
708 G I L
Dumbriton en Ecoffe , en 520, paffa dans les
Gaules & bâtit près de Vannes, le monaftère de
Ruis , qui porte ajourd’hui Ton nom & où il
mourut le 29 janvier 570 ou 171. Il refte de lui
quelques canons de discipline qu’on trouve dans
le fpicîlège de dom Luc d’A chéry & un difcours
fur la ruine de la Grande-Bretagne ; car l’érablifle-
ment & les ravages des Anglo-Saxons dans ce
pays, lui en paroiffoient la ruine.
GILEMME. ( Pier r e ) ( Hiß. de Fr. ) Pendant
la démence de Charles V I ,c e Gilemme , prêtre
impofteur, ou feulement-dupe de la magie qu'il
profeffoit, ( car il eft prouvé que dans ces temps
d’ignorance, les prétendus magiciens étoient fou-
vent dupes d.‘ leur art & fe croyoient de bonne
foi magiciens ) ce Gilemme donc fe préfenta pour
gu.-rir le roi. On le mit à l’épreuve , il promit
de délivrer avec des paroles douze hommes attachés
avec des chaînes de fer , il n’en délivra aucun,
& au lieu de le renvoyer avec dérifion, ou tout
au plus de l’enfermer comme fou , on le fit brûler
v i f avec fes compagnons en 1403 * quelles moeurs
& quelle barbarie! par où faifir le raifonnement
qui conduit à cette cruauté ? la magie, en la fup-
pofant réelle, étoit punie par le feu, parce que
dans les idées du temps , elle fuppofoît un paâ
avec le diable ; cependant fi cet homme eût tenu
parole , & eût prouvé fa magie, au lieu de le
punir, on l’auroit confervé précieufement comme
capable de guérir le roi ; il prouve malgré lui
qu’il n’eft pas magicien, foit qu’il crut l’ê tre,
foit qu’il ne le crut pas, & on le brûle 1 quelle
logique !
GILIMER ou GELIMER , ( Hiß, d'Afrique, )
prince des Vandales , homme fiogulier & d’un
grand courage , ufurpa en 531 , la couronne
qu’il devoit porter un jour légitimement, étant un
desdefcendans de Genferic & l’héritier préfomptih
du trône des Vandales. Par là, il fournit à l’empereur
Juftinien , ami du prince Vandale détrôné’,
un prétexte de fe mêler des affaires de l’Afrique,
& de lui demander compte de fon ufurpation.
Gilimer lui répondit fièrement que ces affaires ne
le regardoient pas, que fr c’étoir la guerre qu’il
vouloit, on la lui feroit; il fe défendit avec beaucoup
de valeur, mais il fallut céder à l’alcendant
& à la capacité de Bélifaire. Retiré dans un défert
& fur une montagne aride, Gilimer y fouffrir
toutes les horreurs.de la faim ; un des lieutenans
de Bélifaire , prenant pitié des maux de Gilimer,
lui propofa de s’abandonner à la générofïté de
Bélifaire. Le pire des maux, répondit-il, eft l’efcla-
v a g e , mais il profita de la pitié de celui qui lui
écrivoit, pour lui demander trois petites grâces;
un pain, parce qu’il y avoit trois mois qu’il n’en
avoit v u ; une éponge pour efluyer fes plates,
un luth pour chanter fes malheurs fSc les foulager!
Vaincu enfin par la famine , il fe rendit en
G 1 L
5^4 à Belifaire, qui le conduifità Conflantinopïe,
ou il orna le triomphe dn vainqueur, attaché à
fon char félon l’ufage. Il fe fournir à fa fortune.
Quand il parut devant le trône de l’empereur , il
s’écria: vanité des vanités, & tout neß que vanité.
Il fut relégué dans.la Galatie, où on lui aflignâ
. des terres pour fubfifter avec fa famille. Juftinien
eut pour lui des égards & parut,difpofé à le
creer patrice , fi Gilimer eut voulu abjurer l’aria-
nifme , comme Juftinien l’en preffoit.
GILLES, (N icole ou Nic o l a s ) (Hiß. litt,
mod.)' fecrétaire de Louis XII, auteur d’annales ou
chroniques de France , depuis la deftruflion de
T ro y e , ( car c’eft toujours à cette époque que les
vieux & mauvais hiftoriens commencent) jufqu’en
l’an 1456 , Denys Sauvage , Belle Forêt, &
plufieurs anonymes ont fait des additions aux
annales de Nicole Gilles-, Gabriel Chapuys les
a continuées jufqu’à l'an 15S5 On ne confulte
guère Nicole Gilles que pour la partie de fon
hiftoire, où il rapporte ce qu’il a vu , c’eft-à-dire,
en commençant au règne de Louis XI. Il mourut
en 1503.
G IL LE T , (H é l e n e ) (Hiß. mod.) criminelle con-
damnee, à qui la .mal-adreffe du bourreau fauva
la v ie ; elle étoit fille de Pierre 'Gillet, châtelain-
| roy a^ de Bourg en B reffe, au commencement du
dix-feptième fiècle; elle fut convaincue d'avoir fait
périr fon fruit. Soit quelle fût noble ou non, elle fut
condamnée par arrêt du parlement de Dijon ,i être
décapitée. Le bourreati la frappa du premier coup à
1 épaule gaucfie; le peuple murmura; du fécond coup
il ne lui fit qu’une légère bleffure ; le peuple mur-
miira plus' fort; l’exécuteur fe troubla; fa femme
qui-le trou voit là ,''on ne fait pourquoi, voulut
aider fon mari, & s’efforça d’étrangler la patiente;
ce n’étoit pas ce que l’arrêt ordonnoir, le peuple
murmura plus hautement, fe révolta, jetta des
pierres, chafla le bourreau & fa femme, mena la
fille chez un chirurgien , le magiftrat permit qu’elle
fût panfée : le roi accorda fa grâce ;.elle fut guérie ,
& vécut.
G IL L E T , (Louis-Joa ch im ) {Hiß. litt.) bibliothécaire
de Sainte-Geneviève, mort en -’753 » âgé
de 74 ans, auteur d'uue nouvelle traduéfion de
l’hiftorien Jofephe , plus fidèle, dit on , que Celle
de M. Arnauld d’Andilly, mais beaucoup moins
lue.
GlLLON ou Gilles , (Hiß. litt, mod."), cardinal 8c
poète du douzième fiècle , auteur d’un 'poème latin
où il célèbre la croifade de. 1190; d’une vie de
faint Hugues, abbé de Cluni ; d’un éloge de
Charlemagne, compofé pour l’inftru&ionde Louis,
dit le Lion , fils de Philippe- Augufte , & père de
faint Louis, dont on a pu dire comme de Louis XIIL
Mais il n’égalera ni fon fils ni fon pèiç,
G I L
GILLOT ( J a c q u e s ) (Hiß. litt, mod.) chanoine
de la fainte chapelle de Paris, & doyen des con-
feillers-clercsj du parlement. C ’eft chez lui que fut
compofée h/atyre Ménippée ou catholicon d’Elpagne.
Il y eut grande part ; la relation de la proceftion
de la ligue, & la harangue'dit légat font de lui ;
les autres harangues font de Florent Chrétien, de
Nicolas Rapin, & de Pierre Pithou, tous trois amis
de Gillot. On a encore de lui des infirufiions & lettres
mijjives concernant le concile de Trente. On lui attribue
la vie de Calvin, imprimée fous le nom de Papyre
Maffon.
G IL LO T , eft aufîi le nom d’un domeftique de
Defcartes , qui mérita les titres plus honorables,
de fon ami. ’& de fon difciple ; il enfeigna les
mathématiques avec éclat à Paris, & dans l’armée
du prince d’Orange en Hollande.
2 0. D’un dodeur de forbonne ( G e r m a in ) qui
dépenfa plus de cent mille écus à faire élever &
inftruire des jeunes- gens pauvres pour les rendre
capables de fervir l’églife ou l’état par leurs talens.
Plufieurs d’entre eux, s’illuftrèrent dans des pro-
feftïons honorables & utiles, & rendirent témoignage
& firent honneur à fes bienfaits.
Dignurn prceflabo me etiam pro laude merentis.
On les nomma les Gilotins, & ils en-firent gloire.
C ’eft aujourd’hui la'communauté de fainte Barbe.
Mort en 1688.
j ° . D ’une femme ( L o u is e G e n e v ie v e ) mariée
à un avocat, nommé de Saimonge ; elle cultiva
la poéfie ; on a d’elle deux opéra connus ; Circé
& Didon & d’autres poéfies, & une nouvelle h if-
torique romanefque, intitulée : hißoire de Dom
Antoine , roi de Portugal. C’eft le prieur de Crato.
GINDÏou DGINDI, f. m. pl. (Hiß. mod.) efpèce
de cavaliers turcs extrêmement adroits. On leur
attribue des tours de force & de foupleffe très-
finguliers.Ils ramaffent,dit-on, encourant une lance
qu’ils ont jettée à terre; ils galopent quelquefois
tenant un pied fur un cheval & un pied fur un
antre, & en cet étar rirent des oifeaux qu’on a
placés exprès fur les plus hauts arbres. D'autres
feignent de tomber, fe laiffent glifler fous le ventre
du cheval, puis fe remettent en feile On ajoure
qu’Amurath IV, voulant un jour fe divertir, leur
commanda de courir l’un contre l’autrë les deux
pieds fur la feile , ce qu’ils exécutèrent après
plufieurs chûtes.. Un italien qui avoir été dix ans J
efclave à Conftantinople , où il avoit appris de [
pareils exercices, les donna en fpe&acle à Paris l
en 1585 , à ce que rapporte Vigenère, Riçaut, |
de l'empire ottoman. ( G).
- GIOCO ND O , ( J o c o n d e o u J u c o n d e ) ( J ea n )
(Hiß, litt, mod,) dominicain italien, artifte&iii-
G I O 70p
térateur. Louis XII l’ayant appelle en France, il
y conftruiftt le pont Notre-Dame & le petit-pont,
ce qui le fit nommer Pontifex par Sannazar :
Jociindus geminum impofuit tib ï, fequana , pontem ;
Hune tu jure potes dicere pontificem.
Sauvai, qui obferve que Sannazar faifoit alla»
fion à l’infcription du pont de Trajan:
Prudential Augußi vert pontificis,
paroît vouloir difputer à Giocondo l’honneur d’avoir
fourni les deffeins de ces deux ponts, pour l’attribuer
à un maçon de la ville de Paris, nommé
Didier de Félin, mais cet honneur eft refté à
Giocondo. Il fut un des architeâes de Saint-Pierre
de Rome après Bramante : mais pour ne le con-
fidérer que comme littérateur, on lui doit des
remarques fur les commentaires de Céfar, où il
donna le defiein du pont conftruit fur le Rhin
par ce conquérant. Il a donné des éditions de
Vitruve & de Frontin. Il fut le maître de Jules
Scaliger. Il mourut vers l’an 1530.
G IO JA , ( F l a v io ) (Hiß. mod.) napolitain,
né vers l’an 1300, dans le voifinage d’Amalfi.
Quelques perfonnes lui attribuent l’invention de
la boufîble, & difentque fi cet infiniment nautique
porte une fleur de lys pour marquer le Nord,
c’eft parce que cette décou verte fut faite par un fujet
d’un roi de Naples, de la maifon de France. En
effet, cette fleur de lys doit avoir une lignification,
& l’idée qu’elle préfente eft favorable à l’opinion
de ceux qui attribuent cette invention à un françois
où du moins à un fujet de la „mailen de France.
On prétend que les, Chinois connoiflbient la bouf-
fole comme l’a r r i lle r ie l’imprimerie, long-temps
avant les Européens, ce qui n’empêche pas que
les Européens n’aient découvert ces arts.
GIONULIS , f m. pl. (Hiß. mod. ) volontaires
ou av nturiers dans les troupes des Turcs , qui
les' mêlent à celles des zaïms & des timariors.
Autrefois ils s’entretenoient à leurs dépens, dans
l’efpérànce d’obtenir par quelque aâion fignalée
la place d’un zaïrn ou d’un timariot mort à l’armée.
Aujourd’hui les Gionulis forment un corps de
cavalerie fournis aux ordres des vifirs , fous le
commandement d’un colonel particulier qu’on
nomme Gionuli agafi. Dans les jours de cérémonie
, ils portent un habit à la hongroife ou à
la bofnienne. On croit que leur nom vient de
giopum , mot turc qui,fignifie impétuofiié fùrieufe ,
parce qu’en effet ils font fort intrépides, & s’expo
fent aux dangers fans ménagement. Ricaut de
T empiré . ottoman. (G.)
GIRAC. (P a u l T h om à s s ieu r d e ) ( Hiß. litt;
■ mod.) Girac. ik Coftar étoient parîifans zélés, l’un