avoit pas appris à réprimer ces mouvemens. Il
condamna Barmécide à la mort, & fuivant l’abominable
ufage, trop commun dans les états
defpotiques, il enveloppa la famille entière dans
la profeription. L’officier, chargé ,de cet ordre
barbare, vint l’annoncer à Barmécide. Le minif-
t r e , qui connoiffoit le cara&ère impétueux de
fon maître, & qui le. croyo.it capable d’un retour
fur lui-même , crut qu’il pou voit encore lui
refter un moyen de fauver fa vie. « V a , dit-il,
à l’officier, va dire au cafife que tu as exé-
» cuté fes ordres, & que Barmécide ,eft mort.
» Peut-être le moment de la colère fera paffé,
» & aura„fait place à celui du- repentir. S’il fe
» reproche fa barbarie envers un fujet qu’il
» a• tant aimé, tu auras à fes veux le mérite
v d’avoir prévu fes remords 8c de lui avoir
n épargné un crime, tu lui, diras que Barmécide
» eft vivant. S i, au contraire, il m’a condamné
» fans retour , s’il te demande ma tète, viens la
» chercher; elle eft prête. » L’arabe confentit
à tout : il fe préfenta devant le calife, & lui
annonça que fon miniftre n’étoit plus. L’implacable
Aaron demande fa tête. L’officier ajors va
la chercher , & l’apporte aux pieds du calife.
Quarante Barmécides furent égorgés, & l’époufe
de cet infortuné favori, enfermée dans une étroite
prifon , y fuccomba bientôt à fes chagrins.
Cependant le calife, quand fa vengeance fut
fatisfaite, commença à reffentir des regrets 8ç
des remords. Il avoit perdu les deux plus chers
foutiens de fa vie. Cette perte devenoit à tout
moment plus douloureufe. 11 tomba dans une
mélancolie profonde, 8c cherchant.à éloigner un
fouvenir funefte, il défendit qu’on prononçât
devant lui le nom de Barmécide, 8c que fa mémoire
fût honorée par aucun éloge ni par aucun
monument.,C’étoit commander l’ingratitude. Barmécide
avoit répandu beaucoup de bienfaits, &
on l’avoit même furnommè le généreux, nom
q u i, chez une nation naturellement génèreufe,
fembloit annoncer que Barmécide avoit porté
cette vertu au plus haut degré. Auffi trouva-t-il
de la reconnoifiance, même après fa mort. Un
poëte arabe entr’autres, qui avoit eu part à fes
bienfaits , -vint s’affeoir à la porte du palais
d’A aron, '& chanta des vers qu’il avoit faits à
la louange de Barmécide. Ce prince en fut bientôt
informé. Il étoit à table; il ordonna qu’on
fît venir le poëte devant lui, & lui demanda
pourquoi il ofoit contrevenir à fes ordres ? «Seigneur,
répondit l’arabe, le roi des rois efl bien
puijfant ; ma s il y a quelque chofe de plus puif-
fant. — Eh quoi ! dit le calife étonné ? Les bienfaits
, répond le poëte. Aaraon fut frappé de
cette repartie. Il prit une très-belle coupe d’or
qui étoit fur la table, & la donna au poëte.
Puifque tu es f i reconnoijfant, lui dit-il, c’ efi moi
que tu dois chanter à préfent. Aaraon efi devenu
ton bienfaiteur ; mets fon nom à la place de celui de
Hifioire. Tome IL Seconde part%
G I A 70j-
Barmécide. L’arabe en prenant le vafe leva les
mains au ciel : O Barmécide ! s’écria-t-il, comment
veut-on que je t'oublie ? V.oilà encore un préfent
que je . te dois. Je-'ne connois rien au-deffus de
cétte réponfe.
GIAGH ou JEHAGH, f. m. ( Hifi. moi. )
nom d’un cycle de douze ans qu’ont les Catayens
èc les Turcs.
Chaque année du giagh porte le nom d'un
animal ; la première, de la fou.ris ; la fécondé ,
du boeuf ; la troifième , du lynx, ou- léopard; la
quatrième, du lièvre ; la cinquième, du crocodile;
la fixièine, du ferpent ; la feptième , du. cheval ;
la huitième, du mouton; la neuvième, du finge ;
la,dixième, de la poule; la onzième, du chien;
la douzième, du pourceau.
Ils divifent auffi le jour en douze parties ,
qu’ils appellent encore giagh, 8c leur donnent
les noms des mêmes animaux. Chaque giagh
contient deux de nos heures, & fe divife en huit
parties qu’ils nomment keh ; de forte que leur
journée contient quatre-vingt-feize kehs^ ou autant
que de quarts-d’heure 'chez nous. D’Herbelot ,
biblioth. orient. Voyez le ditfionn. de Trévoux 6*.
de Chambers. ( G )
GIANNONE , ( Pierre ) ( Hifi. litt. moi. )
auteur d’une hiftoire de Naples qu’on a traduite
en frànçois ; tes papes, ne s’y trouvant pas bien
traités, auroient voulu étouffer l’auteur 8c l’ouvrage.
Répétons avec Tacite : Socordiatn eorum inri-
dere libet, qui prrefend potentiâ credunt txfiingiû pojfé
etiam fequentis envi memoriam. Nam contra, punitïs
ingeniis, glifeit auEloritas.
L’ouvrage nleri eft que plus célèbre, mais
l’auteur fut malheureux ; à peine fmt-il trouver
un afyle. Le roi de Sardaigne ne lui donna qu’une
prifon, mais du moins il fauva fes jours menacés.*
Né vers l’an 1680. Mort dans fa prifon en 1748.
GIBEL IN, f. m. {Hifi. mod.) nom de la fac-’
tion oppofée à celle des Guelphes. Quelques-uns
fixent le commencement de ces deux faftions à
l’an 1140.
On fe rappellera fans doute que les Gibelins
étoient attachés aux prétentions des empereurs,
dont l’empire en Italie n’étoit qu’un vain titre,
& que les Guelphes étoient fournis aux volontés
des pontifes régnans.
Nous ne remonterons point à l’origine de ces
deux partis; nous ne crayonnerons point le ta-?
bleau de leurs ravages, encore moins rapport
terons-nous les conjeâures odieufes des favans
fur l’étymologie des noms Guelphe 8c Gibelin
c’eft affez de dire, avec l’auteur de Yejfai fur
Vhifioire générale, que çes deux faétions défolèrent
également les villes 8c les familles ; & que pendant
les douzième, treizième & quatorzième fié-
clés, l’Italie devint, par leur animofité, le théâtre:,
V v v y