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réformateur de tabbaye de la Trappe, écrites par
les fleurs Maupeou & friarfollier, & quelques autres
ouvrages , tant imprimés que manufcrits.
G É SA L IC , roi des Vifigoths. (Hifl. d'Efpagne,')
Alaric tenoit les rênes du royaume des Vifigoths,
il étoit arien, mais d’ailleurs homme fage, roi
vertueux, & bienfaifant: on dit qu’il ne perfécu-
toit perfonne, & qu’il refpedoit la liberté des
fentimens. Il étoit cependant odieux aux évêques
catholiques de Ton royaume. Fâchés d’avoir un
prince hérétique, ils eurent recours à Clovis f
q u i, récemment chrétien , accourut à la voix des
évêques, attaqua près de Poitiers Alaric, qui perdit
la bataille & la vie. Ce roi ne laifloit qu’un fils
de cinq ans,, & un royaume déçhiré par les plus
violentes fadions. La plupart des Vifigoths préférèrent
à cet enfant, hors d’état de gouverner
encore, Gèfalic^ fils naturel d’A laric, çc il prit le
tiwe de roi en 507 ; pour répondre à la confiance
de l’armée , Géjalic raflembla les débris des troupes
de fon prédéceffeur, & marcha contre les Bourguignons,
qui afliégeoient Narbonne: il ne fut point
heureux ; les Bourguignons remportèrent fur - lui
une grande vidoire; il s’enfuit, fç retira en
Efpagne , où une partie des Vifigoths avoient élevé
fur le trône Amalaric, jeune fils d’Alaric, le
même auquel le refte de la nation avoit refufé la
couronne. Gèfalic à la tête d’un parti nombreux,
excita beaucoup de troubles, mais ne pur parvenir
a détrôner fon concurrent. Cependant Théodoric
envoya l’un de fe s g é n é r a u x & une forte armée
aux Vifigoths attachés à Amalaric; avec ce fecours
ils forcèrent les François & les Bourguignons d ’a b a n d o n n e r- les" conquêtes qu’ils ayoient faites:
ils marchèrent enfuite contre Géfalic, qui s’ét-oil
j-endu maître de B a r ç e lo n n e : ils r e p r ir e n tc e tte ville,
& le contraignirent lui-même dp fe fâuyer : ilpaffa
en Afrique, à la cour de Trafimpnd, roi des
Vandales, .qui l’accueillit , l’a Aura de fa protecr îio n , & lui donna une. fommj? très-confidérable ,
Rveç laquelle Gèfalic, revint d a n s les Gaules ,
leva u n e puiflante armée, & (.marcha vers B a r c e lo n e , r é fo lu dépérir où de s’en emparer. Une
partie dp cette d é te r m in a tio n fut remplie ; à quatre
lieues de B a r c e lo n e , il rencontra l’armée de
Thépdpriç, il lui livra bataille, fut vaincu ; & d a n s fa fuite rencontré encore par un parti d’Of-
trogoths, qui en lui arrachant la v ie , m ir e n t fin
aux troubles que fon ambition avoit fufcités depuis
la m o r t d ’A la r ic . Ainfi périt en 523, Gèfalic qui,
quoique proclamé fouveraiij des Vifigoths, »’avoit
prefque jamais régné. ( L. Ç. )
GESNER , ( Conrad ) ( Hifi. Tut. moi. ) na-
turalifie illufirs, furnommé/e Pline de T Allemagne ;
Théodore de Bëze, dit qu’il avoit k lui feul toute la
jfcience qui avpitété partagée entre Pline & Var-
ron. En effet, outre fon hiftoire des animaux &
(es oeuvres botaniques, on a de lui un lexicon
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grec & latin, eftimé, & une bibliothèque univér2
telle. L’empereur Ferdinand I avoit donné à Gefner
des armes écartelées, qui portoient, aux quatre
différens quartiers, les quatre principaux animaux
dont il avoit donné les plus belles defcriptions dans
fon hiftoire des animaux. Né à Zurich en 1516»
mort en 1 Heureufement le poète aimable,1
qui, par le poème touchant de la mort d’Abel,'
& par fes idylles charmantes, &c. a tantilluftrê
ce nom de Gefner , n’appartient pas encore à
l’hiftoire.
GESVRES. ( Voye{ Potier. )
G ÉTA (Septim i us) , (f i i f l. des empereursétoit
fils de l’empereur Sévère, & frère del’infame Cara-5
calla ; l’éducation ne put adoucir la férocité de fou
caradère, & dès fa première enfance, il m?ni-;
fefta fes penchans pour le v ice , & fon averfion
pour la vertu. Mais lerfqu’il eût atteint l’âge de
la raifon, il fe réforma lui-même ; & fes moeurs,
jufqu’alors dures & fauvages, devinrent douces 8ç
polies. Caracalla avoit pour lui une antipathie que
j le temps ne put vaincre: elle parut même fe for-;
t tifier lorfque Géta, par le teftament deleurpèrç
| commun , fut appellé avec lui à l’empire. Ces
1 deux rivaux devinrent bientôt ennemis. Géta fup-
! porta avec modération les outrages de fon frèr©^
à qui il devint d’autant plus odieux, qu’il étoif
plus aimé que lui, Caracalla, qui voyoit dans U
conduite de fon frère la cenfure de Tes moeurs,
lui fuppofa des crimes qu’il fut dans l’impoflibir
lité de prouver.. Sa fureur étouffant la nature, il
le maffacra dans les bras de fa mère, qui reçut une
bleffure en voulant le défendre. Ce jeune prince
qui faifoit l’efpérance des Romains, n’avoit que
vingt-trois ans lorfqu’il-fut maffaeré en l’an 213
de Jéfus-Chrift, ^ T-n . )
GETES. (Hifi, anc.) Les Getes, horde Tartare,’
defcendoient des Huns appellés Yvechi. Ils fe font
établis dans tant de contrées différentes, qu’il eft
bien difficile de déterminer quelle étoit leur véritable
patrie. Ils n’ont laiffé ni annales, ni monu-;
mens qui puiffent nous diriger dans la recherche
de leur origine. Après avoir traverfé toute la
Tartarie, ils fe fixèrent fur les bords de l’Oxus,'
d’où ils fe répandirent le long de l’Indus & du
Gange, où leur poftérité, toujours fubfiftante, a perpétué
le nom de Gcte, Ils ont embrâfte la religion
de Fo ; mais iis font trop greffiers & trop ignorans
pour ne pas ajouter encore aux fuperftitions de ce
égiflateur. Ces peuples nomades n’avoîent d’autres
maifons que leurs tentes, qu’ils tranlportoient dans
les lieux qui pouvoient les mettre à couvert de
l’intempérie des faifons. C ’étoit ainfi qu’en changeant
de climats, ils jouiffoient des douceurs d?un éternel
printemps. Ils reconnoiffoient un roi ou plutôt un
chef auquel ils confioient le glaive pour les défendre
§c non pour les opprimer. Ce fantôme de fQUvej}
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fe in , fournis au tribunal de la nation, étoit pürii
lcrfqu’il abufoit de fon pouvoir. Quoique les Getes,
occupés fans ceffe à la guerre de brigandage, duffent
perdre beaucoup de foldats , le nombre des hommes
excédoit de beaucoup celui des femmes. Ainfi la
tnéceflité avoit introduit un ufàge qui renverfe
l ’ordre de la nature. Une feule femme avoit plufieurs
«naris. Ordinairement c’étoient les frères qui fe
réunifloient pour former cette union-conjugale, &
lorfqu’ils n’étoient pas affez nombreux, ils s’affo-
cioient leurs amis. Ces femmes, fières de leurs
privilèges, fe paraient de certains fymboles qui
«é/ijjnoient le nombre de leurs époux; & loin que
cefûtun déshonneur pour elles, c’étoit un titre d’ef-
time & de recommandation. Elles deineuroient
dans des quartiers différens pour prévenir les haines
enfantées par. la jïloufie, & parce qu’elles ne
pouvoient demeurer chez un feul. Une forme fi
fingulière de gouvernement donnoit aux femmes
1111 emPire ahfolu fur les hommes, qui briguoient
la pofîeffion exclufive du coeur. Aufli plufieurs
écrivains ont avancé que ces peuples étoient fous
la domination des femmes, anertion qui peut être
«ne vérité de fait & non de droit. A l’exemple
des autres Tartares, ils fe rafoient la barbe, & ,
quoique brigands fur les térres de leurs yoifins,
ils ufoient de la plus grande févérité dans la punition
du larcin commis dans leurs habitations. Leurs
funérailles étoient fans pompe, c’étoit par la douleur
qu ils honoraient la mémoire des morts. Ceux qui
étoient dans l’opulence, manifeftoient leur lnxe
par des tombeaux de pierre. Les pauvres, forcés
d’être plus fimples, les dépofoient dans la terre
6c enfouiffoient avec eux les meubles qui leur
avoient fervi dans ce monde, perfuadés qu’ils
leur feraient utiles dans l’autre. Dans leurs courfes
iVagabondes, ils étendirent leur domination fur le
Kholhm, fur une partie du Kaptchap & fur
prefque tous les peuples voifins dç la mer Caspienne
; mais, plus heureux à vaincre qu’habiles à
conferver leurs conquêtes, ils furent femblables
à ces torrens qui fe diflipent dans les plaines qu’ils
©nt inpndées. Leurs expéditions fur les frontières
de 1 Europe, y causèrent plus de crainte que de
maux; tantôt vaincus. & tantôt vainqueurs., ils
paroiffoient toujours redoutables après leurs défaites.
Le grandkhan des Tartares les fubjugua, l’an 555;
6c depuis cette époque, ils n’ont plus formé de
forps de nation. (T -N )
GHET. ( Hifi. moi. ) Les Juifs appellent ainfi
la lettre pu fade de divorce qu’ils donnent à leurs
femmes quand ils les répudient ; ce qu’ils font pour
des caufes fouvent très-légères. Leur coutume à
cet égard eft fondée fur ces paroles du Deutéronome
, chap. xxiv. Si un homme a époufé une femme,
& que cette femme ne lui plaife pas à caufe de quelque
défaut, il lui écrira une lettre de divorce qu'il lui
mettra entre les mains, & la congédiera» Pour empêcher
qu’on n’abufe de cç privilège, les rabbins ont
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Ordonné plufieurs formalités, qui pour l’ordinaire
confument un fi long-temps, que le mari a le loifir
de faire fes réflexions , de ne pas prendre confeil
du dépit, & de fe réconcilier avec fon époüfe.
Cette lettre doit être faite par un écrivain en
préfence d’un ou de plufieurs rabbins, être écrite
fur du vélin qui foit réglé, ne contenir que douze
lignes ni plus ni moins en lettres quarrées ; tout
cela eft accompagné d’une infinité de minuties tant
dans les caradères, que dans'la manière d’écrire,1
& dans les noms & furnoms du mari & de la
femme. L’écrivain, les rabbins, & les témoins nécef-
faires à la cérémonie, ne doivent point être parens
les uns des autres, & encore moins appartenir par
le fang aux parties intéreffées dans le divorce. Le
ghete&. conçu énees termes, après les dates du jour,
du mois, de l’année , & du lieu : moi N. te répudie*
volontairement^ t'éloigne, 6* te répudie toi N .
qui as ci-devànt été ma femme, & le permets de te
marier avec qui il te plaira. La lettre étant écrite (
le rabbin interroge le mari pour favoir s’il eft volontairement
déterminé à cette a&ion, on tâche que
dix perfonnes au moins foient préfentes à cette
fcène, fans compter deux témoins qui fignent,
& deux autres appellés feulement pour attefter la
date. Si le mari perfifte dans fa réfolution, le rabbin
commande à la femme d’ouvrir les mains & de
les approcher l’une de l’autre, pour recevoir cet
ade qife le mari lui donne en difant : Voilà ta
répudiation ; je T éloigne de moi & te laijfe en liberté
d’époufer qui bon te femblera. La femme le prend ,
le donne au rabbin qui le lit encore une fois, &
lui déclare toutefois de ne point fe marier de trois
mois , de peur quelle ne foit aduellement enceinte.
R. Léon Modene, cérémon, des Juifs, partie IV
chap, vj. (G . )
GHIABER, f. m. (Hifl. modj) nom que l’on
donne en Perfe aux idolâtres de ce pays, qui ont
retenu l’ancienne religion de ceux qui adoraient le
feu. Ils y font en grand nombre, & occupent un
des fauxbourg d’Ifpahan tout entier. On les appelle
aufli atech perefl, c’eft-à-dire, adorateurs du feu. Il y
a un proverbe perfan qui dit : quoiqu'un ghiaber
allume & adore le feu cent ans durant, s'il y tombe
une fois, il ne laijfe pas que de fe brûler D’Herbelot,
biblioth. orientale Ricaut, de l'emp, ottom.
Ces Ghiabers paroiflent. être les mêmes que ceux
que nous nommons Gaures ou Guebres, Voyez
G uebre. (G . )
GHIAOURS ou GHIAAURS, f. m. (Hijl.mod.)
nom que les Turcs donnent à tous ceux qui ne
font pas de leur religion., & particulièrement aux
Chrétiens : il fignifie proprement infidèles. L’origine
de ce mot vient de Perfe, où ceux qui
retiennent l’ancienne religion des Perfans, & qui
adorent le feu, font appellés Ghiaours ou Ghiabersà
Ricaut9 de l'emp. ottom, (G , )