ï«j8 C O G
Le premier de ces vers juftifie le fécond, & I -
l ’çmpêche d’être une exagération.
Quant aux hymnes, M. Cojfin dit lui-même dans
pn avertiffement, qu’il a été moins occupé des
beautés de la poéfie , que du foin de nourrir la
piété des fidèles. In his fcribendis hymnis non tam
poètico indulgendum fpiritui, quant nitori & pietati
confulendum efe exiftimavi. On peut lui reprocher
de manquer quelquefois de chaleur & d’harmonie
, de n’être point fécond en idées, & de créer
rarement fon expreflton ; mais du moins fes ex-
preflions font toujours heureufement choifies;fon
ftyle eft toujours clair & plein d’onôion, fa latinité
d’un goût très-pur : c’eft la comparaifon avec
Santeuil qui lui fait tort ; il n’a point fans doute
l ’enthoufiafme, le mouvement , les tranfports
poétiques de Santeuil. Voici pourtant dans l’hymne
de l’Epiphanie deux ftrophes fur la réprobation des
juifs & la vocation des gentils, que Santeuil n’eût
pas défavouées.
O a rcana D c i c o n c ilia ; 6 ! tuo
D eturb ata g r a d u , p rim us a m o rD e i
P le b s Juden a j tu is g lo r ia gentium
JD am n is vitaque n a fc itu r :
J am n a tiv a olcot brachia décidant ,
K a m i dégénérés, germen adulterum ,
M ira tiirq u e novos fem im non fûo-
A r b o r crefcere fu r c u lo s .
Dans la fondation des prix publics dans l’uni-
verfité de Paris, il manquoit un prix de verfion
en fécondé. M. Cofin y fuppléa : il mourut le 20
juin 1749. M. Crevier a fait fon épitaphe.
COGGESHALE ( R a d u l ph e ou R a o u l ) !
(H i ß litt. moi!.), favant religieux Anglois des 12e I
& 13^ fiècles. On a de lui une chronique de la J
Terre-Sainté , une chronique angloife depuis l’an
1066 jufqu’à l’ân 1200, & une hiftoire des mou-
yenrens élevés en Angleterre fous le roi Jean-S.ans-
terre ; le tout publié en 1729 , par dom Martène
& dom Durand, dans le cinquième volume de
VAmplïJJima colle flio veterum fcriptorum & monur
mentorum, &c. auteur avoit été bleffé au liège, j
de Jérufalem par Saladin, & avoit vu les faits S
qu’il rapporte dans la chronique de la Terre-Sainte, 1
On croit qu’il mourut en 1228.
GOGOLIN ( Jo se ph d e C u e r s ) ( Hiß. litt, I
jnod. } , gentilhomme Provençal, officier de Ma- I
rinè, mort le premier janvier 1760 à 56 ou 57 I
ans', auteur d’une traduction envers françois de I
l ’Epifode d’Ariftée, dans le 4e livre des Géorgiques, I
& de la difpiiïe d’Ajax & d’Ulyffe pour les armes |
d’Achille , dans les Métajnorphofes,
COHORN (M em n o n ) {Hiß. mod.) C ’eft le J
Vauban des HpUandpis : il fortifia & défendit la S
plupart de leurs places. &Ce fu t, dit avec raifon I
le préfident Hénault, un beau fpeétacle de voir |
c o i
» au liège de Namur ,en 1692 , M. de Vauban
» alîiéger le fort Cohorn , défendu par Çohorn lui»
» même, qu’il appelle
Le rival de Vauban j mais jamais fon égal.
Cohorn ne fe rendit qu’après avoir été mis hors de
combat par une bleffure qui fut alors jugée mortelle
, & dont cependant il guérit. En général, c’eft
un beau fpeétaçle dans la guerre que de voir de
grands talens oppofes les uns aux autres ; un plus
beau fpeétaçle feroit de les voir dans la paix réunis
pour la félicité publique. v
Cohorn regardoit Bergopzoom comme Ion chef-
d’oeuvre ; on fait qu’il fut pris eh 1747 par M. de
Lowendal, qui fut fait alors maréchal de France.
Çohorn mourut en 1704. On a de Cohorn un traité
eh flamand fur une nouvelle manière de fortifier
les places,
COIGNY ( F r a n ç o is de F r a n q u e t o t , duc
de ) ( Hiß. de F. ) , maréchal de France , chevalier
des ordres du roi & de la toifon d’o r , remporta
deux viâoires célèbres, qui furent les deux pre;-
mières dù règne de Louis XV. L’une fut celle de
Parme, du 29 juin 1734; l’autre, celle de Guaf-
talîe, du 19 feptembre fuivant. Il mourut le 18
décembre 1759.
COINTE ( C h a r l e s l e ) {H iß . litt, mod.'),
Oratorien. Ses Annules eçclefiaftici Francorum lui
afliirent un rang diflingué parmi les favans. On ne
fait pas fort communément qu’il eut part au traité
de Munfter, ayant fuivi au congrès .tenu dans
cette ville M. Servien, auquel il fournit tous les
mémoires néceffaires pour le traite. Né à Troyes
en 1611. Mort à Paris en 1,681.
CÖISLIN ( du C ambout DE ) ( Hiß. de Fr. ),
Nom d’une ancienne & iliuftre maifon de Bretagne
, dont étoient.: I
i °. Jean , tué à la bataille d’A u rà y , en 13 64.
2°. Jean, fon neveu , fait prïfonniêr à la bataille
d’Azinçourt en 1415,
30. Pierre - Céfar , marquis de Coißin , colonel
général des Suiffes & Grifons , mort le 10 juillet
16 4 1 , des bleffures qu’il avoit reçues au fiège
d’Aire.
4°, Les deux ducs de Coißin fes fils & petits-fils,
pairs de France , Coißin ayant été érigé en duché-
pairie l’an 1664, Tous deux ont été de l’académie
françoife.
Le cardinal de Coißin, grand aumônier de
France, mort le 5 février 1706.
69. L’évêque de Metz,fon neveu, premier au«
tnônier du roi. Il fut aufli de l’académie françoife.
70. Dans la branche des marquis du Cambout,
Armand-Jofeph , bleffé à la bataille de la Marfaille,
8°. Jacques, marquis du Cambout, fon frère
aîné, tué au combat deCarpy en Italie, le 9 juillet
1701.,
C O K
COK o u COOKE ( E d o ü a r d ) ( Hiß. l u t . m o d . ) ,
chef de juflice du banc royal en Angleterre, connu
par f e s inßituts d e s l o i x d’ Angleterre, traduits en
françois par l’abbé Coyer. Mort en 1634.
COLARDEAU ( C h a r l e s • Pie r r e ) ( Hiß.
litt. m o d . ) , fut élu à l’académie françoife & non
reçu, étant mort dans l’intervalle de l’éleâion à
la réception , le 7 -avril 1776. Il étoit né en 1735.
Ainfi fa vie: n'a .été que de quarante ans ; fa carrière
poétique, quoique bornée, a été bien remplie.
M. delà Harpe qui l’a remplacé à l’académie-
françoife , en parle ainfi dans fon difeoursde réception.
-
C O L
Et les flambeaux d’hymen.brilloient déjà pour nous ,
Quand , au lit du tyran malgré moi réfervëe ,
Des bras «de mon amant je me vis enlevée ;
De cent coups-de poignard je vis percer fon coeur ;
Ôn ajouta bien-têt l’ outtage à la fureur.
Dans ce palais funefte on me traîna mourante ;
Pygmalion brava les larmes-d’une amante,
Le voulant me forcer de répondre à fes voeux ,
Il ferra de l’hymen les déteftabks noeuds.
Quel hymen ! le- cruel dans fa rage jaloufe
Venoit d’empoifonner fa malhenreufe époufe ,
Et dans ce jour encor , fon frère infortuné ,
Sichéc à nos autels mourut affaffiné.
«M. Colardeau, né avec le talent le plus heu-
n reux , marqua-fon premier effai de tous les ca-
» raétères d’un poëte. Une élégance facile & bril-
» lante, un fentiment exquis de l'harmonie, cette
d imagination qui anime le ftyle en coloriant les
» o b je t s , cette fenfibilité qui pénètre famé en
jk même-temps que le vers charme l’oreille, ên-
v fin ce naturel aimable qui grave dans la mémoire
» des le&eurs les idées & les fentimens, & fui-
?> vant l’expreflion de Defpréaux, laiffe un long
n fouvenir j voilà ce que le public , enchanté d’a-
» voir un poëte de plus, remarqua dans l’épître
» d’Héloïfe , monument juftement célèbre que
» fon auteur élevoit à vingt ans , morceau vrai- !
» ment précieux qui durera autant que notre lan- |
» gue, qu’on lait par coeur dès qu’on l’a lu , &
» qu’on relit encore quand on le fait par coeur. Si
. n les autres fujets que traita depuis M. Colardeau
v n’ont pas toujours été aufli heureufement choi-
» fis., on y retrouve du moin^ ce talent du ftyle
» qui fépare du langage vulgaire le langage qu’on
3> a nommé celui des dieux »j.
M. de la Harpe fe tait abfolument fur les tragédies
de M. Colardeau ; elles n’annoncent que du
raient pour la verfification, mais nulle intelligence
du théâtre, nulle combinaifon dans les plans, nul
art pour tracer des portraits & pour les diftinguer
par des traits fenfibles. Dans Aflarbé, il n’a pas
même fu profiter de ces beautés fublimes que lui
offroit Télémaque, & de ces traits profonds dont
M . de Fénélon peint Pygmalion & Aftarbé. Cette
pièce cependant fe fit diftinguer par le mérite du
ftyl#1; elle a certainement de ce côté-là un avantage'affez
marqué fur plufieurs tragédies qui lui
font d’ailleurs füpérieures. En général, la verfification
& Aftarbé eft facile , harmonieufe , égale ,
élégante, louvent même énergique, comme dans
ce beau vers qui peint fi bien Pygmalion expirant,
& qui a été fi juftenjent applaudi au théâtre :
Joint le tourment de vivre à l’horreur de mourir.
Le récit fuivant ©ffre l’exemple d’une poéfie
bien mâle & bien ferme.
M6n orgueil fe bornoit au vain' titre d’amante J
Les Dieux aliment m’unir au fort de mon époux,
Orcan , il m'infpira la fureur qui m’anime ,
Et dans fes bras fanglans j’ai refpirë le crime.
Afiïfe à fes côtés fur le trône des rois ,
Je devins politique & barbare à la fois.
Enfin que te dirai-je ? à fes deflins unie ,
Le cruel m’infefta de fon fatal génie.
Ces traits ont de l’énergie ; mais M. Colardeau
voulant rendre Afiarbé plus odieufe que Pygmalion
, n’auroit pas dû la faire naître avec une
ame pure & innocente , qui ne fe foit corrompue
que dans le commerce forcé qu’elle avoit eu avec
Pygmalion. C ’eft ainfi que dans cette pièce il eft
difficile de trouver un morceau entier , un récit,
un tableau abfolument fini dans fon genre , & ou
la main de l’écolier ne fe montre pas à côté de la
main du maître.
Dans la tragédie de Califte, M. Colardeau a ai-
fément évité les irrégularités manifeftes , les har-
dieffes licentieufes de la belle Pénitente de Rov/e,
mais il n’a guères de beautés qui n’appartiennent
à cet auteur, & il n’a pas tranfporté dans fa pièce
toutes les beautés de la pièce de Rowe. M. Mar-
montelloue dans M. Colardeau le talent de peindre
& d’émouvoir, & finguliérement ce tour d’ex-
preffion « noble, facile &. naturel, qui, dans les
v belles fcènes de Califte , nous rappelloit la fenfi-
3) bilité , l’élégance & la mélodie du ftyle enchan-
3) teur de Racine». Le ftyle de Califte a plus en
effet la couleur tragique que celui & Aftarbé. Les
oeuvres de M. Colardeau ont été recueillies en
deux volumes ira-8°. en 1779. On a dit de lui Ä
& on l’a même écrit, qu’il ne diftinguoit pas les
couleurs dans la nature, qu’il me voyoit que le
noir & le blanc , & des nuances des clairs & des
ombres. Il femble qu’une conformation fi particulière
de fes yeux aurait dû avoir une influence
plus marquée fur fes écrits 8c fur toute fa perfonne.
Cette tradition pourrait bien venir de ce que fes
fens , affoiblis avant le temps par la maladie,
avoient perdu de bonne heure une grande partie
de leur ufage.
COLBERT ( Hiß. de Fr.') , grand miniftre, fur
les principes & les opérations duquel il y a aujourd’hui
un' grand partage d’opinions. Son miniftère a
eu vingt-deux ans de durée , depuis la mort du